L'une des forces du concept de médiation tient dans sa capacité à
déjouer les oppositions tranchées qui caractérisent la pensée occidentale.
Instaurant des circulations inédites, l'idée de médiation oblige à
repenser la notion de seuil et à flouer les frontières. Le dedans peut
enfin jouer avec le dehors, l'ici résonne avec le là-bas, l'inconnu contamine
le connu, le visible devient perméable à l'invisible. Si bien que,
dans le cadre d'une réflexion sur l'image, penser la médiation, c'est
induire la notion d'écran.
Nous avons l'habitude de penser l'écran comme une surface de projection,
à partir du modèle du miroir ou du cinéma. Pourtant, au-delà de sa
capacité à accueillir un reflet, un écran est avant tout le site de toutes les
articulations entre un recto et un verso. L'écran est une surface d'apparition
qui lie et sépare simultanément deux champs. Véritable membrane
sensible, l'écran déjoue les oppositions pour autoriser, dans une
dynamique de transferts et de frayages