
Younes Benkirane
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Descriptif auteur
Structure professionnelle
:
67 rue Vergniaud
Hall J.
Titre(s), Diplôme(s) : Maîtrise Sicences économiques - 3ème cycle Sciences humaines
Fonction(s) actuelle(s) : Informaticien
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LES CONTRIBUTIONS DE L’AUTEUR
LES ARTICLES DE L'AUTEUR
"Younes Benkirane ou la recherche de l'universel"
La très grande majorité des Marocains qui optent pour l'émigration y sont portés par des raisons économiques. Ce ne fut pas le cas de cet auteur en vers qui développe des logiciels en même temps qu'il écrit des poèmes. Si Younes Benkirane est parti, ou plutôt reparti, c'est par besoin de vivre dans un monde ouvert, de s'enrichir au contact de l'autre, de s'abreuver à la diversité humaine. Car, plus qu'un départ, il s'est agi, le concernant, d'un retour.
Le manque de l'ailleurs
Le départ définitif du Maroc survient fin 80. Mais c'est dix ans plus tôt, en 1975, à 18 ans que, bac en poche, Younes Benkirane fait pour la première fois cap sur la France. Il part à Toulouse pour poursuivre ses études universitaires. En 1986, diplômé en économie et gestion, il réintègre le bercail quand d'autres de ses camarades choisissent de rester définitivement dans l'Hexagone. Ce retour au pays après une décennie d'absence se déroule sans encombre. A peine arrivé, le jeune homme est recruté comme journaliste par le défunt magazine Kalima. Il y passe quatre ans, quatre années intenses passées à vivre une "très belle aventure" journalistique. Mais cette expérience, pour riche et passionnante qu'elle ait été, ne fixe pas le jeune homme dans le pays. L'appel de la France, ou plus précisément d'un monde moins clos, moins replié sur lui-même, vibre à ses oreilles. Il a envie de "retrouver une forme d'anonymat, de redevenir un inconnu", de "ressortir de cette forme d'emprisonnement vécue au Maroc".
Par "emprisonnement", Younes Benkirane entend le fait d'évoluer dans un univers pauvre en termes de diversité humaine. Il veut, confie-t-il, pouvoir croiser dans la rue des gens de toutes les couleurs et de toutes les races. "Quand je rentre dans un café, je me sens bien quand il y a des hommes et des femmes, des noirs et des blancs, des riches et des pauvres. Il me manque cette mixité sociale au Maroc".
Au-delà toutefois de ce besoin-là, c'est autre chose, d'encore plus viscéral qui le tenaille et qu'il explique comme une "forme d'exil intérieur". Un sentiment qui fait de lui quelqu'un qui "vit toujours avec le manque de l'ailleurs". Au Maroc, la France lui manque, et en France, le Maroc lui manque. Assis entre deux chaises, notre homme est en constante quête, une quête qu'il définit comme celle de l'universel.
"Qu'il est terrible l'exil !"
Le retour en France n'est pas facile pour le trentenaire d'alors. Il faut tout reprendre à zéro, trouver des moyens de subsistance en même que s'atteler à la préparation d'un doctorat. Pendant deux ans, Younes vit d'expédients, donnant des cours de français, de math et d'informatique tout en étudiant. Mais, progressivement, l'horizon s'éclaircit. De l'informatique, abordé en autodidacte, il va faire son métier, qui plus est "un métier qu'il a la chance d'aimer". Dans le même temps, il renoue avec une amante exigeante, une amante rencontrée lors de ses années toulousaines et qui depuis, ne l'a plus jamais quitté ; l'écriture. Younes Benkirane a commencé à écrire quand il était étudiant. Un étudiant très engagé dans le combat militant pour un Maroc démocratique. Un engagement prenant qui lui a laissé un goût d'inachevé, le sentiment d'une déperdition d'énergie dans des combats inutiles. D'où le désir "que l'action militante se fasse davantage dans la culture que dans la confrontation humaine". C'est ainsi que l'écriture lui apparait comme le moyen de construire sur la durée. Et de la poésie, il fait sa truelle.
Auteur d'un premier recueil en 2015, "Bouquet de fleurs d'orangers" suivi de "Pudeurs vertes au gré des chants", Younes Benkirane récidive en 2017 avec un "réquisiprose" intitulé "Mon pays, mon blues". A travers des vers cris, il y dit toute la brûlure de l'exil.
