Le langage poétique s'est libéré de la représentation des choses. Il transforme le réel, en révélant une situation de perte et d'inquiétude, illuminée de temps à autre par la lumière d'un monde évoquée entre présence et absence. L'écriture hésite, se cherche, s'aventure par mille détours, pour pénétrer ce que Diderot appelle déjà le « tissu d'hiéroglyphes entassés les uns sur les autres qui [...] peignent » la poésie. La mimésis ne compte plus rien. C'est la poiésis qui triomphe, avec l'exploration du possible, sous le vertige de l'invention. La nostalgie des formes apparaît de temps à autre. Mais c'est un éclair. Le poète transgresse la construction ordinaire du sens et l'arbitraire du signe, en remotivant le langage. Il sait qu'il faut une nouvelle langue, qu'il est nécessaire d'ouvrir de nouveaux horizons, pour redécouvrir la simplicité du monde, celle de l'étincelle de l'origine.