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L’ARBRE ET LE FEU

 

 

Un feu, vivant dans le désert, s’ennuyait un peu.

  Où que je regarde -- devant, derrière, à droite, à gauche --  je ne vois personne à qui parler, personne que je pourrais aimer.

Or il est bien connu que l’on n’existe que par le regard d’autrui, par ce miroir qui nous reflète.

En conséquence, le feu décida de partir ; de chercher un ami à qui parler ; un autre soi-même, peut-être.

Il fit son baluchon (tas de braises et de cendres) et s’en alla sur la piste qu’éclairait le soleil.

Il marcha si longtemps… qu’il eut l’impression de se consumer lui-même.

Mais l’air, invisible et présent, veillait sur lui. A chaque fois que le feu perdait sa flamme,  mine de rien, l’air lui soufflait à l’oreille :

Reprends-toi, l’ami feu ! Brille ! brille ! sous le soleil !

Et le feu repartait, gonflé, plein de flammes.

Ainsi crépita-t-il jusqu’à l’horizon, qu’il dépassa, comme si c’était possible.

Et de l’autre côté, par-delà l’horizon, il aperçut : un arbre !

C’était un chêne opulent, plusieurs fois milliardaire, qui avait connu l’enfance de l’Univers. Un chêne, comme il n’en n’existe dans aucun dictionnaire. Un chêne, libre, libre comme l’air !

Le feu s’approcha donc, et voulant l’embrasser, lui lança :

— Te voilà, mon ami. J’ai tant rêvé de toi !

Mais l’arbre, prudent comme un vieillard, l’écartant de ses branches lui dit en s’agitant :

Passe ton chemin, le feu ! Ne t’approche pas de moi !

— Que t’ai-je donc fait ? demanda, pétrifié, le feu. Pourquoi me rejettes-tu ainsi ?

— Tu ne m’as rien fait, dit l’arbre. C’est ta nature que je crains.

Le feu, plein de vapeur dans les yeux,  poursuivit donc son chemin.

Comment comprendre que l’on soit ainsi rejeté, alors même que l’on n’a rien dit, ni rien fait… Comment accepter une telle injustice ?!

Durant plus d’une année, presque éteint, le feu erra de par le monde. Puis, à force de tournoyer, se retrouva dans son désert.

— Me voilà au foyer, pensa-t-il tout haut. Je n’ai fait qu’un mauvais rêve.

A cet instant, il sentit comme une présence, amicale, familière.

— Tu n’es pas seul, le feu. Je suis là, près de toi…

— Qui es-tu, toi qui me parles ?

— Je suis l’air, ton vieil ami, celui qui veille sur toi.

— Et pourquoi ne te sentais-je pas auparavant ?

— Tu étais trop occupé à te chercher toi-même, soupira l’air. Puis il embrassa le feu.

Alors le feu embrasa l’air.

Et là, dans le désert, tous deux éclatèrent. De rire. Comme un immense courant d’air !

 

le feu au ventre

 

 

© Daniel LEDUC

 

mini-sites © L'Harmattan 2005