
Jean Dubus
ContacterJean Dubus
Descriptif auteur
Jean Dubus, hydrogéologue, a notamment travaillé en Afrique subsaharienne et en Haïti. Dans "Là-bas, entre terre et ciel – Récits de voyages", il évoque sous forme de ballades et d’anecdotes les paysages, rencontres, échanges de propos ayant formé la toile de fond de ses activités, et ne figurant pas dans les rapports officiels, si ce n’est entre les lignes. Au fil des récits, on découvre chez ses personnages un certain art de vivre la pauvreté et d’affronter la mort, sachant qu’en rejoignant leurs ancêtres, ils resteront présents dans l’esprit et dans le cœur de ceux qui, sur cette terre, leur ont été les plus chers.
Né à Chantilly en 1936 ; études supérieures à Paris ; thèse en Alsace ; activités professionnelles en Alsace puis dans la région Rhône-Alpes. En 1976, première mission au Sénégal, pour l’OMS. D'autres missions suivront pour diverses institutions internationales : au Vietnam, en Afrique francophone, à Madagascar, aux îles du Cap Vert, en Haïti… Depuis 1997, l’auteur passe l’essentiel de son temps au Burkina Faso où il a conservé de nombreux amis et partage leur quotidien. Il prépare actuellement la chronique du coup d’État manqué ayant secoué le "pays des hommes intègres" entre le 16 et le 30 septembre 2015 et poursuit l’élaboration d’un roman ayant pour cadre le pays Lobi, tenaillé entre tradition et modernité.
Vous avez vu 11 livre(s) sur 1
AUTRES PARUTIONS
Edilivre - Editions APARIS - 2008.
La sécheresse au Sahel/Vers une gestion concertée (en collaboration avec Nathalie Dubus)
Hermès - Editions Lavoisier – 2011.
LES ARTICLES DE L'AUTEUR
Chroniques autour d'un coup d'Etat manqué
Sources: témoignages recueillis sur place, journaux télévisés (France 24, Africa 24, RFI, RTB), Internet
Blaise Compaoré
Non impliqué, semble-t-il, dans la tentative de coup d'Etat ayant secoué le "Pays des hommes intègres" du 16 au 29 septembre 2015. En effet, depuis le mois de juillet 2015, l'ex-président du Faso s'offrait une convalescence dorée dans un palace marocain. Il ne rejoignit la Côte d'Ivoire, pays voisin du Burkina, que le 29 septembre, alors que le putsch s'acheminait vers son dénouement.
Cependant, "conseillé" par son frère François et secondé par Gilbert Diendéré, son "exécuteur des hautes uvres", Blaise Compaoré est sans conteste à l'origine des conflits internes ayant endeuillé le Burkina Faso au cours des trois dernières décennies : assassinat du président Sankara le 15 octobre 1987, assassinat du journaliste Norbert Zongo le 13 décembre 1998, soulèvement populaire des 30 et 31 octobre 2014 ayant causé la mort d'une trentaine de manifestants et plusieurs centaines de blessés
Pour mémoire, le "Beau Blaise" s'est emparé du pouvoir le 15 octobre 1987 puis s'est fait élire en 1991 et réélire en 1998, 2005 et 2010. En décembre 2013, il évoque dans un discours à la nation la possibilité de modifier par voie référendaire l'article 37 de la constitution limitant le nombre de mandats présidentiels. Mais au cours de l'année 2014, il oublie de demander l'avis des Burkinabè et projette de faire adopter par le parlement un nouvel article 37 lui permettant de briguer un cinquième mandat. Le 30 octobre 2014, les députés à sa solde s'apprêtent à approuver cet article quand ses concitoyens, et principalement les moins de vingt-sept ans, qui n'avaient jamais connu d'autres chefs d'Etat que leur Blaise national, décident que trop, c'était trop ! Les manifestants font irruption dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, provoquant un sauve-qui-peut général. Le 31 octobre, incapable de faire face à l'insurrection, celui qui aurait bien aimé maintenir la dynastie des Compaoré au pouvoir afin de ne pas avoir à rendre des comptes à la justice, démissionne et, bénéficiant d'un soutien de la France qui souhaite éviter un bain de sang, se réfugie en Côte d'Ivoire.
