
Philippe Lipchitz
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Descriptif auteur
Comédien, je me suis très tôt tourné vers l'écriture, ne serait-ce que pour alimenter les spectacles de la compagnie dont je suis co animateur.
Et puis l'âge aidant, l'envie m'a pris à la fois d'éditer ce qui était resté dans mes tiroirs et de donner plus de temps à l'criture
Titre(s), Diplôme(s) : Maîtrise d'Etudes Théâtrales
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Chroniques rurales de notre temps in Mon Petit Editeur
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Le livre est en librairie, l'aventure continue
Au fond, la vie n'est faite que de virages, ces routes dont on ne peut voir où elles conduisent. Pour moi, je peux très exactement situer l'un de ces tournants de ma vie d'écritomane, quand l'envie m'a pris (comme on dit être pris à la gorge) de publier ce que j'écrivais. Et du coup à opérer un grand bouleversement de forme. Ce furent Les Chroniques rurales de notre temps. La Compagnie m'avait suivi dans un projet un peu fou : raconter les mutations du monde rural, essentiellement agricole, dans le tournant (encore un) des années cinquante - soixante, ce qu'un leader syndical a appelé la Révolution silencieuse. Peu à peu, la matière textuelle s'est accumulée, élargissant le propos : je raconterai le siècle, ou peu s'en faut, de 1914 à 1969, en suivant la vie de trois familles de la Terre. Peu à peu, la matière textuelle s'est amplifiée jusqu'à en arriver à un feuilleton théâtral de cinq épisodes totalisant, avec coupures, onze heures de spectacle. Deux comédiens pour incarner près de deux cents personnages. Deux comédiens qui invitent les spectateurs à traverser le vingtième siècle. L'aventure théâtrale achevée, je ressentis pour la première fois les picotements d'un désir de publication. Comme une autre manière de faire vivre un texte qui m'avait demandé de conséquents efforts. L'idée me vint alors d'ajouter un sous-titre, ou de créer un genre, je faisais mettre sur la couverture Roman à dire. Joignant le geste au mot, j'ouvrais, sans doute de façon inconsciente à ce moment-là, la voie à une nouvelle activité : celle de lecteur. Lecteur d'un texte aux frontières de l'écrit et de l'oral, écrit pour devenir oral. Il m'est difficile d'expliciter en quoi les deux (l'écrit et l'oral) sont pour moi dans une continuité : quand j'écris, je lis à voix haute dans ma tête, quand je lis, le geste d'écriture se prolonge, le texte prend tout son sens. Peut-être ai-je besoin de lire à un public mes textes pour mieux comprendre, disons, ce que j'ai écrit.
Les lectures commencèrent à un rythme assez soutenu. Vivant dans une province mal lotie en équipements de spectacle vivant, la décentralisation pouvait prendre un nouvel essor, je pouvais me rendre dans les lieux les plus oubliés du monde. Ce qui avait été, cela dit, la marque de fabrique du SUB'THÉÂTRE. Et donc, lire : la voix se faisant chair.
Ceci étant, rien ne se perdant, rien ne se créant, il s'agissait d'une récidive. En effet la création au Théâtre de Chartres de L'été de Benjamin, que Pascal Le Rest m'a fait l'amitié de publier dans sa collection Ethnographiques, avait été précédée d'une grande campagne de lectures théâtralisées (quel vocable utiliser puisqu'il s'agissait en l'occurrence d'un genre inédit). La nouveauté des lectures des Chroniques (qui obéissaient à une règle du jeu les rapprochant du théâtre), c'était de s'adresser à un public non captif (en opposition au public scolaire), au sein des bibliothèques. Le succès fut plus qu'honorable.
Mais trompeur. Il reposait sur un malentendu : j'avais bien dans le public de ces bibliothèques relais de la Bibliothèque Départementale d'Eure et Loir trouvé mon lectorat. Mais en dehors de quelques lecteurs fidèles, peut-il exister un lectorat qui ne soit pas que d'un livre ? La suite m'en apporta la preuve, alors que Quand pourtant le bonheur pourtant, abordait le rapport ville / campagne depuis une histoire d'amour, au milieu du vingtième siècle (toujours ce virage des années soixante) entre deux amants que tant de choses séparent. À commencer par leur métier ; elle professeure agrégée, lui paysan, pauvre de surcroît (on se croirait en plein mélodrame), l'invitation se raréfia. Les thèmes ou sous-thèmes charriés par l'écriture s'éloignaient d'une vision passéiste de la ruralité. Qu'il s'agisse de la présence forte du thème politique ou celui de l'émergence du féminisme ou du libertinage. J'y vois aussi une certaine déception que les lieux ne soient pas nommés, même s'il a bien fallu que mon imaginaire investisse quelques lieux bien précis. Étrange paradoxe qui traverse un auteur qui ne soit pas de dimension nationale : ancrer son histoire dans un milieu réel restreint à l'évidence le nombre de ses lecteurs qui par contre désertent s'ils ne peuvent se mouvoir dans une géographie connue.
Édition oblige, je me suis mis à fréquenter assidûment les Salons d'auteurs. Un mot peut-être là-dessus. Il est toujours difficile, avant d'y être, de faire la part des choses entre les Salons fréquentés par une clientèle en quête de livres et d'auteurs inconnus (donc des acheteurs potentiels) et ceux qui attirent des promeneurs désuvrés chez qui le désir de lecture ne s'est pas toujours manifesté. Je mets naturellement à part les Salons renommés, réputés, repérés, mais où souvent, hélas, un public averti ne vient que pour retrouver quelques vedettes du marché du Livre ou quelques livres repères si le Salon est thématique.
