" La Russie, une puissance musulmane ? " Sur cette question s'ouvrent les propos introductifs de l'ouvrage de l'historien Roland Lombardi, Poutine d'Arabie. Doit-on y voir là une étude centrée sur la question tchétchène avec pour fond d'écran la mosquée Akhmat Kadyrov de Grozny ? Absolument pas : le travail de l'auteur couvre en profondeur les questions liées à l'influence russe et aux politiques étrangères du Kremlin, et contrairement à la lecture simpliste de l'investissement du rôle de champion international de l'orthodoxie chrétienne, force est en fait d'admettre que la géopolitique poutinienne est avant tout pragmatique, dessinée dans une bonne compréhension du monde musulman, et surtout, structurée dans la perspective de constituer aussi de fait une puissance musulmane. Le nier reviendrait à mettre de côté 15 % de la population russe, et constituerait même peut-être une sorte de parricide culturel, étant donné que l'islam aura été présent sur le sol russe avant même le christianisme.
