5
livres
Vous avez vu 11 livre(s) sur 5
AUTRES PARUTIONS
La France trafiquant d'armes (Maspéro, 1974)
Armée ou défense civile non-violente (La Gueule ouverte, 1975)
Les Trafics d'armes de la France (Maspéro, 1977)
La Fessée, Cent questions-réponses sur les châtiments corporels (ISBN 2-84221-072-7, La
Plage, 2001) Réédité en 2004 sous le titre : La Fessée, Questions sur la violence éducative.
La Non-violence active, Cent questions-réponses pour résister et agir (ISBN 2-84221-076-X, La Plage, 2001).
Oui, la nature humaine est bonne ! Comment la violence éducative la pervertit depuis des millénaires (ISBN 978-2-221-10919-9 Robert Laffont, 2009)
La Violence éducative, un trou noir dans les sciences humaines (ISBN : 978-2-916032-25-2. L'Instant présent, 2012).
Vingt siècles de. maltraitance chrétienne des enfants (ISBN : 978-2-36772-044-9, Encretoile, 2015.
Les Armes de la non-violence. (ISBN : 978-2-84221-690-0, La Plage, 2019).
Armée ou défense civile non-violente (La Gueule ouverte, 1975)
Les Trafics d'armes de la France (Maspéro, 1977)
La Fessée, Cent questions-réponses sur les châtiments corporels (ISBN 2-84221-072-7, La
Plage, 2001) Réédité en 2004 sous le titre : La Fessée, Questions sur la violence éducative.
La Non-violence active, Cent questions-réponses pour résister et agir (ISBN 2-84221-076-X, La Plage, 2001).
Oui, la nature humaine est bonne ! Comment la violence éducative la pervertit depuis des millénaires (ISBN 978-2-221-10919-9 Robert Laffont, 2009)
La Violence éducative, un trou noir dans les sciences humaines (ISBN : 978-2-916032-25-2. L'Instant présent, 2012).
Vingt siècles de. maltraitance chrétienne des enfants (ISBN : 978-2-36772-044-9, Encretoile, 2015.
Les Armes de la non-violence. (ISBN : 978-2-84221-690-0, La Plage, 2019).
LES CONTRIBUTIONS DE L’AUTEUR
LES ARTICLES DE L'AUTEUR
Mon dernier livre Oui, la nature humaine est bonne ! Comment la violence éducative la pervertit depuis des millénaires
Vient de paraître, le 22 janvier 2009, aux éditions Robert Laffont, mon dernier livre :
Oui, la nature humaine est bonne !
Comment la violence éducative ordinaire
la pervertit depuis des millénaires.
Bien que j'en sois l'auteur et que je sois donc tenu à un peu de modestie, j'ai la faiblesse de penser que ce livre est important. Et j'ai la chance que les responsables de la maison d'édition qui l'a accepté et publié (Robert Laffont) le pensent aussi. Ils - et surtout elles - ont beaucoup fait pour que ce livre atteigne son public. Elles en ont envoyé plus de 300 exemplaires aux journalistes de la presse écrite, de la radio, de la télévision et d'internet, ce qui laisse espérer que ce livre ne passera pas inaperçu.
Son but est d'étudier un fait étrange. Comment se fait-il qu'aucun philosophe, théologien, sociologue, psychologue, historien ou psychanalyste n'ait jamais sérieusement tenu compte, dans tout ce qu'ils ont dit sur la nature humaine, du fait, pourtant indiscutable, que 80 à 90% des enfants ont été dressés par la violence (bastonnade, flagellation, etc.) depuis des millénaires ? Est-il pensable que ce dressage n'ait pas eu d'effets sur le corps, la santé, les comportements, la violence, mais aussi l'esprit, les idées, les cultures, les croyances, les religions de tous ceux qui l'ont subi ? En particulier, comment notre conception de la nature humaine, et donc de la nature des enfants, aurait-elle pu ne pas en être influencée ?
Depuis les premières civilisations dotées d'une écriture jusqu'à nos jours, on a attribué aux enfants (et donc à la nature humaine) la "folie" (proverbes bibliques), le "péché originel" (le christianisme), une "violence bestiale" (quantité de penseurs), des "pulsions" mortifères ou une "violence fondamentale" (la psychanalyse). Et cela sans tenir aucun compte de ce qu'on leur faisait subir dès leur petite enfance, ou en le justifiant.
Une fois qu'on a pris conscience du dressage violent subi par la majorité de l'humanité pendant toutes les années où le cerveau des enfants se forme, beaucoup de choses qui paraissaient incompréhensibles s'éclaircissent. Et la violence humaine notamment est beaucoup moins énigmatique. De même, une fois qu'on a compris que la Terre tournait autour du Soleil, on n'a plus eu besoin d'imaginer toutes sortes de théories bizarres pour expliquer le mouvement des planètes.
Cette découverte, ce n'est pas moi qui l'ai faite, c'est Alice Miller. Le but de mon livre est de briser le mur du silence qui, en France, a jusqu'à présent interdit à cette découverte d'être reconnue pour ce qu'elle est : une véritable révolution.
Ce livre n'est pas difficile à lire. Il expose le plus clairement possible la façon dont la violence éducative appliquée à presque tous les enfants a amené de tous temps les hommes à les considérer comme des êtres naturellement déraisonnables qu'il était indispensable de corriger violemment pour les civiliser. Avec, bien évidemment le résultat inverse : une humanité portée à la violence par la violence qu'elle a subie, portée à la soumission aux pires dictateurs ou gourous par l'habitude prise d'obéir, portée à la cruauté par la perte du sens de l'empathie. Tout cela est aujourd'hui largement confirmé par la connaissance du développement du cerveau et par la prise de conscience des remarquables capacités relationnelles innées des enfants : attachement, empathie, imitation.
En vous procurant ce livre, en envoyant ce message à vos amis et connaissances, vous aiderez à son lancement et vous participerez aux changements qu'il peut produire, je l'espère, dans les mentalités. Vous pouvez aussi, après l'avoir lu, dire ce que vous en pensez sur les sites des librairies en ligne ou sur votre blog si vous en avez un. Et si vous me faites part de vos réactions, j'en serai très heureux.
Ci-dessous les quatre premières critiques (j'espère qu'il y en aura d'autres !) et le sommaire du livre.
Psychologies Magazine, Février 2009.
Une bonne fessée, une gifle méritée... Dans ce livre très argumenté contre les châtiments corporels, un père de cinq enfants rappelle qu'en France, aujourd'hui encore, 84% des enfants sont frappés. Ces violences tolérées sont parfois source de dégâts : difficultés scolaires, comportements à risques, agressivité... A lire d'urgence avant de lever la main. Marie-France Vigor.
Catherine Dumonteil Kremer, fondatrice de La Maison de l'Enfant et auteur de plusieurs livres sur l'éducation. Sur la liste de discussion Parents-conscients (sur Yahoo).
J'ai lu ce week end le dernier livre d'Olivier, "Oui la nature humaine est
bonne" chez Robert Laffont, je l'ai trouvé excellent. Je me suis régalée en
le lisant. Voilà réunis en un seul ouvrage presque tous les arguments contre
la violence éducative, l'aveuglement sur cette violence au cours des siècles passés, mais aussi chez les psychanalystes, médecins, auteurs, religieux, etc. Je trouve qu'Olivier a eu beaucoup de courage de dénoncer sans aucune ambiguité les mauvais
traitements à enfants. J'espère que son livre convaincra les sceptiques !
Alice Miller (sur son site)
C'est avec grand plaisir et soulagement que je vous annonce la parution du livre important d'Olivier Maurel.
Puisqu'après des millénaires d'obscurité presque totale, voilà un livre qui ose enfin jeter la lumière vers la vérité en montrant sans ambiguïté, sans crainte ni hésitation, que la nature humaine est bonne. Or, on la détruit systématiquement et constamment par l'éducation violente que presque chaque enfant doit subir dans les premières années de sa vie au moment le plus sensible, quand son cerveau se construit.
Depuis plusieurs années mais d'une autre façon je continue d'expliquer dans mes différents livres cette dynamique. Maurel poursuit ces recherches en montrant comment pendant des millénaires les pédagogues, les écrivains, les philosophes, les hommes d'Eglise se perdent dans le brouillard pour ne pas reconnaître la vérité si simple et claire mais, il est vrai, très douloureuse à tous le monde. Même les psychanalystes modernes, maintiennent encore que l'homme est né méchant, pervers, égoïste et que les adultes doivent le faire gentil, altruiste et empathique.
Dans toutes les cultures on est confronté au même déni, malgré le fait que la réalité montre le contraire, l'homme est né bon, capable d'apprendre l'amour et la compassion, mais cette richesse est engloutie juste à l'aube de son existence par les traitements qu'il subit.
Par exemple Saint Augustin qui était sévèrement battu à l'école et jamais soutenu par ses parents qui au contraire le ridiculisaient gravement, trouve dans ses Confessions "la solution" de sa situation tragique en écrivant qu'il est nécessaire de battre les enfants. Malheureusement, l'Eglise a adopté sa version et pendant seize centenaires elle a maintenu sans aucune hésitation la même version trompeuse malgré le fait que dans la bible Jésus a toujours dit qu'il fallait respecter les enfants et ne pas les battre.
C'est un livre que je vous souhaite de lire et relire aussitôt que possible, il est nécessaire, illuminant et accessible à tous le monde. La tragédie de l'être humain est si brillamment décrite et expliquée ici qu'il est totalement incompréhensible que les psychanalystes n'en ont pas encore pris connaissance et continuent d'écrire sur l'instinct destructeur de l'enfant.
Jacques Trémintin, recension à paraître dans le numéro 917, du 19 février, de Lien Social
*Pour mettre fin à la violence éducative ordinaire*
On peut distinguer trois époques dans la prise de conscience de la maltraitance subie par les enfants. La première, qui a duré des millénaires, est à peine troublée par quelques voix largement inaudibles face à la domination du déni. La violence dans l'éducation y est considérée comme banale et légitime : la douleur provoquée par les coups agirait sur la raison, la volonté et la mémoire de l'enfant, l'incitant donc à éviter de reproduire le comportement qui a causé le châtiment. Cette conviction perdure, d'autant plus qu'elle est confortée par les religions, les philosophies et les traditions éducatives. La seconde époque trouve ses prémisses dans l'abolition, dans le code Justinien du VI^ème siècle, du droit de vie et de mort du père sur ses enfants ou dans le vote, en 1889, de la loi permettant la déchéance de la puissance paternelle. Mais, c'est vraiment dans la deuxième moitié du XX^ème siècle qu'elle s'amorce vraiment, avec la pénalisation des mauvais traitements sur mineurs. Ce mouvement reste toutefois incomplet, puisqu'il prétend ne viser que les actes qui "troublent gravement l'enfant", excluant par là même ceux qui le troublent, mais moins gravement ! Olivier Maurel est à l'initiative, avec d'autres auteurs comme Alice Miller, d'une réflexion qui inaugure la troisième époque : celle qui s'intéresse aux effets délétères de la violence éducative ordinaire que constitue "l'ensemble des moyens violents qui ont été et sont utilisés, tolérés et souvent recommandés pour faire obéir et pour éduquer les enfants". Olivier Maurel nous propose ici une somme de réflexions médicales, philosophiques, historiques, intellectuelles, éthiques qui viennent bousculer bien des idées reçues et apporter des éléments de compréhension sur le fonctionnement humain. La thèse centrale de l'auteur consiste à réfuter le postulat d'un petit d'homme qui serait naturellement poussé à l'agressivité par ses pulsions ou sa nature animale. Le comportement humain consistant à humilier, torturer ou provoquer la douleur de son prochain ne se retrouve nulle part chez les autres espèces. Ces manifestations sont liées à un conditionnement et à une éducation qui le confrontent très tôt à la violence. L'attachement qui relie l'enfant à ses parents, pour peu qu'il soit fait de douceur, de tendresse et de sollicitude peut l'amener à reproduire la relation de bienveillance qu'il a reçue. Mais quand le sens de l'empathie a été détérioré très tôt et tout au long de l'enfance, les principes moraux peuvent tout autant devenir de véritables prothèses sur une fonction absente. Il ne faut donc pas se contenter de combattre la violence seulement quand elle est excessive, mais aussi quand elle est ordinaire, explique l'auteur, démontrant avec brio ses effets délétères tant au niveau individuel que collectif.
Jacques Trémintin, numéro 917, du 19 février de Lien Social
Sommaire
Avant-propos
Première partie - La violence éducative et ses effets sur les individus et les relations interpersonnelles
Chapitre I - Définition et nature de la violence éducative ordinaire
Chapitre II - Effets de la violence éducative sur ses victimes
Chapitre III - Violence éducative et relations interpersonnelles
Chapitre IV - L'apport de la neurobiologie à la compréhension des effets de la violence éducative
Chapitre V - Violence éducative et comportements innés
Deuxième partie - Violence éducative ordinaire et culture
Chapitre I - La violence éducative de ses origines à ses répercussions religieuses
Chapitre II - Un avatar du péché originel : la férocité animale de l'enfant et de l'homme
Chapitre III - Un nouvel avatar du péché originel et de la bestialité : la théorie des pulsions
Chapitre IV - Résistance des autorités médicales à la révélation de la maltraitance et des abus sexuels
Chapitre V - Une source d'illusion : la résilience
Chapitre VI - Violence éducative et littérature, ou la cécité et le silence des écrivains
Chapitre VII - Méconnaissance de la violence éducative dans les grandes études sur la violence
Chapitre VIII - La violence éducative ordinaire : une pratique culturelle dénaturante
Chapitre IX - Résistance de la violence éducative à sa remise en question
Troisième partie - Sortir de la violence éducative
Chapitre I - Réhabiliter notre vision de l'enfant, et donc de l'homme
Chapitre II - Prémisses d'un changement
Conclusion - Et si la nature humaine était bonne
Annexes
1. Violences dans les institutions.
2. Précisions sur les effets du stress sur la santé.
3. Effets du stress sur la mémoire.
4. Violence éducative chez les !Kung.
Nombre de pages : 356
Lire plus
Oui, la nature humaine est bonne !
Comment la violence éducative ordinaire
la pervertit depuis des millénaires.
Bien que j'en sois l'auteur et que je sois donc tenu à un peu de modestie, j'ai la faiblesse de penser que ce livre est important. Et j'ai la chance que les responsables de la maison d'édition qui l'a accepté et publié (Robert Laffont) le pensent aussi. Ils - et surtout elles - ont beaucoup fait pour que ce livre atteigne son public. Elles en ont envoyé plus de 300 exemplaires aux journalistes de la presse écrite, de la radio, de la télévision et d'internet, ce qui laisse espérer que ce livre ne passera pas inaperçu.
Son but est d'étudier un fait étrange. Comment se fait-il qu'aucun philosophe, théologien, sociologue, psychologue, historien ou psychanalyste n'ait jamais sérieusement tenu compte, dans tout ce qu'ils ont dit sur la nature humaine, du fait, pourtant indiscutable, que 80 à 90% des enfants ont été dressés par la violence (bastonnade, flagellation, etc.) depuis des millénaires ? Est-il pensable que ce dressage n'ait pas eu d'effets sur le corps, la santé, les comportements, la violence, mais aussi l'esprit, les idées, les cultures, les croyances, les religions de tous ceux qui l'ont subi ? En particulier, comment notre conception de la nature humaine, et donc de la nature des enfants, aurait-elle pu ne pas en être influencée ?
Depuis les premières civilisations dotées d'une écriture jusqu'à nos jours, on a attribué aux enfants (et donc à la nature humaine) la "folie" (proverbes bibliques), le "péché originel" (le christianisme), une "violence bestiale" (quantité de penseurs), des "pulsions" mortifères ou une "violence fondamentale" (la psychanalyse). Et cela sans tenir aucun compte de ce qu'on leur faisait subir dès leur petite enfance, ou en le justifiant.
Une fois qu'on a pris conscience du dressage violent subi par la majorité de l'humanité pendant toutes les années où le cerveau des enfants se forme, beaucoup de choses qui paraissaient incompréhensibles s'éclaircissent. Et la violence humaine notamment est beaucoup moins énigmatique. De même, une fois qu'on a compris que la Terre tournait autour du Soleil, on n'a plus eu besoin d'imaginer toutes sortes de théories bizarres pour expliquer le mouvement des planètes.
Cette découverte, ce n'est pas moi qui l'ai faite, c'est Alice Miller. Le but de mon livre est de briser le mur du silence qui, en France, a jusqu'à présent interdit à cette découverte d'être reconnue pour ce qu'elle est : une véritable révolution.
Ce livre n'est pas difficile à lire. Il expose le plus clairement possible la façon dont la violence éducative appliquée à presque tous les enfants a amené de tous temps les hommes à les considérer comme des êtres naturellement déraisonnables qu'il était indispensable de corriger violemment pour les civiliser. Avec, bien évidemment le résultat inverse : une humanité portée à la violence par la violence qu'elle a subie, portée à la soumission aux pires dictateurs ou gourous par l'habitude prise d'obéir, portée à la cruauté par la perte du sens de l'empathie. Tout cela est aujourd'hui largement confirmé par la connaissance du développement du cerveau et par la prise de conscience des remarquables capacités relationnelles innées des enfants : attachement, empathie, imitation.
En vous procurant ce livre, en envoyant ce message à vos amis et connaissances, vous aiderez à son lancement et vous participerez aux changements qu'il peut produire, je l'espère, dans les mentalités. Vous pouvez aussi, après l'avoir lu, dire ce que vous en pensez sur les sites des librairies en ligne ou sur votre blog si vous en avez un. Et si vous me faites part de vos réactions, j'en serai très heureux.
Ci-dessous les quatre premières critiques (j'espère qu'il y en aura d'autres !) et le sommaire du livre.
Psychologies Magazine, Février 2009.
Une bonne fessée, une gifle méritée... Dans ce livre très argumenté contre les châtiments corporels, un père de cinq enfants rappelle qu'en France, aujourd'hui encore, 84% des enfants sont frappés. Ces violences tolérées sont parfois source de dégâts : difficultés scolaires, comportements à risques, agressivité... A lire d'urgence avant de lever la main. Marie-France Vigor.
Catherine Dumonteil Kremer, fondatrice de La Maison de l'Enfant et auteur de plusieurs livres sur l'éducation. Sur la liste de discussion Parents-conscients (sur Yahoo).
J'ai lu ce week end le dernier livre d'Olivier, "Oui la nature humaine est
bonne" chez Robert Laffont, je l'ai trouvé excellent. Je me suis régalée en
le lisant. Voilà réunis en un seul ouvrage presque tous les arguments contre
la violence éducative, l'aveuglement sur cette violence au cours des siècles passés, mais aussi chez les psychanalystes, médecins, auteurs, religieux, etc. Je trouve qu'Olivier a eu beaucoup de courage de dénoncer sans aucune ambiguité les mauvais
traitements à enfants. J'espère que son livre convaincra les sceptiques !
Alice Miller (sur son site)
C'est avec grand plaisir et soulagement que je vous annonce la parution du livre important d'Olivier Maurel.
Puisqu'après des millénaires d'obscurité presque totale, voilà un livre qui ose enfin jeter la lumière vers la vérité en montrant sans ambiguïté, sans crainte ni hésitation, que la nature humaine est bonne. Or, on la détruit systématiquement et constamment par l'éducation violente que presque chaque enfant doit subir dans les premières années de sa vie au moment le plus sensible, quand son cerveau se construit.
Depuis plusieurs années mais d'une autre façon je continue d'expliquer dans mes différents livres cette dynamique. Maurel poursuit ces recherches en montrant comment pendant des millénaires les pédagogues, les écrivains, les philosophes, les hommes d'Eglise se perdent dans le brouillard pour ne pas reconnaître la vérité si simple et claire mais, il est vrai, très douloureuse à tous le monde. Même les psychanalystes modernes, maintiennent encore que l'homme est né méchant, pervers, égoïste et que les adultes doivent le faire gentil, altruiste et empathique.
Dans toutes les cultures on est confronté au même déni, malgré le fait que la réalité montre le contraire, l'homme est né bon, capable d'apprendre l'amour et la compassion, mais cette richesse est engloutie juste à l'aube de son existence par les traitements qu'il subit.
Par exemple Saint Augustin qui était sévèrement battu à l'école et jamais soutenu par ses parents qui au contraire le ridiculisaient gravement, trouve dans ses Confessions "la solution" de sa situation tragique en écrivant qu'il est nécessaire de battre les enfants. Malheureusement, l'Eglise a adopté sa version et pendant seize centenaires elle a maintenu sans aucune hésitation la même version trompeuse malgré le fait que dans la bible Jésus a toujours dit qu'il fallait respecter les enfants et ne pas les battre.
C'est un livre que je vous souhaite de lire et relire aussitôt que possible, il est nécessaire, illuminant et accessible à tous le monde. La tragédie de l'être humain est si brillamment décrite et expliquée ici qu'il est totalement incompréhensible que les psychanalystes n'en ont pas encore pris connaissance et continuent d'écrire sur l'instinct destructeur de l'enfant.
