
Rachid Mansoum
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Descriptif auteur
la poésie est ma façon d'habiter le monde. Elle mon cheval ailé, aveugle mais qui voit avec les yeux Clos.
Né en 1970 à Marrakech, Rachid Mansoum est traducteur et poète. Il est membre des Poètes du monde. Dans le cadre du printemps des poètes organisé par l’institut français de Marrakech, il anime des ateliers de poésie dans les lycées de la périphérie de la ville. Actuellement, il vit dans la vallée de l’Ourika où il enseigne le français
Structure professionnelle
:
mansoumrachid5@hotmail.com
174 rue el golf S.Y.B.A Marrakech Maroc
Gsm212 68 96 57 29
Titre(s), Diplôme(s) : licence en littérature et langue françaises
Fonction(s) actuelle(s) : professeur
Vous avez vu 11 livre(s) sur 1
AUTRES PARUTIONS
" appât pour des poissons volants" 2006
" poèmes pour des poissons volants" Encres vives 2006
" les chants de marrakech" de Lisa Cligman Mizrachi (traduction en arabe)
LES ARTICLES DE L'AUTEUR
Echos à propos " des ailes du silence" de Rachid Mansoum
Écrire un poème, c'est un travail sur la langue qui resurgit du corps pour mettre à nu (ou en surface) les dimensions d'une expérience spécifique. De ce fait, le monde véritable du poète est celui de la langue.
Aussi, ai-je beaucoup aimé l'approche que tu fais du silence, naissant de la parole, de la remémoration, et non de la mémoire, et de l'oubli sublimé. C'est un chant bref, voire retenu qui n'écoute que ses propres vibrations intimes, va à l'encontre de la motivation première, maîtrise l'errance du corps et intègre ses contradictions, le juste et son contraire, le concret et l'abstrait, le réel et l'invraisemblable... tentatives de pénétrer les ténèbres humaines.
Mais pourquoi l'expérience de la mort. Tu es jeune. Chante alors la vie !"
Mohamed Loakira. Poète et romancier marocain.
"Je suis en train de lire le livre. Etant un lecteur plutôt lent, j'en suis à peine à la page 28... Mais il faut dire aussi qu'il m'arrive très souvent de relire, pour mon seul plaisir, bien des poèmes.
Je suis conquis par ton lyrisme,ton sens de l'image et ta vision des choses, si généreuse et courageusement oxymorique... Mais ce ne sont que premières impressions.
Je m'attends, et je ne serai pas déçu, à d'autres envolées... A d'autres oasis. Mais tu es, à mon sens, un poète-né, vu ton âge : on dirait que tu écris bien avant de venir au monde."
Abdelkader Hajjam, écrivain et traducteur marocain.
"Les ailes du silence traduit en évidence à la fois irisée et diaphane la conversion oraculaire du silence en sens de l'être. Il ne s'agit donc pas de n'importe quel silence. Ce silence a l'énergie des ailes qui lutte ardemment contre l'onctuosité cireuse de la mémoire. Ce silence est réticent à la mémoire mais la mémoire en est le principe de métamorphose. L'infini antérieur de l'harmonie, de la beauté et de l'innocence est lié à un conflit insoluble entre la mémoire et le silence. Et tout dans l'effet postérieur de la métamorphose n'est que production d'un infini de la conflictualité. Dans la fidélité à la mémoire il y a le conflit entre l'infini et le silence, il y a la continuité de la génération qui ne résout pas les nuds mémoriels de la perte, de la chute, de la séparation. Ce conflit qui n'est pas de l'essence même du silence devient l'ambivalence majeure dont se nourrissaient toute la réticence du silence devant la métamorphose et toute la productivité de la métamorphose dans le silence."
monsif ouadai saleh, poète et critique littéraire.
"Je viens juste de relire Les ailes du silence. L'orginalité et le talent du poète sont incontestables. Je suis ravi d'apprendre que les véritabes murs sont en nous et que l'être humain va à pas sûrs vers son drame, mais je ne suis pas sûr que l'écriture soit un mensonge, et un parfait! Cela dit, il est plus que ravissante l'image de ce cheval vert qui s'évanouit dans les neiges. Bravo Rachid et bonnes ailes pour une bonne continuation."
