
Jacques-Michel Lacroix
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Descriptif auteur
A exercé le métier de médecin dans différentes structures libérales et hospitalières, et bénéficié de plusieurs fonctions de responsabilité dans sa profession.
Homme de terrain il a pu appréhender la détresse humaine en la côtoyant au quotidien, et essaie de développer un discours de bon sens, face au formatage des concepts qui en matière de santé risquent nous entrainer vers une médecine déshumanisée, sophistiquée, performante certes parfois, mais aussi souvent trop éloignée des patients, de leurs souffrances et de leurs espoirs.
Né le 23 Mars 1947 à Libourne, Jacques-Michel Lacroix soutient sa thèse de médecine en 1975 à Bordeaux, étudie l’homéopathie, puis passe un diplôme de médecine de plongée en 1979 (Paris V) et une capacité de médecine d’urgence en 1997 (Limoges). Il s’installe en 1976 à Libourne comme médecin généraliste homéopathe.
Il rejoint le groupe SOS Médecins de Bordeaux en 1980, dont il devient rapidement le président puis celui de l’union nationale des SOS Médecins.
Il quitte l’association fin 1987 pour travailler dans la branche santé de grands groupes industriels.
Pour rester habiter en province, il ouvre en 1989 un nouveau cabinet à Libourne et exerce aussi à l’hôpital.
Parallèlement à ces activités il est aussi Médecin Commandant de sapeurs pompiers et crée en 2005 un centre de soins d’urgence libéral en ville.
Depuis 2009 il pratique uniquement la médecine d’urgence et participe à des missions humanitaires.
Structure professionnelle : Divers Hopitaux
Titre(s), Diplôme(s) : Doctorat en médecine
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AUTRES PARUTIONS
2009 Éditions Dualpha
"La médecine interpellée" 2013 Editions Apopsix
"La médecine en France, chronique d'un désastre annoncé"- 2023 Editions Dualpha
LES CONTRIBUTIONS DE L’AUTEUR
LES ARTICLES DE L'AUTEUR
Apparence, comportement, santé... Le sexe est partout !
qu'on désire posséder est légitime. De récents travaux scientifiques montrent que le déterminisme génétique du
sexe ne se limite pas à la différenciation des organes génitaux externes et à des productions hormonales
spécifiques, mais que cela influe aussi sur l'ensemble des mécanismes physiologiques de l'organisme. Tant pis
pour les frustrés arrogants qui veulent ignorer ces réalités pour ne considérer que le genre, construction sociale
qui ne peut se suffire à elle-même.
On a longtemps estimé que les chromosomes X et Y (XX pour les femmes et XY pour les hommes) n'étaient
responsable que de la production d'hormones spécifiques à chaque sexe, et donc d'aspects anatomiques
différents, et que toutes les autres cellules ou fonctions de l'organisme étaient identiques chez le mâle comme
chez la femelle.
Des recherches récentes montrent qu'il n'en est rien, et que la différence sexuelle s'exprime également dans le
comportement, la physiologie et par une susceptibilité différente à certaines maladies, comme l'affirme Arthur
Arnold, chercheur au département de biologie intégrative et physiologie de l'université de Los Angeles. Travaux
confirmés par d'autres équipes dans le monde, qui estiment que quel que soit le tissu concerné, le
fonctionnement cellulaire varie selon son génome.
On a pu démontrer que chez l'embryon, avant même l'apparition de secrétions sexuelles, on observe déjà que le
métabolisme cellulaire varie selon le sexe. Des travaux effectués sur les individus adultes confirment que ces
différences génétiques sont responsables d'inégalités face à certaines maladies et à certains traitements. C'est
ainsi, par exemple, qu'on observe davantage de cancers du poumon chez les fumeuses que chez les fumeurs.
Les femmes sont également plus sensibles aux maladies auto-immunes que les hommes qui, eux, semblent
avoir une dégénérescence neuronale plus rapide que celle des femmes, dont la durée de vie est en moyenne
supérieure de six ans à celle des hommes. Ces différences étaient connues et attribuées aux sécrétions
hormonales différentes, mais on s'oriente maintenant davantage vers l'influence directe du chromosome X ou Y
au cur même de chacune de nos cellules, y compris dans les neurones influençant ainsi nos comportements et
facultés cognitives.
