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Jeanne Hyvrard

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Jeanne Hyvrard

Descriptif auteur

Jeanne Hyvrard est économiste et juriste de profession. C’est néanmoins la littérature qui lui a permis de prendre en compte ce que l’orthodoxie en vigueur dans les disciplines dont elle a la charge, laisse de côté. Ainsi la presque trentaine de livres (théories, fictions, récits, poèmes) qu’elle a publiés, sont-ils les chapitres d’un unique Traité d’Economie Politique, ou encore des Commentaires, au sens du récit des événements historiques auxquels depuis plus de quarante ans, elle a été mêlée. Ils peuvent être lus séparément ou à la suite, comme l’accompagnement d’un monde en plein bouleversement. Au carrefour de la Science et de la Poésie, sur l’océan de la Grande Liquidation Cybernétique émergent grâce au constructivisme littéraire de l’auteure, les nouveaux concepts qui permettent de penser le monde en train de s’installer.
(Photo de Jeanne Hyvrard prise par sa fille, à la Galerie de l’Evolution à Paris en 2002)
Née à Paris, comme ses parents. En 1945. A mené de front ses vies professionnelle, familiale et littéraire.

Titre(s), Diplôme(s) : Etudes de Droit et de Sciences Economiques

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4 livres

Vous avez vu 11 livre(s) sur 4

AUTRES PARUTIONS

-Sans nos prédécesseurs (Poèmes pour la progéniture 1993-2015) Editions Thierry Sajat ISBN 978-2-35157-719-6
-La Cérémonie (Carnet 1986-2014) Les Arêtes Editions ISBN 978-2-915886-38-2
-On attend Robert (Roman) 2012 Edition Indigo ISBN 2-35260-087-1
-Récits de la deshérence (Icelui. La convention d'intimité. Fragments du Tiers-Drame) Edition Les Arêtes 2011 ISBN 978-2-915886-18-4
-La galerie des reptiles est fermée à l'heure du déjeuner Edition Indigo/ Côté-Femmes 2008 ISBN 2-35260-041-3
-Dialogues avec Jeanne Hyvrard (avec Helen Vassalo et Cathy Wardle) 2006 Editions Rodopi Amsterdam New York ISBN 90-420-2074-1
-Carafe d'eau à volonté, Edition Opales/Pleine page 2006 ISBN 2-913406-44-0
-Le fichu écarlate, Ed. des Femmes, 2004, ISBN 2-7210-0484-0
- Ranger le monde, Ed. Voix, 2001, ISBN 2-914640-00-5
- La formosité, Ed. Atelier de l’Agneau, 2000, ISBN 2-930188-30-8
- Ton nom de végétal, Ed. Trois, 1999, ISBN 2-920887-97-1
- Cellla, Ed. Voix, 1998
- Grand choix de couteaux à l’intérieur, Ed. Vents d’Ouest, 1998, ISBN 2-921603-61-6
- Poèmes de la Petite France, Ecbolade, 1997
- Resserres à louer, Ed. An Amzer, 1997, ISBN 2-908083-45-0
- Au présage de la mienne, Ed. Le Loup de Gouttière, 1997, ISBN 2-921310-68-6
- La jeune morte en robe de dentelle, Ed. des Femmes, 1990, ISBN 2-7210-0395-9
- La pensée corps, Ed. des Femmes, 1989, ISBN 2-7210-0379-8
- Le cercan, Ed. des Femmes, 1987, ISBN 2-7210-0332-1
- Canal de la Toussaint, Ed. des Femmes, 1986, ISBN 2-7210-0282-1
- La baisure /Que se partagent encore les eaux, Ed. des Femmes, 1985, ISBN 2-7210-0274-0
- Auditions musicales certains soirs d’été, Ed. des Femmes, 1984, ISBN 2-7210-0265-1
- Le silence et l’obscurité, Ed. Montalba, 1982, ISBN 2-85-870-027-3
- Le corps défunt de la comédie, Le Seuil, 1982, ISBN 2-02-006078-7
- La meurtritude, Ed. Minuit, 1977, ISBN 2-7073-0169-8
- Les doigts du figuier, Ed. Minuit, 1977, ISBN 2-7073-0170-1
- Mère la mort, Ed. Minuit, 1976, ISBN 2-7073-0098-5
- Les prunes de Cythère, Ed. Minuit, 1975, ISBN 2-7073-0073

LES ARTICLES DE L'AUTEUR

LA POINTE DU RAZ

La Pointe du Raz résiste à tout
A l'écume et à la vague
Aux poissons et aux filets
Et même aux chaluts

Aux pêcheurs et à la barque
Aux algues et aux galets
Aux herbes et aux cailloux
Au promeneur et au sentier
Voire à celui du douanier

A l'espace et au temps
A la présence et à l'absence
Au souvenir et au manque de regret

Impavide
Impériale
La Pointe du Raz résiste à tout
Raide vestige dans le Noroît

Signature :
Jeanne HYVRARD Avril 2016

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CANICULE

Toutes pareilles
Déployées métalliques
Persiennes fermées l'après-midi
Repliées
Sur les fenêtres ouvertes au matin

Règne la canicule
Et pas seulement
De l'autre côté de la rue

Toussent les voisins
Eux aussi asphyxiés
Pic de pollution
Fureur de l'été
Mais pas seulement

Le climat change
Parait-il

Il faut s'y faire
Ou mourir

Signature :
Jeanne Hyvrard 5 Juillet 2015

ARYTHMIE

Mon cœur bat comme il peut
D'avoir tant battu
Débattu
Combattu
Sans céder sur rien d'autre
Que l'âge venant
La couleur de mes cheveux
Et à cause de la raideur de mes genoux
L'élégance de ma marche

Mon cœur bat comme il peut
Pauvre oiseau prisonnier
Affolé
D'avoir déjà si longtemps résisté

Pauvre pigeon désemparé
De tenter encore
De s'échapper

Signature :
Jeanne Hyvrard 13 Juin 2015

POEME A L'ETRANGE VISITEUR

En soi
Sans être tout à fait inédit
L'évènement n'était déjà pas banal
Il arrivait quelquefois
Qu'un papillon égaré
Entrât dans la chambre
Mais ordinaire et ombrageux
Il était pressé de quitter
Ce lieu pour lui insolite

Là il n'en était rien
Il volait calmement
Battant sans précipitation
De ses grandes ailes sombres
Et tranquillement posé
A la tête du lit
Se déploya de toute son envergure
Dans la majesté de son repos

Juste en dessous de lui
Je me gardais bien de bouger
Contorsionnant mes yeux
Pour l'observer à loisir

Des papillons j'en connaissais beaucoup
Lumineuse rançon
De mon enfance sauvage
Mais sans aucun doute
Des comme celui-là
Je n'en avais encore
Jamais vu

Je le fixais pour imprimer en moi
Le dessin de ses ailes
Leurs couleurs
Et toutes leurs autres particularités
Me promettant lui parti
De rechercher son nom
Dans le Dictionnaire Larousse
Mon très ancien amour
Aux planches illustrées

