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Jean-François Garnier

Jean-François Garnier

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Jean-François Garnier

Descriptif auteur

Travailleur social sur un quartier populaire de Rennes, JF Garnier a ensuite exercé pendant vingt-cinq années comme formateur de travailleurs sociaux à l’Institut Régional du Travail Social de Bretagne. Docteur en sociologie, il est chercheur au Laboratoire de Recherche en Sciences Sociales (LARES) de l’Université RENNES 2. Ses travaux concernent le champ du travail social et particulièrement les problèmes liés au sens du travail social, les notions de métiers, des savoirs constitués dans le travail social etc.
Marié, père de deux enfants.

Titre(s), Diplôme(s) : Docteur en sociologie

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AUTRES PARUTIONS

Avec Jean-Yves Dartiguenave:
"L'homme oublié du travail social" Eres, Avril 2003

LES ARTICLES DE L'AUTEUR

Aux fondements du travail social : le lien social

Cet article a été édité dans la revue "Informations Sociales" da la CNAF(revue n° 83-2000) intitulée : "Travail social : l'individu, le groupe, le collectif"

Lorsque nous tentons de saisir les fondements du travail social, nous essayons de le situer historiquement. Est-il né avec les "maisons sociales" de la fin du 19ème siècle ? Etait-il déjà émergeant lors de la révolution Française (avec la problématique de l'assistance privée ou assistance publique, de l'institutionnalisation de l'aide etc...) ? Faut-il remonter plus haut dans le temps ou au contraire garder le concept "Travail Social" aux seules formes contemporaines de ses manifestations ? On reconnaîtra avec J. Donzelot et J. Roman que le concept même d'Action Sociale change. De la tentative de réintégrer des individus en marge d'une société préétablie et d'apaiser les souffrances des laisser pour compte, l'Action Sociale glisse vers la production même d'une société "qui ne va plus de soi". Cette perspective socio-historique est celle qui prévaut généralement lorsque l'on cherche à détecter les racines du travail social contemporain. Les principaux travaux à ce sujet nous renvoient à la prise en compte par l'Etat de la "misère du monde" et des devoirs impératifs que ses propres dysfonctionnements lui incombent.
Cette perspective induit un angle de vue juridique dans notre manière d'envisager le travail social. Celui-ci devient dès lors la phase opérationnelle des politiques sociales démocratiquement décidées par le législateur. Il est vrai que l'Action Sociale et le Travail Social sont inscrits historiquement comme toute construction humaine.
Mais transversalement au marquage historique et juridique du Travail Social nous voudrions, ici, sonder les fondements anthropologiques qui font que, quelle que soit la période, quelque soit la manière ou la forme, des hommes et des femmes s'organisent pour aider d'autres hommes ou d'autres femmes à vivre leur société.


La relation d'aide ou le "pour autrui"

Informer les familles de leurs droits sociaux, conseiller une ménagère pour l'établissement de son budget, organiser avec un adolescent ses loisirs pour l'année, participent au sens plein du terme de l'aide sociale. D'une manière plus générale, chacun d'entre-nous est déficitaire de quelque chose en terme de savoir, savoir faire et savoir-être qu'il nous est nécessaire de tenter de combler grâce à l'aide d'autrui. Il nous faut nous dégager d'une conception idéologique de l'aide. Que les morales et les religions érigent l'aide comme une valeur fondamentale n'est pas en soi choquant. Mais cela sème la confusion entre ce qui est de l'ordre du social et ce qui est de l'ordre de la morale. Le service à autrui ou la contribution sociale n'est pas un choix. C'est une obligation dans le sens où on ne peut y échapper. Lorsque Monsieur X se retrouve au chômage, le mal-être ressenti n'est pas dû à quelque déficit moral mais bien à une amputation de sa capacité à s'inscrire socialement dans la division du travail nécessaire à assurer le bon fonctionnement de la société. En d'autres termes, ce n'est pas la charité qui est ici en question, mais l'utilité sociale. Si nous ressentons cette obligation de donner, c'est que nous avons reçu. C'est notre condition d'homme qui nous instaure dans cette dialectique du don/contre-don, qui nous fait redevable d'une dette que nous tentons en vain de régler. L'éducation de nos enfants, le service ponctuel au voisin, la participation à la vie associative et, bien sûr, à la vie professionnelle tentent de réaliser, en quelque sorte, cette capacité rationnelle de service à autrui. Ainsi, Louis Gruel, dans un article, nous décrit ce jeune adulte, stigmatisé sur le quartier où il a vécu son enfance et où vivent encore ses parents, témoignant lors de ses retours sur le quartier alternativement des signes de dévouement et des signes d'agression envers sa mère. Vécu comme violent, l'entourage demande l'expulsion de toute la famille. Pourtant, nous dit Louis Gruel, "lors d'une fête de l'îlot organisée autour du 25 décembre, à l'initiative des travailleurs sociaux, le fils brutal assurera de façon exemplaire la