Gilbert Diendéré
Se défendant d'avoir fomenté le coup d'Etat et prétendant, bien au contraire, avoir tenté de modérer les putschistes, cet "homme de l'ombre" se montrait toutefois volontiers au premier rang, à la grand-messe de la Rotonde (église de Ouagadougou située dans le quartier du Conseil de l'Entente) les dimanches matin, bien qu'il ne méritât sûrement pas qu'on lui donne le Bon Dieu sans confession !
Chef d'état-major particulier de Blaise Compaoré, il supervisait le Régiment de sécurité présidentielle, le redoutable RSP, dont les 1.300 soldats, sous-officiers et officiers pouvaient se permettre toutes les exactions. Parallèlement, il intervenait comme médiateur auprès des groupes terroristes sévissant dans la région, notamment, l'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et avait participé à la libération d'otages occidentaux. Il aurait même, selon Wikipédia, "été fait chevalier de la Légion d'honneur française en mai 2008 lors d'un séjour à Paris."
Démis de ses fonctions de chef d'état-major le 27 novembre 2014, un peu moins d'un mois après le départ de Blaise, il conservait cependant un rôle important dans la lutte contre le terrorisme en liaison avec les forces armées françaises et américaines. Mais voilà que le mercredi 16 septembre 2015, des soldats du RSP font irruption dans la salle du palais de Kosyam où se tenait le Conseil des ministres, et prennent en otage le président de la transition, Michel Kafando, son premier ministre, Isaac Zida, et les ministres en charge de la fonction publique et de l'habitat. Le jeudi 17 septembre le général Diendéré s'autoproclame président du "Conseil national pour la démocratie (CND)". Le vendredi 18 septembre, c'est en prétendu chef d'Etat qu'il reçoit Macky Sall, président du Sénégal, président en exercice de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) et Boni Yayi, président du Bénin, médiateur pour la Cédéao, lesquels acceptent ses accolades. Pourtant, dès la veille, l'Union africaine et la France avaient condamné le coup d'Etat, suivies par le Conseil de sécurité de l'ONU, l'Union européenne, les Etats Unis et quelques rares pays africains (dont les présidents n'avaient sans doute pas l'intention de modifier la constitution à leur avantage).
Le mercredi 23 septembre, Gilbert Diendéré, qui se dit toujours président du "CND" recevra la délégation de la Cédéao dépêchée par Macky Sall. Cependant, c'est le président Kafando, libéré et rétabli dans ses fonctions, qui prendra la relève : tout bascule pour Diendéré qui se voit relégué dans son casernement de Naba-Koom, au palais de Kosyam, et sommé de déposer les armes. Il tentera pendant près d'une semaine de négocier sa reddition mais dans la soirée du mardi 29 septembre, l'assaut sera donné au camp retranché et, après que le commandant Aziz Korhogo, chef de corps par intérim du RSP, se soit livré aux autorités de l'armée régulière, il se réfugiera à l'ambassade du Vatican. Le jeudi 1er octobre, il sera appréhendé et transféré sous bonne escorte à la gendarmerie centrale de Ouagadougou.
Le mardi 6 octobre, Gilbert Diendéré, ainsi que le général Djibrill Bassolé, sont inculpés pour atteinte à la sûreté de l'Etat et dix autres chefs d'accusation. Le vendredi 16 octobre, Gilbert Diendéré est inculpé de crime contre l'humanité.
Djibrill Bassolé
A vrai dire, on ne sait pas encore trop bien ce qui est reproché au général Bassolé. Interviewé à l'occasion de sa venue à l'Assemblée générale des Nation unies, le vendredi 2 octobre, le président Kafando mentionne un certain nombre de messages qui auraient été interceptés, laissant supposer l'implication de Djibrill Bassolé dans la tentative de putsch. Il précise toutefois que s'il s'avérait que le général Bassolé n'avait pas "trempé" dans ce coup d'Etat, il n'y aurait pas de raison de le garder à la gendarmerie.
