L'écriture est un challenge. Non pas que ce soit un exercice qui me soit difficile, j'écris facilement. Étant bricoleur, c'est un challenge identique à celui de construire un mur, percer une fenêtre ou encore changer un moteur sur une voiture. Si l'on prend cette opération mécanique, il y a à connaître l'historique du véhicule, les transformations apportées au cours du temps, l'ingéniosité d'un mécanisme… une voiture est un concept.
De la même manière, pour l'écriture d'un livre, il y a à faire la recension des thèses qui gravitent autour de celle que l'on propose. Viennent ensuite les stratégies, parmi elles celle de la " veille flottante ".
Pour un ouvrage, ce sont des lectures, des rencontres, des articles dont je me dis qu'ils mériteraient d'être discutés dans mon prochain ouvrage… ce sont aussi des images.
Dans le livre dont il est question ici, je l'ai conclu par une parabole présentée par un conteur à l'abbaye de Fondouce où les concerts et les spectacles me ravissent chaque année.
Cette curiosité flottante est le premier plaisir intellectuel de la construction.
Ainsi, une discussion récente m'a apporté une solution technique pour le démontage d'un cardan sans le désolidariser du pivot d'une roue, m'obligeant ainsi à revoir mes procédures de démontage. De la même façon, il me fallut réorganiser les différentes notions utilisées dans mes précédents ouvrages sur la question de la démocratie à l'école…
Créer, c'est construire et construire c'est démonter… et remonter !
Le second plaisir intellectuel est celui de la production. Faire un objet qui fonctionne, une automobile qui roule, un livre qui est à la mesure de l'exigence que je me suis imposée : il y a une esthétique d'un bel ouvrage comme d'une belle mécanique...
Cette phase est souvent accompagnée d'angoisses : la mise en page est-elle cohérente, le propos sera-t-il compris et lisible par un lectorat diversifié ?
Loin des poncifs dissociant les activités manuelles et intellectuelles, Écrire, est un acte artisanal et bricoleur. Égaré à l'université, je suis un mécanicien de la pensée ou un maçon de la réflexion : telle est la rupture proposée par la démocratie d'apprentissage.
Hervé CELLIER