Claude Mermod



Genève, le 9 octobre 2018




Madame, Monsieur,

Ce livre est un témoignage. Notre frère aîné « Charles, » avait 82 ans, mais il était en parfaite santé. Or, il avait méticuleusement programmé un suicide assisté depuis plus de six mois lorsque, le 1er octobre 2016, il a adressé son annonce par écrit à ses cinq frères et soeurs :

« Je vais mourir mardi 18. »

Malgré l'opposition de deux de nos soeurs, mon deuxième frère « Roger » et moi, sommes tombés d'accord pour saisir la Justice. Sans attendre, notre avocat a lancé la procédure.
Un acte illicite allait être commis sous peu, une vie était en jeu et le 7 octobre déjà, le Tribunal de première instance faisait interdiction à Exit de fournir la solution létale. Ce scandale eut un large écho médiatique et pour vous en rendre compte, il vous suffira de taper sur la toile : les deux frères genevois contre Exit ! Tout cela est rassemblé dans le dossier de presse joint la présente.
Mes nuits étaient alors perturbées (agitées) et je notais mes tourments sur un bloc-notes. Mercredi soir, 26 octobre 2016 et en compagnie de plusieurs invités, nous devions passer en direct à la télévision suisse romande, dans l'émission RTS « Infrarouge . » L'après-midi du même jour, nous étions réunis avec ces derniers pour nous préparer à l'émission. Le théologien et médecin Bertrand Kiefer aperçut alors quelques-uns de mes petits bouts de papier et me dit :
-Vous devriez en faire un livre !
Je fus piqué sur le vif et quelques mois plus tard, mon témoignage prenait déjà forme. Partant du suicide de notre frère et à la recherche de ses véritables mobiles, je me suis mis à écrire comme toujours, mais cette fois-ci dans un registre beaucoup moins divertissant : la mort sur commande.
J'ai repris les événements récents puis je suis remonté jusqu'à nos souvenirs d'enfance, de manière à exhumer tout ce qui pourrait m'aider à traverser cette épreuve d'une violence inouïe et que j'espère ainsi épargner à bien des proches de suicidants. Le récit s'en tient d'abord à la famille, de manière à ce que l'histoire reste simple, saisissante et vraie. Ceux à qui j'ai fait vérifier mon texte sont unanimes : tout cela se lit d'un trait !
Très vite, j'ai commencé à me documenter et je me suis rendu compte que mon vécu n'était pas un cas isolé. Le livre ayant commencé dans l'émotion et la colère, il s'est donc ouvert aux autres situations similaires puis, au débat sociétal. Sans m'attarder sur ma souffrance, j'ai ensuite élargi le propos aux grandes questions de la vie, puis j'ai attaqué la problématique très disputée du suicide assisté sur ses plans médico-éthique, juridique, politique et religieux.
Peu instruit dans les disciplines médicales, j'ai eu la chance d'être richement documenté par les quelques rares médecins courageux qui voulaient bien s'impliquer tant soit peu, notamment le Dr. Laurent Kaufmann, engagé politiquement dans ce combat. A mon tour, je dénonce ici les abus du suicide assisté en Suisse et plus précisément, lorsque ce dernier est accordé aux personnes en bonne santé. J'ai engagé aussi toutes mes forces pour me défendre contre les propos outrageants qui ont été tenus dans les médias par nos adversaires et quand il le faut le ton est accablant.
Outre la perte de notre frère, le préjudice subi par la famille est énorme. Je relate cette souffrance en lien avec d'autres témoignages qui tous attestent du tort moral infligé soit aux équipes soignantes, soit aux proches à l'occasion du suicide assisté d'un des leurs.


