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LA MÈRE OCÉANE

extrait

_______________________

 

  

 

De la vague

naissent les vagues

et la perpétuation

des formes

dans leur mouvement

de danse

Ainsi

le ventre de la mère

est-il un océan

où la vie

prend forme

où le silence

se fait parole

Nous berce

jusqu’à l’éclair

le liquide amniotique

jusqu’à

l’éclatement

du jour

  

 

 

Dans ton ventre

morula devient petit poisson qui flotte,

la marée recrée la vie

dans la profondeur des eaux

Chaque jour apporte son flot de cellules

chaque jour dessine

les contours du dessein

Te voilà mère dans l’ancrage de ton nom

Mère éveillée au calme et aux tempêtes

à la vigilance des horizons

A présent

la terre est ton bagage

l’océan

ton autre refuge

  

 

 

Souvenir fœtal de la nuit

de la nuit aux résonances de jours

le cœur palpite en un même cœur

le corps se révèle dans le corps

le sommeil est une autre vie

Mère que sens-tu onduler dans l’aube

que sens-tu tanguer au creux du vague

dans ton ventre bombé de chair

et de l’espoir du monde

  

 

 

Accouchement

L’indéfectible lien se tisse entre la mère et l’enfant

par les endorphines

puis par ce croisement des regards

qui crée le jour dans la nuit et la nuit dans le jour

La mère et le bébé forment un cercle de feu

Quiconque y pénètre atteint la source

où la vie se régénère

Quiconque le brise

s’enflamme pour une éternité

  

 

 

C’est par le cri de la naissance

que le monde se renouvelle

dans son essence verbale

Comme si chaque nouvelle voix

venait réorchestrer les sons

dans la gorge du monde

La mère pousse l’enfant

qui pousse un cri

fait de pleurs essentiels

Ainsi la rosée

fertilise-t-elle

un nouveau jour

  

 

 

 

Cri primal éblouissement du monde

sur des yeux encore clos

comme est clos le secret des éclairs

dans un ciel orageux

Cri vocifération de la vie

de ces contours en soi et hors de soi

qui tracent le périple

De la naissance à la mort

voilà le cercle sans rayons

circonférence ni centre

qui va de l’un à l’autre

sans que l’on sache ce qui tourne

ni sur quel axe

ça tourne

  

 

 

 

Naître dans le temps

secousse spatiale du corps

bond d’un horizon à l’autre

écartèlement de l’ombre

La lumière te prend

dans ses bras te prend

de ses fibres

tissées par le regard

Déjà elle te voit

ouvrir les yeux

sur sa chaleur

animale et rebelle

 

 

 

 

L’immensité c’est elle qui désigne

le petit être qui vient au monde

l’immensité dans ses possibles

dans ses horizons franchis

Un être s’implante et tout est repeuplé

Affranchissement des limites

L’espoir appartient à l’aurore

à la première lueur

à l’envol des saisons

Et la mère est cet arbre

qui dans son feuillage

fait naître le vent

  

 

 

 

Un nouveau-né c’est une lettre

qui deviendra mot puis

phrase puis paragraphe

et livre et texte

intempestif ou sage

ou les deux à la fois

Œuvre

dans l’écrit du monde

toi qui accouches

avec les lèvres ouvertes

sur tous les mots du monde

sur tout ce qui se dit

ce qui s’ignore ce qui se sculpte

dans la terre l’eau le feu

et dans le vent

qui se raconte

  

 

 

 

Allaitement source de satiété du désir

et de désir de satiété

Chaleur du sein sur les lèvres

tel un globe généreux que l’on tête

terre de toute étreinte

et de toute éternité

Ce qui vient dans la gorge

cet amour de la chaude réalité

c’est la pluie qui ruisselle

autant que la sueur du soleil

autant que le sang

de tous les passés possibles

de ceux qui naissent

en s’emboîtant

Halètement cette vie qui s’imprègne

dans les couches du jour et de la nuit

Halètement pour conjuguer les vents

  

 

 

 

Où est-on lorsqu’on vient au monde 

Dans quel espace entre deux portes

entre ce ventre

et ce vent qui nous souffle

ce que la vie soulève 

La parturiente sait combien

concevoir donne de contractions

et combien mettre au monde

accouche la

question

Le jour se lève

pour connaître sa nuit

l’enlacer par les ombres

faire naître un clair-obscur

un arc-en-ciel

ou bien ce ciel de traîne

qui masque

l’ondoiement du soleil

Le jour se lève

  

 

 

 

L’enfant appréhende la rotondité du monde

par ses lèvres sur le sein de sa mère

Il tête la pluie qui viendra le tremper un jour

la sueur qui oindra ses muscles

les larmes qu’une femme lui dédiera peut-être

Tout ce lait qui emplit sa gorge

contient déjà les ferments

d’un avenir valsant

La mère donne le sein

comme une offrande à la nature

comme un arrondissement

des futurs angles

un émoussement

des pics et des aiguilles

Elle obéit à la douceur des choses

quand les choses prennent soin

d’être

ou que le vent est à l’automne

entre les cuisses de la rivière

et de la nuit

 

 

© Daniel LEDUC

 

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