Compléments d'ouvrage

Le casse-tête gnaoua (pour réorienter la dérive commerciale du rituel d'Essaouira)

Le culte des maîtres de musique gnawa est destiné à un public essentiellement féminin. Perçu comme peu orthodoxe, il représente l'avenir de la cité musulmane- "car c'est par sa volonté et son humilité que ce genre traverse les obstacles de l'histoire chaotique, siba". - Tel est le message que l'on peut retenir des agents du rituel de possession qui ont bien voulu nous confier leur conception de la citoyenneté marocaine.

Le culte "féminin" des Gnawa n'en est pas moins un culte de tradition loyaliste, comme nous l'a argumenté, durant une enquête qui a duré une dixaine d'années, le Maelem Mohamed Chaouqi Ouled l'Abdi. Ce maître de musique gnawa de palais est le fils du Garde royal matricule 1488. L'histoire et l'esprit de la Garde sont expliqués dans l'ouvrage "Gnawa marocains de tradition loyaliste".

[extrait p. 167] "Rappelons que les Maqil, ancêtres des tribus hassania de l'actuelle Mauritanie étaient en guerre contre la dynastie marocaine des Mérinides, dont Abou Al Hassan Ali (1331-1348), "le sultan noir" célébré par les Gnawa du Chellah de Rabat [...] La nostalgie de cette période florissante partagée avec le Mali ne s'est jamais estompée, y compris chez les Gnawa et d'autres qui, par filiation de servage, se rattachent aux Hassania, considérés dans cet esprit comme les lointains parents de l'actuelle dynastie des Alaoui, régnante depuis trois siècles."

L'esprit de la Garde sultanienne se perpétue à l'occasion de processions profanes en marge de cérémonies religieuses. Les agents du rituel gnawa contribuent, de par l'histoire qu'ils invoquent, à une forme d'éducation citoyenne à la diversité culturelle.

De multiples essais de folklorisation des manifestations gnawa, de plus en plus contestés par la vox populi marocaine, ont été tentés. Le désormais célèbre festival d'Essaouira dit "Gnaoua" en a occasionné quelques exemples. Cette mercantilisation du rituel ne suffit pas, hélas, à régénérer les difficultés de cohésion sociale que traverse le pays, à l'instar de nombreux autres. Malgré les apparences, le rituel de ce qu’il convient désormais d’appeler « les Gnaouas » n'a tout simplement pas su s'adapter à la mondialisation.

Les Gnaouas sont une personne et comme beaucoup de personnes éminentes au Maroc, ils n'ont eu d'autre choix que, pour ainsi dire, de se prostituer. On ne peut leur en vouloir, c’est finalement leur condition économique particulièrement précaire qui l'a imposé. Aujourd'hui la question est : comment se sortir de ce terrain de prédilection pour la menace islamiste ? Disons qu'il suffit de peu pour appaiser le bouleversement collectif des esprits, mabouls. Même les esprits les plus fondamentalistes sont corruptibles, mais cela n'est pas sans poser quelques difficultés techniques d'adaptation de la fonction rituelle à la modernité.

Comment donc redonner de la responsabilité sociale aux agents du rituel gnaoua en les détournant de la seule fonction commerciale de divertissement qui leur est concédée par la société post-moderne ? Comment mettre en intelligence deux cultures de scène, la traditionnelle et la moderne, en respectant la contrainte suivante : la savante, moderne, doit se mettre au service de la populaire, traditionnelle, sans jamais la couvrir, ni s’y perdre totalement. Une solution, toute provisoire, ici proposée dans l'urgence, serait purement conceptuelle, simple en théorie, difficile en pratique : elle passe par la greffe d’une troisième culture, universelle, qui unira les sensibilités autour d’un intérêt commun : la protection des civils.

La formation aux gestes de premiers secours se déroule en huit étapes. Il est possible de déplacer deux ou trois modules de la formation, mais pas plus. Ce changement doit être validé par la Préfecture de sa région, au moins par l’intermédiaire de la Sécurité civile. La suite de modules devra coïncider avec celle des huit hymnes des Gnaouas. Deux ou trois hymnes sont interchangeables tout au plus. Ceci doit être fait sous le contrôle de la

Pierre Alain Claisse
juin 2006


Suite des modules de formation aux gestes de 1ers secours :
1er module : La Protection, les dégagements d’urgence
2e module : L’alerte aux populations.
3e module : La victime s’étouffe ? Désobstruction des voies respiratoires.
4e module : La victime saigne abondamment ? Bandage, garrot.
5e module : La victime est inconsciente et respire ? Position Latérale de Sécurité.
6e module : La victime ne respire pas ? Massage cardiaque.
7e module : la victime se plaint après un malaise ? Mettre au repos, écouter.
8e module : Traumatismes, plaies, brûlures…

Suite Gnaoua :
1. Hymne d’ouverture [pas de couleur] qui traite de « la coutume », Al ada.
2. Hymne blanc aux « pélerins », Hajaj.
3. Hymne noir de Lalla Mimouna disciple de Sidi Mimoun, le Sultan gnaoua.
4. Hymne rouge du Pacha Hamou qui aime le sang !
5. Hymne bleu au Patriarche Moise (Moussa) qui ouvre les eaux.
6. Hymne vert des « Notables », chorfa.
7. Hymne indigo aux puissances de la forêts par la tribu des Uled Sergo.
8. Hymne jaune aux femmes de toutes les couleurs.