En termes de traitements non plus nous ne sommes pas égaux. Les femmes éliminent moins vite certaines
drogues (somnifères ou alcool entre autres), et leur système immunitaire plus performant que celui de l'homme
leur permettrait de bénéficier d'une protection suffisante avec seulement une demi-dose de vaccin. Face à ces
nouveaux arguments biologiques, les médecins devront repenser la manière de traiter les malades selon qu'il
s'agit d'un individu de sexe mâle ou de sexe femelle.
Plus la recherche avance, plus apparaissent de subtiles différences, insoupçonnées jusque-là, entre homme et
femme. Le déterminisme génétique peut ne pas suffire à affirmer son identité sexuelle, mais vouloir l'ignorer ou
en minorer ses effets relève de l'erreur stupide.
Signature :
Dr. Jacques Michel Lacroix
Urgences: Les solutions existent
Les hospitaliers se plaignent d'être encombré par des pathologies qui ne nécessitent pas le recours à des techniques hospitalières, et accusent les médecins libéraux de ne pas faire le nécessaire en ville pour éviter cet afflux non justifié de malade.
Les administratifs hospitaliers se croient même autorisés à donner des conseils, tels que la reprise des gardes obligatoires par les médecins libéraux afin d'éviter cet encombrement.
Manifestement ils connaissent mal le sujet car la garde n'a jamais empêché les malades d'affluer à l'hôpital en l'absence d'autres établissements pouvant les accueillir
Peut-être tiennent-ils ce discours pour ne pas avoir à justifier le manque de personnel soignant dans leurs services d'urgence et la pénurie de lits d'aval qui aggravent considérablement l'encombrement de ces services.
Les temps ont changé, les malades et les médecins aussi. Les jeunes médecins ne veulent plus prendre de garde en ville comme le faisaient leurs aînés, et les malades veulent pouvoir accéder à une médecine de dépannage, en dehors des véritables urgences, aussi facilement qu'on accède à un serveur par un simple clic de souris.
Cependant les hospitaliers en raison de dire qu'ils ne pourront pas continuer à accueillir dans leurs murs tout ce qui relève de la médecine de services ou de dépannages, et qui n'entre pas dans le champ de la véritable médecine d'urgence.
Mais alors ou adresser tous ces malades aux soins non programmés, auxquels il secrétariat téléphonique des médecins généralistes ont proposé un rendez-vous pour (au mieux) 48 heures plus tard, alors que le gamin qu'on vient d'aller chercher à l'école à une violente douleur à l'oreille et 39 de fièvre ?
En l'absence d'autres structures pouvant le recevoir, le malade se retrouve bien évidemment dans les services d'urgence hospitaliers où il va attendre quatre ou cinq heures avant qu'on puisse s'occuper de son cas..
L'idée commence à germer dans l'opinion, qu'il faudrait développer en ville des centres de soins d'urgence libéraux, pour prendre en charge tous ces malades qui présentent des pathologies d'urgence non vitale, afin de répondre aux besoins de la population pour trouver rapidement un médecin et pour bénéficier de ce que l'on pourrait appeler une médecine de dépannage, en attendant de voir son médecin traitant.
C'est ce qu'ont bien compris des médecins libéraux, généralistes et urgentistes, qui ont créé dans certaines villes, des centres de soins d'urgence extra hospitaliers pouvant effectuer des consultations et des actes techniques (petite chirurgie, électrocardiogrammes, aérosols, perfusions etc .)afin d'éviter aux malades de se rendre à l'hôpital pour toutes ces pathologies, qui sans être vitales, peuvent être très invalidantes, douloureuses, ou à risques.
Mais ces centres sont encore trop peu nombreux pour pouvoir véritablement désengorger les services hospitaliers. Ces réalisations ne bénéficient d'aucune aide publique et leur réalisation se voit souvent freinée par les agences régionales de santé qui persistent à essayer de mettre en place des solutions inefficaces et désuètes, plutôt que d'encourager et de valoriser les réalisations innovantes et efficaces.
A l'heure où nos politiques se veulent innovants, qu'ils le prouvent !
Docteur Jacques-Michel Lacroix
17 sept 2018
L'uberisation de la médecine
Cette évolution semble évidente pour certains utopistes (dont la culture hors-sol leur permet de rêver à un univers digne du " meilleur de mondes " d'Aldous Huxley), qui voient dans l'ubérisation de la société le premier maillon d'une modification radicale de celle-ci, afin que le monde ne soit plus qu'un vaste marché uniforme débarrassé des contraintes réglementaires locales, où puisse s'exprimer en toute liberté l'expansionnisme dévastateur de firmes, censées apporter des améliorations à des modèles économiques existants, mais dont l'intérêt n'est en réalité que financier.