Mohamed Nédali, romancier.
"Les ailes du silence est recueil contre la cette confiscation du rêve. L'amour y est une invitation à la vie, un moyen salvateur de la perte et de l'anéantissement. C'est la lumière qui permet de traverser les ténèbres sans se perdre, cela ressemble à cette infime lueur qui n'a de valeur que dans un désert obscur."
My Seddik Rabbaj, Romancier marocain.
""Les ailes du silence" est une célébration de l'il poétique et du regard transcendantal qui guette le bruit et le silence du monde et qui boit en douceur et en regret le vin d'un paradis où le poète ne doit pas résister à la tentation de pécher la pomme des seins de la poésie.
"Les ailes du
La métaphore du papillon et du poisson ailé dans la poétique de Rachid Mansoum. Mohamed Ail Laâmim
Pas d'endroit (dans votre monde) pour entendre les feuilles se dérouler au printemps, ou le froissement des ailes d'un insecte. Mais peut-être est-ce parce que je suis un sauvage et ne comprends pas. Le vacarme semble seulement insulter les oreilles. Et quel intérêt y a-t-il à vivre si l'homme ne peut entendre le cri solitaire de l'engoulevent ou les palabres des grenouilles autour d'un étang la nuit ? Je suis un homme rouge et ne comprends pas. L'Indien préfère le son doux du vent s'élançant au-dessus de la face d'un étang, et l'odeur du vent lui-même, lavé par la pluie de midi, ou parfumé par le pin pignon."
Seattle
Son statut bilingue, son voyage entre deux territoires culturels et imaginaires et ses lectures philosophiques ont permis au poète Rachid Mansoum d'enrichir son expérience poétique et de forger une langue propre qui s'imbrique avec le quotidien et une poétique qui penche vers une écriture symbolique féconde noyant le texte, débordant le sens et faisant de la quête de ce dernier un pur mirage. Sa poésie ne peut s'appréhender que dans sa totalité cosmogonique. Le bruissement des feuilles, l'éloquence des oiseaux, le silence du mont bleu font partie de sa voix indomptée. Elle est une forme de contestation contre l'inachèvement, sans cesse aux prises avec le silence, le vide et le sens.
Dans son premier recueil "Que paix soit sur vous ô sommeilleurs", le poète souriant de cur triste, rend un hommage à la mort en tant que génératrice de la vie. Il choisit de fouler la poésie à travers la porte de la mort du moment que sa mission est de capturer la vie à même l'apocalypse terrestre et l'enfer quotidien. Mais la mort dont il s'agit ici n'est nullement biologique synonyme de la déperdition de l'humain.
Le poète vénère la vie, et tend son oreille à l'existence. Sans nul doute, c'est pour cette raison qu'il ouvre son recueil ce clin d'il à Seattle (v. 1786-1866) et par cette épigraphe emprunté à ce chef des tribus Duwamish et Suquamish.
"Pas d'endroit (dans votre monde) pour entendre les feuilles se dérouler au printemps, ou le froissement des ailes d'un insecte. Mais peut-être est-ce parce que je suis un sauvage et ne comprends pas. Le vacarme semble seulement insulter les oreilles. Et quel intérêt y a-t-il à vivre si l'homme ne peut entendre le cri solitaire de l'engoulevent ou les palabres des grenouilles autour d'un étang la nuit ? Je suis un homme rouge et ne comprends pas. L'Indien préfère le son doux du vent s'élançant au-dessus de la face d'un étang, et l'odeur du vent lui-même, lavé par la pluie de midi, ou parfumé par le pin pignon."
Ce fragment du discours prononcé par Seattle devant le gouverneur Isaac Stevens en 1854 résume l'univers poétique que le poète aime à construire afin d'interpeller les morts de l'instant grâce au verbe poétique qui possède le pouvoir mythique de restituer le rêve confisqué. Ainsi, pour fonder sa vision le poète emprunte deux signifiants symboliques le papillon et le Christ.
En effet, Rachid Mansoum nourrit un sentiment cultuel pour ce magnifique et fragile lépidoptère qui bat de ses ailes à travers toute sa poésie. Il est le symbole de la fragilité et l'inconstance, précipitation vers la flamme et de la fécondité et de la résurrection. Allusion en a été faite par le Coran "le jour où les gens seront comme les papillons éparpillés" Au pluriel,il symbolise les âmes migrantes. Alors que les anciens Mexicains, assimilent le papillon au soleil noir traversant les mondes ténébreux, la nuit.