Jacques Trémintin, recension à paraître dans le numéro 917, du 19 février, de Lien Social
*Pour mettre fin à la violence éducative ordinaire*
On peut distinguer trois époques dans la prise de conscience de la maltraitance subie par les enfants. La première, qui a duré des millénaires, est à peine troublée par quelques voix largement inaudibles face à la domination du déni. La violence dans l'éducation y est considérée comme banale et légitime : la douleur provoquée par les coups agirait sur la raison, la volonté et la mémoire de l'enfant, l'incitant donc à éviter de reproduire le comportement qui a causé le châtiment. Cette conviction perdure, d'autant plus qu'elle est confortée par les religions, les philosophies et les traditions éducatives. La seconde époque trouve ses prémisses dans l'abolition, dans le code Justinien du VI^ème siècle, du droit de vie et de mort du père sur ses enfants ou dans le vote, en 1889, de la loi permettant la déchéance de la puissance paternelle. Mais, c'est vraiment dans la deuxième moitié du XX^ème siècle qu'elle s'amorce vraiment, avec la pénalisation des mauvais traitements sur mineurs. Ce mouvement reste toutefois incomplet, puisqu'il prétend ne viser que les actes qui "troublent gravement l'enfant", excluant par là même ceux qui le troublent, mais moins gravement ! Olivier Maurel est à l'initiative, avec d'autres auteurs comme Alice Miller, d'une réflexion qui inaugure la troisième époque : celle qui s'intéresse aux effets délétères de la violence éducative ordinaire que constitue "l'ensemble des moyens violents qui ont été et sont utilisés, tolérés et souvent recommandés pour faire obéir et pour éduquer les enfants". Olivier Maurel nous propose ici une somme de réflexions médicales, philosophiques, historiques, intellectuelles, éthiques qui viennent bousculer bien des idées reçues et apporter des éléments de compréhension sur le fonctionnement humain. La thèse centrale de l'auteur consiste à réfuter le postulat d'un petit d'homme qui serait naturellement poussé à l'agressivité par ses pulsions ou sa nature animale. Le comportement humain consistant à humilier, torturer ou provoquer la douleur de son prochain ne se retrouve nulle part chez les autres espèces. Ces manifestations sont liées à un conditionnement et à une éducation qui le confrontent très tôt à la violence. L'attachement qui relie l'enfant à ses parents, pour peu qu'il soit fait de douceur, de tendresse et de sollicitude peut l'amener à reproduire la relation de bienveillance qu'il a reçue. Mais quand le sens de l'empathie a été détérioré très tôt et tout au long de l'enfance, les principes moraux peuvent tout autant devenir de véritables prothèses sur une fonction absente. Il ne faut donc pas se contenter de combattre la violence seulement quand elle est excessive, mais aussi quand elle est ordinaire, explique l'auteur, démontrant avec brio ses effets délétères tant au niveau individuel que collectif.
Jacques Trémintin, numéro 917, du 19 février de Lien Social
Sommaire
Avant-propos
Première partie - La violence éducative et ses effets sur les individus et les relations interpersonnelles
Chapitre I - Définition et nature de la violence éducative ordinaire
Chapitre II - Effets de la violence éducative sur ses victimes
Chapitre III - Violence éducative et relations interpersonnelles
Chapitre IV - L'apport de la neurobiologie à la compréhension des effets de la violence éducative
Chapitre V - Violence éducative et comportements innés
Deuxième partie - Violence éducative ordinaire et culture
Chapitre I - La violence éducative de ses origines à ses répercussions religieuses
Chapitre II - Un avatar du péché originel : la férocité animale de l'enfant et de l'homme
Chapitre III - Un nouvel avatar du péché originel et de la bestialité : la théorie des pulsions
Chapitre IV - Résistance des autorités médicales à la révélation de la maltraitance et des abus sexuels
Chapitre V - Une source d'illusion : la résilience
Chapitre VI - Violence éducative et littérature, ou la cécité et le silence des écrivains
Chapitre VII - Méconnaissance de la violence éducative dans les grandes études sur la violence
Chapitre VIII - La violence éducative ordinaire : une pratique culturelle dénaturante
Chapitre IX - Résistance de la violence éducative à sa remise en question
Troisième partie - Sortir de la violence éducative
Chapitre I - Réhabiliter notre vision de l'enfant, et donc de l'homme
Chapitre II - Prémisses d'un changement
Conclusion - Et si la nature humaine était bonne
Annexes
1. Violences dans les institutions.
2. Précisions sur les effets du stress sur la santé.
3. Effets du stress sur la mémoire.
4. Violence éducative chez les !Kung.
Nombre de pages : 356
Un fait curieux (A l'attention des partisans de la non-violence)
Nous, qui nous disons non-violents ou partisans de la non-violence, devrions être attentifs à un fait curieux. Pendant des dizaines d'années, en général depuis leur création, les mouvements et journaux non-violents ne se sont absolument pas intéressés à la violence première, chronologiquement, dans la vie de chaque individu, celle que subissent les enfants, dès leur plus jeune âge, de la main même de leurs parents ou de leurs éducateurs. Non pas la maltraitance, mais la violence éducative ordinaire des tapes, gifles et fessées à laquelle recourent 90% des parents et que subissent 90% des enfants. Certains même continuent à ne pas s'y intéresser, et s'irritent même parfois quand on veut attirer leur attention sur ce sujet. Comme s'il était ridicule de penser que le fait de frapper les enfants au moment où ils sont le plus sensibles, le plus malléables, où leur cerveau est en pleine formation, ait des conséquences néfastes sur leur relation avec la violence. Moi-même qui suis aujourd'hui convaincu que la violence éducative est une des sources principales de la violence des adultes, il m'a fallu attendre l'âge de cinquante ans, dont près de trente passés à prêcher la non-violence, pour que j'en prenne conscience en lisant le livre d'Alice Miller : "C'est pour ton bien" (Éditions Aubier). Et il est très intéressant de se demander pourquoi nous avons manifesté cette indifférence, cette ignorance, ce refus de prendre au sérieux la violence éducative comme source de la violence. La raison est en fait très simple. L'enfant de un an ou deux qui est frappé par ses parents qu'il aime et dont il est entièrement dépendant, n'a aucun moyen de juger ce qu'il subit. Si on le frappe, c'est qu'il est désobéissant, méchant, minable, et il le mérite bien. Les coups qu'ils reçoit lui donnent honte d'être lui-même. Devenu adulte, il ne pourra les regarder qu'avec un sentiment de honte, n'en parler que sur un ton de dérision ou en affirmant que les coups qu'il a reçus lui ont fait le plus grand bien, ou même les oublier complètement. Mais il lui sera presque impossible de les remettre en question. Et il sera convaincu qu'on ne peut pas élever les enfants autrement. Ce qui fait que, même s'il s'oppose plus tard à la violence et prêche la non-violence, il ne lui viendra pas à l'idée d'établir le moindre rapport entre la violence contre laquelle il combat et les "bonnes fessées" ou "bonnes gifles" qu'il a subies. Ce qui est vrai des non-violents est vrai aussi, bien entendu, de tous les adultes. Dans tous les ouvrages sur les causes de la violence, il est rarissime de voir sérieusement prise en compte la violence éducative, même, il faut le souligner, dans les pays où le niveau de cette violence est très élevé, comme par exemple les pays africains où la bastonnade est infligée à 90% des enfants, non pas par maltraitance, mais "pour leur bien". D'ailleurs, très peu de spécialistes des sciences humaines s'intéressent à ce sujet. Il a fallu une évolution de plusieurs siècles pour que les pays européens commencent à prendre conscience des effets néfastes de la violence éducative et pour que l'intensité de cette violence y baisse. Aujourd'hui, cette prise de conscience se manifeste au niveau des plus hautes instances internationales (Comité des droits de l'enfant de l'ONU, Organisation Mondiale de la Santé qui, en novembre 2002, a publié un rapport sur la violence qui dénonce les dangers des punitions corporelles). Mais elle est très loin de s'être effectuée dans l'ensemble de l'opinion publique, y compris de l'opinion publique non-violente. La réduction du niveau de la violence éducative est pourtant une condition essentielle pour que la non-violence cesse d'être minoritaire et s'installe comme un comportement général et permanent. Si nous ne nous attaquons pas à ce qui est, plus encore je crois que l'injustice sociale, la "violence mère", tous nos efforts pour prêcher la non-violence seront perpétuellement submergés par le dressage à la violence subi "pour leur bien" par la majorité des enfants du monde. Pendant que nous nous efforcerons laborieusement de convaincre, le plus souvent avec des moyens dérisoires, une infime minorité d'adultes, la violence éducative transmise de génération en génération par les parents, formera à la violence et à la soumission à la violence, des cohortes d'enfants.
Signature :
Olivier Maurel
Lire plus
Signature :
Olivier Maurel
Appel aux associations pour protéger les enfants contre toute violence Appel à signer par les associations et à diffuser
Pourquoi appelle-t-on cruauté le fait de frapper un animal agression le fait de frapper un adulte et éducation le fait de frapper une enfant ?
Pour faire avancer la cause de la protection des enfants contre toute forme de violence, nos trois associations, l'"Observatoire de la Violence Educative Ordinaire", "Ni claques ni fessées" et "Stop Violence Stop Maltraitance", lancent un appel collectif en vue d'obtenir l'interdiction des punitions corporelles.
Le danger de ces punitions est largement établi. Si vous souhaitez un complément d'information sur ce sujet, rendez vous par exemple sur ce site : http://www.niclaquesnifessees.org/arguments.html
L'appel, que vous trouverez en pièce jointe, peut être signé par toutes les associations qui le souhaitent. A la date du 19 juin 2007, il a déjà été signé par 131 associations françaises de la métropole et d'outre-mer (voir liste ci-dessous).
En revanche, ne l'ont pas signé, pour une raison qu'elles ne nous ont pas communiquée, de grandes associations qui disent pourtant avoir pour mission de protéger les droits de l'enfant et les droits de l'homme : La Ligue des Droits de l'Homme, La Voix de l'enfant, Enfance et Partage. L'ACAT, association des Chrétiens contre la Torture, qui ne se contente pas de lutter contre la torture politique puisqu'elle agit aussi contre les violences faites aux femmes, nous a fait dire, après avoir été maintes fois relancée, qu'elle nous répondrait mais ne l'a pas encore fait à la date du 19 juin 2007.
Cet appel a été communiqué à la Défenseure des enfants. Il sera communiqué, à la rentrée de septembre 2007 aux députés, au ministère de la Famille et au Premier ministre.
Acceptez-vous de signer cet appel au nom de votre association ? Si c'est le cas, merci de nous envoyer vos coordonnées précises (adresse postale, site éventuel, nom du président, n° de téléphone où vous joindre).
Merci pour votre signature ou, éventuellement, vos remarques et critiques.
Jacqueline Cornet (Association Ni claques ni fessées), Olivier Maurel (Observatoire de la Violence Educative Ordinaire), Jacques Barbier (Stop Violence Stop Maltraitance)
Appel pour la protection des enfants contre toute forme de violence
Les associations soussignées, considérant :
- que la France a signé et ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant, entrée en application le 6 novembre 1990 et dont l'article 19 demande à tous les États de "protéger l'enfant contre toute forme de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales" ;
- que la France a signé et ratifié la Charte sociale européenne le 7 mai 1999, charte dont l'article 17 "exige une interdiction en droit de toute forme de violence à l'encontre des enfants, que ce soit à l'école ou dans d'autres institutions, à leur foyer ou ailleurs" ;
- que l'article 55 de la Constitution française stipule que "les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois" ;
- que l'état actuel de la législation française met les juges en grande difficulté (l'article 222-13 du Code Pénal condamne sévèrement les "coups et blessures volontaires", avec circonstances aggravantes lorsque les auteurs sont des ascendants ou des personnes ayant autorité sur les enfants. Mais les juges, devant l'importance des amendes et des peines d'emprisonnement encourues, préfèrent penser que les punitions corporelles, si elles n'ont pas entraîné de blessure notable, ne sont pas des "coups et blessures volontaires", mais de simples "punitions à visée pédagogique", ce qui les amène à prononcer des non-lieux. La jurisprudence confirme bien ainsi que les punitions corporelles échappent actuellement en France à toute législation) ;
- que la Commission européenne des droits de l'homme et la Cour européenne des droits de l'homme ont déclaré que les châtiments corporels infligés aux enfants violaient la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
- que l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a demandé à tous les États européens, le 24 juin 2004, d'interdire le châtiment corpore
En plus des trois associations initiatrices de cet appel, ont accepté de le signer :
4 - Grandir autrement (38)
5 - La Grande Ourse (71)
6 - Nature et Bébé (82)
7 -Liberté Ecoute Accompagnement (22)
8 - Naître et Grandir Tout Simplement (83)
9 - Couleur Bébé (35)
10 - Idées pour les parents (92)
11 - Naitre Et Grandir Ensemble (28)
12 - Parents autrement (92)
13 - Institut Le Cun du Larzac (12)
14 - La Mouette (47) II
15 - L'Enfant et la Vie (59)
16 - Alliance Francophone pour l'accouchement respecté (47)
17 - Kumkwaya (95)
18 - Zèbre Zen (13)
19 - Maison des droits de l'enfant de Châteauroux (36).
20 - Peau à Peau PACA (06)
21 - Coeur de famille Tarbes (65)
22 - Choisir - Naître - Grandir (37)
23 - Les Enfants d'abord (03)
24 - La Parent'Aise (83)
25 - Centre de ressources sur la non-violence de Midi-Pyrénées (31)
26 - Ma terre née (76)
27 - Mouvement pour une Alternative Non-violente - Île-de-France (75)
28 - ABCD'AIR (94)
29 - Construisons la paix (34)
30 - Centre des Buttes-Chaumont (75)
31 - MIESGUI (51)
32 - Agir pour nos enfants (91)
33 - Association Familiale Laïque Transition (83)
34 - Cent Familles (92)
35 - Mouvement pour une Alternative Non-violente Pays-de-Vitré (35)
36 - L'Arbre à bébés (18)
37 - Parents naturellement (06)
38 - Enfant en danger (05)
39 - Institut Formation Mouvement AlternativeNon-violente Méditerranée (13)
40 - Enfants et Espoir (83)
41 - Cafézoïde (75)
42 - Matérabébé (70)
43 - Tout naturellement (81)
44 - Grands Parents en Danger France, Délégation RHONE LOIRE AUVERGNE (43)
45 - Sanviolentine Lorraine (54)
46 - Centre Quaker International de Paris (75)
47 - Innocence en danger (75)
48 - Ouvert et durable (83)
49 - Pom d'Amour (97)
50 - Observatoire national d'étude des conduites à risques (89)
51 - Corps et Voix (83)
52 - Espace Enfant (97)
53 - Jamais dans l'oubli (13)
54 - Association française de Naissance Aquatique (64)
55 - Association Doulas de France (93)
56 - Etoile de mère (81)
57 - Défense des Enfants International (section française) (93)
58 - Guyane Allaitement, L'Or blanc (97)
59 - Maternerbio (33)
60 - Clés pour l'enfance (06)
61 - Association Familiale Aubes (97)
62 - Médiation Aveyron (12)
63 - Orphelins sans frontières (47)
64 - Corps-Accords, Naissance et Parentalité (33)
65 - Savoir-être & Education (75)
66 - Bienvenue à bébé (31)
67 - Petit d'homme naturellement (95)
68 - Au Fil du corps (22)
69 - Les Grands Parrains (94)
70 - Libre Cours (31)
71 - Naturellement bébé (94)
72 - Aux couleurs de l'enfance (13)
73 - Mouvement pour une Alternative Non-violente Montpellier (34)
74 - Alternatif Concept (13)
75 - Les Toiles de vie (39)
76 - La Véranda (13)
77 - La Maison de l'Enfant (05)
78 - Office Central de la Coopération à l'Ecole (OCCE) (75)
79 - La Ferme des Enfants (07)
80 - Mouvement pour une Alternative Non-violente Côte-d'Or (21)
81 - Naître en Bourgogne (21)
82 - Peau d'âme (38)
83 - Peau-à-Peau Île-de-France (75)
84 - Harmonaissance (77)
85 - Un Bébé au naturel (31)
86 - Partage Zen (80)
87 - Grandir ensemble (85)
88 - Bien-traitance Formation et Recherche (75)
89 - ICEM Nord (59)
90 - Recréés (Réseau d'Enfants CRéatifs et Ecologiquement Solidaires (84)
91 - ICEM Pédagogie Freinet (75)
92 - Matern' et Lait (76)
93 - La Ronde des bébés (75)
94 - Naître et Bien-Être (74)
95 - Condition paternelle (06)
96 - Association française de massage pour bébé (33)
97 - PARENTS (Parentalité Autonome, Responsable et Eclairée - Naître, Tout Simplement) (63)
98 - La Cause des bébés (92)
99 - Institut Artésien de l'Ecole Moderne - Pédagogie Freinet (62)
100 - Familles Rurales - La Roue Enfantine (60)
101 - FCPE du Rhône (69)
102 - SOS Violences conjugales (19)
103 - APORS (Association pour la Promotion et l'Organisation du Réseau de Proximité Santé Précarité) (13)
104 - Peau-à-peau Nord (59)
105 - Le Ronds dans l'eau (31)
106 - Douce Naissance (62)
107 - Graine de Citoyen (49)
108 - S
Lire plus
Pour faire avancer la cause de la protection des enfants contre toute forme de violence, nos trois associations, l'"Observatoire de la Violence Educative Ordinaire", "Ni claques ni fessées" et "Stop Violence Stop Maltraitance", lancent un appel collectif en vue d'obtenir l'interdiction des punitions corporelles.
Le danger de ces punitions est largement établi. Si vous souhaitez un complément d'information sur ce sujet, rendez vous par exemple sur ce site : http://www.niclaquesnifessees.org/arguments.html
L'appel, que vous trouverez en pièce jointe, peut être signé par toutes les associations qui le souhaitent. A la date du 19 juin 2007, il a déjà été signé par 131 associations françaises de la métropole et d'outre-mer (voir liste ci-dessous).
En revanche, ne l'ont pas signé, pour une raison qu'elles ne nous ont pas communiquée, de grandes associations qui disent pourtant avoir pour mission de protéger les droits de l'enfant et les droits de l'homme : La Ligue des Droits de l'Homme, La Voix de l'enfant, Enfance et Partage. L'ACAT, association des Chrétiens contre la Torture, qui ne se contente pas de lutter contre la torture politique puisqu'elle agit aussi contre les violences faites aux femmes, nous a fait dire, après avoir été maintes fois relancée, qu'elle nous répondrait mais ne l'a pas encore fait à la date du 19 juin 2007.
Cet appel a été communiqué à la Défenseure des enfants. Il sera communiqué, à la rentrée de septembre 2007 aux députés, au ministère de la Famille et au Premier ministre.
Acceptez-vous de signer cet appel au nom de votre association ? Si c'est le cas, merci de nous envoyer vos coordonnées précises (adresse postale, site éventuel, nom du président, n° de téléphone où vous joindre).
Merci pour votre signature ou, éventuellement, vos remarques et critiques.
Jacqueline Cornet (Association Ni claques ni fessées), Olivier Maurel (Observatoire de la Violence Educative Ordinaire), Jacques Barbier (Stop Violence Stop Maltraitance)
Appel pour la protection des enfants contre toute forme de violence
Les associations soussignées, considérant :
- que la France a signé et ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant, entrée en application le 6 novembre 1990 et dont l'article 19 demande à tous les États de "protéger l'enfant contre toute forme de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales" ;
- que la France a signé et ratifié la Charte sociale européenne le 7 mai 1999, charte dont l'article 17 "exige une interdiction en droit de toute forme de violence à l'encontre des enfants, que ce soit à l'école ou dans d'autres institutions, à leur foyer ou ailleurs" ;
- que l'article 55 de la Constitution française stipule que "les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois" ;
- que l'état actuel de la législation française met les juges en grande difficulté (l'article 222-13 du Code Pénal condamne sévèrement les "coups et blessures volontaires", avec circonstances aggravantes lorsque les auteurs sont des ascendants ou des personnes ayant autorité sur les enfants. Mais les juges, devant l'importance des amendes et des peines d'emprisonnement encourues, préfèrent penser que les punitions corporelles, si elles n'ont pas entraîné de blessure notable, ne sont pas des "coups et blessures volontaires", mais de simples "punitions à visée pédagogique", ce qui les amène à prononcer des non-lieux. La jurisprudence confirme bien ainsi que les punitions corporelles échappent actuellement en France à toute législation) ;
- que la Commission européenne des droits de l'homme et la Cour européenne des droits de l'homme ont déclaré que les châtiments corporels infligés aux enfants violaient la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
- que l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a demandé à tous les États européens, le 24 juin 2004, d'interdire le châtiment corpore
En plus des trois associations initiatrices de cet appel, ont accepté de le signer :
4 - Grandir autrement (38)
5 - La Grande Ourse (71)
6 - Nature et Bébé (82)
7 -Liberté Ecoute Accompagnement (22)
8 - Naître et Grandir Tout Simplement (83)
9 - Couleur Bébé (35)
10 - Idées pour les parents (92)
11 - Naitre Et Grandir Ensemble (28)
12 - Parents autrement (92)
13 - Institut Le Cun du Larzac (12)
14 - La Mouette (47) II
15 - L'Enfant et la Vie (59)
16 - Alliance Francophone pour l'accouchement respecté (47)
17 - Kumkwaya (95)
18 - Zèbre Zen (13)
19 - Maison des droits de l'enfant de Châteauroux (36).