La médecine ne saurait échapper à cette évolution. On connaît déjà les plate-formes téléphoniques chargées de prendre les rendez-vous chez le médecin, pour l'instant ces plate-formes sont au service du médecin abonné, mais le rapport de force peut s'inverser rapidement. Elles peuvent devenir des lieux de passage privilégiés pour des malades désireux d'obtenir rapidement une consultation auprès de n'importe lequel des médecins inscrits dans leur organigramme. La facilité d'accès primant alors sur le choix du praticien.
Nous ne pourrons pas éviter que cette médecine de dépannage s'organise pour offrir une réponse adaptée à la demande urgente, ou pressée, de certains malades. Les médecins l'ont déjà en partie abandonnée, et les services d'urgence croulent sous les demandes de ce type.
Mais ce qui est envisageable pour la médecine de dépannage ne saurait l'être pour la médecine d'écoute et de consultation, celle où le patient a un lien étroit et choisi avec son thérapeute, alors les médecins devront rester vigilants, car les concepteurs de logiciels désirent aller plus loin.
Il en existe déja qui permettent à l'aide d'un simple smartphone de taper ses symptômes pour obtenir un diagnostic et des conseils thérapeutiques, court-circuitant ainsi la consultation médicale. La circulation du savoir et de l'information passe désormais par des canaux qui n'existaient pas autrefois. Il est très facile d'aller chercher des informations sur Internet. Ces nouvelles façons de partager un savoir peuvent remettre en cause le dialogue médecin-malade
Si sous couvert de scientisme, nous décidons de confier notre santé à des automates, nous acceptons une relation qui exclue toute empathie, toute chaleur humaine, cela même qui en agrémentant les relations inter-individuelles, permet souvent d'atténuer la douleur et la souffrance.
Même si dans certains domaines, la machine peut se révéler supérieure à l'homme, il faudra veiller a ce qu'elle ne le remplace pas dans toutes les disciplines qui traitent de l'humain, et tout particulièrement en médecine, car là où la machine ne peut qu'apporter une réponse technique, même très pertinente, le médecin peut apporter une réponse humanisée parfaitement adaptée au cas du malade, prenant en compte, non seulement son problème pathologique, mais aussi tout son environnement moral, familial, culturel et social, quitte à ce que cette réponse perde un peu de sa pertinence en osant s'éloigner du consensus thérapeutique, car il faut espérer que le rôle du médecin ne se résumera pas à celui d'un technicien uniquement capable d'interpréter un arbre décisionnel anonyme.
Les machines savent déjà le faire !
Docteur Jacques-Michel Lacroix
31/03/2017
Gamètes en folie
Gamètes en folie,
La révision des textes de loi de bioéthique début 2011 n'a pas entraîné de grands changements, et c'est heureux !
Certains attendaient sans doute des décisions en matière de levée de l'anonymat du don de gamètes ou de la gestation pour autrui, mais nos législateurs ont su se montrer prudents. Comment aurait-il pu en être autrement alors qu'on s'attaque à des problèmes que jusqu'à présent l'humanité n'avait encore jamais eu à résoudre. Il est urgent d'attendre ; ces problèmes sont extrêmement complexes, font intervenir des données que l'on avait en partie occultées tant l'exploit technique nous paraissait être un progrès pour l'humanité.
Cependant on peut se poser quelques questions de base.
Aussi grand soit le désir de maternité que puisse éprouver une femme, accepterait-elle de se faire faire un enfant par un individu laid, stupide, ou tout simplement dont l'aspect créerait en elle un sentiment de rejet ? Je ne le crois pas.
Alors pourquoi accepterait-elle de se faire féconder par le sperme d'un individu dont elle ignore tout, mais qui sera responsable de la moitié des gènes de son enfant et donc d'une partie de sa destinée biologique ?
Car c'est bien de cela qu'il s'agit.
Le sperme inséminateur même anonyme et lyophilisé ne permet pas uniquement le développement d'un oeuf à partir d'un ovocyte, mais fait bénéficier cet embryon du potentiel génétique de son père. Et quel que puisse être, après l'accouchement, la qualité de l'éducation et l'amour que l'on porte cet enfant, on ne pourra pas empêcher qu'il soit rouquin comme son père, ou diabétique comme ses grands-parents paternels, pour ne citer que ces deux exemples. Bien sûr, espérons que cela n'empêchera pas le père "adoptif" de l'aimer comme de son propre enfant. Vaudrait-il mieux, alors que le père soit connu ?
