Plus d’un demi-siècle nous sépare de la fin de la guerre d’Algérie. Et pourtant notre société reste profondément marquée par les conséquences de ce qu’on a longtemps voulu considérer comme de simples événements venant clore tragiquement un siècle et demi de présence coloniale. Déni de nos responsabilités, repli sur soi, encouragement des despotismes qui exacerbe les extrémismes, tout cela continue de nous parler au présent du rapport difficile que nous entretenons avec notre passé colonial et à fortiori avec les mondes arabes.
Mais l’Histoire, la Grande Histoire ne dit rien des destinées individuelles qui, aujourd’hui comme hier, tentent de se faire en défaisant la fatalité. Né en Algérie, l’auteur-personnage a connu la guerre et l’exil. Comme tant d’autres enfants de par le monde, il a dû apprendre à taire ses traumatismes et à intérioriser le manque de cette terre de ses origines. Cinquante ans après, il accepte enfin de regarder ce qui se cache derrière la nostalgie profonde qui ne l’a jamais quitté. Cinquante ans pour parvenir à mettre des mots sur le vague sentiment de culpabilité qui n’a cessé d’infuser en lui pendant toutes ces années.
Est-il en effet le dernier survivant d’une longue lignée d’assassins vertueux ?
Les fantômes de la rue Bab Azoun est un roman, mais c’est aussi un récit du réel. Il raconte l’histoire d’un homme privé de ses racines parce que naît là où il n’aurait pas dû naître. Mais ce qui touche à l’intime touche aussi à l’universel ; il évoque à travers une histoire forcément singulière, la nécessité commune de démêler les fils qui nous relient à notre passé, d’en dénouer les nœuds pour pouvoir s’en détacher.
Né en Algérie, je suis arrivé en France à l'âge de dix ans.
Après des études de lettres modernes à Poitiers, j'ai œuvré dans le champ de l'action culturelle pendant quelques années, avant de devenir Educateur Spécialisé et de co-fonder une structure associative de lutte contre l'exclusion que j'ai dirigée pendant plus de trente ans.
La photographie et l'écriture ont été, durant ces années, mes "soupapes de sécurité", avant de s'imposer à moi comme une nouvelle forme d'engagement lorsque j'ai pris ma retraite voici quatre ans.