Un mousse meurt sous les coups d’une brute d’officier sans que l’équipage ose réagir. Le trois-mâts Guillaume-Tell heurte un iceberg. Le subrécargue panique, quitte le bateau et conduit à leur perte les 11 matelots qui le suivent. Le capitaine, lui, manœuvre et sauve le navire et 21 de ses hommes. Un paquebot à moteur surgit dans la brume et coupe en deux un voilier ancré pour la pêche sur les bancs de Terre-Neuve. En haute mer, deux matelots partent seuls, dans leur petit doris, « entre le cie...
Un mousse meurt sous les coups d’une brute d’officier sans que l’équipage ose réagir. Le trois-mâts Guillaume-Tell heurte un iceberg. Le subrécargue panique, quitte le bateau et conduit à leur perte les 11 matelots qui le suivent. Le capitaine, lui, manœuvre et sauve le navire et 21 de ses hommes. Un paquebot à moteur surgit dans la brume et coupe en deux un voilier ancré pour la pêche sur les bancs de Terre-Neuve. En haute mer, deux matelots partent seuls, dans leur petit doris, « entre le ciel et l’eau », relever les lignes ; ils ne savent pas s’ils retrouveront leur trois-mâts ancré au loin dans la brume ou la tempête. Ces marins traversaient l’Atlantique, éventraient des milliers de morues, à la main, une à une, les salaient dans les cales ; ils ne rentraient chez eux, à Fécamp, qu’une fois par an. Incroyable dureté de cette vie des terre-neuvas avant que la surpêche du xxe siècle anéantisse la ressource.
Léopold Soublin (1904-1993), né à Fécamp, sort de Polytechnique en 1924 et s’associe avec son père dans l’armement à la pêche et le saurissage du hareng. Président de la Fédération des armateurs à la pêche dans les années cinquante, il prend sa retraite en 1966 et enseigne le latin dans une école secondaire. Michel Soublin et Marie-France Lecuir sont deux de ses six enfants.