Je le feuilletais sans hâte
D'espoir en régularité
Et pour finir
Avec une certaine efficacité

Je n'avais pas en vain
Eu confiance
Il était bel et bien là
Joliment représenté
Au milieu de toutes les autres merveilles

Jusqu'à ce matin là
J'ignorais tout de sa forme
Et de son appellation
Mais pas au delà

Désormais c'était sûr
Je savais ce qu'était
Un catocale
De la famille des Lépidoptères

Signature :
Jeanne Hyvrard 10 Août 2015

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TAXI

Il avait un accent à couper au couteau
Regrettait la beauté de son pays natal
La mort de ses beaux-frères
Et la dureté de la vie de sa mère
Lavant le linge à la rivière

Il avait un accent à couper au couteau
Conduisant de main de maître
A travers les artères de la ville
Son taxi
Coeur battant du bercement
De ce moment de paix
Qui pulsant
Me rendait à moi même
Comme nous échangions sans nostalgie
Les souvenirs
Des durs jours de notre jeunesse

Je lui donnais mollement la réplique
Juste assez pour l'encourager à poursuivre
Son récit

Il avait un accent à couper au couteau
Et de quartier en quartier
Nous confirmant l'un à l'autre
Comme le monde était devenu autre
Nous avons roulé longtemps
A travers nos vies et nos maux
A travers les mots de nos vies
A travers nos villes
Celle de là bas
Et celle d'ici

Signature :
Jeanne Hyvrard 2010

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LA BONTE

Sur le quai de la gare
Au fin bout du pays
Entre agave et azur
Le corps ondulant
La démarche aisée
Elle avait une robe à fleurs
Et une coiffure bouclée

Je la suivais les cheveux blancs
Les traits tirés
Traînant ma valise
Fardeau de liberté

Comme pour franchir les voies
Nous engageant dedans le souterrain
Nous descendions les marches grises
Elle voulut m'en soulager

J'acceptai sa proposition
Bien qu'un peu étonnée
N'ayant pas eu l'impression
De déjà devoir être aidée

Et lorsqu'au bord du ballast
Elle me rendit mon bagage
En la remerciant
Je lui souhaitai que plus tard
Lorsque viendrait son tour
Elle en ait justement
Le retour

Signature :
Jeanne HYVRARD 30 Juillet 2008

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MENTON

Deux tourterelles à collier
Arpentaient la grève
D'un pas tranquille et familier

Comme j'allais quêtant
Entre les galets
La forme parfaite
Elles vinrent vers moi
S'approchèrent
Et quémandèrent

Las je n'avais rien
Et perçus dans leur regard
Un brin de contrariété

Signature :
Jeanne Hyvrard 2 Novembre 2004

EN FINIR AVEC LA HAINE

En finir avec la haine
En finir avec la mort
En finir avec la peine
En finir avec l'effort

Vivre
Comme une grosse éponge
Gorgée d'obscurité marine
Et de repos aquatique

Signature :
Jeanne Hyvrard 13 Décembre 2001

POEME POUR ADELAIDE

Adelaïde
C'est ton rire
Adélaïde
C'est ton rire
Qui dans le pire
Me protège du pire

Signature :
Jeanne Hyvrard 21 Juillet 2001

GONESSE

A l'Hopital de Gonesse
Nul taxi pour me conduire
Ni non plus venir me chercher
Pour en revenir
Sous la pluie je marche
Il y a un autobus toutes les heures

Dans son lit
Mon père demeure
Et ne meurt

Sous la pluie je marche
Je vais et je viens
Je re-vais
Et je reviens

Signature :
Jeanne Hyvrard 8.9.2001

POEME AUX LILAS

Lilas entêtants
Et tant et tant
Lilas entêtants
Je l'entends dire
"Cela me rappelle le jardin de Maman"
Et tant et tant
Lilas entêtants
Oiseaux repliés dessus mon coeur d'enfant
Et tant et tant

Signature :
Jeanne Hyvrard Avril 2003

POEME A L'AMI

Je ne t'avais jamais vu rire
De ce rire détendu
Qu'ont seuls
Les bons les généreux les soucieux
Des autres
Et d'autrui

Incapables de dire ou de penser du mal
De qui
Ou de quoi que ce soit

Et encore moins de préparer des coups tordus
Pour soumettre
Trop occupés qu'ils sont eux-mêmes
A se soumettre
A leur règles propres
Et à celles moins nettes

Je ne t'avais jamais vu rire ainsi
Comme seuls savent le faire
Toutes chairs alanguies
Les amants de la vie

Signature :
Jeanne Hyvrard 2004

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POEME DU RETOUR

Comme une armée se déployant à l'horizon
Toutes lames dehors
L'orage venait vers nous

L'autoroute était vide
Et les sapins déserts

L'été finissait là
Suspendu entre champs et forêts
Dans ce coin perdu de Lozère

L'embellie se refermait
Orpheline ténèbreuse et funèbre

Il fallait engager le combat
Contre la pluie et l'éclair
Sans autre munition finition
Que le regret au retour
De l'âme éplorée
Toutes larmes employées

Signature :
Jeanne Hyvrard A 75 Août 2003

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POEME AU CIDRE

Cidre au goût d'escapade
De chemins creux
De prairies closes
De pressoirs
De pommiers
Et de cheminées amicales
Cidre
Coulez toujours
Pour honorer les camarades

Signature :
Jeanne Hyvrard 2003

POEME AU FLEUVE

J'aime par dessus tout
La Seine quand elle déborde
Laissant mon coeur à quai
Comme un vieux vert galant
Saule pleureur
Et cheveux blancs

J'aime par dessus tout
Mon coeur quand il déborde
Laissant ma ville à quai
Comme un long souvenir
De douleur
Et de ressourcement

Signature :
Jeanne Hyvrard 19 Avril 2001

POEME A L'ARAIGNEE

Une araignée entreprenante
Avait tendu un fil
Entre sureau et laurier
Soit sur plus de cinq mètres
Les arbres étant de tailles inégales
L'architecture penchait
Défiant les lois de la gravitation
Mais elle n'en avait cure
Et dans l'humidité d'Octobre
On voyait au soleil levant
De ce pont suspendu
Briller tous les haubans

Signature :
Jeanne Hyvrard 1997

POEME AU ROMARIN

Parmi les tâches primordiales
Primaires ou principales
Qu'il me faut désormais accomplir
Comme je reviens dans ce lieu
Que je dispute au temps
Au vent
Et aux oiseaux
Outre le nettoyage surhumain
D'escaliers en pierre
Avec des marches à foison
Des dalles moyen-âgeuses
Posées à même le sol de la souillarde
Du peuple des insectes
Qu'il me faut déloger
Pour qu'ils reviennent bientôt
Derrière mon dos tourné
Il me faut maintenant me préoccuper
Du romarin marin

Lui seul a pu pousser au haut fond de la cour
Dans ce plat replat du rocher
Modeste satisfaction
Au bout de tant d'années
A tenter de faire croître là
La vie végétante
Là où tout
Faute de terre et d'eau
S'étiolait

