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Cyrille Godefroy

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Fonctionnaire le jour, écrivain la nuit, ou vice-versa, je suis né en 1973. Mon univers imaginaire et littéraire s'inspire d'écrivains comme Cioran, Ionesco, Beckett, Kundera, Bobin. Observateur dilettante de la mécanique du langage, son oeuvre diffuse une vision à la fois désenchantée et loufoque de la condition humaine.

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LES ARTICLES DE L'AUTEUR

L'esprit de Voltaire à terre

Ce ne sont pas simplement douze hommes que les terroristes ont abattus ce 7 janvier 2015. Ils ont également ébranlé l'esprit critique, l'esprit des lumières si cher à Voltaire.
Quel est le message adressé au monde par ces ombres encagoulées se réclamant du prophète Mahomet ? Que ceux qui osent remettre en question ou brocarder les symboles de leur structure identitaire et religieuse s'exposent à des représailles fatales. Le djihad prôné par les terroristes n'admet ni la légèreté ni la discussion. Il se nourrit de violence et d'oppression. Il sous-tend un désir irrépressible de domination et d'expansion.

Qu'est-ce qu'un terroriste si ce n'est un être paumé, souvent désocialisé, sans réelles perspectives, qu'il soit d'origine française ou étrangère. Il puise dans l'adversité, le combat et la destruction le gage de son existence, jusqu'à son ultime extrémité... la mort. Le terroriste s'affirme par l'éradication systématique de ce qui offense le cœur de son identité auquel il s'est aveuglément aliéné durant son embrigadement (via internet et/ou un voyage dans un camp djihadiste).
On ne naît pas terroriste, on le devient. Le terroriste, avant de devenir un tueur, est un individu qui se cherche, vivotant dans un flou existentiel, balloté entre la prison, les potes, les petits trafics, le vide affectif et culturel. Il aspire à appartenir à un groupe, à adhérer à une cause qui fera de lui un acteur de sa vie, voire un exemple à suivre. Il désire ardemment sortir de sa condition de pantin ou de rebut de la société. Un peu comme tout à chacun. Le terroriste prend simplement le pire chemin.
Et il faut bien l'admettre : le terrorisme est aussi le symptôme d'un modèle occidental malade, anémié.

Au 18è siècle, Voltaire demeurait déjà démuni face à l'obscurantisme : " Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ". Menacé par ce péril fanatique, quelle attitude doit adopter l'occident qui demeure malgré tout un îlot de paix et de liberté ? Dans un monde nouveau où les populations se brassent, où les nationalités s'entremêlent, il serait étriqué, tardif et illusoire de procéder à la fermeture des frontières et au repli sur soi-même.
La responsabilité de cet enjeu est évidemment d'ordre politique mais elle relève également d'un mouvement individuel dans le sens où chacun doit apprendre à vivre avec l'autre, avec sa différence, son étrangeté qui n'est du reste qu'apparente et superficielle. L'homme libre occidental se fourvoierait s'il se recroquevillait dans la défiance et la stigmatisation.
Cette posture est difficile à tenir car l'homme occidental est lui-même fragilisé à bien des égards, corrodé par de multiples fléaux, en particulier le consumérisme, le matérialisme, le vide spirituel qui s'engouffre dans le sillage du compresseur économique. Nos démocraties valorisent démesurément la richesse, le pouvoir, la célébrité, la productivité au détriment du vivre ensemble et de la création intérieure.

Puisse notre modèle conserver suffisamment de consistance et de souffle pour ne pas fustiger aveuglément l'ensemble de la communauté musulmane et sombrer dans un conflit civilisateur.
Puisse notre modèle concentrer uniquement sa réponse sur les fanatiques, leur organisation, leur mode d'action, mais également en amont sur les facteurs d'émergence de ce fanatisme, qu'ils soient éducatifs, culturels ou socio-économiques.

Bien avant cet attentat visant Charlie Hebdo, l'esprit des Lumières dans notre pays s'était déjà ramolli, essoufflé, affaissé. La pensée s'était insidieusement racornie, lézardée, aseptisée. De plus en plus, l'invective, l'intolérance, la moraline, le politiquement correct contribuaient à asphyxier les échanges.

Cet attentat vient nous rappeler que la liberté d'expression peut s'éteindre à tout moment telle la flamme d'une bougie exposée aux vents mauvais. Il revient à chacun de se comporter de telle façon à ce que la liberté, le respect d'autrui, la tolérance mais aussi l'impertinence, l'humour, la singularité perdurent et s'étendent aux régions qui n'en jouissent que partiellement.
Puisse ce mercredi 7 janvier servir d'électrochoc et stimuler cet esprit, cette vigueur que nous avons hérités des lumières !

Signature :
Cyrille Godefroy

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