
Qui sont les pionniers de la littérature africaine ?
Vaste continent, l’Afrique constitue l’un des terreaux de la littérature internationale. Au fil des ans, au fil des décennies, au fil des siècles, de nombreux auteurs originaires du continent africain ont contribué à la mise en lumière de la littérature sous diverses formes. Zoom sur une sélection d’entre eux.
Amadou Hampâté Bâ
Né au tout début du XXe siècle, en 1901, Amadou Hampâté Bâ est le premier auteur de notre sélection des pionniers de la littérature africaine. Surnommé "le Sage d’Afrique", le Malien consacre une partie de son talent d’écrivain à des écrits pour dénoncer la guerre, sous toutes ses formes. Celui qui est à l’origine du proverbe "En Afrique, quand un vieillard traditionaliste meurt, c’est une bibliothèque inexploitée qui brûle" s’érige en fervent défenseur, via la littérature, du patrimoine africain. L’Étrange Destin de Wangrin (1973) et Amkoullel, l’enfant peul (1991) lui apporteront le Grand prix littéraire d’Afrique noire.
Léopold Sédar Senghor, le poète
Difficile de parler de littérature africaine sans évoquer l’auteur Léopold Sédar Senghor. Né au Sénégal, Léopold Sédar Senghor est à l’origine, avec Léon-Gontran Damas et Aimé Césaire, du mouvement littéraire de la négritude. Le premier nommé, plus attaché encore à la littérature africaine que les seconds, deviendra le premier Africain à faire son entrée à l’Académie française. Auteur de textes philosophiques, Léopold Sédar Senghor doit une partie de sa notoriété à son œuvre poétique. Parmi sa bibliographie figure le célèbre Chants d’ombre.
Camara Laye
Auteur de L’Enfant noir, un texte autobiographique, adapté en film, Camara Laye naît à Kouroussa en Haute-Guinée sous le patronyme de Abdoulaye Camara. Fils de forgeron, celui que l’on surnomme rapidement "Laye" au sein de la famille vit une enfance heureuse, qu’il racontera tout au long de son premier livre. Après des études en France, Camara Laye retrouve son pays natal, un diplôme d’ingénieur en poche, et enfile le costume de premier ambassadeur au Ghana. En conflit avec le président Ahmed Sékou Touré, l’auteur de Le Maitre de la parole s’enfuit en Côte d’Ivoire dans les années 60 après une courte période d’incarcération. Camara Laye s’installera ensuite de façon plus pérenne au Sénégal où il officiera comme chercheur.
Yambo Ouologuem
Il est de la génération des Ousmane Sembène, Alioum Fantouré ou encore Sony Labou Tansi dont les thèmes d’écriture se retrouvent dans la collection Études africaines. On lui doit les romans Le Devoir de violence (Prix Renaudot), Les Moissons de l’amour ou encore Le Secret des orchidées. Confronté au cours de sa vie à de vives polémiques, Yambo Ouologuem choisira le retrait et la discrétion à la lumière. Plusieurs années après sa disparition (en 2017) Yambo Ouologuem est toujours associé à la littérature africaine à travers l’existence, outre de son œuvre, d’un prix à son nom.
Chinua Achebe
Disparu en 2013 à l’âge de 82 ans, Chinua Achebe est aujourd’hui considéré à la fois comme l’un des pionniers de la littérature africaine et comme l’un des fondateurs de la littérature africaine moderne. Né au Nigéria, Chinua Achebe s’émancipe rapidement de sa citoyenneté africaine pour parler au monde entier. Avec Tout s’effondre, son premier roman paru en 1958, il laisse une trace indélébile dans l’Histoire de la littérature africaine et internationale.
Mariama Bâ
Femme de lettres sénégalaise, Mariama Bâ est l’une des figures féminines de la littérature africaine. Tout au long de sa vie, de 1929 à 1981, Mariama Bâ militera en faveur de l’égalité entre hommes et femmes, et contre la tradition africaine qui sous-estime ces questions féminines. Fondatrice et présidente du Cercle Fémina, Mariama Bâ est l’autrice de Une si longue lettre, son premier roman engagé, publié en 1979 et inscrit au programme de l’enseignement secondaire dans son pays natal.
Aminata Sow Fall
Elle est l’autre visage féminin de notre sélection des pionnières de la littérature africaine francophone. Sénégalaise elle aussi, enseignante sur ses terres natales après avoir suivi des études de lettres en France, Aminata Sow Fall dénonce, comme sa compatriote, les dérives de la société sénégalaise à son époque, parmi lesquelles l’idéologie patriarcale. Avec La Grève des bàttu, Aminata Sow Fall remporte le Grand prix littéraire d’Afrique noire en 1980. 35 ans plus tard, l’ensemble de son œuvre lui vaut d’être récompensée du Grand Prix de la Francophonie par l’Académie française.