Il s'est bien rattrapé depuis
Couvrant au fil des ans
La paroi caillouteuse
Là où autrefois
Etaient le premier établissement troglodyte
Lorsqu'il fallut arracher l'usage de ce lieu
A l'ours des cavernes
L'ancien propriétaire
Pourtant pas le premier
Peu décidé pourtant
A nous céder la place

Desormais aux tâches primordiales
Primaires ou principales
Ingrates et nécessaires
S'ajoute maintenant celle humble et baroque
De secouer et peigner
Cet être multiple et rampant
Dont les petites fleurs bleues fleurissent
Une à une
Timides et puissantes à la Grande Août
Dessus les longs filaments longs
Qui descendent en cascade
Sur la paroi rocheuse

C'est qu'en mon absence
Partageant mes goûts
Puisque c'est bien lui
Mon préféré
D'entre tous les végétaux
Arides et cramponnés
Menthes Iris
Et même un très ancien rosier
Buisson de fleurs à cent feuilles
Apporté là par les envahisseurs
Des toiles d'araignée
Heureuses de l'opportunité
S'y sont tissées

Signature :
Jeanne Hyvrard 10 Août 2007

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Poème au bahut de la tante Marguerite

Dans le bahut de la Tante Marguerite
Dans cette maison ancienne
Très ancienne
Plus ancienne encore que le chemin de fer
La route
L'eau
L'électricité
Et le tout à l'égout
La vaisselle s'ennuie et désespère
D'être si peu installée
Pour la cérémonie vitale

Les verres roses de l'entre-deux guerres
Péniblement rassemblés un à un
Et au hasard de la multiplicité des modèles
Parfois la paire ou davantage
O le miracle

Les assiettes Arts Déco aux motifs stylisés
Dédaignés des ogres et des gloutons
Trop occupés à leur dévoration
Pour louer la beauté de leur auge

Les raviers marchandés
Dans les soupentes sombres des brocanteurs avisés
Visités

Un service à café fabriqué par un fou
Les anses sont des tritons verdâtres
Parsemés de taches noires
Et sur le flanc des tasses
Toutes différentes
On voit des paysannes en costume
Exhiber leurs rubans
Tandis que sur d'autres
Leurs compagnons
Vestes et chapeaux
Redressent fièrement leurs têtes de seigneurs

Un plat long oblong
Où dans les frondaisons bleues
Reposent de paisibles oiseaux

Des bols tournés par les potiers des environs
Vous vous donnez la peine
De les fabriquer leur dis-je
Je peux bien moi prendre celle
De vous les acheter
Ils s'étonnent
Mais moi non
Car je sais
Que leurs rires desormais résonneront toujours
En écho
Dans leurs parois de grès

Dans le bahut de la Tante Marguerite
Dans cette maison ancienne
Très ancienne
Plus ancienne encore que le chemin de fer
La route
L'eau
L'électricité
Et le tout à l'égout
Qui ont sans faiblir ni défaillir
Devant l'ampleur de la transformation
Modernisé le rupestre village
Tapi là depuis bien avant nous
Dure et perdure
Ce trésor accumulé

Les oeuvres de ceux et celles qui tant ont oeuvré
Ouvriers artisans techniciens ingénieurs
Serviteurs de la puissance de la matière
Humbles soumis à la puissance matérielle
Dans les usines fabriques ateliers remises ou hangars

Et soufflant tout au dessus d'elles
Lorsque en raclant les portes
Contre la paroi de bois blanc
J'ouvre ce meuble modeste et tutélaire
Le témoignage
De mon tenace et pathétique effort
Pour conserver
Cette ultime trace
De la présence humaine

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 9 août 2007

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Haiku au chat roux

Un chat roux sur le balcon
Somnolant en rond
Le vent soulevant sa toison

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 5 août 2007

Poème aux amoureux urbains

Les amoureux
Soleil levant
Radieux
Rayonnants

Les amoureux
Vent debout
Sur la voile
Du trottoir
Regards perdus
Eperdus
Sur la vague
De l'avenue

Seuls au monde
Dans la foule
Et la ville
Sur le bitume
De l'océan
Radieux
Rayonnants
Les amoureux
Vent debout
Soleil levant

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 21 juin 2007

Poème à la scierie

Je me suis endormie
Refaisant le nid
De mille brins de poésie

Je me suis endormie
Au creux de notre lit
Dans une douce rêverie

Je me suis endormie
Ma tête au midi
Dans le bruit de ta scierie

Je me suis endormie
Je me suis endor
Je me suis en

Je me suis chauve-souris

Signature :
Jeanne Hyvrard

Poème au manque

Sans la terre
Comment dire la faim

Sans les mots
Comment dire le manque

Sans le corps
Comment dire la chair

Sans la bouche
Comment dire le cri

Signature :
Jeanne Hyvrard

Poème au coucher

Levant gracieusement les bras
Au dessus d'elle
Elle tirait vers elle les volets
La tête tournée en arrière
Pour répondre à son enfant
Qu'elle couchait
Comme la fin du jour s'annonçait

Passant dans le couloir
Je vis la scène

On aurait dit le tableau d'un grand maître

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 8 mai 2000

Poème aux roses de décembre

Les roses de Décembre
Ne sont pas les plus belles
Ni par la couleur
Ni par la senteur
Ou même la pesanteur

Rabougries et frigides
Elles paraissent effroyables
Et c'est cet effroi même
Qui force le respect

Signature :
Jeanne Hyvrard, 2000

Poème à la ferme

J'entends le rire de ma fille
Sous le hangar
Et la voix grave de son père

J'entends les barrières en bois qu'on déplace
Et la plainte du bétail
Le grincement de la chaîne
Et le piétinement de la bousculade

Dans le jardin où je suis
J'entends au loin l'aboiement d'un chien
Le pépiement des oiseaux
Et dans la cour
Le roulement plastique
Du tricycle
De ma toute petite fille

Signature :
Jeanne Hyvrard, 1999

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Poème a l'étoile filante

Une étoile filante
A filé dans le ciel
Comme une amante
Vers son amant

Une étoile filante
A filé dans le ciel
Comme une mère
Vers son enfant

Une étoile filante
A filé dans le ciel
Comme la terre
Vers le temps

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 11 août 2000

Ode à la lumière

Tout au long
De cette longue
Longue journée d'ennui
Et de dérelection
Dans les frondaisons
La lumière n'avait cessé
De bercer ma désolation
Au matin sous l'érable
Elle scintillait
Emeraude et vermielle
Déjouant la confusion
Et le soir
Comme le monde s'obscurcissait
Je la guettais encore
A la terrasse du pavillon
Mais seule en témoignait
Malédiction
La frise de la décoration

Signature :
Jeanne Hyvrard, Courbevoie le 2 juillet 1999

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Poème à la vente aux enchères