20 - Peau à Peau PACA (06)
21 - Coeur de famille Tarbes (65)
22 - Choisir - Naître - Grandir (37)
23 - Les Enfants d'abord (03)
24 - La Parent'Aise (83)
25 - Centre de ressources sur la non-violence de Midi-Pyrénées (31)
26 - Ma terre née (76)
27 - Mouvement pour une Alternative Non-violente - Île-de-France (75)
28 - ABCD'AIR (94)
29 - Construisons la paix (34)
30 - Centre des Buttes-Chaumont (75)
31 - MIESGUI (51)
32 - Agir pour nos enfants (91)
33 - Association Familiale Laïque Transition (83)
34 - Cent Familles (92)
35 - Mouvement pour une Alternative Non-violente Pays-de-Vitré (35)
36 - L'Arbre à bébés (18)
37 - Parents naturellement (06)
38 - Enfant en danger (05)
39 - Institut Formation Mouvement AlternativeNon-violente Méditerranée (13)
40 - Enfants et Espoir (83)
41 - Cafézoïde (75)
42 - Matérabébé (70)
43 - Tout naturellement (81)
44 - Grands Parents en Danger France, Délégation RHONE LOIRE AUVERGNE (43)
45 - Sanviolentine Lorraine (54)
46 - Centre Quaker International de Paris (75)
47 - Innocence en danger (75)
48 - Ouvert et durable (83)
49 - Pom d'Amour (97)
50 - Observatoire national d'étude des conduites à risques (89)
51 - Corps et Voix (83)
52 - Espace Enfant (97)
53 - Jamais dans l'oubli (13)
54 - Association française de Naissance Aquatique (64)
55 - Association Doulas de France (93)
56 - Etoile de mère (81)
57 - Défense des Enfants International (section française) (93)
58 - Guyane Allaitement, L'Or blanc (97)
59 - Maternerbio (33)
60 - Clés pour l'enfance (06)
61 - Association Familiale Aubes (97)
62 - Médiation Aveyron (12)
63 - Orphelins sans frontières (47)
64 - Corps-Accords, Naissance et Parentalité (33)
65 - Savoir-être & Education (75)
66 - Bienvenue à bébé (31)
67 - Petit d'homme naturellement (95)
68 - Au Fil du corps (22)
69 - Les Grands Parrains (94)
70 - Libre Cours (31)
71 - Naturellement bébé (94)
72 - Aux couleurs de l'enfance (13)
73 - Mouvement pour une Alternative Non-violente Montpellier (34)
74 - Alternatif Concept (13)
75 - Les Toiles de vie (39)
76 - La Véranda (13)
77 - La Maison de l'Enfant (05)
78 - Office Central de la Coopération à l'Ecole (OCCE) (75)
79 - La Ferme des Enfants (07)
80 - Mouvement pour une Alternative Non-violente Côte-d'Or (21)
81 - Naître en Bourgogne (21)
82 - Peau d'âme (38)
83 - Peau-à-Peau Île-de-France (75)
84 - Harmonaissance (77)
85 - Un Bébé au naturel (31)
86 - Partage Zen (80)
87 - Grandir ensemble (85)
88 - Bien-traitance Formation et Recherche (75)
89 - ICEM Nord (59)
90 - Recréés (Réseau d'Enfants CRéatifs et Ecologiquement Solidaires (84)
91 - ICEM Pédagogie Freinet (75)
92 - Matern' et Lait (76)
93 - La Ronde des bébés (75)
94 - Naître et Bien-Être (74)
95 - Condition paternelle (06)
96 - Association française de massage pour bébé (33)
97 - PARENTS (Parentalité Autonome, Responsable et Eclairée - Naître, Tout Simplement) (63)
98 - La Cause des bébés (92)
99 - Institut Artésien de l'Ecole Moderne - Pédagogie Freinet (62)
100 - Familles Rurales - La Roue Enfantine (60)
101 - FCPE du Rhône (69)
102 - SOS Violences conjugales (19)
103 - APORS (Association pour la Promotion et l'Organisation du Réseau de Proximité Santé Précarité) (13)
104 - Peau-à-peau Nord (59)
105 - Le Ronds dans l'eau (31)
106 - Douce Naissance (62)
107 - Graine de Citoyen (49)
108 - S
Lettre à un rabbin sur la violence éducative
Citation :
"La dernière chose dont prend conscience le poisson, c'est de l'eau de son bocal" Proverbe.
Dans mon travail de recherche sur la violence, je lis la majorité des livres qui portent sur ce sujet.
Je viens ainsi de lire l'ouvrage collectif : La Violence, Ce qu'en disent les religions (Éditions de l'Atelier, Éditions ouvrières, 2002). Ce livre a été réalisé sous la direction du philosophe Philippe Gaudin. Cinq religions y sont représentées, chacune par un spécialiste. L'hindouisme est représenté par Véronique Bouillier, directrice de recherche au CNRS et ethnologue, le christianisme par le pasteur François Clavairoly, de l'Église réformée de France, le judaïsme par le rabbin Daniel Farhi, du Mouvement juif libéral de France, l'islam par Mehrézia Labidi-Maïza, traductrice et spécialiste des textes sur l'islam et la société arabo-musulmane, et enfin le bouddhisme par Fabrice Midal, docteur en philosophie et auteur d'ouvrages sur le bouddhisme tibétain.
Ce livre est intéressant et écrit par des auteurs soucieux de lutter contre la violence et pour la paix. Mais je le lisais surtout pour voir si la violence éducative était prise en compte parmi les causes possibles de la violence.
Or, une fois de plus, et même si je commence à y être habitué, j'ai ressenti une sorte de désespoir à voir qu'aucun de ces auteurs n'a mentionné à aucun moment la violence éducative comme source possible de la violence humaine.
J'avoue que je trouve assez extraordinaire l'attitude des religions et des croyants qui disent vouloir lutter contre la violence et ne prêtent pas la moindre attention au fait que depuis des millénaires, la quasi totalité des enfants reçoivent leur première initiation à la violence de la main même de leurs parents puis de leurs maîtres ! Pourtant, ne serait-il pas logique, quand on constate une violence en aval, d'aller chercher en amont ce qui a pu provoquer cette violence ? Mais non !
Alors, on propose toutes sortes de moyens du genre de la prière, de l'ascèse, de l'étude, de la lutte contre les passions, du lâcher-prise, tous moyens fort difficile en fait à mettre en pratique et dont l'expérience des religions elles-mêmes montre que leur efficacité est très relative, vu qu'on ne s'étripe jamais aussi bien qu'entre pieux coreligionnaires.
J'ai appris depuis un certain temps à ne pas trop me laisser aller à la colère devant un tel manque de lucidité, d'autant plus que je sais bien que si je n'avais pas lu les livres d'Alice Miller, j'en serais encore moi aussi à errer à la recherche des causes de la violence.
Mais dans ces cas-là, j'écris quand même aux auteurs pour leur signaler qu'il faudrait un peu prêter attention à ce qui se passe dans l'enfance des petits des hommes.
En l'occurrence, j'ai adressé ma lettre au Rabbin Daniel Farhi parce que c'est dans la Bible qu'on trouve la plus précise incitation à la violence éducative sous la forme de nombreux proverbes et j'ai trouvé étonnant qu'il n'en ait pas dit un mot. J'ai ensuite transmis ma lettre au rabbin Farhi aux cinq autres auteurs.
Voici le texte de cette lettre :
Monsieur le Rabbin,
Je viens de lire le chapitre que vous avez consacré, dans l'ouvrage collectif La Violence, ce qu'en disent les religions, au Judaïsme devant la violence de la Bible.
Ce chapitre m'a beaucoup intéressé. Mais je dois dire que j'ai été surpris par le fait que vous n'y mentionnez à aucun moment une forme de violence pourtant bien présente dans la Bible et particulièrement importante puisqu'elle concerne l'éducation des enfants et peut donc avoir une incidence directe sur leur comportement une fois devenus adolescents et adultes.
Je veux parler des multiples proverbes qui, dans le livre des Proverbes, recommandent de frapper les enfants pour les faire obéir.
Il est indéniable que ces proverbes ont eu une influence majeure à la fois sur le judaïsme, sur le christianisme et sur l'islam. Dans les familles et dans les établissements d'enseignement religieux, on a battu les enfants en toute bonne conscience pour leur obéir, et on continue actuellement à le faire dans beaucoup de
Signature :
Olivier Maurel, le 11 février 2007
Lire plus
"La dernière chose dont prend conscience le poisson, c'est de l'eau de son bocal" Proverbe.
Dans mon travail de recherche sur la violence, je lis la majorité des livres qui portent sur ce sujet.
Je viens ainsi de lire l'ouvrage collectif : La Violence, Ce qu'en disent les religions (Éditions de l'Atelier, Éditions ouvrières, 2002). Ce livre a été réalisé sous la direction du philosophe Philippe Gaudin. Cinq religions y sont représentées, chacune par un spécialiste. L'hindouisme est représenté par Véronique Bouillier, directrice de recherche au CNRS et ethnologue, le christianisme par le pasteur François Clavairoly, de l'Église réformée de France, le judaïsme par le rabbin Daniel Farhi, du Mouvement juif libéral de France, l'islam par Mehrézia Labidi-Maïza, traductrice et spécialiste des textes sur l'islam et la société arabo-musulmane, et enfin le bouddhisme par Fabrice Midal, docteur en philosophie et auteur d'ouvrages sur le bouddhisme tibétain.
Ce livre est intéressant et écrit par des auteurs soucieux de lutter contre la violence et pour la paix. Mais je le lisais surtout pour voir si la violence éducative était prise en compte parmi les causes possibles de la violence.
Or, une fois de plus, et même si je commence à y être habitué, j'ai ressenti une sorte de désespoir à voir qu'aucun de ces auteurs n'a mentionné à aucun moment la violence éducative comme source possible de la violence humaine.
J'avoue que je trouve assez extraordinaire l'attitude des religions et des croyants qui disent vouloir lutter contre la violence et ne prêtent pas la moindre attention au fait que depuis des millénaires, la quasi totalité des enfants reçoivent leur première initiation à la violence de la main même de leurs parents puis de leurs maîtres ! Pourtant, ne serait-il pas logique, quand on constate une violence en aval, d'aller chercher en amont ce qui a pu provoquer cette violence ? Mais non !
Alors, on propose toutes sortes de moyens du genre de la prière, de l'ascèse, de l'étude, de la lutte contre les passions, du lâcher-prise, tous moyens fort difficile en fait à mettre en pratique et dont l'expérience des religions elles-mêmes montre que leur efficacité est très relative, vu qu'on ne s'étripe jamais aussi bien qu'entre pieux coreligionnaires.
J'ai appris depuis un certain temps à ne pas trop me laisser aller à la colère devant un tel manque de lucidité, d'autant plus que je sais bien que si je n'avais pas lu les livres d'Alice Miller, j'en serais encore moi aussi à errer à la recherche des causes de la violence.
Mais dans ces cas-là, j'écris quand même aux auteurs pour leur signaler qu'il faudrait un peu prêter attention à ce qui se passe dans l'enfance des petits des hommes.
En l'occurrence, j'ai adressé ma lettre au Rabbin Daniel Farhi parce que c'est dans la Bible qu'on trouve la plus précise incitation à la violence éducative sous la forme de nombreux proverbes et j'ai trouvé étonnant qu'il n'en ait pas dit un mot. J'ai ensuite transmis ma lettre au rabbin Farhi aux cinq autres auteurs.
Voici le texte de cette lettre :
Monsieur le Rabbin,
Je viens de lire le chapitre que vous avez consacré, dans l'ouvrage collectif La Violence, ce qu'en disent les religions, au Judaïsme devant la violence de la Bible.
Ce chapitre m'a beaucoup intéressé. Mais je dois dire que j'ai été surpris par le fait que vous n'y mentionnez à aucun moment une forme de violence pourtant bien présente dans la Bible et particulièrement importante puisqu'elle concerne l'éducation des enfants et peut donc avoir une incidence directe sur leur comportement une fois devenus adolescents et adultes.
Je veux parler des multiples proverbes qui, dans le livre des Proverbes, recommandent de frapper les enfants pour les faire obéir.
Il est indéniable que ces proverbes ont eu une influence majeure à la fois sur le judaïsme, sur le christianisme et sur l'islam. Dans les familles et dans les établissements d'enseignement religieux, on a battu les enfants en toute bonne conscience pour leur obéir, et on continue actuellement à le faire dans beaucoup de
Signature :
Olivier Maurel, le 11 février 2007
Un si fragile vernis d'humanité : banalité du mal, banalité du bien de Michel Terestchenko
Citation :
Un livre qui renouvelle enfin notre vision de l'homme
Le livre de Michel Terestchenko "Un si fragile vernis d'humanité, Banalité du mal, banalité du bien" (La Découverte) est une véritable bouffée d'air dans le pessimisme philosophique ambiant.
Il rompt en effet avec une tradition multiséculaire, remontant au moins à saint Augustin, qui fait de l'égoïsme le fond naturel de l'homme.
Et le paradoxe, c'est qu'il le fait sans la moindre complaisance en s'appuyant sur des expériences à mille lieues de tout optimisme béat : celles de Milgram sur la soumission à l'autorité, celles de Philip Zimbardo sur la "prison de Stanford", celles de Latané et Darley sur la passivité), ainsi que sur les réalités les plus sinistres du XXe siècle (témoignage du commandant du camp de Treblinka, livre de Christopher Browning sur le 101e bataillon de réserve de la police allemande).
A ces réalités terribles qui pourraient être désespérantes, Michel Terestchenko oppose le comportement des "justes" qui ont sauvé, au péril de leur propre vie, la vie de milliers de juifs (deux chapitres bouleversants sur Giorgio Perlasca et sur le village de Chambon sur Lignon). Où ces "justes" ont-ils puisé leur courage et leur humanité si l'homme n'est vraiment qu'égoïsme?
Avec une rigueur constante, Michel Terestchenko recherche la source de cet héroïsme.
Et il la trouve non pas dans le caractère exceptionnel de ces hommes et de ces femmes qui tous ont dit, au contraire, qu'ils avaient agi naturellement et qu'il leur aurait été impossible de se conduire autrement, mais dans leur simple "présence à soi" qui les a rendus capables non seulement d'éprouver de la compassion pour ceux qu'ils ont sauvé, mais aussi d'agir et d'agir intelligemment et efficacement. La condition nécessaire pour cela, ce n'est pas d'être un surhomme, c'est d'être simplement un homme et d'avoir toute sa personnalité disponible au moment voulu avec toutes ses capacités. Chose rare, malheureusement. Pourquoi?
Michel Terestchenko nous donne la réponse. Cette réponse n'est pas le résultat d'un raisonnement abstrait, mais elle s'appuie sur une enquête rigoureuse, celle qui a été menée précisément sur plus de quatre cents "justes" par Samuel et Pearl Oliner. Le point que ces hommes et ces femmes ont eu en commun, écrit Michel Terestchenko, ce sont, dans leur enfance, "des relations familiales faites d'affection et de confiance, un certain type d'éducation non autoritaire et qui transmette les valeurs de l'aide". Voilà de quoi bousculer bien des idées actuelles sur l'éducation selon lesquelles il faudrait "serrer la vis" aux enfants pour en faire des hommes!
Autrement dit, le livre de Michel Terestchenko rejoint les conclusions des livres d'Alice Miller dont les idées le complètent très utilement. En effet, les idées d'Alice Miller permettent de répondre à la question que pose Michel Terestchenko : ""La question est de savoir pourquoi l'égoïsme psychologique jouit d'un tel privilège dans l'interprétation des motivations humaines".
Quand on tient compte, comme l'a fait Alice Miller, de cette réalité méconnue et pourtant quasi universelle de la violence éducative, celle qu'on utilise pour faire obéir les enfants, il devient aisé de comprendre pourquoi seule une minorité d'hommes et de femmes qui ont été respectés ou qui ont compris que ce qu'on leur a infligé pour les faire obéir était un mal, sont capables de se conduire humainement dans les pires circonstances.
Et l'on comprend aisément aussi pourquoi l'égoïsme a été considéré comme la principale motivation humaine. Une des premières choses qu'apprend l'enfant quand il est traité avec violence par ses parents, même si cette violence est faible, c'est qu'il est méchant, mauvais, désobéissant, minable, égoïste. Et comme ce sont les êtres qu'il aime le plus au monde et dont il est entièrement dépendant qui le lui disent, il en est convaincu et il en reste convaincu toute sa vie. Et comme il voit qu'autour de lui tous les enfants sont frappés, il est convaincu que les autres enfants sont comme lui et que l'humanité est mauvaise dès le départ. Et quand ces enfants deviennent philosophes ou moralistes et s'appellent Augustin, La Rochefoucauld, Kant ou Freud, ils s'acharnent à prouver que l'hom
Signature :
Olivier Maurel
Un si fragile vernis d'humanité : banalité du mal, banalité du bien, de Michel Terestchenko
Paris, la Découverte, MAUSS (Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales), 2005
ISBN 2-7071-4612-9
Lire plus
Un livre qui renouvelle enfin notre vision de l'homme
Le livre de Michel Terestchenko "Un si fragile vernis d'humanité, Banalité du mal, banalité du bien" (La Découverte) est une véritable bouffée d'air dans le pessimisme philosophique ambiant.
Il rompt en effet avec une tradition multiséculaire, remontant au moins à saint Augustin, qui fait de l'égoïsme le fond naturel de l'homme.
Et le paradoxe, c'est qu'il le fait sans la moindre complaisance en s'appuyant sur des expériences à mille lieues de tout optimisme béat : celles de Milgram sur la soumission à l'autorité, celles de Philip Zimbardo sur la "prison de Stanford", celles de Latané et Darley sur la passivité), ainsi que sur les réalités les plus sinistres du XXe siècle (témoignage du commandant du camp de Treblinka, livre de Christopher Browning sur le 101e bataillon de réserve de la police allemande).
A ces réalités terribles qui pourraient être désespérantes, Michel Terestchenko oppose le comportement des "justes" qui ont sauvé, au péril de leur propre vie, la vie de milliers de juifs (deux chapitres bouleversants sur Giorgio Perlasca et sur le village de Chambon sur Lignon). Où ces "justes" ont-ils puisé leur courage et leur humanité si l'homme n'est vraiment qu'égoïsme?
Avec une rigueur constante, Michel Terestchenko recherche la source de cet héroïsme.
Et il la trouve non pas dans le caractère exceptionnel de ces hommes et de ces femmes qui tous ont dit, au contraire, qu'ils avaient agi naturellement et qu'il leur aurait été impossible de se conduire autrement, mais dans leur simple "présence à soi" qui les a rendus capables non seulement d'éprouver de la compassion pour ceux qu'ils ont sauvé, mais aussi d'agir et d'agir intelligemment et efficacement. La condition nécessaire pour cela, ce n'est pas d'être un surhomme, c'est d'être simplement un homme et d'avoir toute sa personnalité disponible au moment voulu avec toutes ses capacités. Chose rare, malheureusement. Pourquoi?
Michel Terestchenko nous donne la réponse. Cette réponse n'est pas le résultat d'un raisonnement abstrait, mais elle s'appuie sur une enquête rigoureuse, celle qui a été menée précisément sur plus de quatre cents "justes" par Samuel et Pearl Oliner. Le point que ces hommes et ces femmes ont eu en commun, écrit Michel Terestchenko, ce sont, dans leur enfance, "des relations familiales faites d'affection et de confiance, un certain type d'éducation non autoritaire et qui transmette les valeurs de l'aide". Voilà de quoi bousculer bien des idées actuelles sur l'éducation selon lesquelles il faudrait "serrer la vis" aux enfants pour en faire des hommes!
Autrement dit, le livre de Michel Terestchenko rejoint les conclusions des livres d'Alice Miller dont les idées le complètent très utilement. En effet, les idées d'Alice Miller permettent de répondre à la question que pose Michel Terestchenko : ""La question est de savoir pourquoi l'égoïsme psychologique jouit d'un tel privilège dans l'interprétation des motivations humaines".
Quand on tient compte, comme l'a fait Alice Miller, de cette réalité méconnue et pourtant quasi universelle de la violence éducative, celle qu'on utilise pour faire obéir les enfants, il devient aisé de comprendre pourquoi seule une minorité d'hommes et de femmes qui ont été respectés ou qui ont compris que ce qu'on leur a infligé pour les faire obéir était un mal, sont capables de se conduire humainement dans les pires circonstances.
Et l'on comprend aisément aussi pourquoi l'égoïsme a été considéré comme la principale motivation humaine. Une des premières choses qu'apprend l'enfant quand il est traité avec violence par ses parents, même si cette violence est faible, c'est qu'il est méchant, mauvais, désobéissant, minable, égoïste. Et comme ce sont les êtres qu'il aime le plus au monde et dont il est entièrement dépendant qui le lui disent, il en est convaincu et il en reste convaincu toute sa vie. Et comme il voit qu'autour de lui tous les enfants sont frappés, il est convaincu que les autres enfants sont comme lui et que l'humanité est mauvaise dès le départ. Et quand ces enfants deviennent philosophes ou moralistes et s'appellent Augustin, La Rochefoucauld, Kant ou Freud, ils s'acharnent à prouver que l'hom
Signature :
Olivier Maurel
Un si fragile vernis d'humanité : banalité du mal, banalité du bien, de Michel Terestchenko
Paris, la Découverte, MAUSS (Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales), 2005
ISBN 2-7071-4612-9
Violence éducative et communication
Gifle ou fesser un enfant, cest, dune certaine manière, communiquer avec lui. Mais que communique-t-on à un enfant en le frappant? Les connaissances actuelles sur le développement du cerveau ne nous laissent plus de doute aujourdhui : la violence éducative, si faible soit-elle, est destructrice. Les institutions internationales ont compris que sa réduction serait un facteur de paix. Reste à en convaincre lopinion publique et les Etats.
