"Une valise toujours prête devant la porte" : c'est de cette façon que
May!, originaire d'Afrique centrale, décrit son expérience en tant que
demandeur d'asile. Son récit et ceux d'autres demandeurs d'asile
rencontrés dans le cadre d'une recherche menée au Québec (Canada)2,
nous parlent de parcours mouvementés qui obligent les individus à
franchir de multiples formes de frontières, qu'elles soient géographiques,
psychologiques ou sociales. Entre 2000 et 2005, le Canada a accuellli
188746 personnes dans ses programmes humanitaires, dont 46398 sont
venus dans la région du Québec (CIC, 2006). Comme d'autres populations
immigrantes, les demandeurs d'asile font face à des pertes importantes:
perte du pays, de réseaux de soutien, de la familiarité des pratiques au
quotidien, de biens matériels et culturels. Ces pertes