Constats et bilans

La télévision a mauvaise réputation.
Ce n'est pas sans raisons.
Mais ce jugement ne relève t il pas d'une perception globalisante du phénomène?
De quelle télé parle t on quand l'opinion la juge pleine de défauts ?
Ainsi en ce qui concerne les enfants, la critique s'adresse au contenu des programmes et fait l'économie d'une réflexion sur la défaillance éducative qui accompagne et renforce cette médiocrité des contenus, quand elle existe.

Une lecture des grilles de programmes permet d'observer que des émissions "de qualité" sont proposées, aussi bien sur les chaînes publiques que privées.
Si elles sont souvent repoussées dans des tranches horaires tardives et de faible audience n'est ce pas parce qu'elles recueillent une faible audience?
Sa télécommande en main, c'est en effet le téléspectateur, adulte ou enfant, qui choisit.
N'influe t il pas, de cette manière, sur les orientations que prendront par la suite les programmateurs?
Les enquêtes constatent une contradiction entre le discours, les attentes exprimées, et la réalité des choix effectués par l'usager.
Ne pourrait on s'interroger sur les raisons de ces insatisfactions en s'attachant au fait qu'elles sont non pas internes à l'objet mais relèvent des désirs et attitudes du téléspectateur.
Il est intéressant à cet égard d'analyser quelle est la fonction sociale de la télé.
Quel besoin comble t elle? Quels usages en est il fait? Comment envisager une évolution de cette situation ?
Nous avons travaillé dans cet objectif avec une population d'enfants, avec pour projet d'intervenir sur l'attitude du sujet récepteur.


Contenu de l'ouvrage

Le livre est une synthèse des travaux effectués dans le cadre d'une recherche en Sciences de l'éducation - Université de Provence - sous la direction de Samuel Johsua.
L'étude part du constat que "la télé", depuis son introduction dans les foyers dans les années soixante, n'avait donné lieu à aucun apprentissage lié à son utilisation.
La fascination exercée par l'image et sa force d'attrait sur le téléspectateur, en particulier les enfants, étaient fréquemment déplorées. De multiples opinions, tout aussi passionnées que contradictoires, s'opposaient sur la question de l'influence de la télévision sur les comportements. Ainsi à propos des effets de la violence vue à l'écran.
Notre démarche, refusant de s'attarder sur ces polémiques, formulait l'hypothèse que, à l'instar de l'apprentissage et de l'usage de la lecture graphique, un apprentissage visant à décoder les contenus proposés par le petit écran pouvait permettre aux enfants de passer d'une attitude passive/fusionnelle centrée sur les émotions à une attitude active/critique fondée sur l'analyse.

Le projet de recherche fut donc de proposer aux enfants des clés pour une réflexion, et observer si cela leur permettait de faire évoluer leur attitude devant l'écran.

La première partie de l'étude procède à travers les très nombreuses recherches dont la télévision a été l'objet, à un inventaire des reproches qui lui sont adressés, mais aussi ses atouts et ses fonctions sociales.
L'inventaire regroupe les recherches effectuées du point de vue neurologique, psychologique, et son impact sur la santé et le processus de socialisation.
Nous en avons retenu un certain nombre de données que nous avons établies comme postulats dans notre propre recherche.

Les chapitres suivants s'interrogent sur les modalités possibles d'une éducation au phénomène télévisuel :
quelle population ? quel éducateur ? quels objectifs ? quelle démarche ?
La réponse proposée à cette série de questions a été :
une activité d'apprentissage de la lecture des messages télévisuels, dans le cadre de l'école, adressée à une population d'enfants d'âge pré adolescent (passage des opérations concrètes aux opérations abstraites) car la tâche qui va leur être demandée repose sur le passage d'une démarche de connaissance faite sur le mode analogique à une démarche analyt

Christine Ceruti
mars 2007