Un essaim de papillons traversa
La pénombre du lac
Ils se scinderont
Au-dessus de la céramique de ma tombe.
.Pourquoi l'évocation des papillons précède t-elle la traversée du lac pénombre ?
On se demande si cette phobie de l'eau triste trouve son origine dans le rituel du bateau macabre ou bien s'en était-elle enracinée dans l'imaginaire des premiers hommes qui assimilaient les étangs à l'ombre des forêts maudites. C'est que l'homme qui manque d'eau s'y trouve en même temps menacé du mort. Ainsi, comme l'indique Gaston Bachelard, le lac opaque est une invitation transparente à la mort. Ce fragment poétique ne s'écarte point de cette symbolique. Il est l'expression de cette imaginaire. Les papillons, symbole de la régénérescence, doivent traverser les ténèbres de la mort pour se fondre à la tombe et redonner la vie.
La figure du Christ, dans le recueil, vient approfondir la symbolique de la résurrection. Dans les Livres Saints, Jésus s'illustre par le pouvoir de ressusciter les morts mais aussi par l'ascension c'est ce qui expliquerait l'apesanteur dont jouissent les ê
Signature :
Mohamed Ail Laâmim
L'Institut français de Marrakech fête "les ailes du silence". L'esthétique du silence dans "Les ailes du silence"
Dans le cadre de sa participation au rayonnement culturel de la ville, le club de la lecture de l'Institut français de Marrakech a organisé une soirée poétique autour "des ailes du silence" du poète marocain Rachid Mansoum. Des poètes, des romanciers, des critiques, des architectes et des amoureux de la poésie se sont réunis pour écouter leurs ailes intérieures et partager un moment d'intimité agréable. En voici le compte-rendu.
"Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. Les poètes ont toujours de grandes marges blanches, de grandes marges de silence où la mémoire ardente se consume pour recréer un délire sans passé."
Paul Eluard, in " L'évidence Poétique ", Edit. Gallimard
Au premier contact du recueil se tisse le désir mallarméen de se laisser emporté par les flots du silence des pages, le silence de l'écriture, le silence de la poésie et de ce regard inquiet devant la froideur de l'univers et la fragilité du silence. Loin de moi l'idée de tâter toutes les richesses de ce recueil; je vais tenter d'aborder et de développer le point suivant: La poésie et le silence dans Les ailes du silence.
Les deux mots inclus dans le titre -les ailes et le silence- orientent l'univers de réception du lecteur. Les ailes sous-entendent l'élévation, l'élan, le voyage et surtout l'écriture. Le silence, dans la culture orientale, évoque cette expérience mystique qui repose sur la contemplation et la libération de l'âme pour accéder à la vérité. Le silence est synonyme aussi de la peur, du repos, de la sérénité, de l'infini et de la poésie. Alfred de Vigny l'a bien dit: Le Silence est la poésie même pour moi. On peut dire qu'il s'agit ici -bien sûr dans le recueil- d'un moment unique durant lequel s'épanouit l'être qui s'ouvre sur le présent et le passé, l'intérieur et l'extérieur, le verbe et l'absence.
Cependant en savourant les poèmes du recueil, on se rend compte qu'il n'est pas ici question uniquement d'un silence voulu par le sujet. Le poète désire découvrir ce silence qui couvre la poésie, la mort, l'éternité, la perte, la parole et l'écriture. Débordé par l'absence du silence et de la poésie, et avec une attitude anti-oedipienne, le poète conçoit le projet d'étrangler le monde et de lui crever les yeux. Le poète est ébloui par le mutisme énigmatique cosmique, temporel et existentiel. Ce silence libère ses ailes et ses émotions et le pousse à la quête. La quête auprès d'une belle créature éprise de sa musique et insensible aux douleurs et à la perte:
Cette obscure femme aux membres du vent
Qui rit soleil et mer
Cette obscure femme
Qui dort
Sa marge dans le poème
Cette obscure femme
Qui n'entend
Que la musique de ses seins (p.33)
Le silence dont parle le poète est également le silence qui se tisse avant, durant et après l'uvre poétique. Ces instants d'hésitation, de métamorphose et de dénouement font le drame du poète qui doit apprendre à vivre et à mourir sans confondre les expériences et les réalités.
