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Un expert nuance l'impact des annulations de dette

Paris, France (PANA) - David Lawson, spécialiste des questions de développement, a nuancé vendredi à Paris l'impact réel des mesures d'annulation de dette des pays pauvres, affirmant qu'elles ne suffiront pas à relancer leurs économies.

"Les annulations de dette ont une portée limitée. Elles visent surtout à donner un second souffle aux économies des pays bénéficiaires", a-t-il déclaré lors d'un entretien accordé à la PANA.

"Il faut certes rendre hommage aux pays créanciers pour qui les annulations de dette ont un coût. Mais pour les Etats pauvres très endettés, les annulations de dette à elles seules ont une portée limitée. Elles visent surtout venir au secours des économies des Etats bénéficiaires en proie à des difficultés structurelles profondes", a ajouté M. Lawson, auteur de "Le Club de Paris. Sortir de l'engrenage de la dette", paru en 2004 aux Editions l'Harmattan, sous la préface de Claude Trichet, actuel Gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE).

Selon M. Lawson, les annulations de dette ne peuvent profiter aux Etats bénéficiaires que si elles sont complétées par des mesures économiques de redressement, conjuguées à une augmentation importante de l'Aide publique au développement (APD) et associées à des investissements étrangers conséquents dans les secteurs productifs.

Les économies réalisées sur le remboursement de la dette par des annulations doivent à cet effet être investies stratégiquement pour soutenir et relancer la croissance des pays concernés.

"L'endettement international est une question très complexe qui nécessite d'être abordée dans une perspective plus globale du financement du développement, associant l'APD et des investissements internationaux. Je note avec satisfaction que les Nations unies ont pris à Monterrey (au Mexique) l'engagement d'augmenter les moyens de financer le développement", a-t-il souligné.

"Une augmentation conséquente de l'APD et d'autres mesures significatives devraient être adoptées lors du tout prochain Sommet du Millénaire plus cinq qui réunira près 180 chefs d'Etat et de gouvernements à la mi-septembre à New York", a espéré l'expert en développement.

Il a, en outre, rappelé que les mesures de réduction de dette décidées par les huit pays industrialisés (G8) sont généralement mises en oeuvre dans le cadre du Club de Paris, cette instance informelle chargée de réaménagement de la dette publique des pays en développement.

"Le G8 a décidé en juillet dernier d'annuler la dette de 18 pays dont 14 africains. Il est dans l'intérêt des bénéficiaires de tout mettre en oeuvre pour tirer rapidement profit de ces mesures, avec l'appui des institutions financières internationales et des Nations unies", a recommandé David Lawson.

D'autres voix se sont élevées, avant la sienne, pour nuancer les annulations de dette, estimant que les pays riches peuvent encore faire plus pour favoriser le décollage économique des Etats en voie de développement.

Certains Etats africains consacrent en effet près de 40% de leurs recettes publiques au service de la dette due aux pays riches et aux institutions financières comme la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international (FMI).

AGENCE AFRICAINE PANAPRESS, PARIS, septembre 2005

http://www.panapress.com/RubIndexlat.asp?code=f...

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