Michel Jamet, philosophe de l'art, nous dit-on. Non, ne fuyez pas, approchez, lisez, appréhendez. Qui ne s'est interrogé sur cette expérience intime, respiration fondamentale, énergie créatrice - en un espace et un temps sublimés - sur l'acte de "produire", à l'aide d'un crayon ou d'un pinceau, prolongement du corps, un poème ou une œuvre picturale. "Il faut aller se saisir de la pensée sur la branche la plus haute, nous dit-il, se cacher d'elle tout en la poursuivant, faire semblant d'avoir perdu sa trace pour mieux la débusquer." Quel jeu ! Quel pouvoir ! Quelle liberté ! Liberté du texte, liberté d'interprétation aussi. Pouvoir des mots, pouvoir des résonances dans un remuement de houle, dans l'envahissement des anses où s'insinuent la fluidité, la soif et le désir, ce désir de "S'étendre sur toute la terre / Ne voulait-il pas disposer / D'un seul corps réunissant / Toutes les surfaces". Les mots de Michel Jamet nous entraînent, nous surprennent, les strophes s'enchaînent dans un maillage au fil du plus haut rivage, à l'extrême de la possession la plus subtile, sans cesse à expérimenter. "Sur les lointains / Versant le roulis / Sur la lèvre / Et le rideau / Répandus sans direction : Brillait l'engageante".
N° 63 DE POÉSIE SUR SEINE, février 2008