Dans cette salle des ventes
D'une cité portuaire
Quelques amateurs négociaient
Traitant de tout et de rien
Des ouvrages improbables
Au dos fatigué
Qui iraient livres parmi les livres
Rejoindre sur des étagères nouvelles
Les bibliothèques anciennes
Des acheteurs avertis
Modeste et tranquille
La commissaire-priseure était une femme
Qui dans les règles de l'art officiait
Présentant au public
Un par un ou par lot
Ces voyageurs vénérables
La manutentionnaire androgyne
Déballait et remballait
Avec la même efficacité placide
Tandis que portable à l'oreille
La secretaire informatisée enregistrait
Les transferts de propriété
Quant à moi
Je suivais d'un oeil distrait
Toute à la contemplation
Des tapis entreposés
Sur la rambarde du premier étage
Car dans cette caverne d'Ali Baba
Découverte par hasard
Un samedi de Pentecôte en promenade
C'étaient entre pourpre et écarlate
Leurs arabesques
Qui attiraient le regard

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 28 mai 2007

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Poème a la pivoine

Enfoncée jusqu'à mi corps dans le massif
Pour arracher quelques mauvaises herbes
Ayant touché par mégarde
La tête d'une pivoine au bord d'éclore
J'ai senti contre ma main
Une truffe humide et aimante
Je me suis vivement retirée
De crainte de blesser
Cette délicatesse sacrée

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 28 mai 2007

Poème au linge

J'ai lavé le linge des ancêtres
Non des mancêtres
Car ce n'étaient pas les miens
Mais ceux de ma descendance
Et au bout d'un certain temps
C'est du pareil au même

J'ai lavé le linge des ancêtres
Qui pourrissait séculaire
Dans les malles d'acajou
D'un grenier delaissé

Et j'ai trouvé des braies
Des jupons et des dentelles
Des chemises et des bonnets
Et des toiles abîmées

Je n'ai pas retrouvé pourtant
Les corbeilles des mariés
Ni les présents des accordailles
Je n'ai pas bien cherché
Ce n'était plus la peine
Tout a été soudé
Et pour l'éternité

Signature :
Jeanne Hyvrard, 29 janvier 2002

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Poème au faune

Tu avais l'air d'un faune
Egrillard et paisible
Les cheveux en bataille
En couronne de feuillage

Chacun de tes propos
M'était source de réflexion
Et tu ouvrais des portes
Aux murs de la prison

Tu arpentais le monde
Au pas des échassiers
J'habitais les bois
Les parcs et les glaciers

Tu m'invitais
A courir avec toi
Les coteaux
Les vals
Les sentes et les collines

Je t'ai suivi le long des rives
Sans réserve ni regret
Au bord des marécages
Et jusque dans les roseaux
Des marais

Tu marchais comme un échassier
Ombrageux et paisible
J'étais une nymphe
Grasse et irascible

Et nous avons été heureux

Signature :
Jeanne Hyvrard, 20 novembre 2006

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Poème au raz de marée

Sous les eaux
La Terre s'est fendue
Et les flots perdus
Eperdus
Sur la côte
Se sont rués
Pour rétabir le chaos

Signature :
Jeanne Hyvrard, 28 décembre 2004

Poème aux terrils

Dans le nord du pays
Les terrils n'ont plus leur forme

La végétation pousse pousse
Les bouleaux d'abord
Dans l'herbe rase
Et bientôt
Toutes les créatures de la création

Dans le nord du pays
Les terrils n'ont plus de forme
Les mines ont fermé

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 16 avril 2004

Poème au nihiliste

Vous aviez tout
Mais ce n'était rien

Vous aviez tout
Mais ce n'était pas assez

Vous aviez tout
Mais il ne fallait rien

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 8 septembre 2004

Poème au voisinage

Accords de guitare
Matin docile
Accords de guitare
Matin fébrile
Accords de guitare
Matin gracile
Un joueur
Gratte à la ronde
Dessus dessous ailleurs
Un joueur anonyme
Pince les cordes
De mon coeur
Un joueur anonyme voisinal
Mélancolie matineuse matinale
Aube docile
Accords de guitare
Aube fébrile
Accords de guitare
Aube gracile

Signature :
Jeanne Hyvrard, 20 juillet 2003

Poème à la cachette

Pénétrant un moment avant nous
Dans l'enclos du fourré fleuri
Que par convention
Nous appelions le jardin
Mes petits-enfants
S'étaient cachés
Non dans le massif du genévrier
L'impénétrable maître des lieux
Mais dans l'imbroglio
Des rosiers fous
Que pour conjurer la malédiction de la stérilité
J'avais laissé croître et s'entremêler
Sans ordre ni limite
Et que desormais
Plus personne ne pouvait
Ni ne souhaitait
Démêler

Ils étaient embusqués dans le petit habitacle
Que des branchages épais
Avaient ménagé
Dessous le couvert de la verdure
Derrière les arceaux de fer
Que j'avais là
Dès le commencement
Installés
Pour guider le cheminement végétal

Comme nous avancions
Ma fille et moi
Vers la table
Pour nous asseoir
Dessus le banc de pierre
Et deviser en paix
On ne les voyait pas
Mais on les entendait

Leurs murmures
Leurs rires
Leurs souffles et leurs chuchotements
Couvraient largement
Jusqu'au chant du vent
En cette saison
Inquiétant

Et quand ils vinrent
Au bout d'un certain temps
Nous demander triomphalement
Si nous les avions vus
Leur mère prévoyante leur fit la leçon

Non vus mais entendus
Précisant qu'en matière de cache
De cachette
De cachotterie
Pour être efficace
Mieux valait penser à tout

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 11 mai 2007

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Poème à la fresque

Derrière l'écran sur lequel
Se projettent les fichiers
Numériquement
D'images destructurées
Destructurantes
La fresque peinte à la main
Tient bon
Elle tient bon la fresque
Peinte par l'artiste
A la main
Sur le mur
On y voit des corps entiers
Qui font corps
Accoudés Accordés Accostés
Les uns aux autres
Les uns avec les autres
Les uns contre les autres
Derrière l'écran
Sur lequel l'image numérique
Volète et virevolte
La fresque presque complètement cachée
Résiste
De toute son immobilité

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 16 décembre 2006, Institut hispanique

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Poème à mon grand-père Jules Dherbécourt

Le gardien du cimetière
Le chauffeur du taxi
Le fossoyeur
Soit un Noir
Et deux Arabes
Ont ce bel après-midi d'automne
Ecumé avec moi
La division Cent-Treize
A la recherche de la tombe
De mon grand-père
A moi seule introuvable

Mais miracle de la tenacité
Et de l'humanité
Les efforts conjugés
De ce quatuor improbable
Dont trois au moins
Comptant ensemble à haute voix
En arpentant les allées
Entre feuilles mortes et graviers
Ont fini par retrouver
La pierre grise
Dont le nom était effacé

Ainsi grâce à ces anonymes
Ai-je enfin retrouvé la place anonyme
Du vénérable poilu aux yeux bleus
Que la Parque impitoyable
Sans même m'en avertir
M'avait retiré
Bien qu'il ait été le seul soutien
De mes cinq premières années
Et que je l'ai en vain cherché
Quêtant pendant plus de cinquante années
La tombe que farouche
La Destinée
Etait même dans sa cruauté
Parvenue
A me dérober

