Ces trente dernières années, l'analyse des rapports sociaux, des institutions et des mouvements agraires s'est nourrie des réflexions des universitaires féministes dont le projet intellectuel est de rendre compte, dans l'économie politique du changement agraire, de l'omniprésence des rapports sociaux de genre et de leurs liens avec de plus vastes processus de changement social. Les implications de cette nouvelle réflexion peuvent être radicales. L'analyse menée avec la perspective de genre a remis en cause certaines orthodoxies dominantes dans les études agraires : en conceptualisant les ménages paysans et leurs relations avec de plus larges structures économiques et politiques; en approfondissant l'analyse des marchés ruraux comme constructions sociales et politiques aux tendances hautement inégalitaires ; et en comprenant mieux à la fois le rôle et les limites des différents arrangements institutionnels (engageant les états, les marchés, et les "communautés") dans la gestion des ressources.