Selon Wikipédia, "Homme d'Etat notoirement reconnu pour ses nombreux succès dans la résolution de conflits en Afrique. Djibrill Yipènè Bassolé a hautement représenté le Burkina Faso à l'international non seulement en tant que chef de la diplomatie burkinabè, mais également pour le compte de l'ONU et de l'Union Africaine."
Ministre des affaires étrangères sous le régime de Blaise Compaoré, il comptait se présenter aux prochaines élections présidentielles sous l'étiquette de la "Nouvelle alliance du Faso" (NAFA), créée le 31 janvier 2015, mais avait vu sa candidature invalidée par le Conseil constitutionnel le 10 septembre 2015.
Isaac Zida
Titulaire d'un master de management international mais ayant principalement suivi une formation militaire au Burkina Faso (à Pô) et à l'étranger (notamment au Maroc et au Canada), Isaac Zida acquiert le grade de lieutenant-colonel en servant dans le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) en tant qu'adjoint du chef de corps. Lors de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, il se rallie aux manifestants venus s'en prendre au palais de Kosyam où s'était barricadé Blaise Compaoré. Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, après que Blaise ait démissionné, Isaac Zida déclare sur les ondes nationales assumer les responsabilités de chef de l'Etat et annonce la mise en place d'un organe de transition. Le 1er novembre, il reçoit le soutien de l'armée. Le 17, il cède la place à Michel Kafando, désigné par le Conseil de transition pour assumer la présidence avec pour mission principale de préparer les prochaines élections.
Après avoir prêté serment, Michel Kafando confie la fonction de premier ministre à Isaac Zida : on est le 21 novembre 2014. Ce ne sera pas un mandat de tout repos pour Zida, confronté à ses anciens frères d'armes : dès le 30 décembre, un démantèlement du Régiment de sécurité présidentielle étant envisagé, les officiers du RSP s'opposent à toute réforme de leur corps d'armée et demande la nomination d'un nouveau chef d'Etat-major ; le 5 février 2015, ils vont jusqu'à réclamer la démission de Zida mais n'obtiendront du président Kafando que la création d'une commission chargée de préciser le rôle de leur régiment ; le 30 juin, ils réclament à nouveau la démission du premier ministre, et obtiendront que le portefeuille de la défense lui soit retiré au profit du président ; enfin, le 16 septembre, Isaac Zida sera pris en otage par des soldats du RSP en même temps que le président Kafando et deux ministres, mais tandis que le président sera "libéré" (pour être placé en résidence surveillée) le 18 septembre, lui ne sera libéré que le 22 septembre. Il sera rétabli à son poste de premier ministre pour diriger le gouvernement jusqu'à la fin de la transition.
Michel Kafando
Titulaire d'un diplôme puis d'un doctorat en sciences politiques (1972, 1990) tous les deux obtenus à Paris, Michel Kafando a représenté la Haute Volta en 1981, puis le Burkina Faso de 1998 à 2011, auprès des Nations Unies. Le 17 novembre 2014, il se voit confier la charge de président de la transition après que Blaise Compaoré ait quitté le pouvoir. Sa tâche principale consistera à préparer les élections, prévues initialement le 11 octobre 2015 et reportées au 29 novembre en raison de la tentative de coup d'Etat perpétrée entre les 16 et 29 septembre 2015. Durant son mandat, il devra user de diplomatie pour pactiser avec le puissant RSP et maintenir à son poste le premier ministre. Cela ne l'empêchera pas d'être pris en otage lors du putsch et d'être gravement menacé pendant sa mise en résidence surveillée.
Cheriff Sy
Partisan de Thomas Sankara, ayant rejoint la résistance après l'assassinat de ce dernier le 15 octobre 1987 et échappé de peu à la mort lors de la répression menée à Koudougou, Cheriff Sy, journaliste, directeur de publication de Bendré, hebdomadaire d'information et de réflexion créé en 1990, était un ami de Norbert Zongo, assassiné le 13 décembre 1998 pour avoir mené des investigations sur la mort sous la torture du chauffeur de François Compaoré, le frère de l'ex-président du Burkina Faso.