On pourrait envisager dans ce cas d'utiliser le sperme d'un ami, ou pourquoi pas, celui d'un homme connu s'il acceptait "de semer à tout vent".
Je crains que dans ce cas, ce ne soit pire.
L'enfant risque se voir reprocher des défauts réels, ou supposés, imputable à son père biologique chez qui on aura crut les deviner. Le problème n'est donc pas aussi simple que d'introduire des paillettes de sperme congelé dans un col d'utérus, et peut poser de gros problèmes d'identité à un enfant dont le père sera d'autant plus adoptif que le géniteur sera connu. Ce n'est sans doute pas insoluble, mais il est vraisemblable que bien peu de couples sont capables d'assumer ce type de situation.
En ce qui concerne les mères porteuses la science nous a appris récemment que les échanges mères-enfants au cours de la grossesse, sont beaucoup plus importants que ceux que l'on imaginait il y a quelques années encore. Il ne s'agit pas d'un simple problème d'oxygénation du placenta, mais d'un ensemble très complexe d'interactions immunitaires entre la mère et le foetus dont l'effet perdure chez l'un comme chez l'autre même après l'accouchement. Ces découvertes récentes doivent nous amener à réexaminer ce problème qui ne peut se résumer au simple prêt d'un ventre
Que dire également du traumatisme psychologique pour la mère porteuse, et du trouble que cela peut créer dans sa propre famille.
Heureusement, pour l'instant, nos élus ont eu le courage de refuser cette possibilité en France quitte à passer pour d'affreux rétrogrades.
Dans les années à venir, la solution pour les femmes qui ne peuvent mener à bien une grossesse sera peut-être l'utilisation d'un utérus artificiel (sorte de super couveuse), auquel la mère pourrait confier un ovocyte fécondé pour en assurer le développement. Bien sur, au début cette technique ne sera utilisée que pour permettre de sauver les embryons d'une fausse couche, ou pour permettre à des femmes ayant une malformation utérine d'avoir les enfants que jusque là leur corps leur refusait. Mais il est possible, voire probable, que cette possibilité de gestation "ex utéro" ne devienne pour certaines la possibilité d'avoir un enfant sans les inconvénients de la grossesse et de l'accouchement, tant le procédé sera facile et les raisons multiples pour ne pas envisager une grossesse.
On pourra vraisemblablement résoudre les problèmes techniques liés à l'oxygénation d'un placenta, et à la croissance d'un embryon, mais on occulte totalement encore les liens psychoaffectifs et les interactions chimiques qui existent entre la mère et l'embryon, tout comme on ignore le rôle et l'importance de ces liens dans le développement de l'enfant puis de l'adolescent. La seule expérience que nous ayons sur le sujet, est celle que l'on peut tirer de l'observation des grands prématurés qui n'ont bénéficié d'une relation physique avec leur mère que lors des premiers mois de la grossesse.
Mais ces premières semaines étaient peut-être déterminantes !
Se passer de grossesse peut être avantageux pour la mère mais sans doute pas pour le ftus que l'on privera du lait maternel, et de l'intime relation mère-enfant qui dans tout le règne animal est favorisé par les modifications hormonales induites par la grossesse et l'accouchement. On sait que chez les mammifères la sécrétion d'ocytocine favorise outre la lactation, les sentiments maternels au point de favoriser parfois l'acceptation d'enfants issus d'autres mères chez les jeunes accouchées. Le rôle des hormones dans le développement du sentiment maternel chez les mammifères semble fondamental. A l'inverse, on démontre* que l'absence de sensibilité à l'ocytocine chez les campagnols des montagnes (microtus montanus) ne leur permet pas de développer un comportement parental éducatif envers leurs enfants, contrairement à leurs cousins des plaines (microtus achrogaster) qui, sensibles eux à l'ocytocine, se montrent attentifs à l'apprentissage de leurs enfants et bons parents
Ces possibilités de procréation artificielle suscitent bien sur des opinions diverses chez les femmes. Pour certaines, accéder à ce type de technique revient à libérer la femme de la maternité et donc à en faire l'égal de l'homme sur le plan de la procréation, pour d'autres au contraire, c'est la négation de leur condition de femme, de mère potentielle, seule capable de donner la vie.
Le débat ne fait que commencer, mais il est certain que si cette technique se développe elle modifiera en profondeur les relations parents/enfants et les rapports hommes/femmes divisant alors peut être la société en deux : les vivipares d'un coté et ceux pratiquant l'ectogénèse (cf. A. Huxley) de l'autre.
