
Per Sorensen
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Descriptif auteur
Je me définis comme danois du côté de mes parents, mauricien du côté de ma femme regrettée et français du côté de mes enfants.
Peintre, principalement, j'arrive en France en 1969, nourri d'idées d'art public au contenu social. (Ou plutôt : je reviens... car j'y ai été, après-guerre, à l'école maternelle.)
Créateur et imprimeur - et colleur, en équipe, sur murs et palissades - je mets mes affiches, dont le langage polychrome augure en quelque sorte l'avènement des graffeurs actuels, au service du PCF et des municipalités de gauche du 93. Grâce à des décideurs peu bureaucrates, qui y croient.
Pendant cinq ans, je suis sérigraphe à la Maison pour tous Pablo Neruda à Bagnolet. Époque riche d'expériences qui sera à l'honneur lors d'une exposition à la Bibliothèque centrale de Copenhague en 1997.
Mais, déjà à la fin des années 70, les solvants nocifs associés à la sérigraphie, cette merveilleuse technique d'expression, me forcent à “jeter l'éponge”.
Resté fidèle à mon engagement et à mes thèmes, je renoue, pendant de longues années comme veilleur de nuit, avec l'autre compagne de route, l'écriture. D'abord en danois, langue de mon lointain début, “Tigrene fra Cardiff” (Les tigres de Cardiff) et “l'album fétiche” richement illustré de 1970, “De søvnige forstæder” (Les banlieues dormeuses), salué en tant qu'évènement poétique-politique à l'imagerie surréaliste par une certaine critique, souillé de bile haineuse par une autre.
Le français, “langue maternelle” - familiale, collective, de fête et de deuil - de plus d'une moitié de vie, finit par prendre naturellement le dessus, sous le signe de l'IMMIGRITUDE.
D'âge mûr, pressé pour voir des résultats, je commence à publier mes recueils de poésie, par le biais de ma “maison d'auto-édition”, nommée TOUBAB KALO. (Toubab = blanc, dans les langues de l'Ouest africain. Kalo = noir, dans les langues de l'Est parisien des années 80, et par extension = “rebeu” etc... le mot, d'origine tsigane, n'est plus guère usité mais survit grâce à sa sonorité.) L'esprit de mes affiches renaît dans les couvertures colorées, élaborées à partir de mes originaux avec le concours de mon fils graphiste (et dee-jay) Sonny “Neasso” Sorensen.
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AUTRES PARUTIONS
“Le petit joueur de flûte de Babylone”. (Poème narratif illustré.)
“Haïku Gags. Balades à travers les saisons.”
“Étoiles et yeux rouges. Incantations dans une enclave de paix précaire.”
“Scarifications tribales instru et mentales”.
JUST LIKE HOME. Freestyle illustré sur les guerres du pétrole.
“PEOPLE. Gueules d'atmosphère”. (“Beau livre” en collaboration avec le photographe Jean Denis Robert.)
LES CONTRIBUTIONS DE L’AUTEUR
LES ARTICLES DE L'AUTEUR
"Un animal mort fait plus de bruit qu'un animal vivant"
SOUNGOULA LE ROI DES PIMENTS, qui vient de sortir, ici, chez l'Harmattan, a été pensé et vécu comme un film. Est à lire comme un film. Le texte, dans son état actuel, n'est pas loin de pouvoir servir de scénario, à suivre, prise de vue par prise de vue. Avoir cette idée en tête peut être la clé qui ouvre les portes (d'une certaine apparence hermétique à bien des lecteurs... peu accoutumés, voire peu enclins, à la lecture. Et c'est à eux, surtout, que je m'adresse... Sans négliger les universitaires, qui pourraient se sentir bloqués par certaines HABITUDES de lecture...
Ancien créateur d'affiches que je suis, mon amour pour le côté visuel de la narration (sans étouffer sa respiration musicale) s'est trouvé renforcé, justement, par ma rencontre avec les films d'Emir Kusturica et leurs contes tsiganes incorporés, descendants, d'ailleurs, en ligne directe, de contes indiens. Contes, tel que nous les racontait ma belle-mère, le soir, à moi et ma grande famille mauricienne. SA mère, née en Inde dravidienne - et qui parlait créole en roulant les r's... là, le côté musical s'affirme! - bref, la grand-mère aussi en connaissait un bout, je vous l'assure!
