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Christine Barbier

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Christine Barbier est présidente de l'association :
"Auteurs du Mont-Blanc"

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AUTRES PARUTIONS

les Contamines au Fil du Temps (Edimontagne)

Des Hameaux et des Hommes
(préface de Christophe Barbier)

La Perle du Mont Blanc- Combloux-

Talons aiguilles pour un 4000
(préface de Paolo Conte)
Editions de l'Astronome

Bons Baisers de Sant' Antioco et d'ailleurs
Editions Livres du Monde

LES ARTICLES DE L'AUTEUR

CHRISTINE BARBIER, LA PASSAGERE<em></em>

Avec Talons Aiguilles pour un 4 000, l'auteur - qui vit à mi-temps entre Les Contamines-Montjoie et la Sardaigne - livre un regard sincère sur une montagne résolument ancrée dans ses racines mais happée par une inévitable marchandisation dont elle a, elle-même, pu mesurer les effets pervers

Avec son nouveau roman, qui oscille entre fiction et réalité, Christine Barbier (qui fut deux décennies durant la correspondante locale du Dauphiné Libéré aux Contamines-Montjoie) nous plonge dans le quotidien de Chloé Lazzarona, une Parisienne exilée dans un petit village de fond de vallée. Un bourg où les traditions ancestrales n'échappent pas à une certaine "Disneylandisation". Mais où le paysage abrupt, revêche et éternel continue de faire rêver ceux qui sont nés "ici haut" ou ceux qui y sont venus par choix. Toute ressemblance…

JdP - Votre héroïne, Chloé Lazzarona, c'est un peu vous, non ?
Christine Barbier - N'avoue jamais, jamais, jamais… [rire]. Il y a forcément toujours une part de soi quand on écrit. Certains qualifieront sans doute ce roman d'"autofiction" mais ce n'est pas un terme dont je raffole. Maintenant, il est évident que je me suis servi des deux décennies que j'ai passées en montagne, de certaines rencontres, d'expériences. Avec, à l'arrivée, un mélange de fiction et de réalité, même si j'ai changé les noms des gens, des lieux.

En quoi l'écriture de cet ouvrage relevait-il d'une forme de nécessité ?
Ce livre était nécessaire car, en quelque sorte, il clôture un chapitre de ma vie. J'avais le titre en tête depuis pas mal de temps. Et il revenait régulièrement, comme une chanson lancinante. Mes années de correspondante locale au Dauphiné ont été riches de rencontres, de découvertes. Je ne regrette rien mais aujourd'hui j'avais besoin de retrouver un ton moins consensuel, d'avoir une parole plus "libre".

L'exercice n'a-t-il pas été trop déconcertant ? Comment l'avez-vous appréhendé ?
L'accouchement n'a pas été douloureux. J'avais fait une péridurale au champagne [rire]. Plus sérieusement, j'ai éprouvé énormément de plaisir à la fois dans l'écriture, le voyage intérieur et le cheminement. C'était un peu comme un périple en altitude, quand vous faites un pas après l'autre. Là, c'était une page après l'autre, sans savoir où ça allait me mener.

Le fil conducteur étant cette montagne dont vous êtes tombée amoureuse mais dont vous dénoncez également la marchandisation à outrance.
Mon héroïne habite en montagne mais elle n'en est pas originaire. Ce qui lui permet d'avoir un regard détaché, lucide et objectif. Comme Chloé, cette marchandisation m'a pesé. Quand je vois ces hordes de traileurs ne même pas regarder l'environnement dans lequel ils évoluent ou ces grimpeuses sur papier glaçé avec la corde assortie à la couleur de leur vernis à ongle… Toutes ces compétitions, toute cette image galvaudée, ça me fatigue. Dans cet ouvrage je voulais qu'il y ait plusieurs niveaux de lecture, qu'on ait le regard que pose cette femme sur la montagne mais que l'on découvre également comment la montagne peut vous transformer ou vous étouffer par moment.

Vous-même avez-vous éprouvé cette sensation d'oppression ? Est-ce la raison pour laquelle vous vivez aujourd'hui entre Les Contamines et la Sardaigne?
Parfois le quotidien en montagne peut être pesant, rude. Mais en même temps cette montagne est ancrée en moi. J'ai besoin de crapahuter, de mettre mon corps à l'effort. J'ai besoin d'âpreté comme j'ai besoin de douceur. J'ai toujours cultivé le nomadisme car le mouvement c'est la vie. Ça permet l'ouverture d'esprit, ça évite l'enfermement dans une pensée unique. Même quand on part, on emmène toujours ses racines avec soi. On sait qui on est, on s'enrichit d'autres rencontres, d'autres lieux. Il faut effectivement savoir partir à un moment pour se remettre en question, bousculer ses habitudes pour reprendre un nouveau souffle. C'est important.

Même si vous n'êtes pas une femme de regrets, votre roman dégage pourtant une forme de nostalgie, une sensation de "c'était mieux avant".
Peut-être. Je suis quelqu'un qui vit résolument dans le présent mais il est vrai que je peux regretter des personnages comme Pimpin, Gaby Mollard… [NDLR :deux figures contaminardes]. Bref, un état d'esprit qui prévalait à une certaine époque. Ce qui nous ramène une nouvelle fois à cette "Disneylandisation" de la montagne. Mais cela peut aussi déboucher sur un discours plus général car la mutation de la société ne concerne pas que les montagnards.

Un avis que partage assurément votre "ami" Paolo Conte, qui a gentiment accepté de préfacer cet ouvrage.
Paolo je l'ai connu il y a plus de 30 ans. Nous nous sommes rencontrés régulièrement au fil des concerts, à Turin, à Gênes… Il fait partie de ma vie depuis le début. J'aime sa musique, j'aime ce personnage. Il a une poésie, une élégance d'un autre âge. Il a accepté d'emblée de m'écrire cette préface. C'est un seigneur.

Qu'aimeriez-vous que vos lecteurs retirent de cet ouvrage ?
Une forme de vérité, une sensibilité. Un regard vrai, non intéressé et proche de la réalité. Un témoignage sur quelque chose qui est peut-être en train de disparaître.

Notes :
Talons Aiguilles pour un 4 000, de Christine Barbier, éditions de l'Astronome, 9 euros.
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