Par contre, force est de constater que les expériences scolaires déçoivent rarement. 1914, la mémoire de mes 20 ans fut naturellement, en ces temps de commémoration, le fer de lance des lectures en Collèges et Lycées, débouchant à plusieurs reprises sur des aventures de Théâtre à l'École (comme on appelle - on pourrait aller jusqu'à dire comme on a appelé - les expériences de pratique artistique). À ce sujet, je ne suis pas peu fier que des professeurs d'un lycée chartrain aient inscrit 1914 sur la liste de textes présentés au Bac de Français.
Comme il est donc dans la vie, fut-elle une vie d'écriture, des virages, des tournants après lesquels plus rien ne peut être comme avant, arrive Une convalescence, un roman avoué comme tel, pour une part sous forme de journal intime (comme une Scène de la vie de Province). Alors qu'à tort ou à raison, j'avais pu être distingué du titre d'auteur local, un tantinet passéiste - ah le bon temps des chevaux dans les champs - je racontais ici le chagrin et la guérison d'amour d'un jeune comédien issu de la banlieue, aujourd'hui, ou peu s'en faut de quelques petites années. La difficulté à trouver le lectorat de cet ouvrage serait-elle insurmontable ?
J'ai décidé de prendre cette difficulté pour une véritable aubaine, l'occasion de réfléchir à de nouvelles hypothèses de travail. Une fois n'étant pas coutume, je me refusais à laisser mon roman pour ainsi dire inachevé, puisqu'une fois le livre paru il convient de le prolonger, de lui donner vie tout au long de ces lectures. Sans négliger les pistes déjà explorées ; il me fallait donc en rechercher de nouvelles, plus en adéquation avec ses contenus : roman d'apprentissage, mais roman sur le théâtre, regard sur le monde d'aujourd'hui. Sachant dorénavant qu'il convient d'inventer une stratégie particulière à chaque livre. Par exemple, s'adresser aux cours et aux ateliers théâtre, voire aux options théâtre des lycées. Voire les théâtres eux-mêmes, souvent en quête de formes courtes et peu onéreuses. Il y a très longtemps maintenant, j'avais écrit et interprété pour la Compagnie un spectacle intitulé Mémoire à domicile rien de moins qu'un homme (j'étais jeune alors) se racontant. Quoi de plus naturel comme décor qu'un salon pour se raconter ? Nouvelle piste à explorer : puisqu'il y a bien pour une part d'écriture un journal intime, quoi de plus naturel qu'un salon et quelques invités à une soirée pour en lire de larges extraits. Évidemment, il faudra compter, malgré ses réticences à traiter de Culture, sur la presse, pour ce qui me concerne régionale (quoique les Chroniques aient bénéficié d'un article dans l'hebdomadaire national La Terre et d'un article substantiel dans un supplément du) pour faire savoir la venue chez vous d'un auteur - lecteur. L'idéal en fait serait de s'installer dans la bibliothèque, mais tout le monde n'a pas la possibilité de consacrer une pièce entière aux livres. De toute manière, inviter quelques amis avec qui partager un moment de lecture et d'échange.
Mais ce livre-là, Mai 68 - Journal d'un lycéen quelle stratégie adopter ? La piste privée se doit d'être creusée. Tout particulièrement, il s'agit cette fois en totalité d'un journal intime. L'idéal, il en est chaque fois différent, serait d'être invité par des lecteurs parents d'adolescents. Il semblerait sensé de migrer alors dans la chambre des jeunes gens, après tout c'est bien d'un lycéen qu'il s'agit. Malgré le bordel qui ne saurait manquer d'y régner. Surtout pour ce bordel. Deux remarques peut-être : tout d'abord comment hors de l'école gagner les jeunes aux pratiques culturelles, ensuite ce pourrait être un enjeu amusant que de livre en livre on puisse investir l'ensemble de la maison. Notre Mémoire à domicile flirtait avec une telle idée puisque nous avions, quelques heures avant, réalisé un court film vidéo dans toutes les pièces de la maison ou de l'appartement, jusqu'à la salle de bains. Ensuite, pour demeurer fidèle aux publics captifs, puisqu'il s'agit du Journal d'un lycéen investir les lycées, faire effraction dans des classes, organiser des assemblées générales autour d'une heure d'intervention : lecture et débat. Pour rester dans la droite ligne énoncer dans l'avant-propos : nous livrer in situ à une reconstitution historique de mai 68.
Sans négliger disons les lieux dédiés à la lecture, par exemple les bibliothèques quoique bon nombre d'entre elles ne soient pas encore acquises à l'idée de faire se rencontrer des auteurs et des lecteurs.
Si quelques livres sont ou des pièces de théâtre (L'Été de benjamin ; Nouveau Far West) ou ce que j'ai appelé des poèmes dramatiques (par exemple 1914, la mémoire de mes 20 ans) je m'oriente toujours plus dans la voie du romanesque puisque ont suivi Les Chroniques : Quand pourtant le bonheur était là ; Une convalescence et aujourd'hui Mai 68 Journal d'un lycéen
Ainsi donc le livre paru l'aventure même si on ne peut pas vraiment dire qu'elle commence en tout cas elle continue. Lectures séances d'intervention