
Eric Delassus
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Descriptif auteur
Professeur agrégé et docteur en philosophie (PhD), j'enseigne la philosophie auprès des classes terminales de séries générales et technologiques, j'assure également un enseignement de culture de la communication auprès d'étudiants préparant un BTS Communication. J'ai dispensé de 1990 à 2012, dans mon ancien établissement (Lycée Jacques Cœur de Bourges), des cours d'initiation à la psychologie auprès d'une Section de Technicien Supérieur en Économie Sociale et Familiale. J'interviens également dans la formation en éthique médicale des étudiants de L'IFSI de Bourges et de Vierzon, ainsi que lors de séances de formation auprès des médecins et personnels soignants de l'hôpital Jacques Cœur de Bourges. Ma thèse a été publiée aux Presses Universitaires de Rennes sous le titre De l'Éthique de Spinoza à l'éthique médicale ( http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=2597 ). Je participe aux travaux de recherche du laboratoire d'éthique médicale de la faculté de médecine de Tours. Je suis membre du groupe d'aide à la décision éthique du CHR de Bourges. Je participe également à des séminaires concernant les questions d'éthiques relatives au management et aux relations humaines dans l'entreprise et je peux intervenir dans des formations (enseignement, conférences, séminaires) sur des questions concernant le sens de notions comme le corps, la personne, autrui, le travail et la dignité humaine.
Titre(s), Diplôme(s) : Professeur agrégé et docteur en philosophie
Fonction(s) actuelle(s) : Professeur au Lycée Marguerite de Navarre de Bourges
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AUTRES PARUTIONS
PENSER AVEC SPINOZA - VAINCRE LES PRÉJUGÉS, Bréal, Novembre 2014.
ÉTHIQUES DU GOÛT, ouvrage collectif publié sous la directions de Sylvie Dallet et Éric Delassus aux éditions L'Harmattan, juin 2014.
LE SUJET, Éditions Bréal, septembre 2015
SPINOZA - CONNAÎTRE EN CITATIONS, Éditions Ellipses, février 2016.
LA PERSONNE, Éditions Bréal, juin 2016.
La philosophie du bonheur et de la joie - Le bonheur à l'horizon, Ellipses, 2019.
La foire aux "pourquoi ?", https://www.amazon.fr/dp/B0895WWDSM
LES CONTRIBUTIONS DE L’AUTEUR
LES ARTICLES DE L'AUTEUR
Comment renforcer son "courage managérial" Interview pour Management Magazine
Il me semble que si l'on veut définir correctement le courage, il faut remettre en question un certain nombre d'idées reçues qui, souvent, associent courage et toute puissance. Ainsi, aujourd'hui, et surtout si l'on parle de courage managérial, il est important de l'associer à la notion de vulnérabilité. Etre courageux pour un manager, c'est avoir la force d'assumer sa propre vulnérabilité et d'accompagner celle des autres.
Le concept de vulnérabilité auquel je fais référence ici s'inspire des éthiques du care, qui partent du principe que l'être humain, plutôt que d'être appréhendé comme un individu autonome, doit d'abord être considéré comme une personne vulnérable, c'est-à-dire essentiellement dépendante. Or qu'est-ce que le monde du travail sinon un univers dans lequel tout le monde dépend de tout le monde et chacun de chacun? Dans le monde du travail, personne n'est tout-puissant, car chacun a besoin des autres pour agir.
On le dit, on le pense, on le vit : un manager se doit d'être courageux. Mais qu'entend-on exactement par là ? Il ne s'agit pas d'être un héros tout-puissant mais au contraire allier vulnérabilité et bienveillance. On défriche la notion avec le philosophe Eric Delassus.
Si l'expression "courage managérial" est sur toutes les lèvres, on a parfois du mal à déterminer ce qu'elle recouvre clairement. Le pouvoir ? La détermination ? La volonté ? Un petit côté casse-cou? Rien de tout ça, affirme le philosophe Eric Delassus qui associe le vrai courage à la vulnérabilité et invite chaque manager à assumer la sienne tout en accompagnant celle de leurs collaborateurs. Une définition qui rejoint l'éthique du "care", la notion de management bienveillant et confiant, et permet surtout d'éviter de confondre courage et autoritarisme. Le pire des contresens!
Management : Qu'est-ce que le courage managérial à notre époque?