Lenfant se forme par la communication
Même né à terme, le nouveau-né humain est prématuré, cest-à-dire longtemps incapable de survivre sans assistance. Son corps sait que, pour survivre, il doit obtenir les soins, la bienveillance, la protection des adultes.
Dès sa naissance, loin dêtre passif, il participe activement, de multiples façons, à la création de liens avec ses parents. Téter, comportement de survie, est aussi un moyen détablir un lien très fort avec sa mère. Ses pleurs sont des appels. Sa capacité à distinguer de son environnement la forme des visages, et notamment celui de sa mère, lui permet dattirer du regard ceux qui lentourent et donc daccentuer lintérêt quon lui porte.
Cest au cours de cette communication intense et vitale avec son entourage que son cerveau se forme. Ses neurones, déjà en place à la naissance, développent leurs axones, ces filaments qui les relient, et leurs milliards de connexions provoquent laccroissement du volume de son cerveau qui passe du quart de son poids définitif à la naissance, à 50% à six mois et 95% à dix ans.
La communication sculpte le cerveau
La neurobiologie nous apprend que la communication interne entre les neurones dépend en partie des formes de communication que lenfant établit avec ceux qui lentourent. Le cerveau de lenfant est sculpté par les expériences auxquelles il est confronté. "Tout le développement de lêtre humain, dit le neurobiologiste américain Bessel van der Kolk, spécialiste du stress post traumatique, cest le développement des lobes frontaux. En tant que parents, nous sommes les médiateurs du développement du lobe frontal de nos enfants. Lorsque nous lisons des histoires à nos enfants, lorsque nous les serrons dans nos bras, lorsque nous jouons avec eux, nous assurons le bon développement du lobe frontal. Si un enfant est toujours effrayé, terrifié, sil nest pas câliné, sil est abandonné, négligé, ses lobes frontaux ne se développent pas correctement et ils ne parviendront pas à assumer leur fonction qui est dinhiber le système limbique. Dans ce cas, le lobe frontal nest pas assez développé pour aider la personne à être en contact avec le présent. Elle sera incapable denregistrer des informations nouvelles et dapprendre par expérience1 ".
Mais il en faut peu pour perturber le développement du cerveau
Des lésions infimes suffisent pour perturber le développement du cerveau dun enfant.
Le neurobiologiste Antonio Damasio, par exemple, écrit quun dysfonctionnement du système cérébral (...) peut être dû à un défaut de fonctionnement microscopique des circuits neuraux. Même des perturbations mineures des systèmes neuraux spécifiques suscitent une modification majeure des phénomènes mentaux. 2
Joseph Le Doux, autre neurobiologiste réputé, écrit de son côté : Quelques connexions supplémentaires dun côté, un petit peu plus ou moins de neurotransmetteurs de lautre, et les animaux commencent à se comporter différemment.3 Et les centres du cerveau des émotions et de la mémoire émotionnelle, qui sont essentiels pour le comportement relationnel, sont particulièrement vulnérables.
Van der Kolk, déjà cité, a déclaré récemment au Nouvel Observateur4 : « On se méprend beaucoup sur la notion de traumatisme, qu'on assimile à tort à un évènement horrifique et exceptionnel. (...) Il y a aussi la foule des malheurs ordinaires inhérents à la condition humaine. S'ils ont été vécus dans un sentiment d'impuissance et de désespoir, ils peuvent eux aussi laisser une cicatrice douloureuse longtemp
Signature :
Article paru dans le magazine Biocontact, septembre 2005
Lire plus
Lenfant se forme par la communication
Même né à terme, le nouveau-né humain est prématuré, cest-à-dire longtemps incapable de survivre sans assistance. Son corps sait que, pour survivre, il doit obtenir les soins, la bienveillance, la protection des adultes.
Dès sa naissance, loin dêtre passif, il participe activement, de multiples façons, à la création de liens avec ses parents. Téter, comportement de survie, est aussi un moyen détablir un lien très fort avec sa mère. Ses pleurs sont des appels. Sa capacité à distinguer de son environnement la forme des visages, et notamment celui de sa mère, lui permet dattirer du regard ceux qui lentourent et donc daccentuer lintérêt quon lui porte.
Cest au cours de cette communication intense et vitale avec son entourage que son cerveau se forme. Ses neurones, déjà en place à la naissance, développent leurs axones, ces filaments qui les relient, et leurs milliards de connexions provoquent laccroissement du volume de son cerveau qui passe du quart de son poids définitif à la naissance, à 50% à six mois et 95% à dix ans.
La communication sculpte le cerveau
La neurobiologie nous apprend que la communication interne entre les neurones dépend en partie des formes de communication que lenfant établit avec ceux qui lentourent. Le cerveau de lenfant est sculpté par les expériences auxquelles il est confronté. "Tout le développement de lêtre humain, dit le neurobiologiste américain Bessel van der Kolk, spécialiste du stress post traumatique, cest le développement des lobes frontaux. En tant que parents, nous sommes les médiateurs du développement du lobe frontal de nos enfants. Lorsque nous lisons des histoires à nos enfants, lorsque nous les serrons dans nos bras, lorsque nous jouons avec eux, nous assurons le bon développement du lobe frontal. Si un enfant est toujours effrayé, terrifié, sil nest pas câliné, sil est abandonné, négligé, ses lobes frontaux ne se développent pas correctement et ils ne parviendront pas à assumer leur fonction qui est dinhiber le système limbique. Dans ce cas, le lobe frontal nest pas assez développé pour aider la personne à être en contact avec le présent. Elle sera incapable denregistrer des informations nouvelles et dapprendre par expérience1 ".
Mais il en faut peu pour perturber le développement du cerveau
Des lésions infimes suffisent pour perturber le développement du cerveau dun enfant.
Le neurobiologiste Antonio Damasio, par exemple, écrit quun dysfonctionnement du système cérébral (...) peut être dû à un défaut de fonctionnement microscopique des circuits neuraux. Même des perturbations mineures des systèmes neuraux spécifiques suscitent une modification majeure des phénomènes mentaux. 2
Joseph Le Doux, autre neurobiologiste réputé, écrit de son côté : Quelques connexions supplémentaires dun côté, un petit peu plus ou moins de neurotransmetteurs de lautre, et les animaux commencent à se comporter différemment.3 Et les centres du cerveau des émotions et de la mémoire émotionnelle, qui sont essentiels pour le comportement relationnel, sont particulièrement vulnérables.
Van der Kolk, déjà cité, a déclaré récemment au Nouvel Observateur4 : « On se méprend beaucoup sur la notion de traumatisme, qu'on assimile à tort à un évènement horrifique et exceptionnel. (...) Il y a aussi la foule des malheurs ordinaires inhérents à la condition humaine. S'ils ont été vécus dans un sentiment d'impuissance et de désespoir, ils peuvent eux aussi laisser une cicatrice douloureuse longtemp
Signature :
Article paru dans le magazine Biocontact, septembre 2005
Un mythe tenace : la rapidité de l'action violente
Un mythe tenace : la non-violence, cest trop lent, en cas durgence, seule la violence est efficace.
Dans les cas d'agression individuelle, il existe des circonstances où même le plus fervent partisan de la non-violence, face, par exemple, à un agresseur fou furieux, sera contraint à la fuite, à la passivité ou au recours à la violence (ce qui ne le sauvera pas nécessairement!).
Mais les situations d'urgence où il est possible d'intervenir individuellement et efficacement par la violence sont, en fait, rarissimes, soit par manque de temps, soit par manque de moyens. Si l'on se donnait en permanence les moyens de la violence, cest-à-dire si chacun était armé, la société deviendrait un sinistre Far West. Les Etats-Unis en font aujourd'hui l'expérience! On ny compte plus les tueries dans les écoles et la criminalité y est supérieure à celle de bien des pays du même niveau social. Dautre part, leurs gardes du corps ni leurs armes nont pu protéger contre leurs agresseurs des quantités de personnalités et de policiers armés victimes dattentats.
En réalité, dans la plupart des cas d'urgence, ou bien on se trouve dans l'impossibilité totale d'agir, ou bien on a le choix entre violence et non-violence.
Mais beaucoup de gens simaginent que la non-violence est beaucoup trop lente dans son action et que pour faire cesser certaines situations dinjustice, il ny a pas dautre moyen que de recourir à la violence.
Or, lidée que la violence agit plus vite que la non-violence dans les conflits collectifs est un mythe qui ne se maintient dans les esprits que parce quon na pas pris la peine de comparer à travers lhistoire la rapidité daction des moyens violents et des moyens violents.
Quand on examine systématiquement la durée moyenne des conflits menés à travers le monde depuis 1945 par la guérilla, la guerre civile ou le terrorisme dans une trentaine de pays, on saperçoit quelle est de plus de 23 ans et que beaucoup de ces conflits ne sont pas encore terminés et peuvent donc rallonger encore cette moyenne. Ces conflits ont causé des centaines de milliers de morts, rendu exsangues les pays où ils se sont déroulés et laissé sur place des millions de mines qui tuent ou mutilent chaque jour des dizaines denfants et dadultes.
Dans la mesure où leurs objectifs auraient été compatibles avec la non-violence, si les leaders de ces guérillas et de ces mouvements terroristes avaient recouru avec la même détermination à des moyens non-violents pendant le même nombre dannées, ils auraient certainement obtenu des résultats infiniment supérieurs, sinon des victoires complètes, sans les conséquences catastrophiques des conflits armés.
Une grande partie des conflits évoqués ci-dessus sont dailleurs presque oubliés par les médias pourtant avides de sang et de violence. La guerre, quand elle dure des années, devient une sinistre routine et n'a même plus la vertu de réveiller l'opinion publique.
Contrairement aux États du XIXe siècle qu'une simple insurrection suffisait parfois à renverser, les États modernes, démocratiques aussi bien que totalitaires, sont capables de résister très longtemps et efficacement à des tentatives de déstabilisation par voie de terrorisme ou de guérilla. Dans les pays communistes, aucune forme de résistance armée n'a jamais pu seulement s'ébaucher. Dans les pays plus ou moins démocratiques, des États comme l'Allemagne, l'Italie, le Pérou, ont pu tenir tête des années durant à la "bande à Baader", aux Brigades rouges, au Sentier lumineux et ils ont été plutôt renforcés quaffaiblis par cette épreuve.
Comparées à ces conflits, les révolutions non-violentes qui ont renversé en quelques mois Marcos aux Philippines en 1986 et Ratsiraka à Madagascar en 19911 , la révolution de velours en Tchécoslovaquie, la révolution orange en Ukraine, paraissent d'une rapidité foudroyante et ont été incomparablement moins meurtrières. Quant à la résistance non-violente des Polonais beaucoup la voient comme une des causes de leffondrement du système soviétique.
La prétendue rapidité daction de la lutte armée et la préten
Lire plus
Dans les cas d'agression individuelle, il existe des circonstances où même le plus fervent partisan de la non-violence, face, par exemple, à un agresseur fou furieux, sera contraint à la fuite, à la passivité ou au recours à la violence (ce qui ne le sauvera pas nécessairement!).
Mais les situations d'urgence où il est possible d'intervenir individuellement et efficacement par la violence sont, en fait, rarissimes, soit par manque de temps, soit par manque de moyens. Si l'on se donnait en permanence les moyens de la violence, cest-à-dire si chacun était armé, la société deviendrait un sinistre Far West. Les Etats-Unis en font aujourd'hui l'expérience! On ny compte plus les tueries dans les écoles et la criminalité y est supérieure à celle de bien des pays du même niveau social. Dautre part, leurs gardes du corps ni leurs armes nont pu protéger contre leurs agresseurs des quantités de personnalités et de policiers armés victimes dattentats.
En réalité, dans la plupart des cas d'urgence, ou bien on se trouve dans l'impossibilité totale d'agir, ou bien on a le choix entre violence et non-violence.
Mais beaucoup de gens simaginent que la non-violence est beaucoup trop lente dans son action et que pour faire cesser certaines situations dinjustice, il ny a pas dautre moyen que de recourir à la violence.
Or, lidée que la violence agit plus vite que la non-violence dans les conflits collectifs est un mythe qui ne se maintient dans les esprits que parce quon na pas pris la peine de comparer à travers lhistoire la rapidité daction des moyens violents et des moyens violents.
Quand on examine systématiquement la durée moyenne des conflits menés à travers le monde depuis 1945 par la guérilla, la guerre civile ou le terrorisme dans une trentaine de pays, on saperçoit quelle est de plus de 23 ans et que beaucoup de ces conflits ne sont pas encore terminés et peuvent donc rallonger encore cette moyenne. Ces conflits ont causé des centaines de milliers de morts, rendu exsangues les pays où ils se sont déroulés et laissé sur place des millions de mines qui tuent ou mutilent chaque jour des dizaines denfants et dadultes.
Dans la mesure où leurs objectifs auraient été compatibles avec la non-violence, si les leaders de ces guérillas et de ces mouvements terroristes avaient recouru avec la même détermination à des moyens non-violents pendant le même nombre dannées, ils auraient certainement obtenu des résultats infiniment supérieurs, sinon des victoires complètes, sans les conséquences catastrophiques des conflits armés.
Une grande partie des conflits évoqués ci-dessus sont dailleurs presque oubliés par les médias pourtant avides de sang et de violence. La guerre, quand elle dure des années, devient une sinistre routine et n'a même plus la vertu de réveiller l'opinion publique.
Contrairement aux États du XIXe siècle qu'une simple insurrection suffisait parfois à renverser, les États modernes, démocratiques aussi bien que totalitaires, sont capables de résister très longtemps et efficacement à des tentatives de déstabilisation par voie de terrorisme ou de guérilla. Dans les pays communistes, aucune forme de résistance armée n'a jamais pu seulement s'ébaucher. Dans les pays plus ou moins démocratiques, des États comme l'Allemagne, l'Italie, le Pérou, ont pu tenir tête des années durant à la "bande à Baader", aux Brigades rouges, au Sentier lumineux et ils ont été plutôt renforcés quaffaiblis par cette épreuve.
Comparées à ces conflits, les révolutions non-violentes qui ont renversé en quelques mois Marcos aux Philippines en 1986 et Ratsiraka à Madagascar en 19911 , la révolution de velours en Tchécoslovaquie, la révolution orange en Ukraine, paraissent d'une rapidité foudroyante et ont été incomparablement moins meurtrières. Quant à la résistance non-violente des Polonais beaucoup la voient comme une des causes de leffondrement du système soviétique.
La prétendue rapidité daction de la lutte armée et la préten
Ces deux tiers de l'humanité qui brutalisent l'autre...
La population mondiale compte 33% denfants de moins de 15 ans. Si lon tient compte du fait que lenfance dure en fait jusquà la majorité et si on fixe celle-ci à dix-huit ans, bien plus dun tiers de la population mondiale est composé denfants.
Or, sil est un fait dont on ne tient jamais compte parmi les rapports doppression, cest que sur toute la surface de la terre, à lexception de douze pays, les deux tiers de lhumanité composés dadultes sattribuent depuis des millénaires le droit de frapper le tiers restant. Daprès les enquêtes les plus sérieuses, 90% des enfants du monde subissent des coups qui vont de la tape et de la gifle à la bastonnade, celle-ci étant le procédé le plus largement employé, et très souvent avec une grande violence.
Cela signifie quentre leur naissance et lâge de dix-huit ans, souvent plus tard encore, tout se passe comme si la quasi totalité de la cohorte des millions denfants en marche vers lâge adulte cheminaient sous une grêle de coups de leurs parents et de leurs maîtres, comme sils étaient des animaux ou des esclaves. Quand ils ne la subissent pas, ils ont de bonnes raisons de la craindre car ils la voient subir par leurs frères, leurs surs ou leurs camarades les plus proches et ils vivent donc dans la crainte tout au long de leurs années denfance.
Et si les parents et les éducateurs frappent ainsi les enfants, ce nest pas pour leur faire du mal mais pour leur faire du bien! De telle sorte que laccession à lâge adulte est, entre autres choses, laccession à lâge où, dans la plupart des cas, on est protégé des coups par la loi et où lon acquiert doffice le droit de frapper la génération montante, pour son bien.
De plus, formés de cette manière, les enfants arrivent à leur majorité avec la conviction quil est normal de régler les conflits par la violence.
Si nous intégrions ce paramètre à notre vision de lhistoire de lhumanité, nous comprendrions mieux pourquoi les hommes sont capables des pires horreurs, ayant appris sous les coups, dès leur plus jeune âge, quil était normal de frapper les êtres les plus faibles et les plus vulnérables.
Lire plus
Or, sil est un fait dont on ne tient jamais compte parmi les rapports doppression, cest que sur toute la surface de la terre, à lexception de douze pays, les deux tiers de lhumanité composés dadultes sattribuent depuis des millénaires le droit de frapper le tiers restant. Daprès les enquêtes les plus sérieuses, 90% des enfants du monde subissent des coups qui vont de la tape et de la gifle à la bastonnade, celle-ci étant le procédé le plus largement employé, et très souvent avec une grande violence.
Cela signifie quentre leur naissance et lâge de dix-huit ans, souvent plus tard encore, tout se passe comme si la quasi totalité de la cohorte des millions denfants en marche vers lâge adulte cheminaient sous une grêle de coups de leurs parents et de leurs maîtres, comme sils étaient des animaux ou des esclaves. Quand ils ne la subissent pas, ils ont de bonnes raisons de la craindre car ils la voient subir par leurs frères, leurs surs ou leurs camarades les plus proches et ils vivent donc dans la crainte tout au long de leurs années denfance.
Et si les parents et les éducateurs frappent ainsi les enfants, ce nest pas pour leur faire du mal mais pour leur faire du bien! De telle sorte que laccession à lâge adulte est, entre autres choses, laccession à lâge où, dans la plupart des cas, on est protégé des coups par la loi et où lon acquiert doffice le droit de frapper la génération montante, pour son bien.
De plus, formés de cette manière, les enfants arrivent à leur majorité avec la conviction quil est normal de régler les conflits par la violence.
Si nous intégrions ce paramètre à notre vision de lhistoire de lhumanité, nous comprendrions mieux pourquoi les hommes sont capables des pires horreurs, ayant appris sous les coups, dès leur plus jeune âge, quil était normal de frapper les êtres les plus faibles et les plus vulnérables.
Un viatique pour le troisième millénaire L'histoire biblique de Joseph et ses frères
Dans son livre Quand ces choses commenceront, René Girard établit un passionnant parallèle entre le mythe grec d'Oedipe et l'histoire de Joseph, le fils de Jacob, dans la Bible (Genèse, 37; 50, 26.
Au départ, dans les deux cas, un enfant qui est vu comme une menace pour sa famille : l'un parce qu'un oracle a déclaré qu'il tuerait son père et sa mère, l'autre parce qu'il a fait des rêves qui annoncent sa domination sur ses frères. Laïos, le père d'Oedipe, se débarrasse de son fils en l'exposant; les frères de Joseph se débarrassent de leur frère. Sauvés tous les deux, l'un se trouve amené à commettre un parricide et un inceste, l'autre, Joseph, injustement accusé du viol d'une femme, sauve la vie de son père et de ses frères.
Mais René Girard montre que la différence essentielle entre les deux récits tient au fait que le mythe grec accuse Oedipe, considéré comme réellement parricide et incestueux, alors que le récit biblique met en valeur l'innocence totale de Joseph.
Il est intéressant d'approfondir encore le parallélisme des deux récits et de les considérer sous l'angle de la violence parentale.
Laïos commet à l'égard de son fils une des pires violences : il ne le reconnaît pas, au sens légal où un père peut reconnaître son enfant, à cause de l'oracle, et le fait exposer dans la montagne afin qu'il y meure. Juste retour des choses : lorsqu'Oedipe qui a fui ses parents adoptifs pour ne pas commettre de parricide ni d'inceste, se trouve face au char de Laïos, il ne le reconnaît pas non plus, puisqu'il ne l'a jamais connu, et il le tue.
Jacob, lui, aime son fils. Il est troublé par les songes prophétiques de Joseph, mais ne lui retire pas pour autant son amour. Et ce sont ses frères et non pas lui qui tentent de faire périr Joseph. Aussi, étonnante symétrie, c'est Joseph, à la fin du récit, qui s'avance sur son char à la rencontre de son père : Dès qu'il parut devant lui, il se jeta à son cou et pleura longtemps en le tenant embrassé. Israël dit à Joseph : A ce coup, je puis mourir, après que j'ai revu ton visage et que tu es encore vivant.
Jacob se réjouit de revoir son fils et de le revoir vivant, alors que revoir son fils vivant était le cauchemar de Laïos.
Joseph sauve toute sa famille de la famine, alors que le mythe grec considère Oedipe comme responsable de la peste qui décime les habitants de Thèbes.
Pour René Girard, la caractéristique des mythes bibliques est précisément de raconter, comme tous les mythes, des récits d'expulsion ou de lynchage, mais en soulignant l'innocence des victimes. Ainsi Caïn tue Abel, comme Romulus tue Remus, mais Abel est totalement innocent, alors que Rémus, dans un geste de défi, a franchi le sillon tracé par son frère.
Dans le récit grec, la violence de Laïos se retourne contre lui et amène son fils à le tuer et fait le malheur de sa famille. Dans le récit biblique, l'amour de Jacob pour son fils fait de Joseph son sauveur ainsi que le sauveur de toute sa famille.