L'erreur serait de confondre le dehors et le dedans
Ce que nous sommes
Et ce que nous serons
Après le poème (p.79)
Par ailleurs, les poètes sont présentés comme des êtres doués qui ont le don de traduire le moindre bruit du monde en une parole gracieuse. Pour la déchiffrer, il nous faut, suivant l'ordre baudelairien, nous enivrer de la poésie. Cet appel est une exigence au temps de l'échec de la parole et de la communication. Au temps de l'absence du silence et de la poésie. C'est la raison pour laquelle le poète se cantonne dans la poésie et en fait son pays, sa demeure, son identité, son objet de désir.
Mon pays natal c'est la page
Sa blancheur sauvage
Me rappelle mon engouement pour la forêt
L'invocation de Rimbaud qui a vécu et connu le silence est très significative. Le poète de "une saison en enfer" se confine dans le silence et met fin à une carrière poétique et la reprend autrement : celle de l'errance. Sa vision poétique l'a acculé à l'aveuglement. Le poète des ailes du silence se demande sur la source d'une trahison:
Dis moi au nom de l'enfer
Ô Arthur Rimbaud
Qui a trahi, avec les étoiles, les sorts et la vie.
(p.67)
A l'intérieur des ténèbres, des signes, du désordre, de l'infini, de la nuit se réalise l'être du poète. Certainement grâce à la poésie. Grâce à la jouissance éphémère et renouvelée dans le jeu de l'amour et de la poésie. Dans le recueil,le retour du désir est incessant. Un désir maternel et sensuel évoqué par les seins. Un désir également de la mort, de la vie et de la renaissance. Il paraît que le poète instaure une relation privilégiée avec la poésie. Celle-ci lui acquiert le pouvoir de dégager la quint
Signature :
Hamid Adnane
Débat
1- Bilinguisme poétique.
Ma question concerne le bilinguisme poétique de l'uvre de Rachid Mansoum. Les écrivains qui écrivent d'une manière bilingue, qui écrivent la poésie en arabe et le roman en français ; qui font la critique en arabe et écrivent la poésie en français. Rare, sont ceux qui écrivent dans le même genre. Vous Rachid Mansoum vous écrivez la poésie en même temps en arabe et en français. Racontez- nous comment vous vivez cette expérience ?
Je crois que le poème s'impose. C'est lui qui choisit sa langue. C'est à la fin qu'on se rend compte qu'il est écrit soit en arabe soit en français. Mais je pense que mes textes sont nés d'un voyage. Un voyage entre deux horizons, entre deux imaginaires. Un imaginaire français (occidental) et un autre arabe. Quand on aborde la traduction, le voyage devient plus captivant. Souvent je compare le phénomène de la traduction au spectacle du papillon qui sort dans sa chenille. C'est un moment de fuite et de métamorphose et ce qui est agréable de tout acte de traduction, c'est effectivement d'assister à ce voyage entre un déjà et un non plus. C'est pourquoi dans les chants de Marrakech, j'ai veillé à ce que les textes cohabitent : le texte en français de Lisa Cligman et mon texte traduit en arabe. Car ce qui est important, pour moi, ce n'est pas l'arrivée c'est le voyage, l'errance et durant le chemin, on s'interroge : qu'est ce qui est resté ? Qu'est-ce qui a été perdu ? Qu'est-ce qui a demeuré ? Qu'est-ce qui a changé ? Qu'est-ce qui n'a pas pu traversé à l'autre rive ? C'est ce débat qui est intéressant. Quelque part, nous sommes tous habités par cette chose étrange qu'on appelle la traduction. les écrivains sont tous des traducteurs parce qu'ils traduisent la beauté du monde en mots, en verbe, en silence. La traduction, elle est là dans cette mise de la beauté et de la misère du monde en mots. Aujourd'hui la poésie moderne cherche la poésie dans le laid, dans le transitoire et dans l'éphémère. C'est une manière de redécouvrir le quotidien.
2 - Auto traduction.