Mon livre se termine par un appel en vue d'un vrai débat sociétal alors que jusqu'ici, seuls les médias ont donné leur impulsion sans aucun projet, au gré de l'émoi et des sensations.
Dans mes conclusions et contestant à plusieurs reprises la pertinence éthique des travaux de la Commission Centrale d'Ethique de l'Académie suisse des Sciences médicales (ASSM), je dénonce non seulement les dérives d’Exit dans sa pratique du suicide assisté auprès des personnes en bonne santé mais aussi, le laxisme des Autorités fédérales qui tardent à mettre à jour à notre législation helvétique surannée et lacunaire. Cependant les enjeux dépassent largement nos frontières et ce livre témoignage est aussi l'occasion de donner l'alerte sur la dérive qui menace notre culture. Avec la banalisation du suicide assisté, c'est l'ensemble des valeurs citoyennes qui sont en péril.
A l'issue de la mise en consultation de nouvelles directives éthiques de l'ASSM et s'y opposant comme jamais vu, la Fédération des médecins suisses (FMH) a annoncé son intention d'y faire barrage : réponse le 25 octobre 2018. En France les Etats généraux organisés à Paris par le Comité consultatif national d'Ethique sont également en pleine délibération et la fin de l'année 2018 s'annonce riche en rebondissements. L'association Médicale Mondiale elle-même est en train de modifier ses bases éthiques ainsi que la Déclaration de Genève, tandis que la Cour Européenne des Droits de l'Homme s'est attelée à son fameux « droit de mourir » qui entre en conflit avec son art. 2 : « Droit à la vie. »
Dans mon chapitre VIII notamment dédié à l'analyse d'un inquiétant retour vers des rituels funéraires archaïques, je fais mention de la parution du livre Mon tout dernier été, d'Anne Bert ainsi que des récentes déclarations médiatiques tapageuses de Jacqueline Jencquel qui annonce sa mort pour 2020. Sans partage, je donne à mon livre valeur de contre-témoignage à ces excès.
L'entier du propos s'attaque à une cause si polémique qu'il m'a fallu méthodiquement étayer mon argument par des références bien documentées au moyen de notes de bas de page : puisse une mise en page élégante rendre cet inconvénient le moins gênant possible, en veillant toutefois à ce que les renvois figurent bien au bas de la même page ! Oui, je connais la paresse de mes adversaires qui ont toujours choisi la voie de la facilité et j'entends bien les mettre en face de leurs contradictions. Il est impératif de rigoureusement les recadrer, alors qu'ils ne se sont pas privés d'étaler leur rhétorique toxique à nos dépens.
Dans un contexte dominé par la controverse et bien qu'à contre-courant, j'espère faire enfin une vraie place aux opposants à ces pratiques alors qu'ils sont systématiquement disqualifiés par des médias complaisants au nom du sacro-saint « droit à l'autodétermination » auquel l'Europe semble vouloir se vouer au péril du bien commun. Tenant bon sans relâche et sans céder à la polémique, je tente de dégager des pistes afin d'amener les esprits à une recherche équitable de la vérité, loin du débat bipolaire.
Le voilà, ce texte, écrit je crois avec le sang de la souffrance. Lu, relu, corrigé, recorrigé à grand renfort de larmes, il est sorti de moi un peu comme dans les douleurs de l'enfantement et il n'incite guère à l'humeur facile. Je forme cependant l'espoir que page après page passionnément, il n'ait cesse d'éveiller en nous stupeur et curiosité, je vous en souhaite bonne lecture.

En vous remerciant d'avance pour toute l'attention que vous porterez à mon propos, je vous prie de croire, Madame, Monsieur, à l'expression de mes sentiments distingués.





















PRESENTATION BIOGRAPHIQUE

(Pas de publications antérieures)




MERMOD Claude Gérard Paul
Né à Genève le 25 avril 1946
Fils de René et Gilberte Mermod-Demierre
Originaire de Genève et Ormont-Dessous (Vaud)
Divorcé Enfants : Alexandre (1975 père de deux filles), Philippe (1978, père de deux garçons et une fille)

1950-1958 Ecoles enfantine et Primaire, Genève
1958-1967 Collège Calvin
1967 Maturité latine
1968 Ecole militaire de sous-officier, Lausanne
1969-71 Etudes de biologie, Université de Neuchâtel
1971-1972 Travail au kibboutz (Israël), séjours en Egypte, Liban, Syrie, Irak, Iran
1972-75 Etudes Pédagogiques, Genève, Brevet d’instituteur
1975-76 Titulaire de classe, enseignement primaire, Genève
1976 Transsibérien et séjour en Chine de Mao Tsé Toung
1976-2008 Titulaire de classe, enseignement primaire, Genève
1998-2001 Certificat de Formation continue en Théologie
2001-2008 Titulaire de classe, enseignement primaire, 35 annuités, Genève
J’écris les pièces de théâtre que je fais jouer à mes élèves
2008-2016 « Retraite : » La botanique, les fleurs sauvages, mon jardin et mon élevage de volaille semi sauvage sont ma passion, j'y consacre presque tout mon temps.
2016-2018 Traumatisé par le suicide de mon frère, je me mets à écrire mon livre, délaissant mon jardin qui tombe quasiment dans l'abandon, à l'exception des poules que je sélectionne depuis plus de 30 ans pour une race que j'ai créée selon des critères éthologiques : la Mestiza Toucouleurs.
Je suis heureux d'avoir fini ce livre car je vais pouvoir retourner à mes travaux liés à la terre. Cependant, je me suis engagé dans la lutte pour la sauvegarde des valeurs éthiques de notre culture. Mon devoir citoyen est poursuivre le combat aux plans médico-éthique et politique. Je suis en train de fonder une association de lutte contre la perte du goût de vivre induite par les associations d’aide au suicide : l’association s’appelle « Sauvez les aînés. »




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Renseignements

Titre(s), Diplôme(s) :
Instituteur retraité, Genève

Institution de travail :
3, Chemin des rasses
CH-1255 Veyrier
0041 79 355 56 91
004179 355 56 91

Fonction(s) actuelle(s) : Ecrivain(e), Eleveur sélectionneur poules pondeuses

Pays d'origine : Suisse

Résidence

CHEMIN DE RASSES 3
CH-1255 VEYRIER

Bibliographie

Autres parutions

Aucun

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