Dès les premiers rayons, l'oiseau en toi s'envole. Tourne la crécelle des cigales, je suis papillon dans l'air bleu. Gire le faucon hobereau, en cercles toujours plus hauts, la fauvette à tête noire est aux bains. Je ne suis qu'un pitre, un "poète fou" claquemuré, futur bouc émissaire au rire d'Averroès, je suis un esprit, et un esprit sans attaches, ― un feu follet intempestif !
Puis, les heures passent, la vie file, ― pulse. Se lève le soleil orangé de nuit. L'oiseau d'Athéna est en ligne, les grillons sont ressuscités. Je deviens chat-huant, sans cesse aux aguets, avec ma sœur la première étoile, ― mon alliée. Proche est le sang de la vigne et mûrs sont les yeux d'Horus : voici venu le temps des vendanges pour les vignerons de l'esprit. Le vril m'est réservé. ― Je m'enivre d'éternité ―. Si le vin fleurit, les fruits tombent et les germes lèveront.
Images pressées, images foulées aux pieds, ― la poésie est la grande vendangeuse. L'arbre de vie grandit en toi, ― il se déploie. Ô Vignes saccagées, Ô Vignes ni taillées, ni cultivées, ― esprit perdu. Voici venu le temps des pierres, des ronces et des épines. La vigne n'enveloppe plus les cieux. Et, les grains de raisin, pampres obscurs, étoiles délaissées. Mais ce nuage n'annonce-t-il pas l'orage ? Tourner le dos à Dionysos ne fait point le miel de l'esprit.
Corse, le 20 août 2008