Eric Delassus : Il me semble que si l'on veut définir correctement le courage, il faut remettre en question un certain nombre d'idées reçues qui, souvent, associent courage et toute puissance. Ainsi, aujourd'hui, et surtout si l'on parle de courage managérial, il est important de l'associer à la notion de vulnérabilité. Etre courageux pour un manager, c'est avoir la force d'assumer sa propre vulnérabilité et d'accompagner celle des autres.
Le concept de vulnérabilité auquel je fais référence ici s'inspire des éthiques du care, qui partent du principe que l'être humain, plutôt que d'être appréhendé comme un individu autonome, doit d'abord être considéré comme une personne vulnérable, c'est-à-dire essentiellement dépendante. Or qu'est-ce que le monde du travail sinon un univers dans lequel tout le monde dépend de tout le monde et chacun de chacun? Dans le monde du travail, personne n'est tout-puissant, car chacun a besoin des autres pour agir.
>> A lire aussi - Le courage en entreprise, mode d'emploi
Un exemple concret de cette vulnérabilité ?
J'emprunte souvent cet exemple à l'une des théoriciennes du care, Joan Tronto. Il s'agit de celui du cadre d'entreprise qui arrive un matin dans son bureau et s'aperçoit que le ménage n'y a pas été fait, comme c'est le cas chaque nuit par ces travailleurs invisibles que sont les agents d'entretien. Il découvre soudain qu'il est dépendant de leur travail et perçoit alors sa vulnérabilité. Il peut se mettre en colère et pester contre les services qui n'ont pas fait correctement leur travail mais ce n'est pas là l'expression d'un réel courage. Il peut aussi assumer cette vulnérabilité et s'inquiéter des raisons pour lesquelles le ménage n'a pas été effectué.
Le terme même de courage renvoie au cur : l'homme courageux est un homme de cur, pas simplement au sens où il serait charitable, mais également au sens où il est animé par le désir de manifester sa puissance d'agir en contribuant à l'augmentation de celle des autres. Le courage se rapproche ici de ce que Spinoza nomme la force d'âme qui allie fermeté et générosité.
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Courage et autorité font-ils bon ménage ?
Le courage managérial consiste à savoir exercer son autorité sans faire preuve d'autoritarisme, c'est-à-dire à encourager ceux que l'on dirige à prendre des initiatives, à s'affirmer de manière à ce qu'ils puissent, autant qu'il est possible, s'épanouir dans leur travail. Car s'il y a une autre idée à remettre en question, c'est celle qui associe courage et volonté, au sens où le courage consisterait à contrer systématiquement ses désirs. Il me semble qu'au contraire il s'agit bien d'une affaire de désir.
Le manager courageux n'est autre que celui qui est animé par le désir de bien faire, dont le travail consiste à transmettre ce désir à ceux qu'il dirige et avec qui il collabore. Pour cela, il doit faire preuve d'une autorité qui ne repose pas sur la crainte, mais sur la confiance. Le manager qui fait autorité n'est pas un manager autoritaire, mais quelqu'un en qui l'on croit et qui croit en la capacité de son équipe à bien remplir les missions qu'elle doit accomplir.
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Le courage, ça s'apprend ?
Sur ce point, je pense qu'il faut se référer à Aristote qui voit dans l'habitude le moyen d'acquérir certaines vertus. C'est à force d'accomplir des actes courageux qu'on le devient de plus en plus et que le désir d'agir se renforce. Seulement, il ne faut pas confondre ici l'habitude avec la routine. La routine, c'est l'habitude qui ne se remet jamais en question. Or la première des habitudes à prendre, c'est celle qui consiste à toujours s'interroger sur le sens de ce que l'on fait, c'est de savoir régulièrement s'arrêter, sortir de l'effervescence de l'urgence pour analyser les choses et faire un bilan de ce que l'on a fait, pour ensuite repartir sur des bases plus saines et surtout plus réfléchies.
La réflexion me paraît d'ailleurs être à la base de ce courage managérial revisité : c'est en développant une certaine capacité de retour sur soi que l'on devient capable de prendre les bonnes décisions en faisant preuve de sagacité (autre manière de traduire le terme grec de phronesis cher à Aristote) et en étant en mesure de saisir le kairos, le moment opportun qui convient pour bien agir. Donc, oui, le courage n'est pas une qualité innée, il s'apprend, il est le fruit d'une éducation, de l'habitude et aussi de la fréquentation d'autres personnes courageuses. L'exemplarité me semble jouer ici un rôle essentiel.