Nous sommes dressés dès la classe de terminale à croire à l'interprétation psychanalytique du mythe d'Oedipe, interprétation qui accroît la responsabilité d'Oedipe puisque ce n'est plus seulement un oracle extérieur qui pousse Oedipe à tuer son père et à commettre l'inceste avec sa mère, ce sont aussi ses pulsions les plus originelles. L'enfant, tout enfant, veut tuer son père et coucher avec sa mère.
Cette théorie aberrante infeste encore très concrètement des livres de puériculture destinés aux parents (cf. les best-sellers de Christiane Olivier où les enfants sont présentés comme des ogres qu'il ne faut pas hésiter à dresser à coups de taloches).
Il est légitime de craindre qu'une telle théorie, largement vulgarisée, ait les mêmes effets que l'oracle prononcé sur Oedipe. En accusant les enfants, en poussant les parents à se méfier des pulsions de leurs enfants, elle risque d'amener les parents à perpétuer la violence éducative et leurs enfants à recourir eux-mêmes à la violence sur leurs semblables.
Si, par be
Lire plus
Au départ, dans les deux cas, un enfant qui est vu comme une menace pour sa famille : l'un parce qu'un oracle a déclaré qu'il tuerait son père et sa mère, l'autre parce qu'il a fait des rêves qui annoncent sa domination sur ses frères. Laïos, le père d'Oedipe, se débarrasse de son fils en l'exposant; les frères de Joseph se débarrassent de leur frère. Sauvés tous les deux, l'un se trouve amené à commettre un parricide et un inceste, l'autre, Joseph, injustement accusé du viol d'une femme, sauve la vie de son père et de ses frères.
Mais René Girard montre que la différence essentielle entre les deux récits tient au fait que le mythe grec accuse Oedipe, considéré comme réellement parricide et incestueux, alors que le récit biblique met en valeur l'innocence totale de Joseph.
Il est intéressant d'approfondir encore le parallélisme des deux récits et de les considérer sous l'angle de la violence parentale.
Laïos commet à l'égard de son fils une des pires violences : il ne le reconnaît pas, au sens légal où un père peut reconnaître son enfant, à cause de l'oracle, et le fait exposer dans la montagne afin qu'il y meure. Juste retour des choses : lorsqu'Oedipe qui a fui ses parents adoptifs pour ne pas commettre de parricide ni d'inceste, se trouve face au char de Laïos, il ne le reconnaît pas non plus, puisqu'il ne l'a jamais connu, et il le tue.
Jacob, lui, aime son fils. Il est troublé par les songes prophétiques de Joseph, mais ne lui retire pas pour autant son amour. Et ce sont ses frères et non pas lui qui tentent de faire périr Joseph. Aussi, étonnante symétrie, c'est Joseph, à la fin du récit, qui s'avance sur son char à la rencontre de son père : Dès qu'il parut devant lui, il se jeta à son cou et pleura longtemps en le tenant embrassé. Israël dit à Joseph : A ce coup, je puis mourir, après que j'ai revu ton visage et que tu es encore vivant.
Jacob se réjouit de revoir son fils et de le revoir vivant, alors que revoir son fils vivant était le cauchemar de Laïos.
Joseph sauve toute sa famille de la famine, alors que le mythe grec considère Oedipe comme responsable de la peste qui décime les habitants de Thèbes.
Pour René Girard, la caractéristique des mythes bibliques est précisément de raconter, comme tous les mythes, des récits d'expulsion ou de lynchage, mais en soulignant l'innocence des victimes. Ainsi Caïn tue Abel, comme Romulus tue Remus, mais Abel est totalement innocent, alors que Rémus, dans un geste de défi, a franchi le sillon tracé par son frère.
Dans le récit grec, la violence de Laïos se retourne contre lui et amène son fils à le tuer et fait le malheur de sa famille. Dans le récit biblique, l'amour de Jacob pour son fils fait de Joseph son sauveur ainsi que le sauveur de toute sa famille.
Nous sommes dressés dès la classe de terminale à croire à l'interprétation psychanalytique du mythe d'Oedipe, interprétation qui accroît la responsabilité d'Oedipe puisque ce n'est plus seulement un oracle extérieur qui pousse Oedipe à tuer son père et à commettre l'inceste avec sa mère, ce sont aussi ses pulsions les plus originelles. L'enfant, tout enfant, veut tuer son père et coucher avec sa mère.
Cette théorie aberrante infeste encore très concrètement des livres de puériculture destinés aux parents (cf. les best-sellers de Christiane Olivier où les enfants sont présentés comme des ogres qu'il ne faut pas hésiter à dresser à coups de taloches).
Il est légitime de craindre qu'une telle théorie, largement vulgarisée, ait les mêmes effets que l'oracle prononcé sur Oedipe. En accusant les enfants, en poussant les parents à se méfier des pulsions de leurs enfants, elle risque d'amener les parents à perpétuer la violence éducative et leurs enfants à recourir eux-mêmes à la violence sur leurs semblables.
Si, par be
Pour une réinterprétation du personnage d'Abraham Abraham est-il un exemple d'obéissance ou d'objection de conscience?
Citation :
"Nous sommes des hommes, des frères"
On a rarement souligné à quel point le personnage biblique d'Abraham, reconnu comme père des croyants par les juifs, les chrétiens et les musulmans, peut être considéré comme une figure emblématique des origines les plus lointaines de la non-violence, ou du moins du refus de la violence. Et cela malgré l'épisode du sacrifice d'Isaac.
Même si l'on fait la part du mythe dans le récit de sa vie, il faut reconnaître que l'auteur de ce récit puis ceux qui l'ont recueilli pour en faire un des grands textes racontant les origines de la religion juive, lui ont donné une signification étonnamment non-violente qu'occultent malheureusement les interprétations courantes que l'on en donne et que ne permet pas de voir une lecture rapide.
Quand on considère les vingt et un épisodes qui constituent ce récit d'après le découpage de la Bible de Jérusalem (Genèse, 12- 25,11), on s'aperçoit que nombre d'entre eux présentent Abraham comme étant à l'origine d'une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que la poussière de la terre: Abraham est source de vie surabondante.
Mais il est aussi et surtout celui qui protège la vie. Cela apparaît de la façon la plus claire dans l'épisode de la destruction de Sodome et Gomorrhe (Genèse, 18, 16 - 19, 29). Dieu a décidé de détruire ces deux villes à cause des murs de leurs habitants, particulièrement abominables à ses yeux et à ceux des Israélites. Dès qu'il apprend ce projet de Dieu, Abraham tente d'intercéder auprès de lui. Or, ce qui est frappant dans cet extraordinaire marchandage, c'est qu'Abraham ne tente pas de sauver les justes, ni même son neveu Lot et sa famille, du milieu des pécheurs, mais de sauver les pécheurs en invoquant les justes: "Vas-tu vraiment les supprimer et ne pardonneras-tu pas à la cité pour les cinquante justes qui sont dans son sein? (...) Mais peut-être des cinquante justes en manquera-t-il cinq (...) peut-être n'y en aura-t-il que quarante (...) trente, (...) vingt, (...) dix(...)" Mais Dieu, moins miséricordieux qu'Abraham, détruit Sodome et Gomorrhe et ne laisse la vie sauve qu'à Lot et aux siens. Si l'on songe que ceux qu'Abraham essaie de sauver sont ceux-là même qui vont tenter de s'emparer des anges de Yahvé pour les violer, on ne peut qu'être stupéfait et du respect de toute vie que manifeste Abraham et de son indépendance d'esprit par rapport à la morale de son temps qui condamnait sans la moindre indulgence l'homosexualité. Aux yeux d'Abraham, qui semble dépourvu de tout préjugé moral, la vie des abominables habitants de Sodome a exactement autant de valeur que celle de son neveu Lot et de sa famille.
Lorsqu'Abraham arrive, avec son neveu Lot au pays de Canaan (Genèse, 13, 1-13), une dispute éclate entre ses bergers et ceux de son neveu. Immédiatement, afin "qu'il n'y ait pas de dispute" entre lui et son neveu, Abraham laisse son neveu choisir la meilleure terre, celle qu'arrose le Jourdain.
Plus tard, lorsque Sara, sa femme l'oblige à chasser Agar et Ismaël (Genèse, 21, 8-19), Abraham, chagriné mais soumis, se lève tôt le matin, sans doute en cachette de Sara, et donne à Agar et Ismaël, au moment de leur départ, peu de choses, certes, mais du moins le pain et l'eau qui leur permettront de survivre jusqu'au puits le plus proche.
Il faut même reconnaître qu'Abraham pousse le respect de la vie, lorsqu'il s'agit de la sienne, jusqu'à la lâcheté la plus impardonnable. Craignant que Pharaon ne soit séduit par la beauté de Sara et ne veuille, pour cette raison, le tuer pour s'emparer d'elle (Genèse, 12, 10-20), il la fait passer pour sa sur et laisse Pharaon la prendre pour femme. Et il utilise le même stratagème face à Abimélek, toujours pour sauver sa vie (Genèse, 20, 2-18).
Abraham est certes capable de se battre, mais la seule fois où on le voit faire la guerre, c'est pour sauver son neveu Lot et les siens qui ont été faits prisonniers par des tribus adverses. Et alors que la Bible regorge de récits de massacres, le texte dit simplement ici: "Il les assaillit de nuit, lui et ses gens, il les battit et les poursuivit jusqu'à Hoba, au nord de Damas." (Genèse, 14, 15).
Ajoutons qu'au moment de sa mort, Abraham, qu'on présente parfois comme un conquérant, ne possède pas le moindre arpent de terre en Canaan et qu'il est obligé de supplier Ephron, le Hittite, de lui donner un coin de terre pour enterrer Sara (Genèse, 23, 1-20).
Or, ce même homme qui ne pense qu'à protéger la vie et pour qui la protection de la vie est plus importante que la morale la plus élémentaire, comme le montrent les épisodes de Sodome, de Pharaon et d'Abimélek, voilà que, lorsque Yahvé lui demande de sacrifier son fils, il obéit sans la moindre hésitation: "Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t'en au pays de Moriyya, et là tu l'offriras en holocauste sur une montagne que je t'indiquerai." Sur ces paroles, et sans la moindre protestation, Abraham obéit (Genèse, 22, 1-19).
Est-ce vraiment le même homme qui a marchandé avec Dieu pour sauver Sodome? Il est difficile de le croire. Le contraste entre cet épisode et l'ensemble du récit est trop grand. Il invite en fait, presque comme un signal placé dans le texte, à une réinterprétation du sacrifice d'Isaac.
La Bible de Jérusalem fournit ici une précieuse indication. Le pays de Moriiya où Yahvé envoie Abraham n'est autre que Jérusalem. Or la même édition de la Bible nous apprend que dans ce même lieu se trouvait un "brûloir" à enfants (Lévitique, 18, 21) et que le rite des sacrifices d'enfants s'était introduit en Israël.
Si l'on tient compte de cela, l'épisode du sacrifice d'Isaac prend une tout autre dimension et signification. Le premier ordre de Yahvé n'est probablement rien d'autre que celui de la terrible coutume qui contraint les pères à brûler leur premier né. Ce n'est pas un ordre adressé spécialement à Abraham, mais une tradition à laquelle chacun se doit d'obéir. Et le chef du clan peut encore moins qu'un autre s'y soustraire. Abraham accepte donc ou feint d'accepter cette coutume.
Il part avec deux jeunes gens. Mais arrivé à quelque distance du lieu du sacrifice, il ordonne aux jeunes gens de ne pas le suivre. Et de ce qui a suivi, seuls sont censés avoir été témoins Abraham et Isaac. Abraham, dont les épisodes de ses mensonges à Pharaon et à Abimélek montrent que le respect de la vérité n'était pas sa principale qualité, a pu raconter exactement ce qu'il a voulu. Du moins le récit le laisse entendre, car rien ne l'obligeait, s'il avait voulu vraiment sacrifier Isaac, à maintenir à distance ses deux serviteurs.
Rien n'empêche de supposer, si l'on veut que l'épisode du sacrifice d'Isaac ne soit pas en contradiction avec l'ensemble du récit, c'est qu'Abraham, dès le départ, ou bien une fois arrivé sur le lieu du supplice, n'a pas supporté l'idée de sacrifier son fils. L'amour qu'il avait pour lui, qui est probablement le seul et véritable "Ange de Yahvé", le lui interdisait. Il a donc inventé l'intervention de l'ange comme il avait inventé par deux fois que Saraï (puis Sara) était sa sur et non sa femme. Et il a inventé un rite de substitution : le sacrifice d'un bélier.
Vu de cette façon, le sacrifice d'Isaac se réintègre parfaitement dans la logique du personnage. Il perd son merveilleux, mais il en acquiert un autre: celui du cur et de la conscience. Abraham contrairement à ce qu'on voit toujours en lui, est moins l'homme de la foi que l'homme de la conscience et du cur, opposés à la tradition issue de la violence fondatrice.
René Girard, qui ne conteste pas l'interprétation traditionnelle du sacrifice d'Isaac, y voit cependant, et c'est ce qui avait attiré mon attention sur cet épisode, le symbole du moment où l'humanité est passée du sacrifice humain au sacrifice animal. Et l'on peut dire que, dans l'optique de La Violence et le sacré, le Dieu qui contraint Abraham à sacrifier Isaac, c'est, à l'évidence, le Dieu de la violence, celui de la tradition et de presque toutes les cultures anciennes, alors que le Dieu qui lui fait délier Isaac, c'est le Dieu des victimes, celui qui s'exprime au cur des hommes libérés des lois tribales.
Marie Balmary, dans Le Sacrifice interdit, donne du sacrifice une analyse psychanalytique qui, contrairement au reste de son livre, paraît peu convaincante, mais elle éclaire puissamment, par le reste de son analyse, la signification du récit de la vie d'Abraham. Elle montre en effet que l'ordre reçu par Abraham, au moment de son départ de la Mésopotamie, n'est pas, comme on le traduisait habituellement: "Quitte ton pays..." mais, comme le traduit Chouraki: "Va pour toi..." ou "Va vers toi..." L'épisode d'Abraham est un de ceux (peut-être le premier) où se manifeste l'émergence de la personnalité individuelle par rapport au clan et à la tribu. D'abord lorsque son Dieu intérieur lui ordonne de quitter le pays de ses pères; ensuite lorsqu'il refuse de mettre en pratique la terrible tradition du sacrifice des premiers nés; enfin quand, conscient de la difficulté qu'éprouvent les hommes de se passer de rites, il invente un sacrifice de substitution : le sacrifice des animaux.
Abraham est le protecteur de la vie par excellence, et, pour cette raison, le premier "objecteur de conscience". La figure d'Abraham s'élève face aux traditions cruelles de sa tribu et de toutes les tribus (puisque le sacrifice humain était une pratique universelle), comme s'élèveront plus tard celle d'Antigone face à l'autorité du prince, celle de Socrate face au pouvoir naissant du démos athénien, et celle du Christ face aux prêtres de sa propre religion.
Si les fidèles des religions abrahamiques, juifs, chrétiens et musulmans, voyaient en Abraham non pas un homme à la foi aveugle et impitoyable, mais un homme à la conscience et au cur éveillés qui, tranquillement et non sans astuce, dit non à toute violence, qu'elle soit humaine ou divine, peut-être cela ne serait-il pas sans conséquences sur leur comportement individuel et collectif. Peut-être aussi se diraient-ils les uns aux autres, comme Abraham : "Nous sommes des hommes, des frères".
Signature :
Olivier Maurel.
Lire plus
"Nous sommes des hommes, des frères"
On a rarement souligné à quel point le personnage biblique d'Abraham, reconnu comme père des croyants par les juifs, les chrétiens et les musulmans, peut être considéré comme une figure emblématique des origines les plus lointaines de la non-violence, ou du moins du refus de la violence. Et cela malgré l'épisode du sacrifice d'Isaac.
Même si l'on fait la part du mythe dans le récit de sa vie, il faut reconnaître que l'auteur de ce récit puis ceux qui l'ont recueilli pour en faire un des grands textes racontant les origines de la religion juive, lui ont donné une signification étonnamment non-violente qu'occultent malheureusement les interprétations courantes que l'on en donne et que ne permet pas de voir une lecture rapide.
Quand on considère les vingt et un épisodes qui constituent ce récit d'après le découpage de la Bible de Jérusalem (Genèse, 12- 25,11), on s'aperçoit que nombre d'entre eux présentent Abraham comme étant à l'origine d'une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que la poussière de la terre: Abraham est source de vie surabondante.
Mais il est aussi et surtout celui qui protège la vie. Cela apparaît de la façon la plus claire dans l'épisode de la destruction de Sodome et Gomorrhe (Genèse, 18, 16 - 19, 29). Dieu a décidé de détruire ces deux villes à cause des murs de leurs habitants, particulièrement abominables à ses yeux et à ceux des Israélites. Dès qu'il apprend ce projet de Dieu, Abraham tente d'intercéder auprès de lui. Or, ce qui est frappant dans cet extraordinaire marchandage, c'est qu'Abraham ne tente pas de sauver les justes, ni même son neveu Lot et sa famille, du milieu des pécheurs, mais de sauver les pécheurs en invoquant les justes: "Vas-tu vraiment les supprimer et ne pardonneras-tu pas à la cité pour les cinquante justes qui sont dans son sein? (...) Mais peut-être des cinquante justes en manquera-t-il cinq (...) peut-être n'y en aura-t-il que quarante (...) trente, (...) vingt, (...) dix(...)" Mais Dieu, moins miséricordieux qu'Abraham, détruit Sodome et Gomorrhe et ne laisse la vie sauve qu'à Lot et aux siens. Si l'on songe que ceux qu'Abraham essaie de sauver sont ceux-là même qui vont tenter de s'emparer des anges de Yahvé pour les violer, on ne peut qu'être stupéfait et du respect de toute vie que manifeste Abraham et de son indépendance d'esprit par rapport à la morale de son temps qui condamnait sans la moindre indulgence l'homosexualité. Aux yeux d'Abraham, qui semble dépourvu de tout préjugé moral, la vie des abominables habitants de Sodome a exactement autant de valeur que celle de son neveu Lot et de sa famille.
Lorsqu'Abraham arrive, avec son neveu Lot au pays de Canaan (Genèse, 13, 1-13), une dispute éclate entre ses bergers et ceux de son neveu. Immédiatement, afin "qu'il n'y ait pas de dispute" entre lui et son neveu, Abraham laisse son neveu choisir la meilleure terre, celle qu'arrose le Jourdain.
Plus tard, lorsque Sara, sa femme l'oblige à chasser Agar et Ismaël (Genèse, 21, 8-19), Abraham, chagriné mais soumis, se lève tôt le matin, sans doute en cachette de Sara, et donne à Agar et Ismaël, au moment de leur départ, peu de choses, certes, mais du moins le pain et l'eau qui leur permettront de survivre jusqu'au puits le plus proche.
Il faut même reconnaître qu'Abraham pousse le respect de la vie, lorsqu'il s'agit de la sienne, jusqu'à la lâcheté la plus impardonnable. Craignant que Pharaon ne soit séduit par la beauté de Sara et ne veuille, pour cette raison, le tuer pour s'emparer d'elle (Genèse, 12, 10-20), il la fait passer pour sa sur et laisse Pharaon la prendre pour femme. Et il utilise le même stratagème face à Abimélek, toujours pour sauver sa vie (Genèse, 20, 2-18).
Abraham est certes capable de se battre, mais la seule fois où on le voit faire la guerre, c'est pour sauver son neveu Lot et les siens qui ont été faits prisonniers par des tribus adverses. Et alors que la Bible regorge de récits de massacres, le texte dit simplement ici: "Il les assaillit de nuit, lui et ses gens, il les battit et les poursuivit jusqu'à Hoba, au nord de Damas." (Genèse, 14, 15).
Ajoutons qu'au moment de sa mort, Abraham, qu'on présente parfois comme un conquérant, ne possède pas le moindre arpent de terre en Canaan et qu'il est obligé de supplier Ephron, le Hittite, de lui donner un coin de terre pour enterrer Sara (Genèse, 23, 1-20).
Or, ce même homme qui ne pense qu'à protéger la vie et pour qui la protection de la vie est plus importante que la morale la plus élémentaire, comme le montrent les épisodes de Sodome, de Pharaon et d'Abimélek, voilà que, lorsque Yahvé lui demande de sacrifier son fils, il obéit sans la moindre hésitation: "Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t'en au pays de Moriyya, et là tu l'offriras en holocauste sur une montagne que je t'indiquerai." Sur ces paroles, et sans la moindre protestation, Abraham obéit (Genèse, 22, 1-19).
Est-ce vraiment le même homme qui a marchandé avec Dieu pour sauver Sodome? Il est difficile de le croire. Le contraste entre cet épisode et l'ensemble du récit est trop grand. Il invite en fait, presque comme un signal placé dans le texte, à une réinterprétation du sacrifice d'Isaac.
La Bible de Jérusalem fournit ici une précieuse indication. Le pays de Moriiya où Yahvé envoie Abraham n'est autre que Jérusalem. Or la même édition de la Bible nous apprend que dans ce même lieu se trouvait un "brûloir" à enfants (Lévitique, 18, 21) et que le rite des sacrifices d'enfants s'était introduit en Israël.