Est-ce qu'il vous arrive de vous auto traduire ?vous avez déjà essayé ? C'était facile ou bien difficile pour vous ?
Je pense que c'est une question, contrairement à son apparence, très profonde, parce qu'elle cache un jeu de miroir terrible. Je n'aime pas traduire mes textes car il m'est difficile de m'auto traduire. J'aime que quelqu'un d'autre qui n'est pas moi, prenne cette initiative. Je sens qu'il y a un malaise dans cet acte d'auto traduction. C'est un acte où il y a quelque chose de narcissique et de monstrueux. C'est mieux d'avoir un regard extérieur sur son texte.
3La poésie ?
A-t-on besoin d'autant de silence pour définir la poésie ? A-t-on besoin d'autant de poésie pour écrire le silence ?
En écrivant les ailes du silence, je voulais retourner à mon premier recueil en arabe " Que paix soit sur vous ô sommeilleurs".C'était ma première traversée à l'univers de la poésie par la porte de la mort et c'est dans ce recueil où j'ai rencontré le papillon.
L'expérience de " Appât pour des poissons volants" C'était ma deuxième traversée à l'univers de la poésie par la porte de l'eau. Elle est venue après les évènements du Tsunami. Le papillon s'est métamorphosé en poisson volant.Ma troisième expérience, avec " les ailes du silence", les ailes de la page, c'est le papillon aux ailes de l'eau et du feu.
J'avais senti un désir irrésistible d'y retourner pour récupérer mon silence puisque je l'avais oublié prisonnier dans ce recueil.
J'y suis retourné pour lui donner des ailes et pour qu'il puisse s'envoler comme un papillon déjouant le piège de la parole. Je ne voulais pas que l'Autre capture mon silence. Le silence m'est la chose la plus intime. Il ne peut être l'objet de nul héritage quel qu'il soit.
J'écris donc pour une éventuelle délivrance de mon silence de la mort. Car si la mort est une expérience intrigante, ce n'est pas parce que c'es
Rachid Mansoum : fils de Marrakech !
portrait
"Marrakech n'est pas simplement une ville. C'est un poème, un magnifique poème, traduit en plusieurs langues : ses odeurs, son architecture, son mystère, son côté insaisissable, son ombre. Je suis né à l'intérieur d'un poème." Poète, traducteur, Rachid Mansoum ne s'est que laissé emporter par les flots lyriques de sa ville, en toute modestie. "Il est impossible de ne pas être poète quand on vit à Marrakech ! C'est ma demeure poétique."
Entre deux réflexions, l'auteur aime partir en éclats de rire et son sourire est en permanence sur ses lèvres. Heureux de vivre, heureux d'habiter à Marrakech. "Ma ville est mystérieuse. Elle est comme un papillon incapturable que tu veux t'approprier. Marrakech, c'est mon âme, une âme qui ressemble à un oiseau multicolore que je veux capturer un jour". Et quand, les bétonnières menacent au loin de défigurer la ville millénaire, il lance convaincu : "Le Marrakech de ma jeunesse, je le garde dans les petites ruelles où j'ai grandi, dans l'odeur du pain qui cuit dans le four, dans les hammams et les jeux quand on courait dans les cimetières pour jeter des pierres. Ce Marrakech-là est en moi, je me déplace avec. Il est dans mon esprit, dans mon imaginaire, il se glisse même dans mes poèmes. Marrakech est partout : dans les formes de la nature, les papillons, les poissons, les virgules, les points, les espaces vides. Un jour, ma ville me conduira à la folie, comme la poésie."
Si la cité marrakchie l'a poussé vers la plume, c'était à lui, détenteur d'une licence en littérature et en langue française, de franchir le pas. "La poésie est pour moi un pont dialogue entre les cultures. À l'époque de Babel, les hommes voulaient se révolter contre Dieu. Ils avaient décidé de bâtir une tour, pour voler la lumière, dans le sens du savoir. En colère, Dieu décida de châtier l'homme en diversifiant les langues. Moi, je pense qu'avant cela, la langue parlée par tous était la Poésie, avec un P majuscule", s'emporte l'écrivain aux yeux noirs éclairés et à la barbe de trois jours.
