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Petit Tom

et le hérisson

 

       Petit Tom habite une cabane au bord de la rivière. Il y habite depuis longtemps, depuis toujours peut-être.

         Petit Tom est sans âge : il ressemble à un enfant et à un vieillard tout à la fois. On dirait que le temps n’a pas de prise sur lui.

         Petit Tom vit de sa pêche. Elle le nourrit d’abord, et le surplus, il le vend au marché pour pouvoir se vêtir.

         Petit Tom se contente de peu. Sa seule richesse : son rire ; il fuse comme une étoile filante ; il illumine le ciel de ceux qui l’entendent.

         Petit Tom est un petit homme… heureux.

 

         Aujourd’hui, Petit Tom a rendez-vous avec Gaston le hérisson.

         Petit Tom a très mal au dos.

         Sylvie la souris lui a conseillé un acupuncteur.

         — Acu quoi ? a demandé Petit Tom.

— A-cu-punc-teur, a articulé la souris. On te met des aiguilles à des endroits précis du corps, et cela te guérit, ou au moins te soulage. Va donc voir Gaston le hérisson, c’est le meilleur des acupuncteurs.

         Alors Petit Tom s’est rendu chez Gaston le hérisson. Et il attend son tour.

 

         Gaston le hérisson vit sous un buisson d’épines. Et lorsqu’on lui demande pourquoi il vit là, il répond en bougonnant :

         — C’est pour me protéger du monde extérieur.

         — Et que t’a-t-il donc fait, le monde extérieur ? lui demande-t-on.

         — Il ne m’a rien fait, grognonne le hérisson. Mais tout de même, c’est le monde extérieur !

         Il faut dire que Gaston le hérisson est un peu ombrageux, et il n’aime guère la foule. Mais il soigne tout de même les gens. Même si c’est de la foule.

        

         A présent, c’est au tour de Petit Tom.

         — Qu’est-ce qui t’amène ? demande Gaston.

— Une violente douleur an bas du dos, répond Petit Tom. J’ai voulu déplacer des trucs, des machins et des bidules, et voilà le résultat ! Je ne peux plus me plier en deux. Je suis aussi raide qu’un poteau.

         — Nous allons voir ça. Allonge-toi, ordonne Gaston.

         Petit Tom obéit. Mais alors qu’il s’installe, alarmé, il voit Gaston le hérisson détacher une aiguille de son dos, puis s’approcher de lui, la tenant à la main comme une arme effrayante.

         — Allons, n’aie pas peur ! tente de le rassurer Gaston. Ce n’est qu’une toute petite aiguille qui ne fera qu’un tout petit trou.

         — Hé ! je ne veux pas qu’on me fasse des trous ! hurle Petit Tom en se levant.

         Mais alors qu’il tente de s’enfuir, le hérisson lui barre la route, grondant :

         — Je n’ai pas de temps à perdre, allonge-toi ! Sinon, tu vas finir par me mettre en boule !

         Devant une telle menace, Petit Tom s’allonge à nouveau, tout en tremblant de tous ses membres.

         — Vas-tu finir par te calmer ?! réclame fermement Gaston.

         Et, d’un geste précis, il enfonce légèrement son aiguille au bout du nez de Petit Tom.

         — Alors ? Tu as eu mal ? demande-t-il.

         — Pas vraiment, bredouille Petit Tom.

         — Tu vois bien, ce n’est pas douloureux, confirme le hérisson.

         En lui-même, Petit Tom doit bien reconnaître que Gaston a raison. Ça ne fait pas mal du tout !

         Ainsi, prenant une aiguille puis une autre sur son dos, Gaston le hérisson les dispose une à une sur le corps de Petit Tom. Si bien qu’au bout d’un quart d’heure, celui-ci est plein d’aiguilles.

         — A présent, je ressemble à un hérisson ! observe Petit Tom.

         — Tais-toi donc ! impose Gaston le hérisson.

         Alors un temps incalculable s’écoule, pendant lequel Petit Tom demeure immobile, là, allongé, avec sur le corps… toute une pelote d’aiguilles.

         Quant enfin Gaston les lui retire une à une, Petit Tom soupire :

         — Ah ! Qu’est-ce que je me sens bien !

         Puis tout à coup Petit Tom s’exclame :

         — Mais enfin Gaston, tu ne vas pas rester ainsi, tout nu ?!

— Mais non ! mais non ! répond en maugréant le hérisson. Je vais remettre les aiguilles sur mon dos.

Et Petit Tom s’en va, rassuré.