Si l'on tient compte de cela, l'épisode du sacrifice d'Isaac prend une tout autre dimension et signification. Le premier ordre de Yahvé n'est probablement rien d'autre que celui de la terrible coutume qui contraint les pères à brûler leur premier né. Ce n'est pas un ordre adressé spécialement à Abraham, mais une tradition à laquelle chacun se doit d'obéir. Et le chef du clan peut encore moins qu'un autre s'y soustraire. Abraham accepte donc ou feint d'accepter cette coutume.
Il part avec deux jeunes gens. Mais arrivé à quelque distance du lieu du sacrifice, il ordonne aux jeunes gens de ne pas le suivre. Et de ce qui a suivi, seuls sont censés avoir été témoins Abraham et Isaac. Abraham, dont les épisodes de ses mensonges à Pharaon et à Abimélek montrent que le respect de la vérité n'était pas sa principale qualité, a pu raconter exactement ce qu'il a voulu. Du moins le récit le laisse entendre, car rien ne l'obligeait, s'il avait voulu vraiment sacrifier Isaac, à maintenir à distance ses deux serviteurs.
Rien n'empêche de supposer, si l'on veut que l'épisode du sacrifice d'Isaac ne soit pas en contradiction avec l'ensemble du récit, c'est qu'Abraham, dès le départ, ou bien une fois arrivé sur le lieu du supplice, n'a pas supporté l'idée de sacrifier son fils. L'amour qu'il avait pour lui, qui est probablement le seul et véritable "Ange de Yahvé", le lui interdisait. Il a donc inventé l'intervention de l'ange comme il avait inventé par deux fois que Saraï (puis Sara) était sa sur et non sa femme. Et il a inventé un rite de substitution : le sacrifice d'un bélier.
Vu de cette façon, le sacrifice d'Isaac se réintègre parfaitement dans la logique du personnage. Il perd son merveilleux, mais il en acquiert un autre: celui du cur et de la conscience. Abraham contrairement à ce qu'on voit toujours en lui, est moins l'homme de la foi que l'homme de la conscience et du cur, opposés à la tradition issue de la violence fondatrice.
René Girard, qui ne conteste pas l'interprétation traditionnelle du sacrifice d'Isaac, y voit cependant, et c'est ce qui avait attiré mon attention sur cet épisode, le symbole du moment où l'humanité est passée du sacrifice humain au sacrifice animal. Et l'on peut dire que, dans l'optique de La Violence et le sacré, le Dieu qui contraint Abraham à sacrifier Isaac, c'est, à l'évidence, le Dieu de la violence, celui de la tradition et de presque toutes les cultures anciennes, alors que le Dieu qui lui fait délier Isaac, c'est le Dieu des victimes, celui qui s'exprime au cur des hommes libérés des lois tribales.
Marie Balmary, dans Le Sacrifice interdit, donne du sacrifice une analyse psychanalytique qui, contrairement au reste de son livre, paraît peu convaincante, mais elle éclaire puissamment, par le reste de son analyse, la signification du récit de la vie d'Abraham. Elle montre en effet que l'ordre reçu par Abraham, au moment de son départ de la Mésopotamie, n'est pas, comme on le traduisait habituellement: "Quitte ton pays..." mais, comme le traduit Chouraki: "Va pour toi..." ou "Va vers toi..." L'épisode d'Abraham est un de ceux (peut-être le premier) où se manifeste l'émergence de la personnalité individuelle par rapport au clan et à la tribu. D'abord lorsque son Dieu intérieur lui ordonne de quitter le pays de ses pères; ensuite lorsqu'il refuse de mettre en pratique la terrible tradition du sacrifice des premiers nés; enfin quand, conscient de la difficulté qu'éprouvent les hommes de se passer de rites, il invente un sacrifice de substitution : le sacrifice des animaux.
Abraham est le protecteur de la vie par excellence, et, pour cette raison, le premier "objecteur de conscience". La figure d'Abraham s'élève face aux traditions cruelles de sa tribu et de toutes les tribus (puisque le sacrifice humain était une pratique universelle), comme s'élèveront plus tard celle d'Antigone face à l'autorité du prince, celle de Socrate face au pouvoir naissant du démos athénien, et celle du Christ face aux prêtres de sa propre religion.
Si les fidèles des religions abrahamiques, juifs, chrétiens et musulmans, voyaient en Abraham non pas un homme à la foi aveugle et impitoyable, mais un homme à la conscience et au cur éveillés qui, tranquillement et non sans astuce, dit non à toute violence, qu'elle soit humaine ou divine, peut-être cela ne serait-il pas sans conséquences sur leur comportement individuel et collectif. Peut-être aussi se diraient-ils les uns aux autres, comme Abraham : "Nous sommes des hommes, des frères".
Signature :
Olivier Maurel.
Comment la communauté juive de Bulgarie fut sauvée du génocide Un exemple d'action non-violente réussie injustement ignoré.
Le sauvetage des Juifs de Bulgarie par la,population de ce pays est presque totalement ignoré. Il montre pourtant que, face à Hitler, une autre attitude que la violence était possible et finalement plus efficace.
La Bulgarie est le seul pays d'Europe où les nazis se soient trouvés dans l'impossibilité de procéder à la déportation des Juifs. Sur les cinquante mille Juifs bulgares, aucun n'a péri en camp de concentration. Le processus de déportation avait pourtant été engagé; mais il a été arrêté définitivement au cours de l'été 1943, c'est-à-dire un an avant l'entrée des troupes soviétiques en Bulgarie.
Si, dans l'état actuel des connaissances, il existe quelques doutes sur le rôle du roi, du gouvernement bulgare et du parti communiste clandestin, il n'en existe aucun sur le fait que la population bulgare a fait obstacle, par des moyens non-violents, à la déportation.
La situation des Juifs de Bulgarie avant 1941
La Bulgarie avait été soumise pendant près de cinq siècles à la domination ottomane. Chrétiens orthodoxes et Juifs s'y trouvaient alors dans une situation semblable, celle de citoyens de seconde zone, les dhimmis. Pendant la guerre qui libéra le pays des occupants turcs, en 1877, les deux communautés, chrétienne et juive, combattirent côte à côte, ce qui fit naître entre elles un sentiment de solidarité rare en Europe.
Cependant, dès le début de 1939, et donc bien avant que la Bulgarie ne devienne une alliée officielle de l'Allemagne nazie, des organisations bulgares pro-nazies, sans doute très minoritaires, organisent des manifestations contre les Juifs et, en septembre, des attaques contre les magasins juifs de Sofia. Selon les autorités communistes au pouvoir en Bulgarie jusqu'en 1990, le Parti Ouvrier Bulgare aurait alors dénoncé ces violences.
En 1940, le gouvernement ayant été confié par le roi Boris III à Bogdane Filov, germanophile convaincu, des mesures officielles commencent à être prises contre les Juifs. Ces mesures, regroupées dans une Loi sur la défense de la nation, déclenchent, entre octobre 1940 et janvier 1941, une série de protestations émanant de tous les milieux. L'Église orthodoxe, les intellectuels, les écrivains, les organisations ouvrières manifestent leur opposition absolue à cette loi qui est cependant votée à la fin du mois de janvier 1941.
La Bulgarie alliée des nazis: premier essai de déportation
Le 1er mars 1941, la Bulgarie adhère au Pacte tripartite et devient ainsi, officiellement, l'alliée de l'Allemagne. Les armées allemandes entrent alors en Bulgarie d'où elles attaquent, en avril, la Grèce et la Yougoslavie. Les armées bulgares ne participent pas à cette agression mais sont ensuite chargées par les Allemands de contribuer à l'occupation de ces deux pays.
La situation des Juifs s'aggrave alors. Nombre d'entre eux sont assignés à résidence et un impôt spécial est créé, permettant à l'État de s'emparer du quart de leurs biens.
En juin et juillet 1942, le gouvernement bulgare reçoit les pleins pouvoirs pour la résolution de la "question juive". Il crée alors un commissariat spécial aux questions juives qui introduit le couvre-feu obligatoire, des rations alimentaires réduites, le port de l'étoile jaune. Les Juifs ne peuvent plus quitter leur lieu d'habitation ni posséder récepteurs de radio et appareils téléphoniques. Leurs maisons doivent être signalées par un écriteau, certains lieux publics leur sont interdits et leur activité économique est limitée. Et, lorsque le Ministère des Affaires étrangères allemand donne l'ordre de déportation, son homologue bulgare répond: "Le gouvernement bulgare accepte la proposition du gouvernement allemand de procéder à la déportation de tous les Juifs de Bulgarie".
Mais, au mois de septembre, suite à de nouvelles mesures antijuives, le métropolite [ prélat orthodoxe ] Stéphane de Sofia affirme dans un sermon que Dieu a déjà suffisamment puni les Juifs d'avoir cloué le Christ sur la croix en les condamnant à l'errance et qu'il n'appartient pas aux hommes de les torturer et de les persécuter davantage. A l'intérieur du gouvernement, certains ministres semblent hésiter. Le Ministre de l'Intérieur accept
Sources :
Hannah Arendt: Eichmann à Jérusalem, Gallimard, 1963.
David Benvenisti: Les Juifs de Bulgarie sauvés de l'holocauste, Sofia-Presse, 1988.
Raul Hilberg: La Destruction des Juifs d'Europe, Fayard, 1988.
Léon Poliakov: Bréviaire de la haine, le IIIe Reich et les Juifs, Ed. Complexe, 1979.
Lire plus
La Bulgarie est le seul pays d'Europe où les nazis se soient trouvés dans l'impossibilité de procéder à la déportation des Juifs. Sur les cinquante mille Juifs bulgares, aucun n'a péri en camp de concentration. Le processus de déportation avait pourtant été engagé; mais il a été arrêté définitivement au cours de l'été 1943, c'est-à-dire un an avant l'entrée des troupes soviétiques en Bulgarie.
Si, dans l'état actuel des connaissances, il existe quelques doutes sur le rôle du roi, du gouvernement bulgare et du parti communiste clandestin, il n'en existe aucun sur le fait que la population bulgare a fait obstacle, par des moyens non-violents, à la déportation.
La Bulgarie avait été soumise pendant près de cinq siècles à la domination ottomane. Chrétiens orthodoxes et Juifs s'y trouvaient alors dans une situation semblable, celle de citoyens de seconde zone, les dhimmis. Pendant la guerre qui libéra le pays des occupants turcs, en 1877, les deux communautés, chrétienne et juive, combattirent côte à côte, ce qui fit naître entre elles un sentiment de solidarité rare en Europe.
Cependant, dès le début de 1939, et donc bien avant que la Bulgarie ne devienne une alliée officielle de l'Allemagne nazie, des organisations bulgares pro-nazies, sans doute très minoritaires, organisent des manifestations contre les Juifs et, en septembre, des attaques contre les magasins juifs de Sofia. Selon les autorités communistes au pouvoir en Bulgarie jusqu'en 1990, le Parti Ouvrier Bulgare aurait alors dénoncé ces violences.
En 1940, le gouvernement ayant été confié par le roi Boris III à Bogdane Filov, germanophile convaincu, des mesures officielles commencent à être prises contre les Juifs. Ces mesures, regroupées dans une Loi sur la défense de la nation, déclenchent, entre octobre 1940 et janvier 1941, une série de protestations émanant de tous les milieux. L'Église orthodoxe, les intellectuels, les écrivains, les organisations ouvrières manifestent leur opposition absolue à cette loi qui est cependant votée à la fin du mois de janvier 1941.
Le 1er mars 1941, la Bulgarie adhère au Pacte tripartite et devient ainsi, officiellement, l'alliée de l'Allemagne. Les armées allemandes entrent alors en Bulgarie d'où elles attaquent, en avril, la Grèce et la Yougoslavie. Les armées bulgares ne participent pas à cette agression mais sont ensuite chargées par les Allemands de contribuer à l'occupation de ces deux pays.
La situation des Juifs s'aggrave alors. Nombre d'entre eux sont assignés à résidence et un impôt spécial est créé, permettant à l'État de s'emparer du quart de leurs biens.
En juin et juillet 1942, le gouvernement bulgare reçoit les pleins pouvoirs pour la résolution de la "question juive". Il crée alors un commissariat spécial aux questions juives qui introduit le couvre-feu obligatoire, des rations alimentaires réduites, le port de l'étoile jaune. Les Juifs ne peuvent plus quitter leur lieu d'habitation ni posséder récepteurs de radio et appareils téléphoniques. Leurs maisons doivent être signalées par un écriteau, certains lieux publics leur sont interdits et leur activité économique est limitée. Et, lorsque le Ministère des Affaires étrangères allemand donne l'ordre de déportation, son homologue bulgare répond: "Le gouvernement bulgare accepte la proposition du gouvernement allemand de procéder à la déportation de tous les Juifs de Bulgarie".
Mais, au mois de septembre, suite à de nouvelles mesures antijuives, le métropolite [ prélat orthodoxe ] Stéphane de Sofia affirme dans un sermon que Dieu a déjà suffisamment puni les Juifs d'avoir cloué le Christ sur la croix en les condamnant à l'errance et qu'il n'appartient pas aux hommes de les torturer et de les persécuter davantage. A l'intérieur du gouvernement, certains ministres semblent hésiter. Le Ministre de l'Intérieur accept
Sources :
Hannah Arendt: Eichmann à Jérusalem, Gallimard, 1963.
David Benvenisti: Les Juifs de Bulgarie sauvés de l'holocauste, Sofia-Presse, 1988.
Raul Hilberg: La Destruction des Juifs d'Europe, Fayard, 1988.
Léon Poliakov: Bréviaire de la haine, le IIIe Reich et les Juifs, Ed. Complexe, 1979.
Rompre avec la violence éducative
1. Danielle. Dans les précédentes émissions, vous avez défini la violence éducative ordinaire en la distinguant de la maltraitance.
Vous avez montré que le niveau de cette violence éducative a baissé dans les pays européens sans que le nombre de parents qui y recourent ait beaucoup diminué.
Mais que ce niveau est resté très élevé dans la plupart des pays non-européens.
Vous avez montré enfin la gravité des conséquences de la violence éducative, dont en particulier les conséquences sur la violence collective des conflits civils et internationaux.
Pouvez-vous maintenant préciser comment on peut, daprès vous, rompre avec la violence éducative et sorienter vers une éducation sans violence?
On peut agir à plusieurs niveaux :
- si on est parent, on peut éviter de recourir à la violence éducative sur ses propres enfants;
- si on na pas denfants, on peut agir au niveau individuel et au niveau des communes;
- on peut agir aussi au niveau national et international;
- et enfin, pour les chrétiens, au niveau des Eglises.
2 - Françoise. Commençons par le niveau des parents. Est-ce que lamour maternel et paternel ne suffit pas pour bien élever ses enfants?
On aimerait pouvoir dire que lamour suffit à tout. Mais ce nest pas exact. La plupart des parents pensent aimer leurs enfants, même ceux qui les maltraitent.
En réalité, en tant que parents, nous avons tous été formés sur le tas. Ou plutôt sur deux tas. Celui de notre propre enfance où nous avons vu nos parents nous éduquer, bien ou mal. Puis, celui de notre propre expérience de la maternité ou de la paternité. Le plus souvent, cest par rapport à la manière dont nous avons été élevés que nous élevons nos enfants, en essayant de reproduire notre propre éducation, ou au contraire de nous en distinguer le plus possible.
Quelques parents cherchent des conseils sur léducation dans les livres publiés au moment où le problème de léducation se pose pour eux.
Mais en ce qui concerne la violence éducative, toutes les études montrent que 80 à 90% des parents reproduisent le niveau de violence éducative toléré dans la société où ils vivent. Et, quel que soit ce niveau de violence, fessée ou bastonnade, ils pensent bien élever leurs enfants.
3. Danielle. Que doivent donc faire des parents pour élever leurs enfants sans violence?
On peut distinguer deux cas assez différents.
Premier cas : celui des parents qui nont été ni frappés ni frappeurs et dont lenfant arrive à lâge des premiers conflits.
Cest le meilleur des cas. En effet, il est rare que des parents qui nont jamais été frappés soient portés à frapper leurs propres enfants.
Il faut toutefois tenir compte du fait quon a rarement des souvenirs antérieurs à lâge de trois ans et donc quon peut avoir reçu des fessées avant cet âge. Il faut tenir compte aussi des nounous qui ont pu en donner sans que les parents le sachent.
En tout cas, si on nen a jamais reçu, le plus important est de ne pas commencer. Comme lécrit la psychologue Isabelle Filliozat, le premier coup quon donne à un enfant ouvre un chemin neuronal dans le cerveau, chemin quon risque demprunter de nouveau à la prochaine désobéissance de lenfant.
Pour ne pas commencer, il faut remplir certaines conditions positives pour ne pas créer soi-même des occasions de conflit avec lenfant, sans faire pour autant , comme on dit, ses quatre volontés.
4. Françoise. Quest-ce que vous appelez : remplir les conditions positives?
Par exemple, veiller à la satisfaction des besoins de lenfant. Je ne dis pas des désirs, mais des besoins. Un enfant dont les besoins physiques et affectifs ne sont pas satisfaits risque de manifester son état de manque de diverses façons très propres à faire démanger la main des parents.
Autre nécessité, établir avec lenfant une relation de confiance et déchange qui facilite le réglement des petits conflits de la vie quotidienne..
Il faut aussi réduire le plus possible les occasions de conflit en amén
Emission RCF (Radio chrétienne, Toulon)
Lire plus
Vous avez montré que le niveau de cette violence éducative a baissé dans les pays européens sans que le nombre de parents qui y recourent ait beaucoup diminué.
Mais que ce niveau est resté très élevé dans la plupart des pays non-européens.
Vous avez montré enfin la gravité des conséquences de la violence éducative, dont en particulier les conséquences sur la violence collective des conflits civils et internationaux.
Pouvez-vous maintenant préciser comment on peut, daprès vous, rompre avec la violence éducative et sorienter vers une éducation sans violence?
On peut agir à plusieurs niveaux :
- si on est parent, on peut éviter de recourir à la violence éducative sur ses propres enfants;
- si on na pas denfants, on peut agir au niveau individuel et au niveau des communes;
- on peut agir aussi au niveau national et international;
- et enfin, pour les chrétiens, au niveau des Eglises.
2 - Françoise. Commençons par le niveau des parents. Est-ce que lamour maternel et paternel ne suffit pas pour bien élever ses enfants?
On aimerait pouvoir dire que lamour suffit à tout. Mais ce nest pas exact. La plupart des parents pensent aimer leurs enfants, même ceux qui les maltraitent.
En réalité, en tant que parents, nous avons tous été formés sur le tas. Ou plutôt sur deux tas. Celui de notre propre enfance où nous avons vu nos parents nous éduquer, bien ou mal. Puis, celui de notre propre expérience de la maternité ou de la paternité. Le plus souvent, cest par rapport à la manière dont nous avons été élevés que nous élevons nos enfants, en essayant de reproduire notre propre éducation, ou au contraire de nous en distinguer le plus possible.
Quelques parents cherchent des conseils sur léducation dans les livres publiés au moment où le problème de léducation se pose pour eux.
Mais en ce qui concerne la violence éducative, toutes les études montrent que 80 à 90% des parents reproduisent le niveau de violence éducative toléré dans la société où ils vivent. Et, quel que soit ce niveau de violence, fessée ou bastonnade, ils pensent bien élever leurs enfants.
3. Danielle. Que doivent donc faire des parents pour élever leurs enfants sans violence?
On peut distinguer deux cas assez différents.
Premier cas : celui des parents qui nont été ni frappés ni frappeurs et dont lenfant arrive à lâge des premiers conflits.
Cest le meilleur des cas. En effet, il est rare que des parents qui nont jamais été frappés soient portés à frapper leurs propres enfants.
Il faut toutefois tenir compte du fait quon a rarement des souvenirs antérieurs à lâge de trois ans et donc quon peut avoir reçu des fessées avant cet âge. Il faut tenir compte aussi des nounous qui ont pu en donner sans que les parents le sachent.
En tout cas, si on nen a jamais reçu, le plus important est de ne pas commencer. Comme lécrit la psychologue Isabelle Filliozat, le premier coup quon donne à un enfant ouvre un chemin neuronal dans le cerveau, chemin quon risque demprunter de nouveau à la prochaine désobéissance de lenfant.
Pour ne pas commencer, il faut remplir certaines conditions positives pour ne pas créer soi-même des occasions de conflit avec lenfant, sans faire pour autant , comme on dit, ses quatre volontés.
4. Françoise. Quest-ce que vous appelez : remplir les conditions positives?
Par exemple, veiller à la satisfaction des besoins de lenfant. Je ne dis pas des désirs, mais des besoins. Un enfant dont les besoins physiques et affectifs ne sont pas satisfaits risque de manifester son état de manque de diverses façons très propres à faire démanger la main des parents.
Autre nécessité, établir avec lenfant une relation de confiance et déchange qui facilite le réglement des petits conflits de la vie quotidienne..
Il faut aussi réduire le plus possible les occasions de conflit en amén
Emission RCF (Radio chrétienne, Toulon)
Violence éducative et Eglise catholique
Citation :
Ce que vous faites à un de ces petits, c'est à moi que vous le faites.
Evangile.
1. Danielle. Pouvez-vous rappeler brièvement la définition que vous avez donnée de la violence éducative dans la précédente émission?
La violence éducative ordinaire, cest le niveau de violence quune société donnée considère comme normal pour éduquer et faire obéir les enfants. Cest par exemple, en France, la gifle et la fessée. Mais les coups de ceinture et de bâton, sont vus comme de la maltraitance.