Dr. J-M Lacroix 24/05/2011
* "Physiologie humaine" H. Guenard- éd. Pradel.
Dossier Médical Personnalisé (informatisé)
Dossier médical personnel : Attention danger !
À l'heure où quelques bons esprits commencent à s'inquiéter des dangers que représentent les réseaux sociaux tels que Facebook, on nous annonce la mise en place dès ce mois-ci, du dossier médical personnel informatisé (D.M.P.) qui représente une menace bien plus grande pour notre liberté individuelle, notre vie privée, et notre intimité. Les régions Aquitaine, Alsace, Franche-Comté, Picardie et Rhône Alpes ont été choisies pour expérimenter le système.
De quoi s'agit-il ? Le site officiel (*) nous informe : le D.M.P. a été créé pour favoriser la coordination, la qualité et la continuité des soins ( ) il simplifie le partage des données de santé à caractère personnel entre les professionnels de santé ( ) et contiendra les comptes rendus de consultation, hospitaliers, de radios, de biologie et de tous les actes médicaux réalisés ainsi que les médicaments prescrits. Comble de bonheur, le patient peut même ajouter toute information qu'il jugera nécessaire de porter à la connaissance des professionnels de santé qui le suivent.
Cette innovation présentée comme un progrès en matière de santé n'offre strictement aucun intérêt pour le malade. Par contre, centraliser toutes les données de santé représente un réel intérêt pour certains :
- Etudes épidémiologiques dont la société pourra peut-être tirer quelques bénéfices.
- Etude du coût/ performance des différents traitements, et l'on devine déjà l'intérêt financier que cela peut représenter pour les assurances-maladie, mutuelles ou établissements de soins et laboratoires pharmaceutiques.
- Création de diverses banques de données (groupes à risques, espérance de vie par rapport à la pathologie, etc. etc.) qui seront fort utiles à tous ceux que votre santé intéresse lorsqu'il s'agit par exemple de vous prêter de l'argent ou de vous assurer.
Toutes les applications de cette centralisation des données sont imaginables, je ne cite là que celles qui me viennent spontanément à l'idée, mais toutes les dérives sont possibles.
Jusqu'à présent pour se procurer votre dossier médical il faut cambrioler votre appartement, le cabinet de votre médecin traitant, où la décision d'un juge qui peut en demander la saisie. À partir du moment où toutes les données seront regroupées, ce sera un jeu d'enfant. Bien sûr ces données seront sécurisées, et ne pourront y avoir accès que ceux que, théoriquement, vous autoriserez à ouvrir votre dossier. En théorie seulement, car quand on voit avec quelles facilités des gamins sont parfois capables de pirater les données informatiques les plus protégées, on ne peut que douter de la confidentialité de celles que vous aurez confiées à ce dossier.
On refuse souvent de mentionner la race, la religion et toutes informations susceptibles de vous nuire dans les questionnaires, et l'on tend à rédiger des C.V. de plus en plus anonymes pour éviter tout a priori nuisible d'origine ethnique, religieuse ou autre, mais on est prêt à faire état de ses varices, de son cancer du côlon, de la blenorragie de ses 18 ans, ou de sa dernière IVG, dès lors qu'il s'agit de remplir un questionnaire médical.
Cette attitude est compréhensible, car jusqu'à présent le fait d'indiquer ses pathologies les plus intimes était destiné à vous rendre service, et ces données étaient couvertes par le secret médical. On pouvait donc se laisser aller en toute confiance. À partir du moment où votre dossier pourra être partagé par une multitude d'individus, il deviendra bien évidemment beaucoup moins secret, et vous serez peut-être étonnés qu'un jour votre banquier vous refuse un prêt, ou que la prime d'assurance maladie ou de votre mutuelle augmente.
Alors tant que cela est encore possible, refusez toute inscription dans ce fichier. Il ne vous sera personnellement d'aucune utilité, ne sert que les intérêts de ceux qui cherchent à établir un profil standard pour sanctionner d'une manière ou d'une autre ceux qui sortent de la norme.
Si vous tenez à tout prix à informatiser votre dossier médical, faites-le tranquillement chez vous, sur votre ordinateur, puis mettez le sur une clé U.S.B. que vous pourrez présenter à votre médecin si nécessaire, mais en aucun cas n'acceptez qu'il soit copié dans un fichier central.
Votre liberté en dépend !
* (www.dmp.gouv.fr)
Dr. J-M LACROIX