En novembre 2014, Cheriff Sy se porte candidat, à côté de Joséphine Ouédraogo et de Michel Kafando, à la présidence de la transition. C'est Michel Kafando qui est retenu mais, tandis que Joséphine Ouédraogo est nommée ministre de la justice, Cheriff Sy devient le président du Conseil national de la transition (CNT). Parmi les quelques lois adoptées par le CNT, une fera grand bruit. Il s'agit de la loi n°005-2015/CNT modifiant la loi du 3 juillet 2001 portant code électoral. La nouvelle loi, adoptée le 7 avril 2015 et promulguée par le président Kafando le 9 avril, soit deux jours avant le délai de rigueur des six mois devant précéder la date prévue des élections, stipule en son article 135 :
"Sont inéligibles :
- les individus privés par décision judiciaire de leurs droits d'éligibilité en application des lois en vigueur ;
- les personnes pourvues d'un conseil judiciaire ;
- les individus condamnés pour fraude électorale ;
- toutes les personnes ayant soutenu un changement anticonstitutionnel qui porte atteinte au principe de l'alternance démocratique, notamment au principe de la limitation du nombre de mandats présidentiels ayant conduit à une insurrection ou à toute autre forme de soulèvement.
Les trois premiers alinéas reprennent les trois alinéas de l'article 135 de la loi de 2001. Le quatrième s'adresse ostensiblement à ceux (candidats à la prochaine présidentielle, ministres, députés, maires, conseillers municipaux) ayant soutenu le projet de modification de l'article 37 de la constitution. Pour mémoire, cette modification de l'article 37 aurait permis au président Compaoré de se présenter une cinquième fois. Comme on pouvait s'y attendre, les partis de l'ex-majorité de Blaise Compaoré se sont insurgés contre le nouveau code électoral. Ils ont déposé un recours auprès de la cour de justice de la Cédéao qui les a entendus et a invalidé le nouveau code électoral burkinabè en date du 13 juillet 2015. Le gouvernement de la transition prend acte de cet arrêt, ce qui n'empêchera pas Gilbert Diendéré de justifier son coup d'Etat par le contenu de la loi incriminée.
Dès l'annonce de la prise en otage du président Kafando, Cheriff Sy appelle à la résistance contre les putschistes et se déclare investi par la constitution des pouvoirs de chef de l'Etat. A la suite de la tentative de médiation de la Cédéao auquel il n'a pas été convié, il dénonce le projet d'accord prévoyant notamment la participation des personnes dont les candidatures ont été invalidées par le nouveau code électoral et l'amnistie des putschistes. Le vendredi 25 septembre, lors de la séance du CNT, Cheriff Sy est accueilli par une salve d'applaudissements.
Le mogho Naaba
Roi des Mossi, ethnie majoritaire au Burkina Faso, le Mogho Naaba est un partenaire incontournable dans la gestion des conflits du fait de son autorité traditionnelle et morale.
- Le mardi 4 novembre 2014, Isaac Zida, qui vient de prendre le pouvoir, sollicite la caution du Mogho Naaba et promet en échange de remettre le pouvoir aux civils ;
- Le mercredi 31 décembre 2014, alors que les officiers du RSP s'opposent à toute réforme envisagée de leur corps d'armée, Isaac Zida vient demander l'avis du Mogho Naaba en présence du général Diendéré et de divers leaders politiques et de la société civile ;
- Le mardi 17 mars 2015, c'est le CDP, parti majoritaire du régime de Blaise Compaoré qui, sous la houlette de Léonce Koné, rend visite au Mogho Naaba ;
- Le lundi 21 septembre, alors que les forces armées nationales se dirigent vers Ouagadougou, le général Diendéré se rend chez le Mogho Naaba d'où il sera chassé par la foule puis présente ses excuses à la nation et à la communauté internationale ; dans une interview accordée à "VICE News" le 22 septembre, il déclare avoir rendu visite au Mogho Naaba suite à sa prise du pouvoir sous l'étiquette de "président du Conseil de la démocratie" ;
- Le mardi 22 septembre, c'est devant le Mogho Naaba qu'est signé l'accord entre le RSP et l'armée régulière prévoyant notamment le cantonnement du RSP au camp Naba Koom 2 (proche du palais présidentiel de Kosyam) ;
- Le dimanche 27 septembre, le président Kafando exprime au Mogho Naaba sa reconnaissance pour le rôle qu'il a joué en vue de parvenir à un retour au calme dans le pays.
