L'opposition des universitaires à la guerre du Golfe (1991) a mobilisé bon nombre de termes familiers - "impérialisme", "néocolonialisme", "néoimpérialisme" - dans une contreoffensive contre le Nouvel Ordre Mondial. Mais un terme a brillé par son absence - le terme "postcolonial" - même dans les discours des personnalités les mieux connues qui l'employaient d'habitude. Étant donnée l'extraordinaire circulation du terme dans les colloques universitaires, les publications et les nouveaux programmes d'enseignement, cette invisibilité soudaine pouvait laisser perplexe. Était-ce un pur hasard ? Ou bien y avait-il quelque chose dans ce terme qui ne se prêtait pas à la critique géopolitique ou à la critique des macro-récits sur la guerre du Golfe des médias dominants ? À l'heure où les "lignes tracées dans le sable" hantent les géographies du tiers-monde, il est urgent de se demander où situer sur la carte conceptuelle le terme "postcolonial".