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Maurice Monnoyer

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Maurice Monnoyer

Descriptif auteur

L'HARMATTAN VIENT DE PUBLIER MON DIXIEME OUVRAGE : UNE HISTOIRE D'AMITIE, récit contant les liens cordiaux entre dix hommes, amitié qui s'est prolongée pendant soixante ans.

Structure professionnelle : 75, rue Jacques-Tati 34070 Montpellier

Titre(s), Diplôme(s) : diplômé de l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille

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Monnoyer et ses mots d'espoir

LES ARTICLES DE L'AUTEUR

Mouloud Feraoun, mon ami

J'ai vécu neuf années complètes en Algérie, de 1948 à 1956. Je m'y suis marié avec une jeune fille d' Oran. Mes trois enfants y sont nés. J'ai fait bâtir une maison à Hydra. C'est dire combien je suis resté profondément attaché à ce merveilleux pays dont j'étais tombé amoureux, lors de mon premier reportage en 1945. Je porte toujours en moi la blessure de mon arrachement de cette terre où j'espérais vivre jusqu'à mon dernier souffle. Les circonstances ne l'ont pas permis. Je ne m'en suis jamais consolé.

En Algérie, j'ai vécu, comme journaliste indépendant, une aventure exaltante qui m'a marqué à jamais. Des hommes de paix, avec moi, avait conçu, dès 1945, le projet fou de transformer le pays en une terre où auraient vécu pacifiquement les Algériens et ceux que l'on appelait alors les Européens ou Pieds Noirs. Nous voulions bâtir une Communauté algérienne sur deux socles: la fraternité et la justice pour tous. Nous pensions sincèrement que cela était possible. Albert Camus avait la même préoccupation. C'était une utopie que la guerre d'indépendance a balayée (1).
Je me suis lié d'amitié avec Emmanuel Roblès, Mouloud Feraoun et Mohammed Dib. Un des tout premiers, j'ai découvert et fait connaître "Le Fils du Pauvre", cet ouvrage bouleversant d'une enfance et d'une jeunesse kabyles. J'ai interviewé longuement son auteur. Une amitié réelle, profonde, s'est nouée entre nous.
Je venais de quitter l'Algérie, en décembre 1956, que le cher Mouloud Feraoun arrivait au Clos Salembier avec le titre de directeur d'école Cité Nadar. Quand il apprit que j'étais rentré en France, il m'écrivit: "Je regrette vivement d'avoir atterri à Alger après votre départ, mais je suis sûr que la Paix revenue, vous aussi vous reviendrez chez nous et qu'alors vous n'aurez pas besoin de vous réacclimater (...) Je vois souvent mes amis et vous auriez été du nombre".
Nous avons continué à nous écrire, jusqu'à sa mort. J'étais chef de service à "Nord Eclair" lorsqu'une dépêche m'apprit l'assassinat de mon ami. Ma douleur fur immense. J'écrivis à chaud un billet d'adieu, dans lequel j'exprimais ma peine en ces termes: "Je n'arrive pas à y croire, Mouloud (...). J'ai dans mon coeur le souvenir d'un homme bon, droit, amical. Tu aimais la vie, tu étais courageux, tu travaillais de toute ton âme à construire une Algérie fraternelle (...) Tu étais de la race des bâtisseurs. Et cette race est terriblement gênante pour ceux qui ne cherchent qu'à détruire et à tuer".
Quarante ans ont passé... L'Algérie aspire toujours à la paix. Les ouvrages de Mouloud Feraoun sont vendus dans de nombreux pays. Il n'est donc pas mort, il vit dans le coeur de ses proches, de ses amis et de ses lecteurs.
En pensée, je dépose une rose sur sa tombe. Mouloud, mon frère, je sais que dans l'autre monde, nous nous retrouverons.

Signature :
Maurice Monnoyer

Cet article a été publié par le quotidien "El Watan" (Alger), illustré d'une photo de l'écrivain, le 14 mars 2OO2.

Notes :
1. J'ai raconté le combat des hommes de paix réunis autour de mon journal "L'Effort Algérien" dans un livre
" Journaliste en Algérie ou l'histoire d'une utopie" préfacé par le professeur Guy Dugas (Editions L'Harmattan, Paris).
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