Mais le niveau de la violence éducative ordinaire varie selon les pays : en Afrique, par exemple, la bastonnade est considérée comme normale; en Suède et dans les douze pays qui ont interdit toute violence éducative, même la gifle est considérée comme maltraitance.
2. Françoise. En moyenne, dans le monde, est-ce quon est plus près de lAfrique ou de la Suède?
Sans aucun doute de lAfrique. La baisse du niveau de la violence éducative dans la plupart des pays européens fait que nous ne nous rendons pas compte avec quelle violence les enfants sont battus quasi quotidiennement partout ailleurs (comme ils létaient en France il y a un siècle et demi ou deux), à quelques exceptions près, à lécole et à la maison. Et il faut avoir cela bien présent à lesprit pour comprendre la nécessité dagir contre cette violence.
3. Danielle. Et vous avez montré aussi la dernière fois que les effets de cette violence sont réellement graves.
Oui, ils agissent sur le corps de lenfant et sur son esprit.
Un des effets les plus grave des punitions corporelles, cest quelles rendent les enfants violents en leur apprenant à trouver normal de régler les conflits par la violence. Que ce soit par exemple dans la vie familiale et conjugale ou dans la vie politique et sociale. Les régions du monde où lon frappe le plus les enfants sont aussi celles où la pratique de la violence conjugale est la plus répandue.
Sils ne deviennent pas violents par eux-mêmes, les enfants sont dressés à se soumettre non pas à la loi, ni à leur conscience, mais à la violence et aux leaders violents, ce qui a évidemment de graves répercussions dans la vie sociale.
Les principaux dictateurs du XXe siècle ont tous été des enfants abominablement battus. Et comme léducation violente était la règle dans leur pays, ils nont pas eu de mal à trouver des gens prêts à se soumettre à leur violence et à en devenir les agents zélés.
Il y a bien dautres effets de la violence éducative sur les enfants, mais il nous faut maintenant aborder le sujet daujourdhui.
4. Françoise. Oui, et ce sujet cest le rapport que lEglise a eu avec la violence éducative. Pourquoi, à votre avis, faut-il se poser cette question?
La première raison, cest que malheureusement lEglise, dans ses établissements scolaires a longtemps pratiqué la violence éducative, et souvent de façon extrêmement cruelle.
5. Françoise. Pouvez-vous en donner des exemples?
Malheureusement, on peut en citer des quantités.
Tout dabord, on sait que depuis le haut Moyen-Âge jusquà la Révolution, tous les établissements scolaires étaient religieux. Or, sur toutes les gravures, peintures et sculptures représentant les maîtres, lattribut quils ont toujours en main ou suspendu au-dessus de leur chaire, ce sont les verges, cest-à-dire une poignée de baguettes dont ils se servaient avec une grande violence. Montaigne a témoigné, au XVIe siècle, avoir vu le sol de sa classe jonché de baguettes ensanglantées.
Mais de tels traitements ne se sont pas arrêtés avec la Révolution. De très nombreux témoignages montrent que la violence éducative a sévi dans beaucoup détablissements religieux - et pas seulement religieux - jusquà nos jours.
Le fils dun ami ma dit avoir dû rester à genoux, les bras en croix, une Bible dans chaque main, sous la menace de coups sil baissait les bras, dans un établissement religieux de Lyon, dans les années 1970.
Aux Maristes de Toulon, dans les années soixante, quand ils étaient près de la Place de la Liberté, un de mes beaux-frères a dû, avec ses camarades, sur lordre
Emission sur RCF (Radio chrétienne de Toulon) du 26 mai 2004. Présence mariste.
Cette émission, enregistrée à la date indiquée dans le titre a été diffusée, comme les trois autres, au cours des mois d'octobre et novembre sur RCF.
Lire plus
Ce que vous faites à un de ces petits, c'est à moi que vous le faites.
Evangile.
1. Danielle. Pouvez-vous rappeler brièvement la définition que vous avez donnée de la violence éducative dans la précédente émission?
La violence éducative ordinaire, cest le niveau de violence quune société donnée considère comme normal pour éduquer et faire obéir les enfants. Cest par exemple, en France, la gifle et la fessée. Mais les coups de ceinture et de bâton, sont vus comme de la maltraitance.
Mais le niveau de la violence éducative ordinaire varie selon les pays : en Afrique, par exemple, la bastonnade est considérée comme normale; en Suède et dans les douze pays qui ont interdit toute violence éducative, même la gifle est considérée comme maltraitance.
2. Françoise. En moyenne, dans le monde, est-ce quon est plus près de lAfrique ou de la Suède?
Sans aucun doute de lAfrique. La baisse du niveau de la violence éducative dans la plupart des pays européens fait que nous ne nous rendons pas compte avec quelle violence les enfants sont battus quasi quotidiennement partout ailleurs (comme ils létaient en France il y a un siècle et demi ou deux), à quelques exceptions près, à lécole et à la maison. Et il faut avoir cela bien présent à lesprit pour comprendre la nécessité dagir contre cette violence.
3. Danielle. Et vous avez montré aussi la dernière fois que les effets de cette violence sont réellement graves.
Oui, ils agissent sur le corps de lenfant et sur son esprit.
Un des effets les plus grave des punitions corporelles, cest quelles rendent les enfants violents en leur apprenant à trouver normal de régler les conflits par la violence. Que ce soit par exemple dans la vie familiale et conjugale ou dans la vie politique et sociale. Les régions du monde où lon frappe le plus les enfants sont aussi celles où la pratique de la violence conjugale est la plus répandue.
Sils ne deviennent pas violents par eux-mêmes, les enfants sont dressés à se soumettre non pas à la loi, ni à leur conscience, mais à la violence et aux leaders violents, ce qui a évidemment de graves répercussions dans la vie sociale.
Les principaux dictateurs du XXe siècle ont tous été des enfants abominablement battus. Et comme léducation violente était la règle dans leur pays, ils nont pas eu de mal à trouver des gens prêts à se soumettre à leur violence et à en devenir les agents zélés.
Il y a bien dautres effets de la violence éducative sur les enfants, mais il nous faut maintenant aborder le sujet daujourdhui.
4. Françoise. Oui, et ce sujet cest le rapport que lEglise a eu avec la violence éducative. Pourquoi, à votre avis, faut-il se poser cette question?
La première raison, cest que malheureusement lEglise, dans ses établissements scolaires a longtemps pratiqué la violence éducative, et souvent de façon extrêmement cruelle.
5. Françoise. Pouvez-vous en donner des exemples?
Malheureusement, on peut en citer des quantités.
Tout dabord, on sait que depuis le haut Moyen-Âge jusquà la Révolution, tous les établissements scolaires étaient religieux. Or, sur toutes les gravures, peintures et sculptures représentant les maîtres, lattribut quils ont toujours en main ou suspendu au-dessus de leur chaire, ce sont les verges, cest-à-dire une poignée de baguettes dont ils se servaient avec une grande violence. Montaigne a témoigné, au XVIe siècle, avoir vu le sol de sa classe jonché de baguettes ensanglantées.
Mais de tels traitements ne se sont pas arrêtés avec la Révolution. De très nombreux témoignages montrent que la violence éducative a sévi dans beaucoup détablissements religieux - et pas seulement religieux - jusquà nos jours.
Le fils dun ami ma dit avoir dû rester à genoux, les bras en croix, une Bible dans chaque main, sous la menace de coups sil baissait les bras, dans un établissement religieux de Lyon, dans les années 1970.
Aux Maristes de Toulon, dans les années soixante, quand ils étaient près de la Place de la Liberté, un de mes beaux-frères a dû, avec ses camarades, sur lordre
Emission sur RCF (Radio chrétienne de Toulon) du 26 mai 2004. Présence mariste.
Cette émission, enregistrée à la date indiquée dans le titre a été diffusée, comme les trois autres, au cours des mois d'octobre et novembre sur RCF.
La violence éducative
Citation :
Traitons nos enfants comme nous souhaitons qu'ils nous traitent.
1 - Pouvez-vous définir ce que vous appelez la violence éducative?
La violence éducative, cest la violence à légard des enfants qui ne choque personne. Celle qui est considérée comme acceptable dans une société, pour les faire obéir.
Il faut donc la distinguer de la maltraitance qui est le niveau considéré comme inacceptable.
Par exemple, en France, on peut dire que la gifle et la fessée font partie de la violence éducative ordinaire. Et si on utilise une ceinture ou un bâton pour frapper un enfant, on est considéré comme un parent maltraitant.
Mais ce niveau varie beaucoup selon les sociétés. Par exemple, en Suède, dans les pays scandinaves et quatre ou cinq autres pays, une simple gifle est considérée comme maltraitance inacceptable, parce que toute violence est interdite. En Afrique au contraire, la bastonnade est tolérée et considérée comme indispensable pour une bonne éducation. Si on représente la violence infligée aux enfants comme un iceberg, la maltraitance est la partie émergée de liceberg, celle que tout le monde montre du doigt et dénonce, la violence éducative est la partie immergée que très peu de gens considèrent comme de la violence.
Mais limage de liceberg est intéressante parce quelle montre quil y a une continuité entre VEO et maltraitance et que, si on ne sattaque pas à la partie immergée de liceberg, la VEO, on narrivera jamais à réduire la maltraitance, cest-à-dire la partie émergée.
Cest cette continuité qui fait la gravité de la VEO, même la plus faible, comme la tape sur la main. Tout simplement parce que accepter la tape sur la main, cest déjà accepter le principe quon a le droit de frapper un enfant. Et à partir du moment où le principe est accepté, on ne peut jamais savoir jusquoù on ira.
Autrement dit, si nous nacceptons pas le fait que dans beaucoup de pays on frappe les enfants à coups de bâton, nous devrions aussi condamner les fessées, les gifles et les tapes, parce que violence éducative et maltraitance sont fondées sur le même principe de base : on a le droit de frapper les enfants pour leur bien.
2 - Tout de même, une petite tape sur la main, ça ne paraît pas si grave et ça peut être utile pour empêcher un enfant de se brûler à la porte dun four par exemple?
Moi, je trouve que lexpression une petite tape sur la main ou une petite tape sur les couches est très trompeuse. Car ou bien la petite tape en question est vraiment petite, comme une tape affectueuse sur la main, et elle na aucun effet dissuasif. Et si on veut quelle soit efficace, surtout si lenfant est un peu habitué et endurci, il faudra frapper plus fort, donner une bonne tape, comme on dit, cest-à-dire une forte tape, et lescalade commence et on ne sait pas où elle sarrêtera parce que chacun peut être entraîné très loin soit par la répétition de ce quil a lui-même subi, soit le blindage progressif de lenfant qui, au bout dun moment pourra en arriver à défier ses parents : Même pas mal!.
Cest ainsi que plus une société tolère la violence éducative ordinaire, plus elle produit aussi de maltraitance.
3 - Mais la violence éducative est-elle très répandue?
Elle est presque universelle. Il ny a, dans les pays européens industrialisés comme le nôtre que 15 à 20% des parents qui ne frappent pas leurs enfants.
Sur un continent comme lAfrique, il ny a que moins de 10% des parents qui ne frappent pas leurs enfants. Et le niveau moyen de la violence éducative, comme je lai dit tout à lheure est la bastonnade. De plus, sur presque tous les continents, y compris en Amérique du Nord, les enfants sont aussi frappés à lécole. Dans 22 États des États-Unis, ils sont encore fessés à coups de latte, et assez violemment pour avoir souvent les fesses couvertes decchymoses. Inutile de dire que cest non seulement douloureux, mais aussi extrêmement humiliant.
On peut donc être sûr que rares sont les enfants qui ont échappé à la violence éducative. Même ceux qui disent quils nont jamais été f
Emission sur RCF (Radio chrétienne de Toulon) du 26 mai 2004. Présence mariste.
Cette émission, enregistrée à la date indiquée dans le titre a été diffusée, comme les trois autres, au cours des mois d'octobre et novembre sur RCF.
Lire plus
Traitons nos enfants comme nous souhaitons qu'ils nous traitent.
1 - Pouvez-vous définir ce que vous appelez la violence éducative?
La violence éducative, cest la violence à légard des enfants qui ne choque personne. Celle qui est considérée comme acceptable dans une société, pour les faire obéir.
Il faut donc la distinguer de la maltraitance qui est le niveau considéré comme inacceptable.
Par exemple, en France, on peut dire que la gifle et la fessée font partie de la violence éducative ordinaire. Et si on utilise une ceinture ou un bâton pour frapper un enfant, on est considéré comme un parent maltraitant.
Mais ce niveau varie beaucoup selon les sociétés. Par exemple, en Suède, dans les pays scandinaves et quatre ou cinq autres pays, une simple gifle est considérée comme maltraitance inacceptable, parce que toute violence est interdite. En Afrique au contraire, la bastonnade est tolérée et considérée comme indispensable pour une bonne éducation. Si on représente la violence infligée aux enfants comme un iceberg, la maltraitance est la partie émergée de liceberg, celle que tout le monde montre du doigt et dénonce, la violence éducative est la partie immergée que très peu de gens considèrent comme de la violence.
Mais limage de liceberg est intéressante parce quelle montre quil y a une continuité entre VEO et maltraitance et que, si on ne sattaque pas à la partie immergée de liceberg, la VEO, on narrivera jamais à réduire la maltraitance, cest-à-dire la partie émergée.
Cest cette continuité qui fait la gravité de la VEO, même la plus faible, comme la tape sur la main. Tout simplement parce que accepter la tape sur la main, cest déjà accepter le principe quon a le droit de frapper un enfant. Et à partir du moment où le principe est accepté, on ne peut jamais savoir jusquoù on ira.
Autrement dit, si nous nacceptons pas le fait que dans beaucoup de pays on frappe les enfants à coups de bâton, nous devrions aussi condamner les fessées, les gifles et les tapes, parce que violence éducative et maltraitance sont fondées sur le même principe de base : on a le droit de frapper les enfants pour leur bien.
2 - Tout de même, une petite tape sur la main, ça ne paraît pas si grave et ça peut être utile pour empêcher un enfant de se brûler à la porte dun four par exemple?
Moi, je trouve que lexpression une petite tape sur la main ou une petite tape sur les couches est très trompeuse. Car ou bien la petite tape en question est vraiment petite, comme une tape affectueuse sur la main, et elle na aucun effet dissuasif. Et si on veut quelle soit efficace, surtout si lenfant est un peu habitué et endurci, il faudra frapper plus fort, donner une bonne tape, comme on dit, cest-à-dire une forte tape, et lescalade commence et on ne sait pas où elle sarrêtera parce que chacun peut être entraîné très loin soit par la répétition de ce quil a lui-même subi, soit le blindage progressif de lenfant qui, au bout dun moment pourra en arriver à défier ses parents : Même pas mal!.
Cest ainsi que plus une société tolère la violence éducative ordinaire, plus elle produit aussi de maltraitance.
3 - Mais la violence éducative est-elle très répandue?
Elle est presque universelle. Il ny a, dans les pays européens industrialisés comme le nôtre que 15 à 20% des parents qui ne frappent pas leurs enfants.
Sur un continent comme lAfrique, il ny a que moins de 10% des parents qui ne frappent pas leurs enfants. Et le niveau moyen de la violence éducative, comme je lai dit tout à lheure est la bastonnade. De plus, sur presque tous les continents, y compris en Amérique du Nord, les enfants sont aussi frappés à lécole. Dans 22 États des États-Unis, ils sont encore fessés à coups de latte, et assez violemment pour avoir souvent les fesses couvertes decchymoses. Inutile de dire que cest non seulement douloureux, mais aussi extrêmement humiliant.
On peut donc être sûr que rares sont les enfants qui ont échappé à la violence éducative. Même ceux qui disent quils nont jamais été f
Emission sur RCF (Radio chrétienne de Toulon) du 26 mai 2004. Présence mariste.
Cette émission, enregistrée à la date indiquée dans le titre a été diffusée, comme les trois autres, au cours des mois d'octobre et novembre sur RCF.
La non-violence active
Citation :
Il y a deux sortes d'efficacité, celle du typhon et celle de la sève
Albert Camus
1 - La non-violence est-elle une utopie, un idéal ou une réalité concrète?
- Signification du mot utopie : qui nexiste en aucun lieu.
- La NV nen est pas une parce quelle a été pratiquée et lest encore dans bien des lieux géographiquement et historiquement situés et elle est même de plus en plus pratiquée. On le voit si on y fait attention.
- Libération de lInde, lutte pour les droits civiques des Noirs américains, résistance des dissidents russes, lutte des Mères de la Place de Mai en Argentine, action du syndicat Solidarnocz en Pologne, lutte des paysans du Larzac, renversement de dictature aux Philippines et à Madagascar, lutte de lopposante et Prix Nobel birmane Aung San Suu Kyi, lutte de lassociation française Droit au logement, lutte écologique de Greenpeace et Robin des Bois, la plupart des actions contre la mondialisation, et une multitude de micro-actions chaque jour.
- Sans compter aussi les millions de gens qui la pratiquent tous les jours dans leur vie quotidienne, non seulement en nusant pas de violence (ce nest que laspect négatif de la non-violence) mais surtout en saffirmant, en ne fuyant pas le conflit éventuellement, mais en lassumant sans violence et dans le respect de soi et des autres.
2 - Quest ce que la non-violence active?
- Au fond, la non-violence cest un comportement qui consiste à se faire respecter et faire respecter ses droits, ceux des autres aussi, en respectant la personne des adversaires à qui on se trouve confronté. Cette distinction entre les personnes (par exemple, policiers, militaires, juges, etc) et linjustice dont ils sont responsables est essentielle. On sattaque à linjustice, pas aux personnes.
3 - Quels sont les moyens de la non-violence?
- Ils sont très nombreux et très variés et il sen invente tous les jours car la NV fait appel à limagination.
- Les principaux sont la non-coopération et la désobéissance civile, mais il faut aussi ajouter la parole (mettre des mots à la place des coups), la médiation, la loi et le droit, linformation, lobstruction civile.
- Mais je voudrais insister surtout sur le respect des personnes qui est à la fois un but et un moyen. En renonçant à la violence, en respectant les personnes, on ne se prive pas dun moyen daction, on en acquiert un beaucoup plus puissant. Les systèmes politiques auxquels on peut être amené à sattaquer ne sont pas des blocs dacier. Ils sont faits dhommes dont certains peuvent être impitoyables, mais dont beaucoup sont des gens ordinaires qui peuvent refuser à participer à des actes injustes, cruels ou inhumains sils ny sont pas poussés par linstinct de conservation. Or, en respectant les personnes, cest précisément linstinct de conservation quon met en quelque sorte hors jeu. Face à un action non-violente, policiers et militaires savent quon ne leur fera aucun mal. Et si du côté de leur hiérarchie on leur donne des ordres de répression, ils risquent de ne pas obéir de bon coeur, voire de ne pas obéir du tout. Cela sest produit un grand nombre de fois (policiers américains face aux sit-il des Noirs, soldats philippins sur leurs blindés face à la foule assise au pied même des blindés, juges polonais refusant de juger les militants de Solidarnosc, gardiens de prison informant les dissidents russes des soutiens dont ils bénéficiaient à lextérieur, etc).
- Et ce moyen est formidablement efficace face aux dictateurs les plus impitoyables. Hitler lui-même a dû céder à plusieurs reprises face à des formes de résistance non-violentes. Par exemple :
- quand lévêque de Munster, Mgr Galen a fait un sermon et organisé une distribution de tracts pour dénoncer leuthanasie des malades mentaux et des vieillards impotents;
- quand les épouses allemandes de juifs sont venues manifester plusieurs jours en plein Berlin pour protester contre larrestation de leurs maris à qui elles ont pu éviter ainsi la déportation;
- et surtout en Bulgarie où toute la communauté juive bulgare (50
Emission pour RCF, 14 avril 2004
avec Françoise Reynès et Danielle Clacquin
Lire plus
Il y a deux sortes d'efficacité, celle du typhon et celle de la sève
Albert Camus
1 - La non-violence est-elle une utopie, un idéal ou une réalité concrète?
- Signification du mot utopie : qui nexiste en aucun lieu.
- La NV nen est pas une parce quelle a été pratiquée et lest encore dans bien des lieux géographiquement et historiquement situés et elle est même de plus en plus pratiquée. On le voit si on y fait attention.
- Libération de lInde, lutte pour les droits civiques des Noirs américains, résistance des dissidents russes, lutte des Mères de la Place de Mai en Argentine, action du syndicat Solidarnocz en Pologne, lutte des paysans du Larzac, renversement de dictature aux Philippines et à Madagascar, lutte de lopposante et Prix Nobel birmane Aung San Suu Kyi, lutte de lassociation française Droit au logement, lutte écologique de Greenpeace et Robin des Bois, la plupart des actions contre la mondialisation, et une multitude de micro-actions chaque jour.
- Sans compter aussi les millions de gens qui la pratiquent tous les jours dans leur vie quotidienne, non seulement en nusant pas de violence (ce nest que laspect négatif de la non-violence) mais surtout en saffirmant, en ne fuyant pas le conflit éventuellement, mais en lassumant sans violence et dans le respect de soi et des autres.
2 - Quest ce que la non-violence active?
- Au fond, la non-violence cest un comportement qui consiste à se faire respecter et faire respecter ses droits, ceux des autres aussi, en respectant la personne des adversaires à qui on se trouve confronté. Cette distinction entre les personnes (par exemple, policiers, militaires, juges, etc) et linjustice dont ils sont responsables est essentielle. On sattaque à linjustice, pas aux personnes.
