Un siècle de fictions - Merveilleux, Fantastique et Science-Fiction
Les collections, les auteurs et les oeuvres juvéniles de ces genres
Cet ouvrage de 560 pages consacré à la littérature de jeunesse et aux journaux juvéniles constitue un jalon incontournable vers la constitution d’une Histoire du genre. Après une introduction-essai et une chronologie pour les œuvres antérieures à 1901, il dresse le panorama des auteurs, des éditeurs et des collections juvéniles de fictions, suivies au long de leur histoire et replacées dans leur contexte. Illustrateurs et dessinateurs sont largement présents. En annexe, outre une bibliographie, le lecteur trouve une liste des héros principaux et des personnages récurrents, les auteurs jeunesse et leurs pseudonymes, un historique des collections au 20 e siècle et une table des matières détaillée.
Depuis novembre 2003, le livre est doté d’un Index commenté des noms propres de 48 pages améliorant largement sa consultation. Il donne sur les personnes citées : conteurs, romanciers, illustrateurs, scénaristes ou dessinateurs-scénaristes de B.D, éditeurs et directeurs de journaux ou de collections, personnalités diverses, toutes sortes d’informations complémentaires : dates, titre-clé ou autres activités que celle d’écrivain.
La rétrospective met en évidence la prise en compte progressive de plusieurs genres tels que le merveilleux, le fantastique, la S-F et la fantasy. Comme l’essai prend également en compte le roman d’aventure, le récit historique et le policier et qu’il intègre aussi la presse des jeunes, il est bon de mettre ici en relief le sort du fantastique et de la S-F pour la jeunesse.
L’amateur, en plongeant au cœur de ce gros livre, riche en perspectives, pourra observer l’évolution de ces genres, déjà pris en compte dans la chronologie qui précède la description des auteurs et des collections du XXe siècle. Elle évoque ainsi la « préhistoire » des genres, (bien au-delà de la mésopotamienne "Epopée de Gilgamesh"), des "Voyages de Gulliver" de Jonathan Swift ou du "Cabinet des fées" (1785-1786) aux œuvres de Herbert George Wells, en passant par le "Frankenstein" de Mary Shelley, les œuvres fantastiques d’Edgar A. Poe, Robert L. Stevenson, Henry R. Haggard ou Arthur Conan Doyle, jusqu’aux anticipations de Jules Verne.
On sait la lente prise en compte des œuvres juvéniles se rattachant à tous ces genres et la résistance des éducateurs français, longtemps méfiants à l’égard de la « folle du logis ». Le succès du récit « réaliste » laïcisé en 1906, "Le Tour de la France par deux enfants" de G. Bruno, au moment où les enfants anglais découvrent "Peter Pan", de James M. Barrie, est révélateur. Cet essai mènera de la difficile acceptation des « mauvais genres » à leur mutation et leur succès,- un juste retour des choses -, en particulier à partir des années 80. On le devine, cette histoire est loin d’être « un long fleuve tranquille » !
A l’évidence, les amateurs des genres de l’imaginaire suivront, au fil des pages, les étapes de leurs thèmes d’élection, de leur naissance à aujourd’hui, malgré la multiplicité des points de vue. Le livre s’attarde d’abord sur l’évocation des romans de Henri Bernay, E. de Riche, Jean de Kerleck, Gustave Le Rouge, parus, vers 1927-1931, dans « Contes et romans pour tous » chez Larousse. Il n’oublie pas ceux de la collection « Aventures et voyages » chez Nathan, tels les romans d’Ottfried von Hanstein, T.C. Bridges, P. Couteaud, Tandrède et Gisèle Vallerey.
Qui se souvient que Paul Hartmann a publié en 1930-31 une curieuse anticipation, "Les Jumeaux de Vallangoujard" de Georges Duhamel (lequel récidivera dans le genre avec "Les Voyageurs de l‘Espérance"), et "Patapoufs et Filifers" d’André Maurois et Jean Bruller (le futur Vercors) ? Dans la presse juvénile, il y eut ensuite les récits de Frank Savage et Yves Dermèze (Paul Berato), parus dans "Le Journal de Mickey" (à partir de 1934, au moment où s’apprêtent à envahir la B.D. les super-héros
Raymond Perrin