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 17 novembre 2006

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Poème à la barrette

J'ai mis ma barrette du Dimanche
La bleue laquée
Avec des fleurs peintes en Russie
Celle assortie à mon manteau hippy
Celui de toile épaisse
Maintenant délavée
Rehaussée de grands végétaux brodés
Et de dentelles blanches
J'ai mis ma barrette du Dimanche
La bleue laquée
Avec des fleurs peintes en Russie
Ou ailleurs
Celle assortie au fard de mes paupières
Pâles éclats de l'azur
Suspendus entre le ciel et la terre
Pour ne pas perdre la vue
Pour ne pas perdre de vue
Que rien ne dure
J'ai mis ma barrette du Dimanche
La bleue laquée
La plus belle
Pour m'en aller de ci de là
Au beau soleil d'hiver
Me promener

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 11 décembre 2006

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Poème a la désindustrialisation

Calme calme
Désormais
Lorsque je vais visiter mes parents
Au fin fond de l'agglomération francilienne
Je passe par les bords de la Seine

Finis les bouchons
Le tunnel
L'asphyxie
L'autoroute
Gestion mécanique
Des progrès mécaniques
Les cars et les camions
Et jusqu'au périphérique
Ceinture de mort
Ceinturant la mort

Je roule maintenant
Entre les terrains vagues
Les arbres à papillons
Les friches industrielles
Les jachères d'usines
Bâtiments desaffectés
A vendre
A louer
Ou à piller
Et les bordures d'ordures
Uniformément jonchées
Tas de gravats en tas entassés
Blocs de béton désagrégés
Bacs à fleurs
Définitivement reformés

Je vois là hors le réseau autoroutier
Mon pays abandonné

Calme calme
Lorsque je vais visiter mes parents
Desormais
Je passe par les bords de la Seine
Et me rappelle que ce sont eux
Qui les premiers
M'ont appris
Ce qu'ils ne savaient pas eux-mêmes
Etre la beauté

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 30 juin 2005

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Hymne a ma petite fille

Au bruit des baisers
Elle rit
Non pas à gorge déployée
Car ce ne sont pas de vrais baisers
Des évocations seulement
Des ronronnements
Des roucoulements
Des invocations
Des promesses sûrement
Des projets assurément

Mais il y a loin de la coupe aux lèvres
Et plus encore
De la lèvre à la joue
Mais ce rire peut-être
Peut faire se pencher un peu plus
Au dessus du berceau
Cette chose vivante
Et qui sait
Provoquer l'effusion
La fusion

Signature :
Jeanne Hyvrard, 20e siècle

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Pantin

Il habitait près du canal
En contrebas des Grands Moulins

Une péniche à quai
Barrait le centre du paysage
Et au milieu des maisons
Le haut rebord de l'horizon

Le Boulevard Périphérique
Surplombait la ville
Et soutenait tranquillement
Des cieux tristes
Sans mémoire du firmament

La Mairie était en verre
Du moins la nouvelle
Car pour l'ancienne
Elle ressemblait à elle-même

Le Centre National de la Danse
S'affichait brut de décoffré
Naturel et abscons
Uniforme
En gris béton

Le réfuge des errants
Se survivait à lui-même
Derrière son portail de fer
Battait entre-ouvert
Dans ce quartier populaire
Où les pauvres allaient
Et venaient
Entre la rue
Et le pavillon en meulière

J'étais en avance sur l'horaire
Dans ce quartier populaire
De bon aloi
Où nul ne m'inquiétait
Ni même ne me regardait

J'entrais dans un bistrot

Un de ces rades pathétiques
Et sans fond
Au fin fond
Du pays profond
Un de ces ports bénéfiques
Où accostent les buveurs
Quand naufragent leurs vies
Chimériques

Dans ce local refait à neuf
Et peint d'un rose
Dégoulinant
La tenancière était bien jeune
Pour cornaquer de tels clients
Elle y parvenait pourtant
Tout en badinant

En m'installant à une table
Je commandai un café

Il habitait près du canal
J'étais en avance sur l'horaire
En contrebas des Grands Moulins

Un autobus passa
Et des enfants en poussette
Poussés par des femmes à peau mate

C'était un quartier populaire
Tranquille
Et de bon aloi
Entre richesse et misère
Au delà du Périphérique
Mais non pas de la Politique

Le parti avait repeint sa façade ouvragée
Grillagée
Le parti s'était repeint
En bleu tunisien

Il habitait près du canal
En contrebas des Grands Moulins
De Pantin

Signature :
Jeanne Hyvrard, 2007

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Poème à la rumeur

La rumeur du monde
Monte des boîtes à images
Electriques électroniques
Eparses Comparses Hélas

Boîtes à sons
Boîtes à images
Boîtes à sons et images
Boîtes à fiction
Hallucination
Informatique et virtuelle
Télématique compulsionnelle
Infographique et déletère

La rumeur du monde
Monte des boîtes électriques

Manque le corps compassionnel
Berceau de bras réels
Penchés béants
Sur le malheur vivant

La rumeur du monde
Monte des boîtes électroniques
Hochets lumineux agités
Devant les yeux exorbités

O les cris étouffés

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 27 mai 2002

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Poème au tigre

Un tigre blanc à l'étrange faciès
Exécutait son numéro
Dans la bonbonnière
Rouge et or
D'un cirque

Dressé sur ses pattes de derrière
Debout sur une boule
Argentée métallique
De celles qui dans les dancings
Reflètent la lumière
Au milieu d'une fumée
Envoyée au ras de la piste
Pour le faire apparaître
Comme un dieu
Au dessus des mortels
Il s'efforçait de se tenir en équilibre
Comme de l'extérieur
On actionnait l'engin
La foule extasiée
L'acclamait

Mais tentant de conserver la posture
Le félin tremblait

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 26 octobre 2006

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Poème au train 6174

La boueuse Durance
Sur fond d'Alpilles grisonnantes

La brouillasse grisâtre
Entre les rideaux sombres
Des cyprès

Ce matin
La Provence boude

Il y a de quoi

Les gares sont grillées
Par des trains énervés
Les villages sont évités
Par des autoroutes normalisées

Stoïques
Les tomates se cramponnent
A leurs tuteurs calibrés

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 3 novembre 2004

Le jardin d'hiver

C'est ainsi que j'appelais
Chez feue Belle Maman
La sorte d'office
Par lequel au quotidien
On entrait

Reste dans mon coeur
La fraîcheur des carreaux
Le désordre
Et la mémoire
D'un tout petit tableau

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 1er janvier 2005

Poème à l'Aéronautique

Ils sont plantés là en massif
Sur le rond point bombé
Comme les fleurs cultivées
Par leurs jardiniers
Sur le parterre du carrefour
Aménagé tout au bord
De l'Aéroport
Du Bourget
Ouvrant tout grand
Leurs corolles
Au vent nouveau de la technique
Spectateurs clandestins
Du Salon de l'Aéronautique
Scrutant par dessus le grillage
En fraude et en extase
La prouesse électronique
L'extrême vol métallique
Des grands oiseaux
Tout blancs