Il n’a plus mal au dos !

 

Mais le lendemain Petit Tom se réveille avec une violente douleur dans le cou. Il ne peut plus tourner la tête.

 — Que m’arrive-t-il ? se demande-t-il, inquiet.

         Il se rend chez Sylvie la souris qui lui conseille :

         — Va voir Gaston le hérisson, c’est le meilleur des chiropracteurs

         — Chiro quoi ? demande Petit Tom.

— Chi-ro-prac-teurs, articule Sylvie la souris. Il va te manipuler les vertèbres du cou, et tu n’auras plus mal, ou du moins, pas autant.

         Petit tom retourne donc chez Gaston le hérisson qui, en le voyant s’exclame :

         — Te voilà tordu comme un crochet !

         — Je me suis réveillé ainsi… Ne serait-ce pas un torticolis ?

         — Nous allons voir. Mets-toi ici, ordonne Gaston. Je vais passer derrière toi, te saisir par dessous les bras et te soulever de terre. Si tu entends un bruit sinistre de craquement, c’est normal…

— Mais je ne veux pas que ça craque sinistrement ! proteste Petit Tom.

Et en hâte, il se dirige vers la sortie. Cependant Gaston le hérisson, plus rapide, l’empêche de prendre la fuite.

         — Vas-tu cesser tes caprices, grommelle, furieux, Gaston. Mets-toi là, et ne bouge plus !

         Petit Tom s’exécute, non sans frissonner d’inquiétude.

         Alors Gaston se place derrière lui, lui fait comme une prise de judo, ou d’un autre jus, et le soulève de terre dans un bruit de craquement ca-rac-té-ris-tique.

         — Et voilà, c’est fini, affirme Gaston. Etait-ce si difficile à supporter ?

         — Non ! Non ! souffle Petit Tom, qui doit reconnaître qu’il n’a ressenti aucune douleur.

         Et le voilà qui tourne la tête en tous sens, en haut, en bas, à gauche, à droite, et même vers des endroits qu’on ne connaît pas !

         — As-tu bien fini de gesticuler ainsi ? râle Gaston le hérisson.

         — Pour le coup, je suis content d’avoir un cou ! jubile Petit Tom. Content d’avoir un cou !

         Et il repart chez lui en secouant la tête. Riant comme un bossu.

 

         Mais… le lendemain…

         Petit Tom a vraiment mal aux côtes.

         — J’ai trop ri, voilà le résultat ! gémit-il. J’ai mal aux côtes d’un côté et de l’autre !

         Une fois de plus, Sylvie la souris écoute ses plaintes.

         — Va donc voir Gaston le hérisson, c’est le meilleur des kinésithérapeutes.

— Kiné quoi ? demande Petit Tom.

— Ki-né-si-thé-ra-peutes, articule Sylvie la souris. Il va te masser les côtes, et te faire faire des mouvements de gymnastique ; ainsi tu n’auras plus mal, ou presque plus. 

         — Allons-y, soupire Petit Tom.

         — Encore toi ! s’écrie Gaston ! Tu as décidé de m’épouser, ou quoi ?

         — Ne me fais pas rire Gaston, j’ai trop mal aux côtes, s’esclaffe Petit Tom.

         — Alors, allonge-toi, intime le hérisson. Je vais te frotter les côtes, te masser le ventre, t’étirer les membres…

         — M’étirer les membres, jamais ! beugle Petit Tom. Et cette fois-ci, tu ne m’arrêteras pas !

         Alors qu’il se précipite vers la porte, Petit Tom heurte de plein fouet Gaston, et tous deux s’effondrent par terre.

         Tentant de se relever, ils se mettent à geindre :

         — Je me suis cassé les fesses ! dit Petit Tom.

         — Et moi, renchérit Gaston, c’est le cerveau que je me suis cassé !

         — J’ai les fesses toutes déglinguées ! rajoute Petit Tom.

         — Et mon cerveau fait un bruit de poubelles ! conclut Gaston.

         C’est ainsi que, tout tordus, ils se rendent chez Sylvie la souris.

         Mais Sylvie la souris ne supporte plus les jérémiades. Elle leur donne donc ce conseil :

         — Allez voir là-bas si j’y suis ! C’est là que se trouve la fin des haricots ! dit-elle en criant.

         — Des hari quoi ? demandent en chœur Gaston et Petit Tom.

   Des haricots ! des haricots ! des haricots ! dit la souris.

— Ha-ri-cots ! reprend en riant… l’écho.

 

 

© Daniel LEDUC

 

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