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L'Est Républicain,Ouverture Montbéliard

Une conteuse, qui fait revivre une Tunisie judéo-arabe, parle de richesse intérieure aux élèves du lycée Viette.
La transmission : le mot revient, tel un leitmotiv, dans la bouche de Michèle Madar. Née à la Goulette, près de Tunis, l'auteur a été bercée toute son enfance par les histoires que lui contait sa grand-mère. Arrivée en France à l'âge de douze ans - dans une banlieue parisienne qui lui parut alors bien grise et dure -, elle n'oubliera jamais les fables de son aïeule. Des années plus tard, devenue mère (et aujourd'hui grand-mère), elle saisira la plume.

Histoires de femmes
Aujourd'hui, Michèle Madar, qui n'est pas écrivain de profession mais de passion (elle travaille, dans le civil, dans une entreprise internationale de vente d'assurances), a publié six livres. Dont "Le secret de Messaouda" et "Un sourire sardonique", des recueils de contes, étudiés par la Terminale CAP vente et une classe de 3e du lycée Viette de Montbéliard. Dans le cadre de la "Quinzaine des littératures étrangères", consacrée cette année à la Tunisie (ci-contre), les élèves ont pu rencontrer ce jeudi l'écrivain dans leur CDI.

Leur question principale ? Pourquoi et comment devient-on auteur. Pour Michèle Madar, la maternité a été l'élément déclencheur, la flamme qui a allumé le brasier. "Je voulais transmettre à mes enfants, leur expliquer d'où ils venaient", explique celle qui a gardé le coeur, la morale des fables de sa grand-mère tout en inventant ses propres histoires. "D'autant que cette culture, à la fois juive, arabe, tunisienne est en passe de disparaître", ajoute l'écrivain. Un sourire, un peu triste : "Je fais partie des derniers des Mohicans".

À l'époque où elle était enfant, dans son pays natal, ces traditions étaient pour le moins vivaces. En arrivant en France, Michèle Madar a d'ailleurs trouvé que l'acceptation des différentes cultures était loin d'aller de soi... "Juifs, chrétiens, musulmans : on peut vivre ensemble en bonne intelligence et on l'a déjà fait", souligne-t-elle, d'une voix douce face à un auditoire attentif. "Nous sommes d'abord tous et avant tout des êtres humains".

Le rôle dévolu aux femmes dans ses contes, qu'ils soient fantastiques ou réalistes, a frappé certains lycéens. "Dans la tradition tunisienne, du moins dans ma culture, il y a beaucoup d'histoires de femmes", explique avec plaisir l'écrivain. "Elles étaient assez maltraitées dans l'ancien temps et dans les pays arabes. En parlant, elles arrivaient à la fois à se sentir soulager et à s'entraider". Et à donner naissance, finalement, à toute une littérature originale.

Les livres, le parcours de Michèle Madar en témoignent : à tout envol, les racines sont nécessaires. Beau message à partager avec des jeunes pour lesquels s'ouvre l'avenir.

Sophie DOUGNAC

Sophie DOUGNAC
février 2013

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