On lie souvent courage et grandes décisions
Je pense qu'il ne faut pas confondre courage et héroïsme. Le courage du manager, ce peut être de dire à un salarié ce qui ne va pas (sans pour autant le réduire à ses erreurs) mais tout en lui donnant la possibilité de se corriger. La tentation existe parfois de faire preuve de démagogie, en surévaluant un travail mal fait ou en se taisant, tout simplement, pour avoir la paix Ce courage-là n'a rien d'héroïque, il est quotidien et ne mérite pas d'être méprisé.
>> A lire aussi - Management : 11 conseils pour décider au quotidien
En quoi la philosophie peut-elle aider les managers ?
La philosophie n'a pour moi de sens que si elle se traduit dans une pratique. André Comte-Sponville considère que philosopher c'est "penser sa vie et vivre sa pensée". Ainsi envisagée, la philosophie peut beaucoup apporter au management actuel. En développant l'esprit critique des managers, elle leur permet de mieux s'interroger sur leur pratique et de rendre plus lisible leur expérience. Ils ont ainsi la possibilité de penser et de construire leur manière d'être manager.
Qui est Eric Delassus ?
Professeur des lycées, membre du groupe d'aide à la décision éthique du CHR de Bourges, il intervient régulièrement en entreprise comme formateur ou consultant sur les questions relatives à l'éthique médicale ou managériale. Son dernier ouvrage paru est La philosophie du bonheur et de la joie. Le bonheur à l'horizon (Editions Ellipses).
Signature :
Propos recueillis pas SAMUEL LOUTATY
Cinq conseils pour développer son courage
Parce que nous ne sommes plus à l'ère des petits chefs, le courage managérial consiste à avoir la force de reconnaître ses limites et d'accepter que, en tant que manager, on est forcément dépendant des autres, de sa hiérarchie certes, mais aussi de tous les collaborateurs que l'on encadre.
Un manager courageux dit les choses clairement à ses équipes, compliments ou recadrages, tout en transmettant le désir de se corriger et de s'épanouir dans leur travail. Il motive, quoi !
Un manager courageux donne du sens au travail de ses équipes. Et il en trouve quand leur quotidien en manque cruellement.
Le manager courageux n'est pas forcément un héros. S'il n'a peur ni de sa hiérarchie ni de ses équipes, il est prudent et capable de prendre du recul avant de prendre une décision.
Le manager courageux est exempt de démagogie, il sait dire non et est capable d'expliquer à un salarié ce qui ne va pas, non pour le stigmatiser mais pour le faire progresser.
Philosopher pour se soigner
Hors-série
Spinoza l'ultra moderne
Référence à mon livre De l'Éthique de Spinoza à l'éthique médicale dans l'article de Sophie Pujas "Philosopher pour se soigner" du numéro hors-série du Point "Spinoza, l'ultra-moderne" de janvier 2016.
http://boutique.lepoint.fr/spinoza-l-ultra-moderne-795
L'éthique narrative selon Paul Ricoeur : une passerelle entre l'éthique spinoziste et les éthiques du care
Volume 10, numéro 3, 2015, p. 149-167
Rédaction : Christine Tappolet (rédactrice en chef)
Éditeur : Centre de recherche en éthique de l'Université de Montréal
ISSN : 1718-9977 (numérique)
DOI : 10.7202/1037655ar
Selon Fabienne Brugère, un point de rencontre existe entre l'éthique spinoziste et les éthiques du care, le care pouvant être envisagé comme une réactualisation du conatus spinoziste. Cet article vise à démontrer que cette convergence peut s'établir à partir d'une éthique narrative inspirée de la pensée de Paul Ricoeur. Cela concerne principalement la perception que l'on peut avoir de soi en tant que corps et esprit, dans la mesure où l'esprit est défini par Baruch Spinoza comme "idée du corps". L'éthique spinoziste invite à se rendre utile aux autres pour augmenter notre puissance d'être et nous libérer d'une servitude qui n'est pas sans rapport avec la vulnérabilité telle que définie dans les éthiques du care. L'humain.e vulnérable a besoin pour se sentir exister d'avoir une idée cohérente de son corps, et le récit est l'une des voies lui permettant de progresser dans cette direction. Encore faut-il, pour y parvenir, trouver des pourvoyeuses et pourvoyeurs de care disposé.e.s à écouter, aptes à susciter en soi le désir de se raconter.
