Les psychanalystes savent qu'il y a entre eux un débat récurrent sur l'utilité et même la possibilité de mettre par écrit leur pratique d'analyste et ses justifications. On comprend donc la prudence du docteur Albert Le Dorze au début de son ouvrage " Vagabondages psy… " ( Ed. L'Harmattan, 2006 ). Vagabonder, ce n'est pas seulement circuler entre les multiples domaines de la réalité où la psychanalyse peut dire son mot. Ce serait plutôt une manière légère, humble, de ne pas être réduit au silence et de se tenir " entre désir quasi-mégalomaniaque de comprendre l'humain et ce reste de compassion médicale qui veut consoler, soulager, soigner " (op. cit. p.10). Non pas le CHU, mais l'infirmier aux pieds nus !
Est-ce pourtant " errer sans but " (id. p.9) ? Il n'en est rien. Le sous-titre de l'ouvrage nous avertit : " Il importe pourtant d'avoir des certitudes ". Et là il n'y a pas de points de suspension. Sans doute notre auteur avoue qu'il n'a pas été indemne " d'une psychiatrie où (ses) tendances autoritaires se seraient dissimulées derrière le paravent de la Passion pour le Bien public " (id. p.12 ). Mais malgré " l'impossibilité de transparence absolue ", son travail n'a pas manqué de considérer " le patient, envers et contre tout, à la place de Sujet Humain qui exerce son métier d'homme " (id.p12). Voilà une belle certitude ! Y en a-t-il d'autres ?
Religion
S'il est un domaine où le sujet humain prétend, parfois, être à la hauteur de son métier d'homme, c'est le domaine de la religion. Il en est question aussi dans ce livre. Nous pouvons entendre le terme ' religion ' de deux manières. " Objectivement ", c'est " l'ensemble d'actes rituels, liés à la conception d'un domaine sacré distinct du profane et destinés à mettre l'âme humaine en rapport avec Dieu ". " Subjectivement ", c'est " la reconnaissance par l'homme d'un pouvoir ou d'un principe supérieur de qui dépend sa destinée et à qui obéissance et respect sont dus " (cf. Dictionnaire Culturel, Dir. A. Rey, article " Religion " ).
Notre auteur ne fait aucun développement sur ce que la psychanalyse pourrait dire de la religion. Il se tient constamment au niveau de la " clinique ", c'est à dire de l'exercice de sa pratique " au chevet " du patient. Tout au plus il pourrait dire quelle tâche il se donne auprès d'un patient affecté par la religion. D'ailleurs, en rappelant un souvenir d' " une sévère polémique… à propos de la névrose obsessionnelle ", il note la réflexion d'un confrère : " C'est la clinique qui compte " ; et pour sa part il ajoute ces mots d'humour et d'ambiguïté : " Clinique sacrée, sacrée clinique " ( ! ) (id.p.61).
S'il n'y a pas dans cet ouvrage de développement sur " psychanalyse et religion ", on y trouve suffisamment d'emprunts à la pensée de Freud.
Sacré
Avant de l'évoquer, examinons tout de même un terme qui vient d'être utilisé par notre auteur : le " sacré ". Depuis un siècle et demi, ce terme a une histoire. Principalement en deux directions. Pour certains, le sacré, qui sous-tend l'affirmation religieuse, est une exigence de la vie sociale, du lien entre les membres du groupe, de la communion nécessaire ( Durkheim ) ou même l'assurance salvatrice, la production de " biens de salut " devant l'irrationalité du monde ( Max Weber ). Pour d'autres, le sacré, essence de toute religion, est à chercher dans l'esprit humain. La raison pourrait atteindre ce sacré grâce à une catégorie mentale qui serait propre à l'homme ( Rudolf Otto " Le sacré ", 1917 ). Dans la suite des catégories kantiennes, mais au-delà de la catégorie de la raison pratique qui postule Dieu, il y aurait cette catégorie du sacré ( catégorie, au sens de ce qui rend possible une énonciation). Elle relèverait à la fois du rationnel et du non-rationnel, à la fois attrait plaisant pour une réalité autre que l'humain, et sentiment de crainte devant la démesure de cet autre.
Névrose
Ce n'est pas du côté d'un partenaire possible que Freud voit la religion mais du côté du manque, du tra
Loïc Collet
INTERNET, octobre 2006
http://www.parlervif-foi.com/torture1.htm