Jean-Paul Mahoux signe un premier roman inspiré de son expérience dans une ONG en Afrique sahélienne. Lumineux.
L'heure des djinns. Jean-Paul Mahoux (L'Harmattan)
Quand il avait seize ans, il s'était juré qu'un jour, il écrirait un roman. Mais le temps a passé, ses études d'histoire l'ont éloigné de cette promesse faite à lui-même et la vie professionnelle et familiale ont fait le reste. Tout à tout barman, guide d'expo, assistant parlementaire, prof, Jean-Paul Mahoux s'envole un jour pour le Sénégal, où, au sein d'une ONG, il est mandaté pour un projet de six mois. Il y passera quatre ans. A son retour en Belgique, marié et papa d'un petit garçon, celui qu'il fut à seize ans se rappelle à son bon souvenir. Les idées lui viennent mais le temps lui manque, alors il écrit à l'aube, avant de se glisser dans son costume de cadre.
Mais ces heures-là, qu'il consacre à L'Heure des djinns, sont les plus belles. Celles qui, un temps, le ramènent en Afrique, sur les terres arides du Sahel, dont il se souvient s'être dit un jour "comment peut-on vivre ailleurs" … "
C'est le livre d'une mélancolie collective", sourit l'auteur. " pas seulement de Sarah, cette jeune Suissesse ; tous ceux que l'ont croise dans ces pages sont aussi nostalgiques de cette période"
Nous sommes en 2004. L'ONG pour laquelle travaillent les trois héroïnes de L'heure des djinns, cherche à assurer les paysans contre la sécheresse, premier fléau de cette région du monde. Dans ce pays musulman, ce sont les femmes qui mènent la danse et portent à bout de bras les projets de Sarah. Les hommes sont là, bien sûr, chefs de village, chauffeur et … amant. Car outre la chronique d'une catastrophe naturelle - un nuage de criquets qui va venir détruire des mois d'efforts - ce livre est aussi une histoire d'amour, magnifique de non-dits, de gestes esquissés et d'espoirs en suspens.
"Je n'avais pas envie d'écrire un livre critique qui dénonce les rapports Nord-Sud" confirme Jean-Paul Mahoux qui décrit pourtant avec humour et force détails les réunions entre Africains et Occidentaux. "J'avais envie de me pencher sur la capacité de survivre, sur la résilience. J'étais muet de respect devant leur attitude face à cette catastrophe. Probablement que la religion les aide à accepter une forme de fatalité. Mais j'ai été impressionné par leur façon d'attendre, patiemment, la saison des pluies suivante pour que tout recommence."
Isabelle Monnart
JOURNAL LA DERNIÈRE HEURE, 24 DÉCEMBRE 2016, PAGE 32., décembre 2016