http://www.erudit.org/revue/ateliers/2015/v10/n3/1037655ar.html
Émergence de nouvelles pratiques managériales et vulnérabilité
Émergence de nouvelles pratiques managériales et vulnérabilité
Auteur : Éric Delassus, François Silva
Date de parution : Été 2016
Volume 20 - Numéro 4 - Pages 59-74
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Disponibilité : En stock
RÉSUMÉ: La notion de vulnérabilité issue des éthiques du care, pourrait-elle trouver sa place dans une refondation de la pensée managériale ? Les nouvelles formes d'organisation du travail, qui valorisent plus les relations entre les personnes que les performances individuelles, pourraient intégrer cette notion pour faire émerger un management humaniste favorisant la confiance et la sollicitude. Une culture de la responsabilité remettant en cause une vision gestionnaire des relations humaines et prenant en compte de la singularité de chacun verrait alors le jour. L'autorité du manager, plus compréhensive envers autrui et soucieuse de le faire progresser, y trouverait une nouvelle légitimité.
http://www.managementinternational.ca/catalog/emergence-de-nouvelles-pratiques-manageriales-et-vulnerabilite.html
Décision, détermination, résolution Réflexion sur la décision médicale
http://www.cairn.info/revue-cahiers-philosophiques-2013-3-page-52.htm
Ni absolu commencement ni complet aboutissement, la décision médicale s'inscrit dans un enchevêtrement d'éléments rationnels et émotifs. En évacuer les affects pourrait sembler judicieux, mais ce serait oublier le lien qui les unit aux idées. S'il est des affects qui obscurcissent la pensée, d'autres contribuent à son exercice. La réflexion permet d'identifier ces derniers, mais l'urgence rend souvent cette tâche difficile. C'est la raison pour laquelle un regard rétrospectif est nécessaire pour comprendre la logique immanente à la décision, réorienter la décision initiale ou éclairer de futures décisions ; mais aussi déterminer ce qui est vraiment utile au malade, sans se laisser abuser par le fantasme de la décision parfaite, toute délibération s'élaborant toujours sur fond d'ignorance.
Vivre et penser son corps
http://www.cairn.info/revue-societes-2014-3-page-117.htm
Si pour Spinoza l'esprit est l'idée du corps, il est permis d'en déduire que l'accès à la sagesse consiste dans l'élaboration, sinon d'une idée adéquate, en tout cas d'une idée aussi cohérente que possible de son corps. L'homme peut ainsi mieux comprendre comment son esprit "est uni à toute la nature", pour reprendre une expression empruntée au Traité de la réforme de l'entendement. Par exemple, le malade ou le sujet handicapé pourra plus aisément accepter les changements que subit son corps s'il est susceptible d'en produire une représentation claire et distincte. Cependant, s'il est important de bien penser son corps pour mieux le vivre, ne peut-on pas envisager qu'un processus inverse soit possible pour ceux qui n'ont pas la possibilité de concevoir une idée cohérente du corps ? Pour celui dont les fonctions cognitives ont été atteintes, n'est-ce pas en vivant plus activement son corps qu'il lui sera possible d'accéder à une perception plus juste de celui-ci ?
Contribution au Vocabulaire Internationale de Philosophie du Sport
Rédaction des articles "Spinoza" et "Conatus".
Le scandale du refus de traitement
https://www.academia.edu/13124327/Le_scandale_du_refus_de_traitement
Qu'est-ce que l'idée d'un corps malade ?
https://www.academia.edu/13272022/Quest-ce_que_lidée_dun_corps_malade_
Anthropologie spinoziste et éthique en santé Être malade : accepter pour résister.
Mon intervention se déroulera à l'ENS de Lyon, de 17h à 19h30, en R-20 (site Descartes, rez-de-chaussée du bâtiment Recherche).
Ma communication aura pour titre : Être malade : accepter pour résister.
"Par réalité et perfection, j'entends la même chose". Retour à Fukushima.
Le drame qui se déroule aujourd'hui dans l'archipel nippon, ne peut que nous faire penser au poème rédigé par Voltaire pour s'opposer aux partisans d'une théodicée jugeant que tout ce qui se produit dans la nature obéit à un plan divin et que les pires maux visent finalement toujours un bien dont nous ne saisissons pas toujours les justifications
Nous publions avec l'aimable autorisation d'Eric Delassus et celle des éditions de l'Harmattan les "bonnes feuilles" de son dernier ouvrage : La Précarité de la Vie, Sagesse de l'homme vulnérable, qui vient de paraître. Ce petit texte a été écrit quelques jours après le drame de Fukushima en mars 2011.
Extrait de mon livre La précarité de la vie publié sur le site iPhilo.