Le sous-développement relatif de l'histoire des femmes africaines peut être partiellement attribué au fait que, comme le soutient Bolanle Awe, "comparée à l'histoire de nombreuses autres parties du monde, l'histoire de l'Afrique n'a commencé à être écrite qu'assez récemment" (Awe 1991, 211). […] Dans leur reconstruction de l'histoire africaine, les historiens nationalistes ou africanistes se sont souciés d'éradiquer les mythes impérialistes et racistes selon lesquels l'Afrique n'avait pas d'histoire avant la venue des Européens, et de concevoir de nouvelles méthodes de recherche pour rétablir l'histoire africaine (voir UNESCO 1981, vol. 1 ; Henige 1982 ; Vansina 1985). Cette obsession de la célébration et de la définition du cadre empirique des civilisations africaines a non seulement consumé l'énergie des historiens, mais les a également rendus insensibles à l'analyse du genre.