En 1990, Judith Butler publie Gender trouble. Dans son dernier chapitre, la philosophe élabore son concept majeur de performativité du genre. Il s'agit de partir de l'idée selon laquelle "le corps est façonné par des forces politiques ayant stratégiquement intérêt à faire en sorte qu'il reste fini et constitué par les marqueurs du sexe" (Butler 2005, 248). Autrement dit, le corps, le corps sexué, n'est pas le fondement inébranlable, le socle naturel des hiérarchies et divisions sociales. Le corps sexué n'est pas la cause - ou même l'occasion - d'un rapport de pouvoir, mais plutôt l'effet d'un rapport de pouvoir, au sens où il est façonné, discipliné par ce rapport, qui renvoie à un système de domination articulé à l'hétérosexualité reproductive.