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annetna nepo
Phillip John Usher
Daniel Leduc: A propos du mot (PJU)
Sur son site Internet, Daniel Leduc souhaite la bienvenue au visisteur en suggérant que “si vous êtes ici, c’est parce que, comme moi, vous aimez les mots”. Les mots qui reviennent le plus souvent dans ses textes, ce sont souvent ceux qui décrivent (qui nomment) notre environnement naturel, et qui reviennent volontiers, par exemple, sous la plume de maint auteur de haiku. En ce qui concerne Leduc, pourtant, il y a --en plus de ces mots dont la répétition engendre d’intéressants échos-- un autre mot, le mot “mot” lui-même, qui revient encore plus souvent. Le mot revient comme si aucun poème ne saurait s’éloigner de la naissance de la parole (le mot en puissance), comme si chaque poème doit raconter sa propre création et l’espace où il naît. L’effet qui en est produit est saisissant: dans son ‘Livre qui se délivre’, Leduc écrit: “les mots, les sens et les sons pénètrent l'univers du lecteur, comme une vague qui, par son va-et-vient, déposerait le limon et suspendrait le temps". Dans 'Une approche de l'oeuvre de Daniel Leduc', Patrick Raveau constate que "Les poèmes de Daniel disent inlassablement l'oscillation, le frémissement, la résonance, le lien entre toutes choses. Lien éphémère et toujours à réinventer, qui définit l'acte poétique comme lieu de partage". Daniel Leduc est le maître de plusieurs genres (nouvelles, poèmes en vers et en prose) et tout en utilisant une grande variété de tons, son portrait du mot n’est jamais loin...
Dans un cycle de poèmes intitulé ‘Antonin Artaud ou la déchirure des sens’, Leduc nous propose le portrait obsédant d’un Artaud à la recherche d’une maîtrise du mot, une recherche évidemment torturée. Dans Van Gogh ou le suicidé de la société (1947), Artaud décrivait sa croyance selon laquelle ses mots et sa soi-disante folie étaient censurés par des gens qui voulaient se boucher les oreilles pour ne pas entendre sa vérité à lui - la vérite. Dans son cycle de poèmes consacrés à Artaud, Leduc décrit justement ceci:
Les eaux brûlent sous les paupières, des rêves que la réalité anime. Sur les tréteaux la marionnette harangue, plie le corps, ploie l'esprit devant les étrangers. Absurde, absurde, absurde -- ou vérité vraie.
Annetna Nepo publiera deux poèmes inédits de Leduc dans son prochain numéro. Jusque-là, vous pouvez lire deux autre poèmes inédits sur notre site Internet (rubrique “selected poetry”), et vous pouvez vous rendre sur le site de Leduc. Vous pouvez lui écrire à: daniel.Leduc3@wanadoo.fr
Une dernière citation pour finir:
"Le premier nuage créa la première aube, après la nuit des siècles. Il se forma entre silence et cri, sur l'horizon qui se mouvait enfin. Il ressemblait au vent qui départage les convulsions terrestres". (Leduc, Le livre des tempêtes)
Bibliographie (extraits) La respiration du monde. Editions Arcam. 1988 (Prix du Syndicat des Journalistes et Ecrivains.), L'homme séculaire, Editions L’Harmattan. 1993. (Couverture de Noric. Prix René Lyr, décerné par l'Association des Ecrivains Belges.), Le Livre des Nomades ,¨Verlag Im Wald (Allemagne) 1997 Edition bilingue (français-allemand). Traduction de R. Fischer. Dessins originaux de Bertrand Sylvestre. Préface de Jean-Claude Villain, Partage de la Lumière, Editions de l’Etoile du Nord (Canada) 2002 et La respiration des jours Editions L'Harmattan 2002.
Phillip John Usher
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Daniel Leduc: Concerning the Word (PJU)
On his website, Daniel Leduc welcomes the visitor suggesting that "if you're here, it's because you are, like me, a lover of words". The words which come back the most often throughout his work are those often naming our natural environment, usual too, for example, to many haiku sequences. In Leduc's case though, in addition to these words which create echoes by their repetition is another word, even more frequently found: the word "word" itself ["mot"]. This word constantly re-appears as though no poem can get far away from the birth of the "parole" (the possibility of the word), as if each poem tells of its own creation and the space where it is born. This creates a striking effect: in 'Le livre qui se délivre', Daniel Leduc writes "words, meanings, and sounds enter the reader's universe, like a wave which, by its ebbs and flows, leaves their silt and suspends time" ["les mots, les sens et les sons pénètrent l'univers du lecteur, comme une vague qui, par son va-et-vient, déposerait le limon et suspendrait le temps".] In 'Une approche de l'oeuvre de Daniel Leduc', Patrick Raveau states that: "Daniel Leduc's poems tell untiringly of the oscillation, the rippling, the resonances, the links that exist between all things. An ephemereal link always to be reinvented, which defines the poetic act as a place for sharing" ["Les poèmes de Daniel disent inlassablement l'oscillation, le frémissement, la résonance, le lien entre toutes choses. Lien éphémère et toujours à réinventer, qui définit l'acte poétique comme lieu de partage".] Daniel Leduc writes in various genres (short stories, poems in verse and prose) and commands a variety of tones, but he never strays from his illustration of the word.
In a set of poems called ‘Antonin Artaud ou la déchirure des sens’, Leduc draws a haunting picture of Artaud's own search for mastery of the word which was, obviously, a very tortured search. In Van Gogh ou le suicidé de la société (1947), Artaud describes his belief that his words and his so-called 'madness' (by others) are being censored by people who simply can't accept his (the) truth. In his cycle of poems on Artaud, Leduc tries at one point to capture just this:
Waters burn under the eyelids, dreams spun into life by reality. On the boards the puppet harangues us, bends its body, arches its mind in front of the strangers. Absurd, absurd, absurd -- or true truth.
Les eaux brûlent sous les paupières, des rêves que la réalité anime. Sur les tréteaux la marionnette harangue, plie le corps, ploie l'esprit devant les étrangers. Absurde, absurde, absurde -- ou vérité vraie.
Annetna Nepo will be printing two previously unpublished poems by Leduc in our second issue. In the meantime, you can see more or his poems on our website (under “selected poems”), and can also visit his website
One final quote from Leduc:
"Le premier nuage créa la première aube, après la nuit des siècles. Il se forma entre silence et cri, sur l'horizon qui se mouvait enfin. Il ressemblait au vent qui départage les convulsions terrestres" (Leduc, Le livre des tempêtes)
Select bibiography: La respiration du monde. Editions Arcam. 1988 (Prix du Syndicat des Journalistes et Ecrivains.), L'homme séculaire, Editions L’Harmattan. 1993. (Couverture de Noric. Prix René Lyr, décerné par l'Association des Ecrivains Belges.), Le Livre des Nomades, Verlag Im Wald (Allemagne) 1997 Bilingual edition (French-German). Translation by R. Fischer. Original drawings by Bertrand Sylvestre. Preface by Jean-Claude Villain, Partage de la Lumière, Editions de l’Etoile du Nord (Canada) 2002 and La respiration des jours Editions L'Harmattan 2002.
Phillip John Usher
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