Depuis le début des années 1990 de nombreux travaux d'historiennes, d'anthropologues et de sociologues, ont fait apparaître les femmes du Moyen-Orient comme de véritables actrices politiques, aux vies riches et complexes. Cette visibilité croissante ne s'est pas opérée sans résistance. Résistance, d'abord, de ceux qui dans les anciens pays colonisateurs ne voulaient voir dans les femmes des pays qu'ils avaient un temps soumis que des êtres passifs et dominés. "Pendant des décennies, les chercheurs travaillant sur le Moyen-Orient ont dépeint les femmes arabes et musulmanes comme des personnes passives et soumises, enchaînées par les structures de l'autorité masculine" (Mahmood 2005, 6). Si, dans la littérature scientifique anglophone, la présence importante d'auteurs se rattachant à l'un des courants post-coloniaux permet d'échapper à cette approche orientaliste, il n'en va pas de même pour la France, et ce pour des raisons qu'il faudra bien un jour analyser.