"Qu'il est terrible l'exil ; non celui qui est de quitter sa terre pour un autre pays - cet exil-là fut surmonté.
Non, l'exil dont il s'agit ici est autrement plus sournois. Plus féroce que la solitude, plus vif que la chair à vif.
C'est le retour de l'exil."
Signature :
Par : Hinde Taarji
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"Mon pays mon blues", le nouveau recueil de poèmes de Younès Benkirane
"Qu'il est terrible l'exil ; non celui qui est de quitter sa terre pour un autre pays - cet exil-là fut surmonté.
Non, l'exil dont il s'agit ici est autrement plus sournois. Plus féroce que la solitude, plus vif que la chair à vif.
C'est le retour de l'exil."
Après "Bouquets de fleurs d'orangers" et "Pudeurs vertes au gré des chants" publiés en 2015, Younès Benkirane récidive avec un nouveau recueil de poèmes, "Mon Pays mon blues". Le même amour du pays, la même lancinante complainte de l'exil. Mais il s'agit d'un autre exil, celui du retour au pays, dans un Maroc qui, derrière un vernis de façade, reste inchangé.
Rien n'échappe au regard rêveur et poétique, et non moins curieux et lucide, de Younès Benkirane. Dans son nouveau recueil de poèmes intitulé, "Mon pays mon blues, réquisitoire", suivi de "Un petit bout de ciel", le poète nous prend par la main pour nous faire promener, tel un guide désabusé, au travers des outrages subis par son pays après son retour d'exil.
Le retour au pays, un exil autrement plus sournois.
C'est d'un autre exil qu'il parle et souffre. "Qu'il est terrible l'exil ; non celui qui est de quitter sa terre pour un autre pays, cet exil-là fut surmonté. Non, l'exil dont il s'agit ici est autrement plus sournois. Plus féroce que la solitude, plus vif que la chair à vif... C'est le retour de l'exil", égrène le poète en guise de préambule. Tout homme libre, qui chérit la liberté, abhorre l'injustice, ne peut qu'être sensible au quotidien de ses compatriotes quand il revient d'exil, ou même d'un long voyage, pour se retrouver dans les mêmes distorsions sociales et mêmes habitudes sournoises. Tout y est dans ce recueil, décrit d'une manière sarcastique, d'un ton tantôt corrosif et tantôt railleur, toujours un réquisitoire pour dénoncer, accuser ou excuser. Ce ton est donné dès les premières strophes : "A peine atterri, L'Épris-du-pays S'enfonce dans la brume de la sève-mère Tel un élargi en quête de repères il hume observe considère Une sorte de sentence l'assaille, le sidère : lâchez ! Les déracinés au milieu de la horde des paumés Quelle brulure que nos retrouvailles". Et Casablanca, la ville fétiche de l'auteur qui éblouit et en même temps qui révolte notre poète, par le parfum "des pains émergeant des fours", ses "vieillards bouffant de leurs calembours", autant que par ses "verdures oubliant de verdir" et "ses enfances entravées de fleurir ".
Les années de plomb ne sont pas oubliées
Les années de plomb ne sont pas oubliées, ni leur version moderne excusée, le poète aime le rappeler pour ceux qui les ont oubliées, car ce blues du pays après les retrouvailles est encore fort et l'espoir suscité avec le nouveau siècle n'est encore que chimère. A "la Chambre des faits-pipés" (des députés), on palabre d'un "dessein", pour que les paroles osées l'expliquant soient vite cataloguées. "Et pas loin dans des caves noires A l'abri des regards Des Anencéphales ont reproduit une chambre des amputés", allusion faire au tristement célèbre bagne de Tazmamart. Les "basseries" (Basri) sont finies et les exilés sont retournés, mais "Cet espoir tant attendu Tant certes ont cru Combien cela dura-t-il?... La belle affaire " L'épisode de l'Instance Équité et Réconciliation, celui du 20 février, et tant d'autres épisodes encore sont égrenés au fil d'un recueil qu'on lit comme un livre d'histoire. C'est ça "Mon pays mon blues", ce sourd retour d'exil qu'éprouve tout passionné du pays.
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