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Le sens de l'intervention sociale

Cet article est issu d'une conférence donnée à l'IRTS de Bretagne le 25 mars 2002, publié prochainement dans les "Cahiers de l'IRTS"

Pour répondre au difficile sujet que l'on m'a donné à traiter, je commencerais bien par une boutade sous forme de provocation, en vous disant que si le sens c'est la fin escomptée d'une action, le problème auquel je dois répondre ne se pose pas, puisque, après tout, l'objectif est fixé en dehors de vous !
Vous êtes les agents des politiques sociales. Vous êtes chargés de les mettre en œuvre. Ces politiques sont instruites par des "experts", votées par nos représentants démocratiquement élus, opérationalisées dans des procédures concoctées par l'administration idoine. Il vous revient de transcrire fidèlement ces politiques par le biais de ces procédures, dans le quotidien.
Pourquoi s'embarrasser, dès lors, de cet "état d'âme" revendicatif de sens, qui empoisonne l'atmosphère du travail social Le sens comme la lumière nous venant d'en haut, glorifions la source et exécutons !.

Sauf à penser que le sens est lié à la formalisation que nous faisons de notre monde et qu'à ce titre il n'est jamais universel. La logique que nous mettons dans toute chose que nous appréhendons est liée singulièrement aux mots que nous employons. C'est une construction faite d'emprunts, accommodés à ma sauce que je vais vous livrer. Ne chercher donc pas dans mes propos la vérité ou l'universalité. Mon ambition est de créer de la résistance, au mieux de faire écho, ni plus ni moins.
3 parties dans ma communication :
- rouler à contre sens
- sens giratoire obligatoire
- Le cens du sens

1- Rouler à contre-sens

Pendant cinq années, un séminaire s'est tenu dans cette maison, séminaire réunissant des professionnels de l'action sociale, des sociologues, linguistes, et psychanalystes. Nous avions fait ensemble le constat du hiatus entre la définition des tâches liées à l'exercice de telle ou telle profession, tâches définies souvent dans le fameux "profil de poste" et la contribution sociale effectivement rendue dans le cadre, bien sûr de l'exercice professionnel. Et ce constat renvoyait à des types de question ou de réflexions de ce genre ci :
- qu'est devenue notre profession par rapport à ce qu'elle était ?
- nous n'avons plus le temps d'écouter les gens,
- nous sommes aujourd'hui confrontés à des problèmes qui nous dépassent et pour lesquels nous ne sommes pas préparées,
- notre hiérarchie nous impose toujours plus de paperasses, de formulaires, d'injonctions, de directives
- toujours plus de procédures, qui se rajoutent les unes aux autres, formant un maquis inextricable.
- nous n'avons plus ni le temps ni les lieux pour exercer ou se soumettre à une supervision avec un tiers.
- Bref, nous devenons un rouage dans des complexités qui nous échappent car nous n'en sommes plus que des exécutants.

Ces préoccupations nourrissent les différentes études sur le travail social, études souvent axées sur les délimitations de telle ou telle profession, sur les attributions de telle ou telle fonction, sur la nécessité de développer telle ou telle compétence. Et nous avons tendance à mettre en perspective ces problèmes dans l'histoire même de l'organisation de l'action sociale.
Certains d'entre-vous d'ailleurs peuvent à l'occasion, nourrir la nostalgie des temps anciens et s'inquiéter pour l'avenir de leur profession. N'oublions cependant pas que chaque profession émerge, change et éventuellement disparaît en fonction des conditions sociales de son opportunité et les professions du travail social, plus que bien d'autres n'échappent à la règle. (N'ayons surtout pas de nostalgie sur de fausses qualités d'autonomie du travail social. Son organisation a toujours été déterminée historiquement, soit par l'Eglise dans les temps anciens, soit par le patronat, les médecins et plus récemment les politiques.)
Je ne prendrai pas ici la perspective historique. C'est la plus souvent traitée. Elle a bien entendu sa pertinence. Mais, vous le savez, il y a plusieurs manières d'envisager le problème de la cause. Lorsque l'oiseau s'envole de l'arbre, on peut dire

Signature :
Jean-François Garnier

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