Quand on évoque ses uvres, son verbe reste réfléchi, posé mais on décèle à présent dans son grain de voix, de la passion et de l'emportement. À 33 ans, le poète compte trois recueils à son nom. "Le premier est en arabe, ma langue maternelle, et les deux autres sont en français, la langue que j'aime."
La recherche poétique et intellectuelle est perpétuelle chez Rachid Mansoum. Dans son premier recueil, intitulé "Que la paix soit sur vous, ô sommeilleurs !", publié en 2005, il compare la poésie au papillon. "Le papillon est une métamorphose continuelle de la vie. C'est comme le cycle de la vie : la naissance puis la mort, puis la naissance et la mort. La poésie, c'est l'espoir, la renaissance éternelle, la passion de la vie, la fête, l'amour charnel des choses qui nous entourent. Tout comme le papillon. Un deuil pour se régénérer." Il se dit aussi que le poète est un éternel insatisfait. "Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi les ailes du papillon se brûlent quand il s'approche trop de la lumière "
En quête de réponses, le Marrakchi pur-sang poursuit ses travaux. Ses deux autres écrits dans la langue de Molière sont des métaphores d'une vie qu'il se plaît à croquer de pleines dents. "Dans "Appâts pour poissons-volants", mon papillon s'est transformé en un poisson-volant. Et dans "Les ailes du silence", la poésie est comme le cheval aveugle, qui malgré ses yeux clos, voit. Dans ce recueil, j'essaie de retranscrire le silence sur papier, le silence de la mort, une expérience intrigante." Rachid Mansoum est un rêveur, c'est sûr. "Tous les objets ont des ailes. Ma chambre aussi parfois vole !"
Pour Rachid Mansoum, l'engagement est un devoir. "Le poète ne doit pas rester cloisonné dans sa tour d'ivoire. Il doit descendre combattre auprès des gens. Outre mon rôle de poète et de traducteur, je suis un animateu
Signature :
www.typomag.net
La métamorphose dans les ailes du silence
Sois rose mon poème !
une rose aux lèvres du vent. Sinon,
sois un pays mon poème !
un pays qui flotte dans l'air. Sinon,
sois pain mon poème !
pain pour des poissons volants. Sinon,
sois silence mon poème
Il ne faut donc pas voir ou présupposer dans cet envol de l'imaginaire et dans tout le souffle poétique du recueil une quelconque dénégation de la part tellurique, voire chtonienne, de l'homme. Il s'agit bien au contraire d'un chant où la splendeur de la beauté spontanée et immédiate ne fait aucune concession à la rédemption, en supposant que celle-ci est violence de l'éthique et de la raison sur le symbole et sur l'imaginaire. Si la rédemption, nommée ascèse intellectualiste, a un quelconque rapport avec une négation présomptive de la métamorphose, pour une beauté postulée et incarnée comme celle des classiques dans l'ataraxie mimétique, ceci aurait, pour le recueil, le sens d'une falsification poétique de la beauté. Pour ce recueil qui investit beaucoup dans l'esthétique des métamorphoses à travers les mutations et les hybridations, une telle beauté mimologique ne fait que détourner la substance originelle des gestations inscrite dans la beauté infinie de la nature, dans cette liberté matérielle dont fut conçue la générosité la plus abondante et la plus fertile. Le discours négatif de la rédemption est cautionné de détournement et de falsification de la vie. Le discours rédempteur crée la violence qui occulte la beauté foncière de la spontanéité, du don, de la matrice et de la procession de la métamorphose au sein de la fécondité. Les ailes du silence s'attelle à transcender toute réduction occultatrice qui ne livre, qui ne sacrifie au néant la violence contraignante et réductrice de la rédemption. La beauté doit contrevenir à la violence qui postule et condense l'iconicité au lieu de l'image. L'imagination qui succombe au consensus iconique n'accède pas à l'origine de la beauté car la genèse ne saurait être assignée à un statisme de principe, privée de la "résonance interne" d'un devenir informateur de la différence, de la multiplicité et de la pléthore qui n'est pour ainsi dire que l'obscurité biliaire de la matricité. La beauté a dans sa genèse les impulsions aveugles de l'incomplétude de l'écriture, de l'absence de la lettre, qui fait face
Signature :
Monsif Ouadai Saleh
www.mondesfrancophones.com