Compléments d'ouvrage

Un siècle de fictions : des livres et des journaux pour les jeunes

A quoi bon organiser des semaines de la presse à l'école si c'est pour imposer, en général, l'étude des journaux pour adultes et négliger, le plus souvent, les journaux pourtant nombreux et divers qui ont été conçus pour eux ?


Les compte-rendus récents de "La Semaine de la presse à l’école 2004" montrent la méconnaissance durable de la PRESSE DES JEUNES, de son Histoire et de son état actuel. C’est pourquoi il ne faut pas craindre de rappeler que cet essai est une tentative pour dresser le panorama le plus complet possible des collections de livres et de journaux pour la jeunesse au XXe siècle. Les collections sont suivies depuis leur naissance : par exemple, "Contes et Légendes" en 1916, "La Bibliothèque verte" en 1924…, jusqu’à la fin de l’an 2000. En fin de volume, une chronologie reprend l’historique précis et inédit de ces collections du siècle, de la "Nouvelle Bibliothèque d’Education et de récréation", aux collections nées en 2000, telles "Autres mondes" ou "Le Cadran bleu"... Après une synthèse chronologique des fictions essentielles parues avant 1901, les auteurs sont situés dans leur cadre historique et sociologique, depuis Jules Verne, Kipling, London … à Jeanne Benameur, Christian Grenier, Gudule, Christian Lehmann, Susie Morgenstern, Marie-Aude Murail, Pierre Pelot ou Daniel Pennac et des centaines de leurs confrères... Les œuvres du XXe siècle, essentielles ou mineures, sont au centre de cette rétrospective. A partir de Kim, L’Appel de la forêt, Peter Pan, Nils Holgersson, Croc-Blanc…, jusqu’au Sorcier aux loups, No pasaran, le jeu, l’OrdinaTueur, Kirikou…, Les Royaumes du Nord ou Harry Potter. On ne cache ni le déclin du « livre de prix », artisanal allant de pair avec l’industrialisation de l’édition, ni le didactisme républicain, avec la version laïcisée en 1906 du manuel "Le Tour de la France par deux enfants", se substituant au moralisme religieux. L’illustré populaire et la bande dessinée naissante concurrencent le livre. Si le premier conflit mondial avait mobilisé l’esprit patriotique, les fictions de la deuxième guerre sont marquées par des esprits hésitant parfois à choisir entre collaboration et Résistance. Entre les deux catastrophes se développent les albums de qualité, les romans scouts, les fictions encouragées par Bourrelier et le Prix jeunesse après que Paul Hartmann a mobilisé les grands écrivains. Les journaux grand format, Mickey (1934), Junior ou Robinson concurrencent durement les presses catholique (Bayard, Cœurs Vaillants), laïque (Copain-Cop) et communiste (Mon camarade), qui tentent de défendre la création francophone concurrencée. Aux lendemains de guerre foisonnent une presse multiple et renaissent des collections. Tandis que la loi de postcensure de juillet 1949 révèle une franche hostilité à l’égard de la bande dessinée apparaît "La Bibliothèque Rouge et Or" (1949), bien illustrée, bientôt concurrencée par "Idéal Bibliothèque" (1951). La première collection « jeune » de poche "Marabout Junior" (1953) naît avec la Bibliothèque blanche chez Gallimard. Les jeunes filles ont leurs collections tandis que se développent les séries comme Le Club des Cinq et les genres « policier » et « anticipation ». La prolongation de la scolarité à 16 ans, l’ère des « baby-boomers », du « temps des copains » et des « Trente glorieuses » vont permettre aux adolescents de découvrir des collections plus appropriées, telles "Plein vent" et "Olympic" puis, après Mai 68, celles qui ouvrent sur un monde actuel et en mouvement. C’est "Travelling" (1972, "Les Chemins de l’Amitié" (1973) et "Grand angle" (1974). L’excellente Ecole des loisirs, en constante évolution depuis 1965, tout comme le secteur de Gallimard Jeunesse, apparu en 1972 grâce à Pierre Marchand et J.-O. Héron, privilégient la qualité des textes. Magnard et La Farandole se développent tandis que d’autres révolutionnent l’album illustré ou développent celui de la bande dessinée, riche des écoles belges issues des journaux Spirou et Tinti