Pour Igor Stravinsky, la musique est le seul domaine dans lequel l'homme réalise le présent. Ce présent apparaît comme un rêve de la matière sonore, il est présence virtuelle actualisée dans la conjonction du temps et de l'espace musicaux. Le présent que la musique surprend est, en fait, un " présent éternel ", indéfiniment récupérable. D'où la fonction religieuse, purificatrice et consolatrice de notre art : elle nous projette dans l'illud tempus, dont parlait Mircea Eliade, faisant de chacun le contemporain des dieux.