Cet article propose une analyse du contenu et de
"l'orchestration" des commémorations et des transmissions des
souvenirs des batailles livrées sur les Hauteurs de Spicheren
(1870-71 ; 1939-45). Fondé sur une démarche ethnographique, il
met en évidence la dynamique des médiations mémorielles et
interculturelles perceptibles lors de journées officielles en
France et en Allemagne, mais aussi lorsque des personnes
privées agissent dans un cadre familial. La recherche montre
également les difficultés de la transmission et la façon dont des
habitants ou des responsables locaux s'appliquent à repérer des
médiations en émergence et à les consolider, voire à tirer parti
de certaines situations pour innover. L'ensemble conduit à
s'interroger sur l'impact de l'intervention de chercheurs sur les
conditions de production de la mémoire.