3 - Quels sont les moyens de la non-violence?
- Ils sont très nombreux et très variés et il sen invente tous les jours car la NV fait appel à limagination.
- Les principaux sont la non-coopération et la désobéissance civile, mais il faut aussi ajouter la parole (mettre des mots à la place des coups), la médiation, la loi et le droit, linformation, lobstruction civile.
- Mais je voudrais insister surtout sur le respect des personnes qui est à la fois un but et un moyen. En renonçant à la violence, en respectant les personnes, on ne se prive pas dun moyen daction, on en acquiert un beaucoup plus puissant. Les systèmes politiques auxquels on peut être amené à sattaquer ne sont pas des blocs dacier. Ils sont faits dhommes dont certains peuvent être impitoyables, mais dont beaucoup sont des gens ordinaires qui peuvent refuser à participer à des actes injustes, cruels ou inhumains sils ny sont pas poussés par linstinct de conservation. Or, en respectant les personnes, cest précisément linstinct de conservation quon met en quelque sorte hors jeu. Face à un action non-violente, policiers et militaires savent quon ne leur fera aucun mal. Et si du côté de leur hiérarchie on leur donne des ordres de répression, ils risquent de ne pas obéir de bon coeur, voire de ne pas obéir du tout. Cela sest produit un grand nombre de fois (policiers américains face aux sit-il des Noirs, soldats philippins sur leurs blindés face à la foule assise au pied même des blindés, juges polonais refusant de juger les militants de Solidarnosc, gardiens de prison informant les dissidents russes des soutiens dont ils bénéficiaient à lextérieur, etc).
- Et ce moyen est formidablement efficace face aux dictateurs les plus impitoyables. Hitler lui-même a dû céder à plusieurs reprises face à des formes de résistance non-violentes. Par exemple :
- quand lévêque de Munster, Mgr Galen a fait un sermon et organisé une distribution de tracts pour dénoncer leuthanasie des malades mentaux et des vieillards impotents;
- quand les épouses allemandes de juifs sont venues manifester plusieurs jours en plein Berlin pour protester contre larrestation de leurs maris à qui elles ont pu éviter ainsi la déportation;
- et surtout en Bulgarie où toute la communauté juive bulgare (50
Emission pour RCF, 14 avril 2004
avec Françoise Reynès et Danielle Clacquin
Déclarons la paix aux enfants L'éducation sans violence, condition du développement de la non-violence
Citation :
Pourquoi appelle-t-on :
- cruauté le fait de frapper un animal
- agression le fait de frapper un animal
- éducation le fait de frapper un enfant?
(Slogan anonyme)
Article publié pour la première fois dans la revue bouddhiste Ici et Maintenant (Numéro sur la non-violence)
Les études sur la violence humaine mentionnent très rarement parmi ses causes la violence éducative ordinaire.
80 à 90% des enfants1 la subissent sur toute la surface de la terre: tapes, gifles et fessées en France et, dans beaucoup de pays, coups de ceinture, bastonnade et autres traitements cruels considérés comme normaux et éducatifs là où ils sont pratiqués.
L'enfant apprend tout par imitation, et surtout par imitation de ce qu'on lui fait subir. Ce qu'on enseigne à un enfant en le frappant, si faiblement que ce soit, c'est à frapper2. Et la meilleure manière de lui apprendre le respect des autres, notamment des plus faibles, c'est de le respecter.
Or, c'est de la main même de leurs parents que la plupart des enfants font leur première expérience de la violence, et cela dès l'âge de quelques mois ou lors de leurs premiers pas, puis pendant toute la durée de la formation de leur cerveau. Pourquoi s'étonner que devenus adolescents puis adultes, ils recourent eux aussi à la violence comme on leur en a donné l'exemple à leurs propres dépens? Et pourquoi s'étonner que des peuples entiers aient pu se soumettre à des leaders politiques violents et tyranniques quand on sait qu'ils y ont été dressés dès leur plus jeune âge par la violence de leurs parents?
La relation de l'enfant avec ses parents est souvent le prototype de ce que seront plus tard ses relations avec ses semblables.
Ce que l'enfant est aussi obligé d'apprendre, sous les coups de ses parents, c'est à se durcir pour supporter les coups, de même que la peau s'épaissit en cal sous l'effet du frottement. Se durcir, c'est-à-dire perdre la capacité de s'apitoyer sur soi comme sur les autres. La cruauté et l'indifférence avec laquelle des hommes apparemment civilisés ont été capables de traiter leurs semblables nous horrifie. Mais la manière dont ils ont été traités enfants suffit à expliquer cette cruauté et de cette indifférence. C'est la compassion reçue qui enseigne la compassion à l'égard des autres. L'absence de compassion envers les enfants fait des adultes sans pitié.
Alice Miller3 a fait remarquer que les pires dictateurs du XXe siècle, Hitler, Staline, Mao, Ceaucescu, Saddam Hussein, Amin Dada, ont tous été des enfants victimes de maltraitance. Et les peuples sur lesquels ils ont pris le pouvoir avaient subi des méthodes éducatives autoritaires et violentes dont ils ont retrouvé l'écho dans la violence des discours de leurs dirigeants. Cette violence étant ressentie comme bénéfique ("C'est pour ton bien que je te fais mal!"), ils y ont adhéré avec enthousiasme. D'autant plus que ces discours leur désignaient des boucs émissaires sur lesquels ils pourraient évacuer la violence qu'ils avaient subie.
Le continent africain est actuellement le théâtre de violences extrêmes : enfants soldats contraints à tuer leurs parents, mutilations, viols, massacres... Or, l'éducation y est particulièrement violente. Une enquête menée en mai 2000 au Cameroun a montré que 90% des enfants subissent la bastonnade à l'école et à la maison. Les résultats ont été à peu près les mêmes au Maroc et au Togo.
Mais un des résultats les plus paradoxaux de la violence éducative, c'est l'aveuglement qu'elle produit aux traitements subis par les enfants. La plupart des gens qui ont été frappés considèrent ces traitements comme tout à fait normaux. Ils minimisent ou ils ne voient littéralement pas ce que subissent les enfants. De même, pendant des millénaires les grandes religions sont restées indifférentes aux violences que les parents infligeaient aux enfants, quand elles ne s'y sont pas activement associées dans leurs écoles, juives, chrétiennes ou coraniques, ainsi que par certains de leurs préceptes, notamment un bon nombre de proverbes bibliques. D'après les renseignements accessibles sur les pays de tradition bouddhiste, le bouddhisme ne semble pas faire exception à la règle. De même, à quelques rares exceptions près, les écrivains de tous les pays, qui ont pourtant décrit avec le plu
Signature :
Olivier Maurel
Olivier Maurel est auteur de La Fessée, Questions sur la violence éducative (La Plage, 2004)
Pour toute réaction à cet article, écrire à Olivier Maurel 1013C Chemin de la Cibonne 83220 Le Pradet (France) ou.
Notes :
1 Ce pourcentage résulte d'un grand nombre de sondages sur plusieurs continents. En France, 85% des parents recourent aux gifles et aux fessées, dont 30% avec une réelle violence (sondage SOFRES 2000).
2 Il est bon de savoir que chez nos cousins les singes les mères ne frappent ni ne "punissent" jamais leurs petits. La violence éducative est un comportement acquis et aucun comportement inné de l'enfant ne le prépare à être agressé par la ou les personne(s) qui constituent sa base de sécurité.
3 Auteur, notamment, de C'est pour ton bien (Aubier) et de plusieurs autres ouvrages sur les effets des traumatismes d'enfance sur la vie adulte.
4 Documents disponibles auprès de l'auteur de cet article (joindre deux timbres pour la réponse) :
- Conseils pratiques pour une éducation sans violence.
- Comment intervenir quand on est témoin d'une scène de violence parent-enfant.
- Suggestions pour créer un atelier de parentalité.
- Manifeste contre la violence éducative (à envoyer au Premier ministre).
Pour toute réaction à cet article, écrire à Olivier Maurel 1013C Chemin de la Cibonne 83220 Le Pradet (France) ou.
Lire plus
Pourquoi appelle-t-on :
- cruauté le fait de frapper un animal
- agression le fait de frapper un animal
- éducation le fait de frapper un enfant?
(Slogan anonyme)
Article publié pour la première fois dans la revue bouddhiste Ici et Maintenant (Numéro sur la non-violence)
Les études sur la violence humaine mentionnent très rarement parmi ses causes la violence éducative ordinaire.
80 à 90% des enfants1 la subissent sur toute la surface de la terre: tapes, gifles et fessées en France et, dans beaucoup de pays, coups de ceinture, bastonnade et autres traitements cruels considérés comme normaux et éducatifs là où ils sont pratiqués.
L'enfant apprend tout par imitation, et surtout par imitation de ce qu'on lui fait subir. Ce qu'on enseigne à un enfant en le frappant, si faiblement que ce soit, c'est à frapper2. Et la meilleure manière de lui apprendre le respect des autres, notamment des plus faibles, c'est de le respecter.
Or, c'est de la main même de leurs parents que la plupart des enfants font leur première expérience de la violence, et cela dès l'âge de quelques mois ou lors de leurs premiers pas, puis pendant toute la durée de la formation de leur cerveau. Pourquoi s'étonner que devenus adolescents puis adultes, ils recourent eux aussi à la violence comme on leur en a donné l'exemple à leurs propres dépens? Et pourquoi s'étonner que des peuples entiers aient pu se soumettre à des leaders politiques violents et tyranniques quand on sait qu'ils y ont été dressés dès leur plus jeune âge par la violence de leurs parents?
La relation de l'enfant avec ses parents est souvent le prototype de ce que seront plus tard ses relations avec ses semblables.
Ce que l'enfant est aussi obligé d'apprendre, sous les coups de ses parents, c'est à se durcir pour supporter les coups, de même que la peau s'épaissit en cal sous l'effet du frottement. Se durcir, c'est-à-dire perdre la capacité de s'apitoyer sur soi comme sur les autres. La cruauté et l'indifférence avec laquelle des hommes apparemment civilisés ont été capables de traiter leurs semblables nous horrifie. Mais la manière dont ils ont été traités enfants suffit à expliquer cette cruauté et de cette indifférence. C'est la compassion reçue qui enseigne la compassion à l'égard des autres. L'absence de compassion envers les enfants fait des adultes sans pitié.
Alice Miller3 a fait remarquer que les pires dictateurs du XXe siècle, Hitler, Staline, Mao, Ceaucescu, Saddam Hussein, Amin Dada, ont tous été des enfants victimes de maltraitance. Et les peuples sur lesquels ils ont pris le pouvoir avaient subi des méthodes éducatives autoritaires et violentes dont ils ont retrouvé l'écho dans la violence des discours de leurs dirigeants. Cette violence étant ressentie comme bénéfique ("C'est pour ton bien que je te fais mal!"), ils y ont adhéré avec enthousiasme. D'autant plus que ces discours leur désignaient des boucs émissaires sur lesquels ils pourraient évacuer la violence qu'ils avaient subie.
Le continent africain est actuellement le théâtre de violences extrêmes : enfants soldats contraints à tuer leurs parents, mutilations, viols, massacres... Or, l'éducation y est particulièrement violente. Une enquête menée en mai 2000 au Cameroun a montré que 90% des enfants subissent la bastonnade à l'école et à la maison. Les résultats ont été à peu près les mêmes au Maroc et au Togo.
Mais un des résultats les plus paradoxaux de la violence éducative, c'est l'aveuglement qu'elle produit aux traitements subis par les enfants. La plupart des gens qui ont été frappés considèrent ces traitements comme tout à fait normaux. Ils minimisent ou ils ne voient littéralement pas ce que subissent les enfants. De même, pendant des millénaires les grandes religions sont restées indifférentes aux violences que les parents infligeaient aux enfants, quand elles ne s'y sont pas activement associées dans leurs écoles, juives, chrétiennes ou coraniques, ainsi que par certains de leurs préceptes, notamment un bon nombre de proverbes bibliques. D'après les renseignements accessibles sur les pays de tradition bouddhiste, le bouddhisme ne semble pas faire exception à la règle. De même, à quelques rares exceptions près, les écrivains de tous les pays, qui ont pourtant décrit avec le plu
Signature :
Olivier Maurel
Olivier Maurel est auteur de La Fessée, Questions sur la violence éducative (La Plage, 2004)
Pour toute réaction à cet article, écrire à Olivier Maurel 1013C Chemin de la Cibonne 83220 Le Pradet (France) ou
Notes :
1 Ce pourcentage résulte d'un grand nombre de sondages sur plusieurs continents. En France, 85% des parents recourent aux gifles et aux fessées, dont 30% avec une réelle violence (sondage SOFRES 2000).
2 Il est bon de savoir que chez nos cousins les singes les mères ne frappent ni ne "punissent" jamais leurs petits. La violence éducative est un comportement acquis et aucun comportement inné de l'enfant ne le prépare à être agressé par la ou les personne(s) qui constituent sa base de sécurité.
3 Auteur, notamment, de C'est pour ton bien (Aubier) et de plusieurs autres ouvrages sur les effets des traumatismes d'enfance sur la vie adulte.
4 Documents disponibles auprès de l'auteur de cet article (joindre deux timbres pour la réponse) :
- Conseils pratiques pour une éducation sans violence.
- Comment intervenir quand on est témoin d'une scène de violence parent-enfant.
- Suggestions pour créer un atelier de parentalité.
- Manifeste contre la violence éducative (à envoyer au Premier ministre).
Pour toute réaction à cet article, écrire à Olivier Maurel 1013C Chemin de la Cibonne 83220 Le Pradet (France) ou
Aperçu d'un monde sans violence éducative
Citation :
Pourquoi appelle-t-on :
- cruauté le fait de frapper un animal
- agression le fait de frapper un animal
- éducation le fait de frapper un enfant?
(Slogan anonyme)
Cet article a été publié pour la première fois dans le livre de Catherine Dumonteil-Kremer, Elever son enfant...autrement. La Plage, 2003
Que serait un monde où la violence éducative serait sensiblement réduite, cest-à-dire où lon éviterait de frapper les enfants et où on les élèverait avec tendresse et respect tout en les aidant à développer eux-mêmes des liens de bienveillance avec les autres?
On peut répondre à cette question en sappuyant sur des faits précis.
Des témoignages dethnologues, Margaret Mead et Jean Liedloff notamment, décrivent des sociétés sans écriture où léducation des enfants était, à lépoque où elle a pu être observée, particulièrement douce. Ces sociétés sont aussi décrites comme sensiblement plus pacifiques et tolérantes que des sociétés voisines, dun degré dévolution semblable, et dont les systèmes déducation étaient plus violents.
Dautre part, les études sur lhistoire de la violence montrent que les pays modernes européens qui ont le plus évolué dans le sens dune plus grande douceur éducative ont une vie sociale et politique bien moins violente quau XIXe siècle. La délinquance et la criminalité y sont sensiblement moins fortes. Et les violences que lon constate encore dans ces pays sont très souvent le fait de catégories de la population où léducation est restée beaucoup plus proche de ce quétait léducation ordinaire au XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle. De même, cest dans les régions de lEurope où léducation est restée la plus traditionnelle, la plus patriarcale et donc la plus violente (Balkans, Corse, Irlande) que lon constate encore les formes de violence, de criminalité et de terrorisme les plus meurtrières.
Enfin, linterdiction des châtiments corporels dans les familles votée en Suède en 1979 commence à donner des résultats encourageants. Le docteur Jacqueline Cornet, dans la brochure de lassociation Éduquer sans frapper, rapporte ce qui suit : Les statistiques du gouvernement suédois attestent quaucun enfant nest plus mort des suites de violence familiale, le nombre de procès pour maltraitance denfants a diminué, de même que le nombre denfants enlevés à leurs parents suite à une intervention des services sociaux : entre 1982 et 1995, les mesures obligatoires administrées chaque année ont diminué de 46% et les placements en foyer de 26%. De plus le criminologue F. Estrada, qui étudie les tendances de la délinquance juvénile en Europe depuis la guerre, déclare : les études sur les rapports provenant du Danemark (où existe aussi une loi contre la violence éducative) et de la Suède indiquent que les jeunes daujourdhui sont plus disciplinés que (...) le pourcentage de jeunes de 15 à 17 ans condamnés pour vol a diminué de 21% entre 1975 et 1996... le pourcentage de jeunes qui consomment de lalcool ou qui ont goûté à la drogue a également diminué régulièrement depuis 1971...le pourcentage de suicides chez les jeunes et celui des jeunes condamnés pour viol ont aussi diminué entre 1970 et 1996. Alors que le nombre de délits commis par les jeunes a augmenté dans tous les autres pays dEurope de louest et dEurope centrale depuis la guerre.
A partir de ces quelques faits et de ce que lon sait des effets négatifs de la violence éducative, il est permis de supputer ce que pourraient être les conséquences plus générales et à plus long terme dune réduction sensible de cette violence.
Il est vraisemblable que les conséquences subies les adultes qui ont été frappés enfants seraient réduites : moins de maladies physiques et mentales, notamment de dépressions; moins de tendances autodestructrices par lalcool, la drogue ou le tabac; moins de suicides; moins daccidents.
De même, les tendances à faire subir aux autres les répercussions de ce que lon a souffert enfant seraient aussi très vraisemblablement réduites : délinquance et criminalité, violences familiales, viols, agressions de toutes sortes.
A partir des études dEmmanuel Todd et dAlice Miller, qui ont tous deux montré que la violence éducative avait des répercussions sociales et politiques, il y a de fortes raisons de supposer quun
Lire plus
Pourquoi appelle-t-on :
- cruauté le fait de frapper un animal
- agression le fait de frapper un animal
- éducation le fait de frapper un enfant?
(Slogan anonyme)
Cet article a été publié pour la première fois dans le livre de Catherine Dumonteil-Kremer, Elever son enfant...autrement. La Plage, 2003
Que serait un monde où la violence éducative serait sensiblement réduite, cest-à-dire où lon éviterait de frapper les enfants et où on les élèverait avec tendresse et respect tout en les aidant à développer eux-mêmes des liens de bienveillance avec les autres?
On peut répondre à cette question en sappuyant sur des faits précis.
Des témoignages dethnologues, Margaret Mead et Jean Liedloff notamment, décrivent des sociétés sans écriture où léducation des enfants était, à lépoque où elle a pu être observée, particulièrement douce. Ces sociétés sont aussi décrites comme sensiblement plus pacifiques et tolérantes que des sociétés voisines, dun degré dévolution semblable, et dont les systèmes déducation étaient plus violents.
Dautre part, les études sur lhistoire de la violence montrent que les pays modernes européens qui ont le plus évolué dans le sens dune plus grande douceur éducative ont une vie sociale et politique bien moins violente quau XIXe siècle. La délinquance et la criminalité y sont sensiblement moins fortes. Et les violences que lon constate encore dans ces pays sont très souvent le fait de catégories de la population où léducation est restée beaucoup plus proche de ce quétait léducation ordinaire au XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle. De même, cest dans les régions de lEurope où léducation est restée la plus traditionnelle, la plus patriarcale et donc la plus violente (Balkans, Corse, Irlande) que lon constate encore les formes de violence, de criminalité et de terrorisme les plus meurtrières.
Enfin, linterdiction des châtiments corporels dans les familles votée en Suède en 1979 commence à donner des résultats encourageants. Le docteur Jacqueline Cornet, dans la brochure de lassociation Éduquer sans frapper, rapporte ce qui suit : Les statistiques du gouvernement suédois attestent quaucun enfant nest plus mort des suites de violence familiale, le nombre de procès pour maltraitance denfants a diminué, de même que le nombre denfants enlevés à leurs parents suite à une intervention des services sociaux : entre 1982 et 1995, les mesures obligatoires administrées chaque année ont diminué de 46% et les placements en foyer de 26%. De plus le criminologue F. Estrada, qui étudie les tendances de la délinquance juvénile en Europe depuis la guerre, déclare : les études sur les rapports provenant du Danemark (où existe aussi une loi contre la violence éducative) et de la Suède indiquent que les jeunes daujourdhui sont plus disciplinés que (...) le pourcentage de jeunes de 15 à 17 ans condamnés pour vol a diminué de 21% entre 1975 et 1996... le pourcentage de jeunes qui consomment de lalcool ou qui ont goûté à la drogue a également diminué régulièrement depuis 1971...le pourcentage de suicides chez les jeunes et celui des jeunes condamnés pour viol ont aussi diminué entre 1970 et 1996. Alors que le nombre de délits commis par les jeunes a augmenté dans tous les autres pays dEurope de louest et dEurope centrale depuis la guerre.
A partir de ces quelques faits et de ce que lon sait des effets négatifs de la violence éducative, il est permis de supputer ce que pourraient être les conséquences plus générales et à plus long terme dune réduction sensible de cette violence.
Il est vraisemblable que les conséquences subies les adultes qui ont été frappés enfants seraient réduites : moins de maladies physiques et mentales, notamment de dépressions; moins de tendances autodestructrices par lalcool, la drogue ou le tabac; moins de suicides; moins daccidents.
De même, les tendances à faire subir aux autres les répercussions de ce que lon a souffert enfant seraient aussi très vraisemblablement réduites : délinquance et criminalité, violences familiales, viols, agressions de toutes sortes.
A partir des études dEmmanuel Todd et dAlice Miller, qui ont tous deux montré que la violence éducative avait des répercussions sociales et politiques, il y a de fortes raisons de supposer quun