Nous soutenons que les fondements du poème en prose sont interpénétrés d’une attitude subversive, qui provient d’une situation de marginalisation sociale et/ou artistique de l’auteur. Celui-ci se trouve à la recherche de sa place dans la sphère littéraire de son vivant : dans ce but, il favorisera une manifestation artistique personnelle, voire opposée au contexte qui l’entoure. Le poème en prose se présente comme la forme la plus libre et la plus apte pour les modifications formelles : l’écrivain va l’utiliser en tant que véritable atelier de réflexion artistique.
Le poème en prose est venu démolir les fondements de la conception traditionnelle de lyrisme. Utilisé par de nombreux auteurs, le poème en prose a supposé le questionnement définitif et pour toujours de certaines notions auparavant sacro-saintes, comme la liaison obligatoire entre vers mesuré et poésie. Né dans une époque de révolte et de configuration d’un nouveau monde à tous les niveaux, le poème en prose illustre la volonté de liberté, la recherche d’une voix personnelle de l’écrivain au milieu de la constellation des courants littéraires. Cette étude constitue notre tentative pour contribuer à la définition théorique d’un genre qui reste, même de nos jours, insaisissable.