Mais j'ai très tôt compris que, trop impliqué, sans la distanciation - "la froideur scientifique" - indispensable, je ferais un piètre folkloriste. Et j'ai décidé, sans jamais me poser de questions futiles sur la légitimité de la démarche, que le folklore, je le fabriquerais moi-même! En mêlant présent, passé, futur, réel et imaginaire, vécu et entendu.
Le héros dont j'avais besoin était déjà là: le compère aux appellations multiples ("sungura" = lièvre, en swahili... "baoul pilli" = "chat oreillé", en télougou...etc), un survivant métissé. "Nous nous sommes trompés. Nous avons tué un autre à sa place!" comme le disent quelque part ses ennemis.
Quant aux piments, ces "fruits-larves-flammes", arme et médicament (et redoutable moyen d'auto-destruction... drogue!), leur présence comme "acteur principal" bis est de mon invention. Si vraisemblable, pourtant, qu'à l'instar de l'amiral américain pervers, l'invité d'honneur du banquet des "Sept caris", des lecteurs me demandent où on peut les acheter, ces "piments de lièvre", et s'ils sont vraiment si forts! (Lisez, comme eux, vous comprendrez de quoi il s'agit!)
Dépourvu que j'étais de moyens, de milieu, de formation, de tout, mon rêve éveillé serait condamné à voir le jour sous forme de livre.
Les exigences de la vie repoussèrent sa réalisation.
Le voilà, donc, tardivement, à LIRE comme un film. Un film FANTASY, d'accord, mais fondamentalement réaliste, avec, s'il vous plaît, des coupeurs de canne à sucre en action qui tiennent et manient leurs outils correctement! (Pas une de ces nombreuses productions qui, tout en se déclarant proches de la vie quotidienne, se contentent d'ébauches... de quelques vagues va-et-vient paresseux avec des machettes de pacotille.) Plutôt pas de film du tout qu'une énième "telenovela" mièvre, rehaussée, pour l'alibi, de décors tiers-mondistes sommaires.
On pourrait aussi considérer le livre comme un jeu vidéo interactif. Pendant mes années de gardiennage de nuit, je me suis beaucoup inspiré de ce passe-temps cher aux collègues. Et aujourd'hui, à mon petit-fils, virtuose en la matière. Si vous n'êtes pas satisfaits du dénouement, intervenez, et créez vous-même une meilleure histoire!
Pour le ou la cinéaste qui tenterait l'aventure du "vrai film", la technologie existe. De pointe aujourd'hui, défaillante à l'époque du film de Comencini sur Pinocchio... les enfants spectateurs l'avaient déjà remarqué, avec déception, face à la baleine en "papier mâché". À présent, les animaux peuvent côtoyer les humains de la manière la plus naturelle.
Ce rêve matérialisé sera, de préférence, tourné sur son lieu d'origine, auquel je n'ai plus rendu visite depuis le décès de ma femme (elle y était née), mais que j'ai en moi, que je trimbale avec moi, partout. Il s'agît de l'Île Maurice... Même si à aucun moment il ne doit en être fait référence. Le contexte où évoluent les personnages doit rester simplement "un pays". Comme dans les contes de veillées... "Une fois, dans un pays, il y avait... etc..."
Comme dans le livre.
Et revenons-y. Je vous l'ai dit plus tôt, ma mission n'a pas été d'éteindre le feu de la fameuse bibliothèque qui brûle, vous savez, chaque fois qu'une conteuse (ou un conteur) meurt.
Ma mission a été, surtout, de faire rire.
Certains m'ont déjà confié avoir ri beaucoup.
Le rire chaplinesque est ma grande préoccupation. Faire rire et aborder le tragique, tout d'une haleine! Le tragique de l'amour impossible de l'animal envers l'humaine. Le rire des travailleuses de l'équipe de Compère Lièvre (alias le roi Soungoula détrôné), quand elles le voient se présenter au boulot le premier jour, dans les champs, en costume-cravate!
Mon plus grand souhait serait qu'un jour on puisse entendre raconter de mon modeste conte des anecdotes équivalentes à celle de l'ère de Cervantès, qui nous a été transmise bien plus tard par Prosper Mérimée. On a affaire à un étudiant, assis au pied d'un arbre, en train de rire aux éclats, tout seul. "Soit c'est un fou," dit un passant à un autre, "soit il est en train de lire Don Quichotte!"
Et si les méchants auront la peau de notre héros - on reste expressément dans le doute à la fin du récit - n'oublions pas que, selon le proverbe, un animal mort fait plus de bruit qu'un animal vivant: en tant que peau tendue sur un tambour!
Signature :
Per Sorensen