Signature :
Jeanne Hyvrard, le juin 2005

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Poème à la Divinité Farouche

Comme j'allais
Marchant le long des Boulevards Maréchaux
Ces boulevards de ceinture
Qui ceinturent la ville
Entre la ville et le Bois
Cherchant contre l'invalidation
A retrouver un peu de mobilité
Je la vis
Altière et soyeuse
D'un camaïeu gris
Plutôt rare

Je ramassai cette aubaine
Moins fréquente qu'on le croit
Sachant bien qu'elle rejoindrait une oeuvre
Ou une autre
Aujourd'hui ou plus tard
Concrète graphique ou textile
Car ainsi va
Ce qui va

Comme je ramassai un peu plus loin
Une deuxième plume
De la même couleur
Et de la même texture
Je m'enthousiasmai pour ce trésor
Qui à coup sûr
Finirait en chef d'oeuvre
Car ces dualités me sont depuis toujours
Source de créativité
Et d'autant plus qu'à côté d'elle
Le premier marron annonçait l'automne
Me délivrant comme chaque année
De la terrible splendeur
De l'été

La troisième était sombre
Trapue
Et poussièreuse
Au milieu des feuilles sèches
Des écorces de platanes desquamées
Et des débris de toutes sortes
Jonchant la terre
Et le gravier

Elle était peu engageante
Percée de trous nombreux
Petits
Mais inquiétants

Je préférai la laisser
Sachant
Moins par instinct
Que par expérience
Ce dont il faut se détourner

Je continuai ma marche
Luttant contre l'invalidité
Car sans tenacité
Il n'est rien
Hors le rien

Je scrutai néanmoins distraitement
Le rebord du trottoir
Entre le bitume de l'allée
Et le caniveau

Je finis par croiser le cadavre

Le sang avait coagulé
Fixant le duvet
Dans sa douce blancheur
Tandis que l'oiseau dressait encore vers le ciel
Ses pattes jaunes
Et parallèles

Le plumage était en désordre
Et le verbe gésir lui même
Ne pouvait suffire à rendre compte
De la simple raideur de l'ensemble
Quand bien même on aurait écrit
Ici-gît

Et qui donc l'aurait fait
Pour cette âme volatile

Je fus saisie d'effroi
Et lachais ma collecte
Rendant à la divinité farouche
Tout
Ce qui lui appartenait

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 2 septembre 2005

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La route de la soie

Comme je venais de raconter que les Cosaques
Pour surprendre leurs ennemis
Se tenant d'une main à la selle
Se cachaient à l'horizontale
Allongés derrière le corps
Au galop
De leurs chevaux
Mon petit fils montant résolument sur mes genoux
Me demanda de mimer la scène

Le défi me parut excessif
Mais je n'aurais en rien voulu
Décevoir la Jeunesse
Et surtout pas celle
Dont j'étais l'Ancêtre
Et mieux encore la Mancêtre

Je transigeai pour un projet
Moins sportif
Et plus pacifique

Nous nous engageâmes alors
Sur la Route de la Soie
La parcourant d'abord au trot
Lui à califourchon sur mes cuisses
Que je faisais sauter
A un rythme accéléré

Me prenant au jeu
Je renouai avec les grands classiques
De tous les Aïeux
Montures par goût
Par habitude
Ou par nécessité
La tradition ne souffrant guère
En la matière
Là comme ailleurs
Le distinguo

Pour meubler cette cavalcade
Qui peu à peu s'emballait
Consciencieuse j'annonçais
D'abord les villes d'étape
Puis celles traversées
Sans même s'y arrêter
Boukhara
Samarkande
Et émue moi même
Au souvenir de la coupole bleue
De Gou Emir
Tombeau de Tamerlan
Je m'enhardis

Nous filâmes le parfait voyage
Au fil du vent
A Tachkent
L'enfant riait aux éclats
Comme nous longions l'Afghanistan
Il tutoyait les anges

Je fis alors un crochet par Oulan Bator
Pour la beauté du nom d'abord
Et pour apprendre à mon jeune cavalier
La liberté
Ce nom pompeux
Du pas de côté

Là ce fut du délire

Nos corps en symbiose
Nos rêves à l'avenant
Coursier céleste
Enivré de sa propre puissance
Je faisais survoler à ce petit enfant
La terre terrestre
Comme il ne l'avais jamais même en songe
Envisagée

L'Histoire
La Géographie
L'Economie
Fusionnaient transmutées
En une matière unique
Halo de poésie

Harbin et Pekin
Ne furent plus que des haltes
Pratiquées dans un souci d'exactitude
Qui me quitta bientôt
Comme voyant hélas
Survenir trop tôt l'Océan
Nous percutâmes
Vladivostok
Brutalement

Je fis descendre l'enfant

Signature :
Jeanne Hyvrard, 15 février 2007

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Poème a la betterave

Une betterave gisait
En travers de la route
Tombée d'un camion
Sans doute
Et déjà séparée
De la part d'elle-même
Qui avait roulé
Un peu plus loin
Au bas côté
Dans le fossé

Elle était compacte
Et terreuse
Stoïque et résignée
Au milieu des débris
Boueux
De son champ natal

On voyait sur le bitume
Les traces de roues
Du véhicule
Qui avait là
C'était sûr
Procédé à un écart
Inattendu
Et pour elle
Hélas
Fatal

Et dans ce jour levant
Dans ce bout
Du Vexin normand
On avait gratitude
Pour cette ultime posture
De dignité

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 22 janvier 2007

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Poème à l'hôpital

Au dessus du muret de marbre
Qu'ils avaient construit
Au bon milieu du corridor
Du bâtiment axial
En plein centre
En plein coeur
De l'hôpital
Pour soutenir la rampe d'accès
A la cafétaria
Ou pour seulement l'enjoliver
En tous cas
Pour créer là un lieu
Un espace
Un endroit
Où la dureté
De tout ce qui se passait là
Et tout autour
A l'entour
Dans les anciens pavillons bas
Et les nouveaux immeubles hauts
De ce village hospitalier
Sanitaire
Dans lequel l'hospitalité
Etait toujours à renégocier
Pouvait un moment se suspendre
Et qui sait
Retourner en espérance d'abord
Puis en espoir précis et statistique
Ce qui avait été
Un diagnostic
Et un sévère pronostic

Au dessus du muret de marbre
Qu'ils avaient construit là
Comme un luxe étonnant
Presque déplacé
En tous cas incongru
Tout à coup je les vis

Ils étaient six ou sept
Alignés au comptoir
Debout
En blouse blanche
Tous également jeunes et bruns
Vigoureux
Beaux
Comme peuvent l'être les hommes
Qui de dos
Donnent tant à rêver

