Dans la pensée grecque antique, l'une des caractéristiques du propre,
l'un de ses propres, en somme, est de pouvoir se décliner au pluriel, dans
la mesure où, justement, un propre en appelle un autre. C'est le cas
notamment pour le prosôpon, pour le visage. Il est superflu de préciser
qu'il s'agit du visage humain, ce serait un pléonasme puisque le visage
est la marque de l'homme, ce qui le démarque de tous les autres animaux.
L'homme a un visage ; il est son visage. On peut rappeler que le concept
platonicien fondamental, celui d'Eidos, qui est le fondement même de
l'eidétique platonicienne, est traduit dans la phénoménologie de Husserl
et de Heidegger par le terme "visage".
Mais nous ne pouvons pas trop nous attarder sur cette identité de l'être
et du paraître. On peut seulement signaler que parmi les auteurs contemporains,
Hannah Arendt n'a cessé de souligner le fait qu'humainement et
politiquement être et paraître sont identiques1. La réalité du monde est
garantie aux hommes par la présence d'autrui, par le fait que le monde
commun est ce qui apparaît à tous "car ce qui apparaît à tous, comme le
dit Aristote, c'est ce que nous nommons l'Etre."2.
En clarifiant l'étymologie du mot grec pou