Depuis la parution de ce recueil , il s’est passé un événement important dans ma vie, qui est le décès de ma mère.
Je ne cache pas que j’ai hésité à maintenir cette présentation, je l’ai maintenu, mais je fais une lecture nouvelle de ces textes.
Poèmes d’amour, sur le thème, il n’y a rien à dire, sauf que l’amour se décline sur différents registres, l’amour de la nature, très présent dans ce recueil, le rappel des origines et notamment un rappel fort qui traverse ce recueil : la musique.
1. la musique
Un recueil est une composition de textes de différentes périodes, de différents moments, une partie de ces textes a cependant été inspirée par la musique, des retrouvailles avec la musique et est-ce un hasard, pas n’importe quelle musique : baroque des Andes.
Je ne connais pas les Andes mais je sais la proximité des paysans et des montagnards, de l’Auvergne, je l’ai déjà ressentie avec les paysans afghans du Panshir, ou les bédouins de Jordanie ou du Sahara, les paysages changent, l’âme paysanne se ressemble.
Ce qui m’a le plus bouleversée dans cette musique, c’est qu’elle est la composition moderne, métissée d’un compositeur contemporain Javier Echecopar, et qu’elle évoque bien des situations que nous sommes amenés à vivre dans différents registres de la vie : la mort, la joie, la résistance, l’amour .
2. la prose
Ce recueil a été initialement écrit en vers, il mêle maintenant prose et vers.
De nombreux ouvrages mêlent la prose et les vers, où ces deux types d'écriture coexistent sans se fondre l'un dans l'autre, par le passage du récit au poème : les poèmes expriment des sentiments personnels ou les réflexions sur le destin sous la forme voilée de métaphores, de paraboles, d'allégories subtiles.
Le texte en prose se rapproche du journal intime, du récit de voyage onirique, et présente une alternance de prose et de vers plus ou moins réguliers, dans la mesure où j’ai senti la nécessité de s'exprimer sur tel ou tel mode, un peu comme en musique lorsque le compositeur introduit des modulations de tel à tel ton, du mineur au majeur.
Ce livre est un livre de poèmes avec des moments de repos en prose. Le cours ordinaire du récit s'interrompt parfois pour laisser place à la poésie dans des moments chargés d'émotion. L'écriture moderne favorise évidemment ce mélange des genres, les ruptures et les dissonances.
La prose est sentie comme un passage, comme une halte dans la recherche du langage poétique, comme une halte dans la recherche de l’être.
La poésie moderne est caractérisée par la brièveté, le poème voile et dévoile l'intériorité, l'intimité;
S'il est vrai que l'émotion poétique est aussi puissante quelque soit le moyen qu'elle utilise, vers régulier, vers libre ou poème en prose, le vers est en général associé davantage que la prose au lyrisme en son sens propre qui est chant, musique, et fait de la langue une musique.
A l’origine, Trapèze est écrit en vers libres, assez « foisonnants » résultat du lyrisme de mon écriture propre, portée, voire accentuée par l’inspiration de la musique baroque. La musique plus que tout autre art oblige à la vérité : il faut jouer juste.
Cette exigence m’a donc obligée à retranscrire le texte poétique initial, à le transformer en prose et cela a donné une autre architecture au poème et un autre rythme qui délie le mouvement du texte à la lecture. La disposition en prose m’a imposé un remodelage du vocabulaire (par suppression, essentiellement), de la syntaxe, de la pensée, de faire l’expérience baroque d’un autre assemblage de mots. Le texte en prose, semble plus neutre, là où les vers, rongés de silence et de blancs, elliptiques, avancent un dire précaire, risqué, menacé et pourtant l'ambition de la parole s'y dénude, s'y dépouille.
L’enjeu de cette expérience était d’élaguer en conservant l’intériorité, l’intensité.
Les mots du poème en vers sont toujours à la lisière de l'éclatement qui forcent l'attention du lecteur et introduisent à la tension poétique.