Au dessus du muret de marbre
Qu'ils avaient construit là
Comme un nouveau déréglement
Au détour du bâtiment axial
Comme je traversais ce long corridor
Pour me rendre à la consultation
Vérification
Surveillance disaient-ils
A l'autre bout du dédale
Au-delà d'un semblant de jardin
Aménagé là
Au revers du labyrinthe
Pour égayer l'ultime cour
Au pavillon de ceux-là
Les délaissés
Qu'on ignorait
Faute de savoir comment les aborder
Les consoler
Les soigner
Et que vingt cinq ans après le drame
J'envisageais les choses
Sous un angle un peu moins saumâtre
De rémission en rémission complète
De rémission complète
En guérison
Et désormais en guérison totalement consolidée
Etant enfin presque heureuse
De revenir dans ces lieux
Qui n'étaient plus ceux de la terreur
Et de la dérélection
Dans laquelle j'avais vécu là
Toutes les années
De ma longue et douloureuse maladie

Tout à coup je les vis
Au dessus du muret de marbre
Tous ces beaux en blouse blanche
Tous ces hommes

Et mon corps tressaillit
Non plus de crainte
Ou d'amertume
Comme c'était autrefois l'habitude
Mais de ce flot sacré
Qui dans le ventre des femmes
En se rompant comme un ultime barrage
Témoigne de leur consentement
Au prodige de l'accouplement
Ce préambule du vivant

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 17 janvier 2007

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Ode à la planche a pain

La marque du temps
Des blessures
Et des rêves
Brisés et concassés
Perdus et éperdus
Des pourquoi et des comment
Ces oiseaux vigoureux
Revigorants
Partis pour monter au firmament
Heurtés en vol aux murs
Fermant des espaces repus
Des lieux reclus
Et les manquements harcelants

Le marque du temps
Des blessures
Et des rêves
Parsemés comme des traces
Et des signes
Qu'une vie vivante
Est passée là
A pas de nain et de géant

La marque du temps
Des blessures et des rêves
Du lard et du pain
Des légumes craquants
Et des oignons errants
Sur la planche à découper
Héritée de Belle-Maman
Il y manque une anse
Depuis plus de quarante ans
Il y manque une anse
Immensément

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 9 novembre 2005

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La joie d'Alexandre

Joie d'Alexandre emportant
Dans un gros sac de sport
Une partie de ma bibliothèque
La meilleure
Les romans qui m'ont enromancée
Donnant forme à l'informe
Et rêve à la rêverie

Joie d'Alexandre
Emportant dans un sac blanc
En toile plastifiée
Doublé de bleu marine
Hérité de mon père
Bien solide
Les chefs d'oeuvre de nos prédécesseurs
Ceux d'autrefois d'antan et de jadis
Ou de naguère
Et ceux d'hier et même de maintenant

Joie la mienne de le voir
Tournant vers moi la tête
Partir radieux
Serrant entre ses bras
Contre son coeur
Son trésor
Empilé en vrac et en désordre
Tandis qu'en moi
La pas encore défunte
Ne pouvait s'empêcher
Hilare et consternée
De le considérer
Comme le légataire enjoué
Emportant d'avance une part
De ma succession inutile
Déjà ventilée

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 21 juin 2006

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Poème au viaduc de Millau

Au delà du grillage vert
Des branches de figuier
S'étend de tout son long
Enjambant le Tarn
Le plus haut pont du monde

Lumière le jour
Lueur la nuit
Car seuls sont éclairés les piliers
Et non le tablier

Il relie à tout venant
De tous ces haubans
Tous les contrevenants
Du Nord au Midi
Et d'ici

Au delà du grillage végétal
Du figuier
Tendu à fleur de ciel
Le pont métallique
Bruisse d'un roulement mécanique
Du tout venant contrevenant
Juste au dessous du firmament

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 25 juillet 2005

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Poème au jaseur

Sentinelle aguerrie
Du fond de la Normandie
Je guette le Jaseur Boréal
Migrateur erratique
En provenance deSibérie

C'est un oiseau gris
Au front rosé
Sa tête est couronnée
D'une huppe au faciès
Etrangement étrange
Et ses grandes ailes sont bordées
De longues plumes blanches
Striées et colorées

Du moins pour ce que j'en sais
Car je ne l'ai jamais vu

Du fond du vallon
Je surveille la venue de celui
Dont nos Aïeux croyaient
Que visiteur épisodique
Il annonçait les grands froids
La guerre
La famine et la peste
Et les épizooties

Sentinelle sans guérite
Entre coteau et colline
Je guette le mauvais présage

Et je médite
Sur les changements climatiques

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 20 février 2005

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Poème du lycée Maurice Genevoix à Montrouge

Dans le minuscule jardin
Jouxtant la Salle des Professeurs
Un rosier ploie
Sous le poids de son fardeau
De roses humides
Et concaves

L'emploi du temps se délite
L'institution s'effrite
Les élèves s'enfuient

Mais inscrit entre le ciel et la terre
Le souffle de l'architecture
Souffle encore
Pour raviver au moins
Le rêve des fondateurs
Là du moins

Par ce rosier difforme
Soutenant vivement
L'excès de toutes ces rosaces
Roses vivaces
Perdure ce qu'ils ont voulu
Et prudemment tracé là
Dans ce recoin
Espace dérobé
Protégé
Au rebord du labyrinthe
Entre le en et le hors
Tout au bout du bâtiment

La question marginale
La forme de l'informe
Et dans l'impasse du pourquoi
Le tourment du comment

Signature :
Jeanne Hyvrard, le 3 juin 2004

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Poème du réveil

Le réveil ne sonne plus
Tant désormais je devance l'appel
Montant au front dès avant l'aube
La tête ceinte de mots compatissants
La carcasse lourde et la peau desséchée
Pas faute d'amour pourtant
Mais d'amicalité
Armée de l'âge ô mon unique armée

Ainsi vais-je au devant du devisement du monde
Coulant vers la jeunesse sans peur ni reproche
Dévoilant pour elle l'histoire des navigants
Nos grands prédécesseurs
Du premier cataclysme à l'ultime redressement

Le réveil ne sonne plus
Tant désormais je monte au front
Au milieu de la nuit
L'obscurité s'étendant maintenant
Au monde de l'enchantement

Le jour ne revient plus
Il me faut l'inventer
O l'armement de la belle armature
Et le front lourd
De l'armateur compatissant

Le réveil ne sonne plus
Tant au milieu de la nuit
Je monte au front
La boussole à la main
Penchée sur la cargaison des mots naissants
Connaissants

Signature :
Jeanne Hyvrard le 11 Décembre 2001

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L'ultime lien

J'avais acheté ce miroir à Menton
Dans le bazar
D'une ruelle écartée
Un jour de Toussaint
Où tout ou presque était fermé

C'était un magasin à prix unique
Tous les objets étaient à un euro
Autant dire rien d'autre
Que le prix du transport
Et du conditionnement

La glace rectangulaire
Etait bordée de jaune
Un plastique soleil d'or
Et le revers d'un rouge industriel
Agrémenté d'anses bleu roi
Ou vert camion Propreté de Paris
Malcommodes
Mais savamment agencées

Il était d'une laideur pathétique
Mais dans les autres bacs
Les voisins pires encore
Avec leurs moulures mordorées
Et leurs arabesques baroques
De deux maux choisissant le moindre
J'optai pour le design populaire
Remerciant dans mon coeur
La grande et prolifique machinerie
La corne d'abondance mécanique
Et démocratique

