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Olivier Lajous

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Olivier Lajous

Descriptif auteur

Travailleur indépendant dans le domaine du conseil aux entreprises, j'ai été marin de l'Etat pendant 38 ans. Mes deux passions: l'humain et le maritime.
Marin de l'Etat pendant 38 ans, ayant commencé sa carrière comme matelot du service national et l’ayant terminé comme amiral, Olivier Lajous a navigué 17 ans, commandé trois navires de combat et participé à la résolution de nombreux conflits armés des années 1980 à 2003 (Afghanistan, Iran-Irak, Liban, Libye-Tchad, Yémen-Erythrée). Il a été directeur de la communication, directeur du centre d’enseignement supérieur puis directeur des ressources humaines de la marine nationale. Il a également servi en cabinet ministériel, auprès du ministre de l’Outre-mer. Il a été élu DRH de l’année 2012.

Aujourd'hui gérant fondateur d’une société de conseil aux entreprises - « Olivier Lajous Conseil», personnalité qualité auprès de l'Association Familiale Mulliez, expert APM et président d'honneur de l'EMRH Sciences Po Paris, il intervient dans les domaines de l’éthique et du management. Auteur des livres « L’Art de diriger? », "L'Art du temps" et "L'Art de l'équilibre".

Titre(s), Diplôme(s) : Bâchelier; Diplômé de l'Ecole de Guerre et du centre de formation au management de la défense.

Fonction(s) actuelle(s) : Président du Club DéciDRH

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LES CONTRIBUTIONS DE L’AUTEUR

Articles de presse

L'art du temps n°2043

Articles de presse

Revue RH&M n°63

LES ARTICLES DE L'AUTEUR

L'Art du temps

Temps du sens et Sens du temps, quelques balises.

Qu'est-ce que le temps ? Question éternelle, "irrévocablement emporté que nous sommes dans le flot torrentueux de la vie" (Teilhard de Chardin). Question qui reflète notre difficulté à vivre au présent tant nous sommes trop souvent enclins à regretter le passé et/ou à redouter le futur.

Première balise : le temps est émotion du simple fait que l'homme est émotion. Ce constat traduit les perceptions très différentes que nous pouvons, selon les circonstances, éprouver de temps long ou de temps court. Alice au pays des merveilles en est une illustration parfaite, dans laquelle Alice voit passer le lapin (courir toujours - le temps qui ne sait plus s'arrêter) et le chapelier fou (temps immobile puisque c'est toujours l'heure du thé).

Seconde balise : les 2 temps bien connus chez les grecs, Chronos ou la notion de durée, d'intervalle de temps ; Kairos ou l'instant décisif, le présent saisi et qui fait basculer la situation. Mais également les temps du Scholé (celui consacré à l'apprentissage, donc celui de la réflexion et du retour sur soi) et le Diatribé (le temps de l'échange de la rencontre et de "l'épreuve de soi" au contact de l'autre). Cela revient à mettre en évidence l'importance du temps consacré à moi, à me construire, à élever mon niveau de conscience (Scholé) et celle du temps consacré à l'autre, à l'ouverture, à la dialectique et au conflit assumé qui permet de mettre en cause ma conception et à élever mon niveau de conscience (Diatribé).

Troisième balise : cette vision du temps fait apparaître clairement le lien étroit entre temps et violence. Celle-ci relève du temps non assumé, du refus de la prise de recul et de la mise en cause de ma vision du monde. C'est dire encore l'importance du présent, de la rencontre de l'autre qui ouvre au changement et au mouvement de la vie : "le futur est derrière nous" puisque chacun de nos actes engage le jour d'après. Il dépend de nous qu'il soit vivant, c'est-à-dire nouveau.

Quatrième balise : la conception du temps est à la fois personnelle et propre à chaque culture. Chacune véhicule sa conception du passé, du présent et du futur, ne serait-ce qu'à travers le récit de son histoire et la façon dont elle valorise les potentialités du futur. En occident le temps est linéaire, borné par un début et une fin, en orient il est cyclique, éternel recommencement. Quand le futur inquiète, le présent est mal vécu. Cessons de regretter le passé, de craindre le futur, osons le présent comme source vivante du futur.

Cinquième balise : la collision des temps que permet l'instantanéité moderne de l'Internet nous oblige à repenser le temps et la relation à l'autre. Mon vécu, mon émotion de l'instant va rencontrer, et peut être se heurter à celle de mon correspondant à l'autre bout du monde. Chacun a pu constater la caisse de résonance que peut être un mail avec l'imagination des arrière-pensées de l'autre ou des autres. Le temps n'a plus de frontières, vie personnelle et vie professionnelle de télescopent. L'instantanéité plurielle du monde numérisé nous appelle à toujours plus d'humanité.

Sixième balise : le vécu du temps est le reflet de l'angoisse d'une civilisation, ainsi que l'illustre Peul Tillich dans son ouvrage "Le courage d'être". Il n'est que de songer à ces époques teintées très différemment dans le temps : un Moyen âge marqué par l'angoisse de la mort, qui se résoudra à la Renaissance (celle-ci prendra plus de deux siècles avant d'aboutir au siècle des Lumières) ; une ère industrielle obsédée par l'angoisse de la culpabilité qui durera un siècle ; un temps actuel, enfin, qui voit fleurir l'angoisse du non-sens. Ces formes diverses témoignent profondément de la situation de l'homme mortel, affronté à un temps fini, mais qui donne également le relief à la vie : comment imaginer un destin, une vie sans finitude ? C'est "la fin du Temps" qui seule peut conférer le sens.

En définitive, et sera la septième balise, le temps est ce qui donne de l'épaisseur à la vie de l'homme. Un temps au sein duquel chacun est appelé à faire des allers retours entre "Sirius et la Pâquerette", ainsi que l'illustre Saint Exupéry dans le dialogue entre le Petit prince et sa rose : "C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui rend ta rose si importante …L'avenir, tu n'as pas à le prévoir, mais à le permettre …Le véritable voyage, ce n'est pas de parcourir le désert ou de franchir de grandes distances sous-marines, c'est de parvenir en un point exceptionnel où la saveur de l'instant baigne tous les contours de la vie intérieure."
Notre temps personnel est tout à la fois le temps intérieur, celui qui permet de se connaître et de grandir, et le temps extérieur, celui de l'autre. Sans temps intérieur, je reste dans l'écriture de jours sans signification, sans épaisseur. Je ne peux pas grandir. Sans temps avec l'autre, impossible de s'éprouver, de se construire. C'est cette alternance des temps pour soi et pour l'autre qui permet d'accepter l'incertitude dans laquelle nous baignons, tout à la fois émergé et immergé dans le temps, et d'y trouver du sens. Prendre le temps pour être, pour être vivant, pour être humain, pour aimer tout ce que la vie nous propose, joies et peines confondues pour sans cesse grandir en émotion et raison, en audace et sagesse, et plus encore en humour, savant mélange d'humilité et d'Amour.

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