Les premières pages du livre de Jacques Hassoun, Les
Contrebandiers de la mémoire, mettent au jour ce que
l'expérience de la transmission peut avoir de "crucial": cette
expérience en effet s'éprouve toujours à la croisée des chemins,
lorsque la continuité de l'Histoire, de la durée ou du lignage est
appréhendée comme risquée, soumise à la rupture possible.
La transitivité du "legs" suppose deux postures différentes,
sinon opposées: celle de celui qui donne, celle de celui qui
reçoit. Jacques Hassoun repère immédiatement, Freud à l'appui,
que le "nouveau" est l'élément différentiel qui structure l'acte
de transmettre comme critique. Le nouveau est source de
malaise, d'angoisse, parce qu'il exige une "dépense psychique".
Le nouveau, c'est le monde de l'enfant auquel l'adulte est
confronté lorsqu'il y perçoit l'absence de ce qu'il s'agit de
transmettre, l'expérience passé.e que lui connaît, cette
expérience dont il importe d'informer l'ignorance. C'est ce
même élément du nouveau qui apparaît étranger au
récipiendaire postulé, parce que celui-ci, obnubilé par son
présent,
.
n'attend pas d'un passé ignoré, néantisé, de quoi
éclairer ce qu'il a déjà constitué comme "