La Cédéao
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) fondée en mai 1975, étend ses missions au maintien de la paix en 1990 : création de l'ECOMOG, force militaire qui est intervenue entre autres au Libéria et en Sierra Léone.
Le 5 novembre 2014, moins d'une semaine après le départ de Blaise Compaoré et la prise du pouvoir par Isaac Zida, une délégation de la Cédéao composée des chefs d'Etat sénégalais, nigérian et ghanéen se rend à Ouagadougou. Ayant pris connaissance du rapport d'évaluation des Nations unies et de l'Union africaine, s'être entretenue avec les personnalités militaires, politiques, religieuses, traditionnelles et de la société civile, et avoir consulté les membres du Conseil constitutionnel, la délégation recommande notamment la levée de la suspension de la Constitution et la nomination d'une personnalité civile pour présider la transition, laquelle devra aboutir à l'organisation d'élections présidentielles et législatives dans un délai de un an.
Le 13 juillet 2015, la cour de justice de la Cédéao, saisie par les partis politiques favorables à la révision de l'article 37 (laquelle, on s'en souvient, aurait permis au président Compaoré de briguer un cinquième mandat), invalide le nouveau code électoral les évinçant.
Le 18 septembre, deux jours après la prise en otage du président Kafando, une mission de médiation, composée du chef d'Etat du Sénégal, président en exercice de la Cédéao, et du chef d'Etat du Bénin, médiateur, rend visite au général Diendéré, qui la reçoit en sa "qualité" de "président du Conseil national pour la démocratie (CNT)".
Le 20 septembre, la mission propose un projet d'accord comportant treize points dont la libération des otages, la restauration de la transition, mais aussi le rétablissement des candidatures évincées par le nouveau code électoral et le maintien du RSP (dont la réforme sera laissée à l'appréciation du président et du gouvernement issus des prochaines élections) ainsi que l'adoption d'une loi d'amnistie, au plus tard le 30 septembre 2015, sur les évènements consécutifs au coup d'Etat du 17 septembre
Le 22 septembre, les chefs d'Etat de la Cédéao, réunis en session extraordinaire à Abuja pour examiner le projet d'accord proposé par la mission de médiation, décident de dépêcher une nouvelle mission auprès de Diendéré, en éludant toutefois les sujets sensibles, tels que l'amnistie des putschistes, qui seront laissés à l'appréciation des Burkinabè.
Le 23 septembre, les chefs d'Etat du Bénin, du Niger et du Ghana, et le vice-président du Nigéria arrivent à Ouagadougou pour accompagner Michel Kafando dans la reprise de ses fonctions de président de la transition. Accueil de la délégation à l'aéroport par Diendéré, mais ce sera là le chant du cygne du "président du CNT" ! Tenu à l'écart de la suite des cérémonies, il rejoindra son casernement où il lui restera à préparer sa reddition et son repli sans gloire vers une ambassade proche de Naba Koom 2.
Le balai citoyen et les jeunes Burkinabè
Créé en 2013, le balai citoyen est une association de jeunes Burkinabè qui a su dès son origine faire preuve de dynamisme grâce au rappeur Smockey et de maturité, grâce à l'avocat Guy Hervé Kam. Comptant également des journalistes, des universitaires, des commerçants il est représenté à Ouagadougou et sur l'ensemble du territoire national et jouera un rôle déterminant lors de l'insurrection des 30 et 31 octobre 2014, du déroulement de la transition, et de la tentative de coup d'Etat des 16 au 29 septembre 2015.
Fin octobre 2014, lors de la vacance de poste consécutive à la démission de Blaise Compaoré, le balai citoyen joue un rôle de modérateur entre l'armée, les partis politiques et la société civile en soutenant la désignation d'Isaac Zida comme chef d'Etat intérimaire.
