MÉMOIRE DE MON BONHEUR
Collection :
Graveurs de Mémoire
Zone géographique :
- Europe
La presse en parle
La mémoire d'Avicenne
Sa vie est intimement liée à l'histoire de l'hôpital Avicenne.
Renée Birman se souvient, dans un livre tout en délicatesse.
Elle l'a intitulé Mémoire de mon bonheur. Un jour, Renée Birman s'est décidée à écrire ce livre, son livre. Elle ne pensait rédiger qu'une trentaine de pages mais les feuilles se sont noircies au fil de ses souvenirs. Plus de 300 au total. «J'ai toujours aimé l'écriture», dit-elle. Pas étonnant, avec un certain Albert Camus comme professeur de français... « Il avait 28 ans. Il était encore méconnu. C'était un homme extraordinaire, brillant. Il enseignait dans une école privée d'Oran », se souvient la dame. Une école où la jeune fille d'alors échappait aux lois nazies interdisant aux enfants juifs d'étudier.
En 1941, elle fuit le nazisme avec sa famille. Après le débarquement, elle est interprète l'été dans l'armée américaine, « histoire de gagner un peu d'argent de poche». Elle croisera l'amiral Franklin Roosevelt, le fils du président. Dès son retour en France, elle entre à l'hôpital Avicenne de Bobigny. «C'était en 1945, l'hôpital n'avait que dix ans d'existence. » Elle y restera 44 ans "A l'époque, l'établissement - qui avait été créé pour accueillir les Nord-Africains s'appelait l'hôpital franco-musulman. J'étais émerveillée par cette entrée ornée de mosaïque bleue et or qui me rappelait tellement l'Algérie. Très vite, l'hôpital est devenu ma deuxième maison. » Elle officie au laboratoire de pharmacie en tant que technicienne. Puis elle prend la direction administrative du laboratoire central de biochimie, l'un des plus importants des hôpitaux de Paris. Ce laboratoire auquel elle tient tant, elle l'a créé avec toute une équipe de biochimistes médecins et pharmaciens. Prémices de ce qui deviendra, en 1969, le centre hospitalo-universitaire de Bobigny.
Célébrations en commun de toutes les fêtes religieuses
« J'étais l'assistante du professeur Pierre Cornillot. Ensemble, nous avons créé la faculté de médecine. C'étaient des moments passionnants. Et ma grande fierté.»
Lorsque, en 1979, l'hôpital franco-musulman devient Avicenne, personne ne comprend vraiment pourquoi. «Je ne voulais pas que la mémoire de l'hôpital franco-musulman soit oubliée, alors j'ai commencé à écrire. N Aujourd'hui encore, Renée Birman ne manque pas un départ à la retraite, une fête. À l'hôpital, sa frêle silhouette hante encore les longs couloirs. «Je suis un peu la mémoire des lieux», dit-elle. « Nous étions juifs, musulmans, catholiques et nous nous entendions à merveille. Beaucoup de Françaises ont épousé des musulmans. Deux médecins qui ont travaillé ici sont devenus ministre de la Santé en Algérie. Nous célébrions toutes les fêtes religieuses ensemble. Et ces Noël... Oui, vraiment, cet hôpital ne ressemblait à aucun autre. » Nadège Dubessay
Mémoire de mon bonheur de Renée Birman, préface du professeur Pierre Cornillot, éditions L'Harmattan 312 pages. 27,50 euros.