On connaît tous la thèse de Jean-Pierre Lebrun, ne serait-ce que parce qu'elle est présente sans être pour autant formulée explicitement dans les discours des éducateurs, des sociologues et de la "planète psy" d'aujourd'hui et son dernier livre en confirme tout à la fois l'amplitude et l'ambition. Jean-Pierre Lebrun pose que nous serions dans une époque de mutation inédite du lien social dont les effets sont à considérer dans le champ de la subjectivité, principalement comme menant à l'émer- gence de nouveaux sujets, les "néo-sujets", écrit-il. Ce changement profond est décrit comme le passage d'une société hiérarchique - consistante mais incomplète - à une organisation sociale prétendant à la complétude - donc sans place d'exception - mais, dit-il, inconsistante. Les néo-sujets de cette nouvelle société seraient construits individuellement et collectivement autour d'un démenti de la négativité1 et de la castration symbolique. Complète, précise-t-il; cette société ne réserverait donc plus aucune place ni à l'autorité du Tiers, ni bien sûr à la dette vis-à-vis des anciens. L'"Imaginaire social"2 n'y serait plus au fond dominé que par la valorisation d'une "jouissance sans limites".