En juin 2015, alors que le président Kafando, suivant les conclusions de la commission de réflexion sur l'avenir du RSP, dit ne pas avoir l'intention de le dissoudre, le balai citoyen tire la sonnette d'alarme : " s'il y a un seul problème à régler pendant la transition, c'est bien la question du RSP ".
Le 17 septembre, dès l'annonce de la prise du pouvoir par les putschistes, le balai citoyen appelle les Ouagalais à la désobéissance civile mais aussi à s'abstenir de tout pillage, casse ou vandalisme. Mis à part quelques dégâts causés aux chaussées par des pneus calcinés, il sera entendu.
Le 21 septembre, le porte-parole du balai citoyen qualifie de "honteux" le projet d'accord proposé par la Cédéao, prévoyant notamment l'amnistie des putschistes.
Commentant la décision prise par la Cédéao à Abuja le 22 septembre d'envoyer une nouvelle mission à Ouagadougou afin de rétablir le président Kafando dans ses fonctions, Maître Kam se veut plus optimiste et espère que les putschistes comprendront enfin qu'ils doivent déposer leurs armes et ne plus se mêler des questions politiques.
Mercredi 16 septembre : prise en otage, par des éléments du RSP, du président Kafando, du premier ministre Zida, et des ministres en charge de la fonction publique et de l'habitat ;
Jeudi 17 septembre : Gilbert Diendéré accapare le pouvoir et se déclare président du Conseil national pour la démocratie", le balai citoyen appelle à la désobéissance civile ;
Vendredi 18 septembre : Le président et le médiateur de la Cédéao sont reçus à Ouagadougou par le général Diendéré, le président Kafando est "libéré" (pour être placé en résidence surveillée) ;
Samedi 19 septembre : Le chef d'Etat-major condamne les violences et rappelle aux militaires que leur mission consiste à garantir la sécurité des populations ;
Dimanche 20 septembre : La mission de la Cédéao propose un projet de sortie de crise prévoyant notamment l'amnistie des putschistes ;
Lundi 21 septembre : Le balai citoyen qualifie de honteux le projet de la Cédéao, les forces armées nationales se dirigent vers Ouagadougou, Diendéré rend visite au Mogho Naaba ;
Mardi 22 septembre : Libération d'Isaac Zida, tenue du sommet d'Abuja sur la crise au Burkina, signature devant le Mogho Naaba d'un accord entre le RSP et l'armée régulière, prévoyant notamment le cantonnement du RSP à Naba Koom 2 ;
Mercredi 23 septembre : Nouvelle mission de la Cédéao à Ouagadougou pour accompagner le retour au pouvoir du président Kafando ;
Jeudi 24 septembre : Ouagadougou, "ville morte", les syndicats maintenant leur ordre de grève ;
Vendredi 25 septembre : Dissolution du RSP par un décret adopté en Conseil des ministres, tenue d'une séance du Conseil national de la transition (jouant le rôle d'Assemblée nationale) ;
Samedi 26 septembre : Gel des avoirs des auteurs du putsch et de leurs complices présumés, levée des sanctions de l'Union africaine ;
Dimanche 27 septembre : Visite du président Kafando au Mogho Naaba pour lui exprimer sa reconnaissance. Les putschistes cantonnés à Naba Koom 2 refusent de rendre leurs armes ;
Lundi 28 septembre : Conseil des ministres extraordinaire visant à relancer l'économie nationale. Le gouvernement, face à la menace d'une intervention "de forces étrangères et de groupes djihadistes" appelle les Burkinabè à la mobilisation et à la vigilance ;
Mardi 29 septembre : L'assaut est lancé sur le camp Naba Koom, le chef de corps par intérim du RSP se livre aux autorités de l'armée régulière, Diendéré se réfugie à l'ambassade du Vatican.
Selon le bilan présenté lors du Conseil des ministres du 28 septembre 2015, la tentative de coup d'Etat aurait coûté au Burkina Faso un peu plus de 51,5 milliard de francs CFA. Quant au nombre des victimes, il s'élèverait à 15 morts et 114 blessés selon la Coordination des associations pour l'assistance et le secours populaire (CAASP).