C'étaient mes dernières vacances
Ma patronne
La marâtre
Allait enfin me rendre ma liberté
Après quarante années de services
Exécutés et validés
Durant lesquels
Loyale
Je ne m'étais pas ménagée
Et en échange de quoi elle m'avait tout juste
A peine plutôt
Tolérée

Au bout de tant d'humiliation
Je ne pouvais plus ni marcher ni manger
Et descendue à l'Hotel Balmoral
Dans cette chambre minuscule
Avec vue sur les toits
J'avais bien besoin de cette vanité
Objet usuel
Pour ne pas me cacher la vérité
En voie de clochardisation
J'étais de surcroît
Presque paralysée

Quand vint le moment de remonter vers le Nord
Achever mon travail de bagnarde
Ma valise étant pleine
Entre bouilloire et manuscrit
Au lyrisme refroidi
La place manquait
Pour remporter chez moi
Mon acquisition bien vilaine
Je ne niais pas le fait

Je devais me résoudre à la séparation

Je ne le pus

Non à cause de l'esprit de mon visage
Enfermé dans le volatile mystère
Du reflet de l'image
Mais parce que cet objet vulgaire
Et bon marché
Action de grâce contre vents et marées
M'avait maintenue reliée
A la société

Signature :
Jeanne Hyvrard le 12 Mai 2006

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Poème de la transmission

En contrebas de l'escalier
Dans l'autre partie de l'exigu local
Dans lequel nous apprenons
Le travail de la terre
Dans ce modeste passage
Entre le recoin où est installé le four
Et le couloir qui remonte vers la cour
Je vois son pied nu
Pousser la roue de bois
Dans un geste ancestral

Elle est malhabile
Et penchée sur le tour
Son geste est bien loin d'être régulier

L'autre
La femme la plus expérimentée
L'encourage de la voix
Des mains
Et même parfois d'un geste
Qu'elle tente de substituer au sien

Tout autour
Nous toutes nous regardons
Silencieuses
Et anxieuses
Car ce que l'une parvient à faire
Les autres pourront le faire aussi
L'expérience l'a montré
Ainsi va ce groupe
Solidaire et pénêtré

En contrebas de l'escalier
Je regarde sous l'établi rustique
Son pied nu mettre en mouvement
Le roue de bois
Horizontale
Tournant archaïque
Au centre des beaux quartiers
Au coeur chic de la ville chic
Rappel
Des contrées éloignées
De la misère
De la fatigue
Et de la pauvreté
Oxymore inadéquat
Irruption de l'irréalité
Pourtant
Belle et bien réelle

Je pense à ma grand mère
Qui pédalait sur sa Singer
Cette machine à coudre
Qu'on trouvait alors
Dans chaque foyer
Et mesure désemparée
L'apport de l'électricité
Cette fée majuscule
Bouleversant le monde

En contrebas de l'escalier
Qui coupe en deux
Le local minuscule
Dans lequel nous apprenons
L'art et la manière de travailler la terre
A travers l'établi rustique
Je regarde la chair nue
Frotter le bois

Celle là a dû connaître dès l'enfance
Ce mouvement de la jambe
En chasse de l'éternel passage

Il n'est pas régulier
Et elle crispée
Se courbe en deux
Sur l'installation

L'engin fait un bruit sourd
Qui tranche avec celui de la ville
Un bruit qu'on reconnait pourtant
De l'avoir déjà ouï
Très au Sud
Lorsqu'il y signait l'effort humain
Pour prospérer

Ce n'est pas un grincement
Ni un battement
Ni un couinement
Ni un bruit métallique
Et encore moins un chuintement
Mais un bruit qu'on connaît
Et reconnait pourtant

On l'écoute
On l'entend
On lit à livre ouvert dans cette antiquité
Qu'on nous a mis là
Pour apprendre
En contrebas de ce local éxigu
Parce que cette installation là
Ne craint plus rien
Ni les erreurs ni les dysfonctionnements
Ni la paresse ni le délaissement
Ni même l'obsolescence
Déjà tellement présente
Sujet même de l'objet

Je regarde fascinée le pied nu
Agissant sur le bois
Découvrant que de cela
Je ne sais pas le nom
Pourtant aucun doute
L'ensemble est bien un tour
Et très antique

Je débute dans l'art et la manière
De travailler la terre
Et ne sais rien encore
Ni de la girrelle
Ni du volant

Je regarde fascinée ce pied nu
Qui donne le mouvement lent et saccadé
A cet engin ancestral
Dans le local exigu

Je regarde fascinée son pied nu
Donner le mouvement

Je regarde fascinée le pied nu

Je regarde le pied nu

Je regarde

Je re

Je garde

Je

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Poème à la lampe

Les lucioles et les vers luisants
Trouaient la nuit
De mystères insondables

Et dans cette vie de plein air
On venait à mon père
Emprunter sa lampe
Celle de l'inventeur Titus Titolandi
Un mélange de cuivre et de verre
De technique et de rusticité

Elle ressemblait plus aux lanternes des phares
Dans l'écume fragile des avants-mer
Qu'aux objets de compagnie
Tranquilles et pratiques
Qu'on astique par devoir
Et par sympathie

Le manchon de tulle fragile
Etait l'objet
De toutes les précautions paternelles
Il fallait de temps à autre le renouveller
L'opération était coûteuse
Et délicate

Lorsqu'on emplissait la belle
Elle sentait fort
La liqueur industrielle
Interdite à nous les filles
Et réservée aux hommes
Alccol essence pétrole
Qu'importait
Puisque c'était à eux qu'en incombait
L'office

Les lucioles et les vers luisants
Trouaient la nuit
Et les soirs d'Assemblée
On venait demander à mon père
Qui seul en possédait
De prêter sa lampe
La lampe Tito comme ils disaient
Déesse redoutable et vénérée
Qui à l'approche de l'allumette
S'enflammait
Dans un bruit sourd d'explosion
Comme la main aventureuse
Mais néanmoins décidée
Se retirait prestement
Tout à coup intimidée
D'avoir ainsi violentée la nature
Illuminant la cérémonie
Du surgissement de la lumière
Comme l'officiant lui même
Heureux
Après avoir tourné la molette
Permettant d'augmenter l'intensité
Demeurait pétrifié d'avoir osé
Le sacrilège sacré

Et moi dans les Années Cinquante
Dans cette vie de plein air qui m'exaltait
Car j'étais libre
Entre les bois et le glacier
Les lézards et les sauterelles
Les framboises et les fraises
Toute progéniture de ma mère la nature
Déchirée entre ma génitrice la nuit
Et cette splendeur incandescente
Fille d'Apollon
Amoureuse de Promethée
Je tournai alternativement la tête
Vers le signe absolu de la puissance paternelle
Et l'obscurité plus sombre encore
Scrutant dans la zone interdite
Les points pâles
Rampant et volatiles
Auxquels je savais
Malheur
Qu'il me faudrait un jour
Renoncer

Signature :
Jeanne Hyvrard

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